Timo Tolkki’s Avalon – The Enigma Birth

On avait quitté Timo Tolkki et son projet Avalon, il y a deux ans, avec l’album Return to Eden. Il avait eu le mérite de laver l’affront de Angels of the Apocalypse mais il avait clos la trilogie avec un constat amer : Timo n’avait pas su s’affranchir de Stratovarius et nous avait proposé trois albums de piètre qualité avec des guests, certes prestigieux, mais qui ne brillaient pas par leurs prestations. L’ex-guitariste de Stratovarius revient cette année en compagnie de ses amis tels que Caterina Nix, Fabio Leone, mais aussi d’autres invités comme James LaBrie et le YouTuber Pelleck. Si Return to Eden introduisait quelques éléments nouveaux, est-ce que The Enigma Birth sera le vent de fraîcheur qu’on attend tous ?

Dès le premier morceau éponyme, le constat est clair : Timo nous ressort les mêmes tics que sur les trois premiers albums : sur plusieurs morceaux comme "Without Fear" ou "Memories", on est dans du power speed metal stéréotypé avec les codes que les fans du genre reconnaîtront. La checklist est respectée : orchestrations cheesy, chanteur lyrique qui use et abuse du vibrato, double pédale qui martèle et des riffs hérités de la NWOBHM. Le seul problème c’est que nous sommes en 2021 et que le power metal et Timo Tollki doivent se renouveler pour lutter face à d'autres artistes. D’autant plus que la nouveauté et l’intérêt ne viendront pas des mélodies en elles-mêmes. En effet, beaucoup de couplets sont basés sur quatre notes, répétées à l’infini et les morceaux plus prog (pour lesquels on pourrait espérer de la diversité) sont la plupart du temps remplis des mêmes mélodies (couplet ou refrain) répétées ad nauseam. Alors certes, le refrain de "Time" est efficace mais au bout de six minutes, on l’a dans la tête non pas à cause de son efficacité mais à cause du nombre incalculable de reprises.

Timo Tolkki s’essaie quand même à d’autres choses que du Stratovarius pur jus. On retrouvera notamment deux compositions inspirées (plagiées ?) par Iron Maiden et pour renforcer le tout, c’est Raphael Mendes, sosie vocal de Bruce Dickinson, qui pose sa voix dessus. On peut donc se demander l’intérêt d’un tel morceau et d’un tel guest. D’autres expérimentations, comme l’intro électro de "Beautiful Lie", auraient pu être intéressantes mais elles sont tuées dans l’œuf et trop peu utilisées.

C’est là que réside un autre problème de l’album : les choix de production. On a l’impression que Timo est un peu muselé et qu’il manque un vrai producteur pour taper du poing sur la table. Surtout que niveau mixage, on passe par tout et n’importe quoi : on commence à être habitué aux claviers et aux orchestrations inexistantes dans le mix, ce qui est un peu embêtant dans un genre comme le metal symphonique. D’un côté, cela permet de moins remarquer les orchestrations et les sons d’orchestre un peu kitch. Mais lorsque Antonio s’éclate sur son clavier, le mieux serait quand même de lui rendre hommage. De plus, le tout est enrobé d'une production un peu brouillonne et floue en arrière-plan. Lors d'une écoute en voiture, sur un site de streaming, cela pourrait passer mais si on veut réellement plonger dans l'oeuvre avec une écoute en profondeur, cela se révèlera infructueux.
 

Timo Tolkki, Stratovarius, Avalon, James LaBrie, Fabio Leone, power, speed


Là où cela devient encore plus qu’inquiétant, c’est lorsque la voix est sous-mixée comme sur "I Just Collapse". On se rend compte finalement que le projet Avalon manque le coche : alors qu’une œuvre comme celle-là devrait reposer notamment sur ses guests, ils sont clairement peu efficaces car ils ne sortent pas de leur zone de confort (comme James LaBrie sur "Beautiful Lie" qui pourrait largement figurer sur un de ses énièmes albums solo) ou alors ils en font des tonnes comme Fabio Leone sur "Dreaming" et "Without Fear". Timo Tolkki et les producteurs feraient mieux d’aller regarder ce qu’Arjen Lucassen propose avec Ayreon. Mais avant de vraiment pointer du doigt Timo, on peut quand même se demander à quel point il est maître de ce projet lorsqu’on voit la mention "projet créé, supervisé et réalisé par Serafino Perugino, le Président de Frontiers Records". Il faudrait voir ce que le guitariste pourrait faire avec un autre producteur ou un autre label carrément.

Alors certes nous sommes loin de la catastrophe Angels of the Apocalypse, qui était le mètre étalon des choses à ne pas faire, mais l’espoir ne viendra pas de cet album. Il y a toujours les mêmes tics, les mêmes problèmes de mixage et cette même sensation de déjà-vu. Le maître lui-même ne semble pas y croire puisque ses prestations passent parfois à la trappe et ses soli ne sont pas si nombreux que ça. Un album pilotage automatique, fast food prêt à consommer, qui passera inaperçu dans le catalogue foisonnant de Frontiers Records.

Tracklist

01 ENIGMA BIRTH 4:34
02 I JUST COLLAPSE 6:13
03 MEMORIES 5:44
04 MASTER OF HELL 3:51
05 BEAUTIFUL LIE 3:51
06 TRUTH 3:48
07 ANOTHER DAY 5:05
08 BEAUTY AND WAR 5:17
09 DREAMING 6:30
10 THE FIRE AND THE SINNER 3:06
11 TIME 5:58
12 WITHOUT FEAR

Sortie le 18 juin 2021 sur le label Frontiers Records

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NOTE DE L'AUTEUR : 5 / 10



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