Poison Sun – Virtual Sin

Ah l'amour, que ne ferait-on pas par amour … Certains offrent des fleurs, des boîtes de chocolat ou des petites lettres pour montrer leurs sentiments, d'autres vont plus loin en accomplissant des actes qui peuvent paraître insensés. Hermann Frank, guitariste d'Accept, est lui cependant un peu plus original et décide de créer une nouvelle formation hard rock avec sa femme, Martina Frank au poste de chanteuse (les plus mauvaises langues d'entre vous diront qu'il s'agit d'un acte insensé). Et comme tout le monde le sait, l'amour donne des ailes. Et fort d'une formation constituée dorénavant de 4 membres, le couple Frank décide de franchir une étape et de faire de ce projet un véritable groupe à part entière. Poison Sun, c'est son nom et le premier brûlot, Virtual Sin, à la pochette d'une laideur infinie (madame Martina en ange mécanique avec un flux d'énergie entre ses mains, quoi de plus romantique), voit le jour dès le mois de Novembre 2010 sur le label allemand Metal Heaven.


Dans le hard rock/heavy metal, les ingrédients pour obtenir une parfaite mixture, savoureuse, généreuse, onctueuse et tellement efficace, c'est les refrains punchy, les guitares acérées, les mélodies variées et dynamiques, sans véritable essoufflement du début jusqu'à la fin. C'est donc une nouvelle découverte qui viendra se saisir de l'auditeur lorsqu'il lancera l'écoute, ne sachant pas à quoi la musique de la formation ressemblera exactement.


Et d'emblée, ça commence plutôt bien grâce à un titre d'ouverture très efficace. « Voodoo » évoquera à bon nombre d'entre vous les allemands d'Accept, c'est indéniable, au vu de la ressemblance très proche. Il faut dire que le membre en commun a très certainement joué dans ce facteur. Mais qu'importe, car le refrain est tubesque, et vous rentrera en tête à peine l'écoute entamée, tant les lignes de chant sont mémorisables, dans la pure tradition du style ! Les puristes et les nostalgiques de l'âge d'or du hard rock/heavy seront comblés et pourront trouver matière à se satisfaire, à condition, bien évidemment, de ne pas être trop misogyne. Dans l'esprit tubesque, ce morceau évoquera également les suédois de Sister Sin, ne serait-ce que par la dimension directe et la présence d'une vocaliste à la voix rocailleuse mais diablement faite pour le genre, ayant des leçons à donner à certains mâles !


Comment faire l'impasse sur l'excellente « Rider in the Storm », véritable petite bombe du brûlot, qui démontre la capacité du quatuor à pondre de véritables hymnes, lorgnant cette fois bien plus du côté du bon heavy metal à la Judas Priest, avec parfois même des relents de power metal, faisant penser cette fois-ci à Triosphere. Le problème est que le manque d'originalité, flagrant tout au long de l'opus, et ainsi le manque de personnalité handicapent parfois les allemands de Poison Sun qui se verront, dans leur domaine, comparés à d'autres. Mais en tout cas, sur cette piste, elle est digne des grands tubes du style, burné, speed, efficace, puissante, et au refrain extrêmement jouissif, peut-être même le meilleur refrain de toute la galette, par une dimension convaincante de dextérité, avec garniture de solos à la clé, et mise en avant de la guitare et de la basse pour insuffler un zeste d'adrénaline et de vigueur à un ensemble déjà bien mené. Et la chanteuse n'est pas à la traine, loin de là, suivant la piste tracée par les instruments avec aisance et charisme.


Avec « Killer », c'est séance de révision des vieux classiques. Morceau au rythme soutenu, aux guitares acérées et délivrant moult solos, même si là encore les grands noms du genre vont réapparaitre dans un coin de votre esprit. Pas de quoi bouleverser les codes du genre, ni inquiéter les groupes les plus renommés avec une concurrence qui les talonneraient, mais un moment de plaisir évident.

De la même manière, « Excited » se laisse écouter avec grand plaisir, l'enthousiasme et le bonheur de la piste étant très communicatifs, malheureusement, cela ne fait que souligner le fait que malgré de très bons morceaux et des refrains de qualité, les allemands peinent à faire qu'un morceau se démarque d'un autre et ne peuvent ainsi pas rivaliser avec d'autres formations qui ont plus d'atouts et de morceaux mémorables à mettre sur le devant de la scène que Poison Sun. Néanmoins, le morceau est bon, c'est certain, et plaira à beaucoup d'entre vous, par l'aspect très mélodique et efficace qui y est développé.


Mais voici que notre quatuor tombe dans l'un des pires clichés du genre, celui de terminer son opus par des morceaux aussi inutiles et soporifiques que plats. Et voilà, encore une fois il n'est pas possible de contourner le problème et les allemands se jettent à plein pieds dans le piège insipide qu'est le morceau geignard. « Forever » est totalement inutile et n'aura d'intérêt dans ce brûlot que de prouver que ce combo n'est définitivement pas fait pour la ballade, malgré la présence des guitares dans le fond. Le problème vient en grande partie du chant de Martina qui n'arrive pas à s'adapter à ce genre de tempo plus lents et plus doux, son chant rocailleux ne convenant pas et relevant de l'incompatibilité. Musicalement, c'est assez creux et vide, rien qui ne vous fasse frémir et il n'est pas question d'émotion ne serait-ce qu'une seule seconde, tant le tout semble déjà être trop calculé et manquant de piment et de spontanéité. Dommage.


Dans le même ton, « Princess » est un plat réchauffé de « Voodoo », le potentiel de séduction en moins. Tout semble déjà entendu, des refrains aux couplets, en passant par les riffs et les mélodies vocales, qui ennuient, sans décollage. Plat et linéaire, ce n'est pas le doublage du chant sur le refrain qui viendra apporter quoi que ce soit d'intéressant à un néant musical profond. L'ennui est vite servi sur un plateau d'argent, ne vous attendez pas à des miracles et écoutez plutôt les premiers titres du brûlot, bien plus réjouissants.


Bon, le niveau est relevé grâce à « Red Necks » et « Hitman », petites bombes qui même si elles n'arrivent pas au même cran que les titres les plus tubesques sont très satisfaisante et octroient aux allemands des points supplémentaires. Simple mais efficace est une recette qui fonctionne à merveille et la furie du refrain de « Hitman » est très entrainante, avec cet écho entre la chanteuse et des chœurs masculins très hargneux. Le problème vient des solos interchangeables avec n'importe quel autre morceau de l'album, une banalité qui ne saura faire plaisir aux plus regardants. « Red Necks » s'en tire mieux, plus poussée et mettant bien plus en valeur la voix de la frontwoman. La piste a tout ce que l'on attend, à savoir riffs puissants et refrain marquant, l'un des plus mémorisables de l'offrande.


« Killer » fait légèrement penser à « Hitman » mais dans une version cependant améliorée, comme si dans un même opus, les allemands s'étaient rendus compte des défauts du morceau pour les corriger en cours de route. Mission accomplie même si le refrain encore une fois manque d'envergure et tombe un peu à plat, malgré la sauce chœurs remise au goût du jour. Mais la technicité et la performance vocale de Martina ont de quoi plaire et faire plaisir.

La piste éponyme « Virtual Sin » va toucher plus sensiblement les fans de heavy metal et faire mouche grâce aux lignes de chant puissantes et au refrain, même si bien sûr Accept n'est jamais loin. Problème, c'est la lassitude du chant qui ne varie pas assez, c'est bien dommage.


Et pour une fois que les chœurs ne sont pas uniquement sur le refrain, « Phobia » décide d'en servir même sur le couplet, mais l'effet est efficace et le soutien à notre vocaliste est utile. Bien sûr, le morceau n'est pas le plus marquant de l'album mais se laisse écouter avec un grand plaisir. Globalement positif, le titre propose des lignes de chant bien plus originale et les talents de chanteuse de la femme d'Hermann sont mis bien plus à contribution, celle-ci modulant davantage sa voix et apportant ainsi plus d'intérêt.


Côté production, le son sonne parfois un peu trop lisse mais en général, le tout reste tout à fait acceptable, les instruments ne s'écrasant pas tous les uns les autres. On pourra regretter cependant un chant un peu trop mis en avant au profit du reste, délaissant un poil de puissance, pour s'évertuer certainement à démontrer que la chanteuse est talentueuse.


Talentueuse, réellement ou non ? Car il ne suffit pas d'être la femme d'un guitariste reconnu pour pouvoir prétendre savoir chanter correctement. Et bien, chez Poison Sun, Martina Frank présente de l'intérêt, avec un timbre intéressant et des capacités. Seulement, notre clone de Doro Pesch en moins bien fait encore des erreurs et des approximations qui peuvent lasser, à commencer par une trop grande linéarité et un manque de puissance lorsque les parties musicales s'emballent, laissant donc la force parfois trop sur le carreau. De plus, si sa voix est très loin d'être désagréable, elle est très loin d'être exceptionnelle et bon nombre de ses concurrentes récentes surpassent la vocaliste (Liv de Sister Sin, Marta de Crystal Viper ou Ida de Triosphere).


En conclusion, si Virtual Sin est un album agréable et intéressant, il n'en est pas moins assez banal et ne se démarquera pas d'une scène déjà très chargée. Peu de vrais hymnes ou tubes, des mélodies sympathiques mais parfois trop bateau et une chanteuse plutôt talentueuse mais trop commune, le manque de personnalité est un réel fardeau, un frein pour pouvoir permettre à Poison Sun de vraiment se faire un nom. Il faudra surpasser ces obstacles de tailles pour pouvoir prétendre à être l'une des références du genre, car même dans le hard rock/heavy à chant féminin, les allemands sont en retard sur plusieurs autres combos. Un opus qui ne marquera pas les esprits mais vaut au moins le coup d'être écouté.



Note finale : 6/10

Page artiste de Poison Sun

Myspace de Poison Sun

close

Ne perdez pas un instant

Soyez le premier à être au courant des actus de La Grosse Radio

Nous ne spammons pas ! Consultez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.



Partagez cet article sur vos réseaux sociaux :