Wildpath – Underneath

Dans le paysage « metal à chanteuse » français, je demande la lettre W ! Wedingoth, Where Eagles Dare, Whyzdom, ah, voilà Wildpath ! Le jeune groupe de power metal, formé en 2001, commence à avoir une certaine réputation dans le milieu, au point d'avoir pu jouer dans un festival renommé comme le Raismes Fest.

C'est donc tout naturellement que sur le label Brennus, les six compagnons reviennent dans la joie et la bonne humeur avec une toute nouvelle offrande dénommée Underneath. Et c'est un digipack que nous offrent les français qui voient les choses en grand : le second CD contient les titres du premier, mais en version intégralement réorchestrée, sans les guitares et autres. C'est sur le premier CD que nous allons nous concentrer cependant, car c'est bien là que réside la partie « metal ». Et comment est-il cet opus? Parce qu'après tout, il serait dommage de faiblir en ce moment et de décevoir …

Ce nouveau bijou de Wildpath mérite très clairement l'appellation de joyau ou de diamant, illuminant de milles feux la discographie des français. Car derrière cette nouvelle galette, c'est un travail titanesque qui a été réalisé et qui se ressent à chaque écoute de l'opus, moult éléments se retrouvent ainsi dans cette belle oeuvre. C'est bien simple, dans Underneath, on trouve à peu près de tout, ce qui pourrait contenter un public très vaste et très large, même si la cible la plus recherchée est très nettement celle des amateurs de power metal. Ceux-ci ne seront absolument pas déçus du voyage, bien au contraire tant ce nouvel album s'inscrit dans ce genre. On ne sera ainsi pas surpris d'entendre un clavier qui occupe une place très importante, des solos maitrisés démontrant le talent des musiciens du groupe, des atmosphères épiques et les fameux choeurs qui vont avec, ces derniers qui ont été très souvent rapprochés à ceux employés par Fairyland. Et le rythme, lui, est soutenu, véloce, la guitare entraîne souvent l'auditeur dans une folle cavalcade auditive, lors d'accélérations de bonne augure, qui relèvent bien la sauce, notamment sur « Buried Moon » ou « Frozen » à titre d'exemple. Ceci dit, et c'est ce qui fait toute la complexité et la richesse de l'offrande, c'est que de multiples influences et sonorités différentes sont audibles, et les petites touches apportent réellement une pierre à cet édifice déjà très solide et massif. La plus marquée, c'est la musique de film, fantastiques notamment, ce que l'on ressent dans l'introduction « Seeds of a Dreams » ou au court de l'émouvante ballade qu'est « Dreaming Doll ». Mais pas uniquement, c'est ce qui fait la richesse de Wildpath, car ces derniers tirent tout droit du jazz quelques passages de « Reviver », ou encore electro sur « X » ou « The Craft », idées qui apportent un côté agréable et sympathique, mais qui parfois manquent peut-être encore d'exploitation. Les idées sont là et on sent que les musiciens maîtrisent leur art, mais peut-être la prise de risque aurait-elle été plus pertinente si ces idées étaient menées jusqu'au bout. Mais le résultat en lui-même est déjà bien convaincant.

Problème ? C'est qu'à vouloir trop en faire, tout cela pourrait bien jouer des tours au groupe. Malgré le fait que les six compères s'évertuent à faire leur art au mieux possible, allant jusqu'à soupçonner des petites tendances perfectionnistes, la grande richesse de l'ensemble pourra facilement rebuter les moins patients, qui, sur ce brûlot durant plus d'une heure, s'ils abandonnent trop vite l'écoute, s'ennuieront et catalogueront Underneath de mauvais. Une grossière erreur, la bête étant tout simplement à apprivoiser, à comprendre, et c'est là tout le travail difficile que va rencontrer l'auditeur sur ce nouvel album, qui demande de la patience. Mais une fois qu'elle est acquise et que la plongée commence, alors c'est un océan de merveilles qui s'ouvrent devant nos yeux, ou plutôt nos oreilles, un nouveau détail éclatant à la figure à chaque écoute, éblouissant presque, du grand art. L'orchestration est grandiloquente et appuyant un côté symphonique à la musique, celui-ci grandement exploité dans le power metal des français. Une vraie harmonie se dégage dans cette musique, une osmose parfaite, encore un niveau réussi. Et ce travail réalisé pour ne pas les laisser en simple élément de figuration donne des lettres de noblesse au groupe. Au rang des regrets, en revanche, il fallait s'y attendre : quelques longueurs s'immiscent malgré elles, entachant très légèrement un bilan déjà remarquable. « Anchored » gagnerait à être amputée de quelques minutes et de sa très (trop) longue intro qui semble ne pas en finir. Tout comme l'instrumentale « Underneath », titre éponyme à la dextérité impressionnante, prouvant la virtuosité des jeunes gens, mais qui traine un tantinet la patte malgré son rythme souvent rapide et ses passages progressifs de qualité. On regrettera aussi un chant un peu trop en avant dans le mixage en dépit de l'excellente production.

Côté voix, c'était le point qui pouvait encore un peu flancher, car si Marjolaine a un timbre de toute beauté, le précédent opus montrait qu'elle devait encore s'améliorer sur quelques points. Et rassurez-vous, c'est chose faite, la belle vient d'accomplir des progrès notables. Son chant lyrique est toujours aussi beau, rappelant Heidi Parviainen d'Amberian Dawn, les voix des deux demoiselles étant proches au niveau du timbre. En revanche, les variations sont largement plus présentes, au grand bonheur des cages à miel, la prestation gagnant davantage en charme et en diversité, et lorsqu'elle explore les graves, la française s'en sort avec les honneurs, comme sur « Dive ». Un filon à exploiter dans l'avenir, au vu des capacités évidentes dont fait preuve la chanteuse. Elle est toujours accompagnée de temps en temps par les grunts d'Olivier, surtout audibles sur « X », où il prend une certaine place. Sauf que là, par contre, s'ils sont bons, ils manquent encore un peu de la maturité nécessaire pour pleinement convaincre. Néanmoins, l'idée intéressante, c'est celle d'introduire le chant de Nicolas, le bassiste. Ce dernier s'en tire très bien, une voix plutôt grave qui intervient sur le titre « Crystallized », jusqu'à nous faire regretter qu'elle ne soit pas un peu plus présente. De quoi donner à Wildpath quelques idées pour l'avenir.

Forcément, dans une telle immensité, il est impossible de retenir chaque titre, et certains font forcément bien plus d'effet que d'autres. Et les trois premiers remplissent parfaitement le rôle d'amener en douceur le voyageur dans les contrées magiques et les grandes étendues ici dévoilées. Mention spéciale pour « Dive », qui ferait un excellent single, mais se révélant surtout être la bombe du brûlot. Efficace, soignée aux petits oignons, accrocheuse, dynamiques, avec une Marjolaine qui ne faiblit pas, voilà ce dont est capable le combo. Son talent est sur cette piste brillamment illustré. Vraiment, une perle, au même titre que « Frozen », plus sombre et moins enjouée, au refrain particulièrement prenant, où la chanteuse fait des miracles. L'ambiance est unique et reste en tête ! N'oublions pas une superbe ballade, « Dreaming Doll », qui semblerait presque composée pour un film, et la douceur sied comme il se doit à la voix de la frontwoman, dont le timbre fluet est ici exquis, procurant moult émotions, une pièce de toute beauté. En plus, ici, la formation évite le carcan du larmoyant ou du mièvre, une belle réussite ! Malgré de petites longueurs, saluons la performance réalisée sur le titre éponyme « Underneath » qui ravira les fans d'instrumental. A côté de cela, le trio « Reviver », « The Craft » et « Anchored » est, malgré la qualité des titres, un peu en dessous du reste, la mayonnaise prend un peu moins, dommage.

Époustouflant. Cette nouvelle offrande des français est une franche réussite, et se hisse même dans le palmarès des incontournables de l'année. Solide, varié, rythmé, entraînant, joyeux, sombre, orchestral, rapide, riche en émotions, les termes ne manquent pas pour désigner cette galette et linéaire, monotone, fade, vide, creux, mou sont des mots inconnus dans le dictionnaire Wildpath. Avec ce Underneath, le groupe se hisse presque au niveau des plus grands noms du power metal, il manque encore le petit truc qui va faire toute la différence, mais avec ce brûlot de haute volée, les français méritent de percer. Un travail colossal, un résultat phénoménal, une recette du succès appliquée soigneusement, à la lettre, et qui donne pour l'auditeur un bonheur immense. Voilà de quoi se rassasier en attendant la suite, car cette mouture éveille indéniablement l'impatience !


 

Site officiel de Wildpath

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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