Step in Fluid – One Step Beyond

Pour faire du metal, c’est facile, tout le monde connaît la formule : vous mettez un chevelu qui braille dans un micro, deux à la guitare, un autre à la basse, et enfin un dernier qui s’excite sur une batterie, là-bas, au fond de la scène. Pour faire du jazz, c’est pas beaucoup plus compliqué : vous prenez les cinq mêmes, vous leur mettez des chemises en lin multicolores et des lunettes de soleil violettes, et vous leur confiez respectivement une guitare, un clavier, une basse, une trompette et le dernier s’excitera sur une batterie, là-bas, au fond de la scène.
Eh bien, Step in Fluid, c’est ce que vous obtenez après avoir bien agité ces deux schémas dans un shaker. Ils sont quatre, ils sont français, ce qu’ils font s’appelle du jazz fusion instrumental (quoique le groupe se définisse comme « refusant l’idée d’appartenir à un genre »), et ça s’écoute sur One Step Beyond, premier albumsorti le 16 avril chez Klonosphere/Season of Mist.
Certes, lecteur averti, on a déjà fait dans le jazz metal, notamment avec Diablo Swing Orchestra et Trepallium… groupe dont fait d’ailleurs partie Harun Demiraslan, guitariste et membre fondateur de Step In Fluid. Mais ici, la nouveauté réside l’instrumental pur : pas une parole sur tout l’album ! Mais pour autant, celui s’écoute avec plaisir, car la musique du quatuor est travaillée à tous points de vue, du son très travaillé à la qualité des parties basse, guitare ou batterie. On sent un réel travail sur l’ensemble des huit morceaux de l’album : l’ambiance, tantôt brutale, tantôt soft, avec quelques accents afros, ne manque pas d’originalité, et donne à la musique de Step In Fluid un caractère bien à elle.
Si l’album paraîtrait probablement scandaleusement bruyant à un amateur de jazz pur jus, il faut bien admettre que pour le métalleux moyen, Step In Fluid sera à classer dans les calmes, et ce même si la musique sait être punchy, notamment sur un « Beat Hunter » au son lourd et à l’énergie débordante. Ainsi, sur un morceau comme « Smooth » et son passage funk parfaitement maîtrisé, servez-vous un vieux whisky et allumez un cigare ; cela correspondra plus à l’ambiance que le vieux headbang des familles. En écoutant « The Bridge », faites une ballade en Afrique équatoriale au rythme des percussions tribales… avant de partir pour la chasse au lion, poussé par un excellent solo de guitare ! Passez quelques secondes dans l’espace pendant l’énigmatique interlude « Dead End »…
Si vous en voulez encore, retrouvez un mix de Dream Theater et Meshuggah avec l’éponyme « One Step Beyond » (peut-être un hommage aux skankers de Madness, mais rien à voir musicalement). Comportez-vous en vrai jazzman en NewRocks en écoutant un « Vicious Connexion » au phrasé que n’aurait pas renié Scott Anderson, l’overdrive en plus. Appréciez encore la chaleur des lourdes harmoniques de « Color ». Enfin, dénouez-vous le catogan et offrez-vous un petit pogo sur les beats et le sax’ soprano du génial « As We Dance », un morceau complètement déjanté qui vient clôturer brillamment cet album à l’originalité rafraîchissante, en cette période de premières chaleurs.

Step in Fluid
Le quatuor de Step In Fluid fait avec ce premier opus la démonstration d’un talent certain, et d’une originalité musicale non dénuée de génie. En effet, ce One Step Beyond a une double nature : vraiment jazz, vraiment metal, les deux à la fois ! Un premier essai transformé donc, dont on attendra la poursuite avec impatience. Bon, bien sûr, faut aimer le jazz…
Note finale : 8/10
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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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