Rhapsody of Fire – From Chaos to Eternity

Double review du nouvel album de Rhapsody of Fire ! Un tel évènement se méritait bien deux chroniques pour le prix d'une...

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Leur nom n’est plus à faire dans le milieu du métal symphonique, ni même dans celui du film score métal comme ils se sont auto-qualifiés : en effet Rhapsody of Fire, le groupe italien de Mrs Turilli et Staropoli nous revient en ce début d’été 2011 pour l’achèvement de leur saga « The Dark Secret » débutée…..il y a 14 ans !

En effet souvenez vous des sons de Legendary Tales, souvenez vous de ce voyage au sein des Terres Enchantées, qui a bien failli s’achever prématurément à la fin de Triumph or Agony (2006). Mais le groupe a rebondi, changé de label pour Nuclear Blast et a ressuscité avec The Frozen Tears of Angels l’année dernière pour nous amener jusqu’à aujourd’hui où ils nous servent leur grand final : From Chaos To Eternity.

groupe rhapsody 2011

Rhapsody nous a toujours habitué, et ce depuis longtemps à ses grands arrangements musicaux, à sa maîtrise de la fusion entre métal et symphonique, entre puissance et mélodie…
On a pu le constater : le côté grandiose offert par l’orchestre symphonique sur Symphony Of Enchanted Lands II et Triumph or Agony se perdait sur The Frozen Tears of Angels, et n’est pas plus présent sur From Chaos To Eternity.
Ici place à la puissance du heavy et des chœurs, des refrains directs et accrocheurs, avec tout de même une pièce massive (certes unique mais longue de près de 20 minutes) pour le côté épico-sympho-movie métal qui a fait leur renommée, et non des moindres : "Heroes Of The Waterfalls’ Kingdom".

Puissance, c’est effectivement le mot qui ressort de cette ultime galette, du moins en première partie, avec une prépondérance des sonorités heavy, comme sur l’excellente piste éponyme (qui succède à l’introduction électrique), avec un Fabio très inspiré, qui murmurera sur une partie des couplets avant d’exploser sur un refrain absolument dantesque. Cela faisait longtemps, personnellement, que j’attendais cela dans un album de Rhapsody !
Les autres titres ne sont pas en reste, tous avec leur petit truc qui fera toute la différence, de la speed "Tempesta Di Fuoco" à la black "Aeons Of Raging Darkness", de la ballade (sempiternelle) à la pop métale "I Belong To The Stars".

Donc du Rhapsody classique, vous l’aurez compris, mais aussi des nouveautés, qui renouvellent notre plaisir d’écouter ce nouvel et ultime album de nos transalpins.
On commence par la chanson speed, chantée intégralement en italien, et si vous avez du mal au début, je vous encourage vivement à la ré-écouter plusieurs fois, car elle est redoutablement efficace, les guitares bien en avant, la batterie énervée de Mr. Holzwarth et Fabio, encore une fois, qui transforme l’essai pour en faire un très bon titre de l’album.

luca turilli

On parlait de pop métal ? Dans Rhapsody ? Oui, mais que l’on se rassure, c’est léger, tout en étant suffisamment marquée pour être signaler sur le titre "I Belong To The Stars", avec un début très… et bien pop justement, nous donnant un duo Fabio/chœurs sympathique : un titre très frais qui nous permet de respirer après la black "Aeons Of Raging Darkness" !
Cette dernière met les talents de Fabio à rude épreuve encore une fois, car à l’instar de "Reign Of Terror" pour le précédent album, cette piste est assurément plus agressive. Et l’on est directement dans le vif du sujet avec cette intro incisive à la basse (Patrice Guers fait des merveilles), avant la réponse immédiate des guitares de Mrs Turilli et Hess (nouvel arrivé au sein de la Rhapsody’s team) pour une envolée à la batterie! Un titre violent qui demandera plusieurs écoutes pour être bien assimilé!

Logé à la même enseigne que "From Chaos To Eternity", la chanson "Tornado" est appelée à devenir un tube du groupe ! Introduction légère et enchanteresse aux claviers de Mr Staropoli, les chœurs viennent se joindrent au tout avant l’arrivée des guitares pour une piste speed.
Fabio alternera, une fois encore, chant clair et chant forcé, puis une arrivée progressive au refrain qui vous clouera littéralement à votre fauteuil !

Un mot tout de même de la longue et imposante pièce de cet album, "Heroes Of The Waterfalls’ Kingdom", qui nous servira de l’émotion en veux-tu en voilà, avec du chant italien en première partie (et oui encore), avant d’attaquer le plat de résistance avec un refrain majestueux. Puis s’incorporent les parties orchestrales, des chœurs à tomber par terre…
Le décor est planté : l’ultime épisode des Mighty Warriors se jouera ici,  "At the edge of the Northland" !
Nous pourrons écouter une dernière fois Sir Christopher Lee narrer les événements, entendre les protagonistes de Dargor et compagnie livrer leur dernière bataille avant la révélation finale….
Les mots ne suffisent pas, tant de sentiments viennent se jouer à l’écoute de cette chanson (la meilleure de Rhapsody depuis Power of The Dragonflame, si ce n’est la meilleure), et l’écoute seule vous permettra de comprendre ce que votre humble serviteur ressent, entre joie et tristesse, entre nostalgie et espoir, des frissons parcoureront votre corps lors des dernières notes puis de ce dernier souffle avant que ne tombe le rideau sur 14 ans d’histoire !
Un très grand moment, merci Mrs Turilli et Staropoli !

pochette rhapsody of fire from chaos to eternity

Oui ! Nous tenons ici un album en deux parties : les huit premières pistes sont du Rhapsody pur jus (avec innovations bienvenues), bien que la ballade puisse en refroidir plus d’un (tant c’est devenu lassant d’entendre l’italien ainsi : la seule qui vaille le coup étant "Lamento Eroico").
Les pistes décrites plus haut emporteront votre adhésion haut la main, que ce soit la piste éponyme, "Tornado", "Ghosts Of Forgotten Worlds" ou "I Belong To The Stars".
La dernière piste est tout ce que Rhapsody of Fire sait faire de mieux dans le domaine de l’orchestration mêlée au métal, à la narration et aux effets musicaux de toute beauté (que l’on avait pu écouter sur The Cold Embrace Of Fear).

En conclusion, que retenir, si ce n’est que Fabio n’a jamais autant joué sur sa voix tout le long d’un album, quelle évolution depuis Legendary Tales. Les musiciens nous servent un jeu carré et efficace, tous autant qu’ils sont (mention spéciale à Alex Staropoli) ! Néanmoins cet album est sans doute le moins facile d’accès de prime abord que les précédents opus : plusieurs écoutes seront nécessaires, mais au final quel rendu (un mix entre Dawn Of Victory et Power Of The Dragonflame si l'on devait faire un rapprochement).

Rhapsody of Fire rend une copie quasi parfaite et impose sa marque pour l’éternité !

Tib

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14 ans de saga, 8ème album studio, plus de 18 ans de carrière (si on compte la démo publiée sous le nom de Thundercross)... Rhapsody puis Rhapsody of Fire, une riche aventure, menée de main de maître par le duo Luca Turilli/Alex Staropoli pour le côté composition et arrangement, sublimée depuis presque toujours par la voix de Fabio Lione, renforcée ces dernières années par le duo rythmique Patrice Guers/Alex Holzwarth.

Pourtant, Rhapsody décide de refermer un grand chapitre de sa glorieuse existence en osant la nouveauté, Tom Hess (guitariste américain) ayant été incorporé in extremis au line-up peu avant l'enregistrement de l'album. Ce dernier, intitulé From Chaos to Eternity, clot la saga Emerald Sword/The Dark Secret. Dernière fois donc que Dargor et ses amis couvriront les joutes textuelles des paroles si caractéristiques du combo transalpain.

Rhapsody of Fire (Luca Turilli, Patrice Guers), Elysée Montmartre Paris 2011

Musicalement, la claque peut ici s'avérérer insoutenable et ce dès la première écoute de l'opus. L'esprit critique se voit ainsi surpris et tourmenté par des sonorités certes 100% Rhapsodiennes mais habillées de subtilités encore jamais entendues jusque là dans la discographie du groupe. Dès l'intro, à base de speed metal instrumental, nous pénétrons un univers incertain où les clichés du genre tutoient certaines innovations à la fois bienvenues et certainement dérangeantes. Dérangeantes elles risquent de l'être pour le fan moyen, sauf que celles-ci se parent au final d'une justification artistique sans faille, faisant ainsi de ces quelques approches proggisantes une astuce supplémentaire qui viennent parfois couper le souffle de l'auditeur attentif.

"From Chaos to Eternity" part ainsi en tourments divers, malgré une introduction rapide et typique power/speed metal symphonique. On ressent d'ailleurs un riff un peu différemment joué, Tom Hess ayant bel et bien pris la place de Luca Turilli sur les rythmiques... Cependant, au-delà de cette intro, nous voici portés vers l'inconnu et le mystique, la basse tissant sa toile sur une voix de Fabio Lione pas loin d'être plaintive. Alors bien évidemment la mélodie reste imparable, mais on sent l'envie d'être plus complexe, moins direct. Cet effet se ressent également sur "Ghosts of Forgotten Worlds", elle aussi imparable mais bercée d'arabesques (notamment au niveau de son solo) comme l'a si bien signalé Luca lui-même dans l'entrevue qu'il nous a accordée récemment.

Le jeu du simili-progressif peut parfois s'avérérer délicat et périlleux, mais ce serait mentir de dire que Rhapsody of Fire ne s'en sort pas haut la main. Il n'y a peut-être que sur ce "Aeons of Raging Darkness" que la pilule a parfois du mal à passer, cette piste subissant peut-être le coup d'influences trop nombreuses même si elle réussit tout de même à tirer son épingle du jeu. Peut-être par le biais d'un Fabio de plus en plus étonnant niveau chant ?

Notre cher ténor surprend une nouvelle fois son auditoire et offre un panel de styles vocaux aussi diversifiés que placés à bon essient tout au long de la galette. Car le sieur Lione n'abuse pas non plus du chant extrême qui, s'il le maîtrise bien, reste encore en deçà des spécialistes du genre bien évidemment. Or, sur quasiment chacun des morceaux de l'opus (si l'on excepte la ballade italienne), on ressent cette envie de pousser, parfois en retrait comme sur "Tempesta Di Fuoco", et à certains moments de manière radicale comme donc sur le susnommé "Aeons" ou la brillante composition que s'avère être "Tornado".

Car nous tenons peut-être là le chef d'oeuvre épique extrêmisant de Rhapsody. Ce "Tornado" emporte tout sur son passage, passant de couplets speed blackisants à un refrain explosif dans le registre cinématique glorieux. Pour un refrain qui rivalise d'ailleurs de beauté avec le splendide moment de bravoure proposé par "Ghosts of Forgotten Worlds", même si on se rapproche sur cette dernière de la Bande Son du film Le Masque de Zorro (le détail qui tue, bien moins flagrant que son introduction riffing à la "Painkiller" de Judas Priest, on vous l'accorde volontier).

Alors oui, revenons-en à Fabio, qui se lâche encore et toujours plus et qui ne laisse plus rien au hasard. On peut cependant rester dubitatif, à certains rares moments, comme sur la ballade "Anima Perdita" peut-être "too much technique opéra" et aux pâles reflets d'un "Lamento Eroico" accouplé à des relents médiévaux folk. Ca passe ou ça casse, certains adoreront là où d'autres trouveront cette chanson insipide, ceci est le risque. D'ailleurs, en parlant de risque et de moments vocaux parfois "étranges", retenons la quasi pop commerciale "I Belong to the Stars" et son intro électro-soft reprenant un refrain certes remarquable d'accroche mais étonnamment simpliste. Heureusement que la chanson en elle-même passe plutôt bien et se laisse dévorer sans mal, car nous n'étions pas forcément loin d'une faute de goût.

Tout ceci donc pour souligner l'aspect caméléon d'un Rhapsody fidèle à ses émotions ou ses origines mais pas contre quelques expérimentations intéressantes. Le meilleur exemple sera peut-être ici le premier morceau speed en italien dans l'histoire du combo, un "Tempesta di Fuoco" qui rappelle le côté old school tout en amenant un aspect neuf par quelques arrangements imperceptibles mais redoutablement diaboliques.

Ne manquerait-il pas quelque chose à cette chronique ? Ah mais c'est bien sûr, aucun mot n'a été dit sur LA conclusion, non seulement de l'opus, mais aussi et surtout de la saga : "Heroes of the Waterfalls' Kingdom". Vu son titre, cette chanson pourrait vite tourner dans le plan plan ridicule, et pourtant... Alors bien sûr, le temps de son introduction, on peut avoir peur. Certes Christopher Lee gère la fougère de sa voix caverneuse taillée à travers les âges, mais on craint une joute plus narrative que musicale. Alors si celle-ci se présente à nos oreilles au beau milieu de la chanson et conclut brillamment les dernières minutes avec un Dargor transformé en Dieu ("Erian's angelic spirit now embraced Dargor's immortal soul, combining the supreme energies of the cosmos to become pure divinity... a god of cosmic light"), elle ne dérange en aucun cas la progression d'un "epic track" pas loin d'être majestueux. Là aussi, il faut s'accrocher et tenir les 19 minutes sans rêvasser, mais au fil des écoutes on comprend vite que Rhapsody n'aurait pas pu mieux conclure son histoire. Ici, nous est proposé un formidable melting pot d'idées jaillissant à droite et à gauche, entre passages folk, relents symphoniques "dramatiques" (jusqu'à ce refrain huilé à la quasi-perfection), riffs que Luca n'aurait pas renié dans son Prophet of the Last Eclipse (son exceptionnel 2ème album solo) et vagues extrêmes savamment dosées et décoiffantes. Un seul mot : bingo !

Rhapsody of Fire (Luca Turilli, Fabio Lione), Elysée Montmartre Paris 2011

L'analyse d'un tel opus s'avère donc non exhaustive de part son aspect à la fois riche, un poil confus, mais complet dans son approche et son résultat final. Rhapsody of Fire nous a ici proposé un véritable voyage à travers ses influences, à la fois anciennes et nouvelles, pour une sorte de Power of the Dragonflame Part II enrichi d'émotions nostalgiques et d'un optimisme certain quant au futur du (désormais) sextette italien.

Ju de Melon

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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