Angra – Aqua

"Aqua"... à quoi s'attendre une fois ce nouvel opus des brésiliens d'Angra entre les mains ? Dans quelle voie se sont-ils engagés après un "Aurora Consurgens" quelque peu critiqué et que l'on pensait conclure la carrière du groupe ? 4 ans se sont écoulés, de l'eau a coulé sous les ponts et certains lanceront un simple "à quoi bon !" plutôt que de s'étendre sur ce disque. Alors, "Aqua" bon ou pas ? Difficile, très difficile à dire...

Pour ce retour, avec Ricardo Confessori en come back derrière les fûts, Angra se dote d'un concept et base l'histoire de son nouveau bébé sur "The Tempest", pièce bien connue de William Shakespeare. 400 ans après son écriture, cette épique brûlot théâtral se voit ainsi remis au goût du jour en une version musicale proposant un metal progressif édulcoré, parfois (mais bien rarement au final) teinté de heavy power, à l'atmosphère épurée.

Tout commence très fort, l'introduction latine et quelque peu mystérieuse s'enchaînant à deux titres quasi speed, rappelant presque "Temple of Shadows" sur une tonalité encore plus moderne. "Arising Thunder", single déjà bien connu des auditeurs de La Grosse Radio, fait le job (comme diraient nos amis québécois) et bouscule les prémices d'un "Awake from Darkness" très convaincant dans sa mélodie et où un hommage piano à Queen viendra discrètement s'imiscer avant son solo. Tout ceci avant de proposer le chef d'oeuvre de l'album...

"Lease of Life", douce ballade atmosphérique, ne s'enlise absolument pas dans la miévreté et conserve une classe incomparable jusqu'à sa parfaite conclusion à la limite des frissons. Voici une piste qui aurait pu faire bénéficier le CD d'un second souffle en étant placée plus proche de sa conclusion. Qui sait, peut-être que le concept l'exigeait malheureusement à cette place...

Car certaines chansons finales manquent de punch et pêchent par un petit manque de profondeur qui aurait pu combler ce déficit. Ainsi l'hymne destiné à Ariel (l'esprit de l'air... "Spirit of the Air") s'évapore vite dans notre mémoire, "A Monster in Her Eyes" n'évoque pas tellement la violence ou le côté heavy que son titre aurait pu laisser imaginer même si elle s'accorde parfaitement à la complainte du monstre-esclave Caliban dans la pièce, alors que la conclusion "Ashes" ne laisse dernière elle que les rares cendres d'un feu à peine embrasé. Dommage. Et le souci principal vient que ses faiblesses surviennent en fin de parcours, nous laissant donc quelque peu sur notre faim.

Angra 2010

Finalement, la surprise du CD viendra peut-être de ce "Hollow", situé en introduction du dernier acte, une composition quelque peu dark et inédite dans la discographie d'Angra. Là-même où Edu Falaschi se prendra parfois pour Warrel Dane, se parant ainsi d'influences Nevermore à chaque riff chaloupé d'une structure quelque peu étonnante dans ses couplets ou son pré-refrain. Un morceau certes bien pensé mais peut-être trop avant-gardiste ou destructuré pour du Angra (et pour ses fans), mettant également en avant LE défaut principal d'un CD au final plutôt convaincant malgré tout : le chant trop forcé d'un Edu qui semble souvent à la limite, mal à l'aise, forcé à gérer des lignes de chants ne lui convenant pas... Sûrement une simple impression, mais parfois quelque peu désagréable lorsqu'on compare avec ses excellentes prestations notamment sur "Rebirth". A revoir, ou à maturer, au choix...

Si Prospero (le héros de "La Tempête") a su déchaîner les océans dans cette valeureuse histoire Shakespearienne afin d'assouvir sa vengeance, on ne peut pas dire qu'Angra ait pu en faire autant dans son adaptation musicale et ainsi faire oublier un précédent opus quelque peu en retrait. Mais la douceur et l'onirisme provoqués par certains passages, couplés à une technique irréprochable qui sait malgré tout épouser une certaine logique intéressante par rapport au concept, feront de cet "Aqua" une sorte d'album potentiellement incompris, ou qui risque du moins de l'être pour la plupart des adorateurs historiques du combo. Les qualités sont là et un bon proggeux trouvera cette galette assez aboutie, le fan d'origine rejetant très certainement les évolutions en bloc (c'est qu'elle semble loin la période André Matos)... vaste débat en perspective auquel vous pourrez participer allègrement à partir du 29 septembre prochain, date de sa sortie européenne chez SPV/Steamhammer (pour les aficionados, l'album est déjà disponible au Japon en import)... Nul doute qu'on en reparlera.

Note : 7/10

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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