Autocatalytica – Powerclashing Maximalism

Le multi-instrumentiste canadien Eric Thorfinnson, tête pensante du projet Autocatalytica, avait l'habitude de travailler en solo pour ses précédentes compositions. Désireux d'explorer de nouveaux territoires, ce dernier a fait appel à une ribambelle d'invités pour son nouvel album, Powerclashing Maximalism. Véritable explosion d'influences et de styles, du metal progressif au math rock en passant par le jazz ou le rock atmosphérique, cet opus efficace et varié offre une plongée dans un délire expérimental de haut vol.  

Il y a comme un effet monstrueux, tentaculaire dans l'identité d'Autocatalytica, même si ses compositions sont plutôt lumineuses. Cette expression d'une folie créative s'apparente à une réaction chimique, une fusion assez perchée, du moins sur le papier, entre des sonorités à la Devin Townsend, Igorrr ou Tesseract. On est frappé par la technicité et la puissance des instrumentations des premiers titres de l'album, le très haut niveau rythmique et l'efficacité de ces mélanges surprenants. "Trash Serum" superpose la douceur acidulée d'un soft funk et un rouleau compresseur inquiétant de riffs et de growls, quant au single "Zippler", il est marqué par des contretemps et accélérations de tempo, navigant entre jazz et metal effréné, entre envolées lyriques, passages à la crooner, et hurlements rageurs.

Aux commandes de cet album aux multiples facettes, Eric Throfinnson est sur tous les fronts : au mix (très soigné), à la guitare, à la basse, au chant, à la batterie sur certains morceaux, et même à la création de l'artwork de la pochette (en collaboration avec Rachel Lindover). Sur des thématiques comme l'effondrement de nos sociétés modernes, la critique de l'individualisme effrené, ou des réflexions plus intérieures, Powerclashing Maximalism présente des ambiances tellement variées que l'auditeur peut se trouver décontenancé, de la puissance de l'hymne entêtant frôlant le metalcore dans le morceau d'ouverture "Borndun" à la douceur épurée de morceaux comme l'instrumental méditatif "Graveo", ou le subtil "Bananas Have Potassium" sur lequel les accords de guitare classique peuvent évoquer certains titres d'Opeth.

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Une dizaine de collaborateurs-invités variés sont venus prêter main forte à Eric Thorfinnson, formant un collectif flamboyant de musiciens d'horizons très différents se mêlant dans ce joyeux chaudron bouillonnant d'influences, de tonalités et de tempos. Le mélange, a priori étrange et perturbant, se révèle particulièrement savoureux. La douceur de la voix d'Amy Beth Anders se fond avec celle, tout aussi chaude, du frontman dans le titre lent, chaloupé et assez retro "Crawboi", avant l'arrivée dans le final d'une distorsion inquiétante et d'un solo saturé de guitare. Dans le très prog "Dukka Dukka", les passages minimalistes aident à apprécier encore davantage les couches élégantes de guitares, les harmonies vocales planantes, et le final crié. 

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Au milieu de ce feu d'artifice de sons, de styles, et dans ses compositions riches, Autocatalytica excelle dans l'art des transitions. Le morceau "Cheggo" concentre en 4 minutes 35 tout ce que l'album a à offrir : un dialogue guitare-batterie époustouflant, du saxophone, un crescendo jazzy fou, des passages éthérés, un superbe solo... à l'image de l'opus tout entier, ce morceau présente une composition élaborée, délicate et pourtant gonflée à bloc, qui se place, presque facilement, précisément sur le point d'équilibre entre deux extrêmes. Tout y est dosé, puissant mais très classe, sans verser dans l'élitisme. 

Huit titres suffisent à Autocatalytica pour imposer crânement sa vision du maximalisme et du choc des influences, sans jamais tomber dans la froideur démonstrative.  Powerclashing Maximalism a tout, et en quantité, pour plaire aux matheux comme aux allergiques aux maths, aux amateurs de prog, de djent, de guitares classiques, de jazz, ou tout simplement aux curieux enclins à se laisser porter dans l'univers singulier, mais toujours juste, d'un artiste qui a réussi à trouver l'introuvable : de l'élégance dans la folie et de l'équilibre dans la démesure. 

Tracklist - Powerclashing Maximalism :

1. Borndun
2. Zippler
3. Trash Serum
4. Cheggo
5. Dukka Dukka
6. Bananas Have Potassium
7. Crawboi
8. Graveo

Powerclashing Maximalism, album autoproduit d'Autocatalytica, sort le 16 octobre 2020. Il est disponible (précommande) sur le bandcamp du groupe

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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