AnsoticcA – Rise

Dans le pays du gouda et des tulipes, les groupes de metal symphonique à chant féminin poussent comme des champignons, arrosés par le désir d'un même succès que les grands noms sortis du pays, tels Within Temptation, Epica, After Forever, Delain ou The Gathering. D'autres, sans être sous tous les projecteurs, ont quand même réussis à graver leur nom, même s'ils sont récents, un peu à la manière de ReVamp, comptant sur une chanteuse à la réputation qui n'est plus à faire, ou encore Asrai, dont la longévité à permis de se bâtir un nom. Et puis, il y a aussi les petits nouveaux, ceux qui rêvent d'être sur le devant de la scène. Dans cette catégorie, de nombreux groupes tels A New Dawn, Magion, Kingfisher Sky ou Annatar sont encore confinés. Mais il existe aussi AnsoticcA, jeune loup de Tilburg qui eurent la chance de faire la première partie de la bande à Sharon den Adel. Ni une ni deux, voici qu'arrive « Rise », premier méfait des néerlandais, qui va désormais les lancer dans la course. Sortie prévue le 5 Novembre 2010 sur Rockfeld Records. Groupe sans intérêt ou potentiel naissant ?

 

Inutile de tourner autour du pot pendant longtemps, il est indéniable qu'avec ce tout premier brûlot, notre combo démontre un beau potentiel et de bien belles choses à dire, qui pourront, si l'avenir le veut bien, leur offrir un destin à la Epica, celui d'un sentir sur lequel la gloire et le succès sont choses acquises.


Passée une banale introduction, un classique dans le genre, les choses sérieuses commencent avec « Endless Sacrifice », qui, sans être une claque monumentale, reste un très bon morceau de metal symphonique où les guitares ne sont, heureusement, pas reléguées au second plan, appuyant ainsi la puissance du titre, en évitant de tomber dans le cliché. Refrain mémorisable à souhait, entêtant et entraînant, se démarquant de couplets plus posés où la voix de notre jeune chanteuse s'illustre à merveille. Cette piste donne le ton général de notre opus : sans réinventer la roue, le quintette possède des éléments à faire valoir.


Et d'ailleurs, l'auditeur pourra constater avec joie que notre formation ne manque pas d'énergie et sait hausser le ton lorsqu'elle le veut. Le refrain d'« Heaven Burns » comble par sa dynamique et son accroche tout à fait plaisante. A l'instar du dernier Coronatus, les néerlandais n'hésitent pas à montrer les crocs lorsqu'il le faut. Même si le titre n'est pas le meilleur de l'album, il réussit à satisfaire le palet des amateurs. Les chœurs masculins accompagnant la voix féminine sur le refrain permettent également de mettre cette-dernière en valeur comme il se doit.


« I'm Alive », single de notre galette, possède des faux airs de Within Temptation période « Mother Earth ». Encore une fois, le pari est réussit et l'adhésion au morceau se fait lentement mais sûrement, avec une saveur plutôt sucrée en bouche, un goût de douceur et de délicatesse subtile mais payante. Hé oui, si la partie centrale du morceau n'a rien de particulièrement exceptionnelle, elle est cependant très accrocheuse et à le mérite d'être fédératrice. Le kitsch n'a pas non plus lieu d'être, évacué par un clavier discret mais précis.


Malheureusement, dans le domaine du kitsch « Willing of Time » a beaucoup à raconter. Traditionnelle ballade larmoyante au piano, elle reste trop en surface pour pouvoir convaincre d'une manière ou d'une autre. L'apparition des guitares sauve partiellement la fin du titre, qui évite de tomber ainsi dans la redite d'Evanescence et de son sempiternel « My Immortal », sans âme ni émotion mais tellement cliché et niais …


Le ton est rehaussé grâce à « In Silence » et ses guitares créant une ambiance plutôt captivante et intéressante, mettant en complète condition pour aborder un refrain ne tranchant pas spécialement avec le reste du titre, mais qui se trouve embellit avec dextérité par les riffs incisifs, sur lesquels certaines formations de metal gothico-symphonique à la Xandria et autre Katra devraient prendre de la graine pour donner de l'ampleur à leurs hymnes. Un chant clair masculin vient tenir compagnie pendant une bonne durée du morceau et sur les refrains à la voix féminine, formant une belle complémentarité entre les deux voix, qui s'évertuent à faire s'envoler la piste dès lors qu'elle arrive à l'apogée de sa puissance.


« Faces (On Fire) » est aussi calibrée sur un rythme plus soutenu dans les couplets, avec un chant modulé vers des tons plus durs et agressifs, qui rendent à merveille. Le pré-refrain coupe cependant l'élan de vigueur et de fougue amorcé sur les débuts. Mais vous vous doutez bien que notre cher quintette n'a pas dit son dernier mot et va pousser les guitares à leur summum, surprenant ainsi l'auditoire par une fin bien plus violente qu'à l'accoutumée dans le symphonique. Les guitares se font soutenues, massives et tranchantes, et c'est ni plus ni moins des hurlements féminins qui vont venir les accompagner. Pas des cris de fond de gorge à la Sabina Classen (Holy Moses) ou à la Kathy Coupez (Dylath-Leen), mais plus ceux d'une femme à l'agonie, en perdition, ces vocaux qui viennent des films d'horreurs.


Dans le registre du prenant, « Tears of a Clown » fait mouche. Encore une fois, on reste dans les bases bien établies du genre musical, sans repousser les frontières. Seulement, les couplets sont suffisamment réussis pour que l'on se prenne au jeu du plaisir, de part la montée en puissance progressive de celui-ci mais également par la ligne de chant remplie d'émotion et d'intensité, en parfaite osmose avec la musique. Les guitares sont plus poignantes et forment un fond énergique pour un refrain tout à fait réussi.


Mais c'est sans compter sur le chef d'œuvre de l'album, sa pierre angulaire, sa pièce maîtresse, son joyau, son lingot d'or, et autres qualificatifs pour désigner la réussite de la piste de conclusion, j'ai nommé « Weight of the World ». Cette fois-ci, fini de jouer dans les bastions d'Edenbridge, Visions of Atlantis ou Atargatis, on entre dans le domaine du prog, avec une structure variée et changeante tout au long du morceau, qui se boucle à la fin par le retour des structures initiales, mais proposant des saveurs différentes. La soudaine irruption d'une superbe chant lyrique donne une dimension lumineuse à un morceau dont les tons sont sombres, par les grunts faisant échos au chant plus grave et plus solennel de Carie. Le refrain est lui aussi une totale réussite, plongeant totalement dans l'atmosphère instaurée précédemment. Le final de notre piste est grandiose, émergeant tout en puissance, avec des instruments imposant une cadence bien plus vive, et le chant opératique mêlé à celui de notre jeune chanteuse.


En revanche, et c'est bien dommage, le bon côtoie le médiocre et l'insipide. Grand soulagement, elles sont en minorité, mais font perdre une petite part d'intérêt à un opus qui aurait pu se révéler meilleur sans ce remplissage (en même temps, avec 13 titres, il est difficile de ne pas commettre un faux pas).


Le morceau éponyme « Rise » s'enfonce dans la mollesse et la mièvrerie à vitesse grand V, pas des couplets soutenus au violon faussement larmoyants et plus rébarbatifs qu'émouvants. Même remarque envers le refrain, pas assez puissant et épique pour pouvoir sauver les meubles, il reste lui aussi trop superficiel et linéaire pour changer quoi que ce soit à l'ensemble.


Par ailleurs, « Open Your Eyes » suit le même chemin d'ennui, sans réel point d'apothéose où l'on serait plongé dans un moment d'extase. Ici, malgré le refrain évoquant un tantinet le « Stay Forever » de Delain, peu d'intérêt se présente pour nous précipiter dans les terres de la réussite, au-delà du conformisme que le titre ne dépassera pas.


Du côté production, c'est une belle réussite. Le son est limpide et chaque élément est audible à la perfection, évitant ainsi de condamner AnsoticcA dans l'amateurisme, tant l'importance du son décent est important dans un milieu comme celui du metal symphonique pour pouvoir mettre en valeur les parties symphoniques.


Vocalement, Carie van Heden est une bonne chanteuse, qui possède un brin de voix très beau et modulé comme bon lui semble. Elle réussit même à franchir les carcans habituels du milieu que sont l'heavenly voice ou le chant lyrique façon Tarja. Ses vocaux sont plus proches d'une Cristina Scabbia, l'émotion en plus, car notre jeune femme est douée et sait ainsi comment ne pas se rendre ridicule avec les tics de diva. Une belle performance.


Pour une première offrande, « Rise » se montre mature et réfléchie, évitant de nombreux pièges dans lesquels ils auraient pu tomber si le professionnalisme et le talent avait été absent. Même s'il subsiste quelques lacunes comme des titres de remplissage ou que l'originalité aurait pu être un peu plus creusée (les passages progs sont très judicieux, voilà un filon exploitable), AnsoticcA remplit son contrat et séduit. Alors mesdames et messieurs les lecteurs, retenez bien ce nom car il se pourrait que l'on en reparle dans les années à venir, du moins espérons-le …

Note finale : 7,5/10

Myspace d'AnsoticcA

 

 

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