Elitist – Fear in a Handful of Dust


Oui, c'est poussiéreux, et oui ça fait peur...

"Pas contents, pas contents!", les nouveaux jeunes poulains de l'écurie Season of Mist...

On en a pourtant connus, des énervés et des agités du bocal! Qui se rappelle aujourd'hui des Norvégiens d'Infernö, petits rejetons de l'éphémère vague 'retro-thrash' de la fin des années 90, avec leurs "Yaaââa-aaââaah" mythiques?! Du nihilisme sonore et de la noirceur plus dérangée que foncièrement morbide des premiers Abruptum?! Des 'raffinés' Conqueror (devenus Revenge par la suite), dont la seule véritable subtilité résidait en ces micro-secondes où le batteur s'arrêtait de massacrer ses fûts à sang juste le temps de se gratter les nasaux - avant de reprendre le battage de la mayonnaise?! Remember, la maison Osmose (r.i.p.) était friande de ce genre de groupes de 'chtarbelés'...

Ce qui a cette fois (soit une bonne douzaine d’années plus tard) éveillé la nostalgie et l'intérêt de cet autre label français devenu incontournable, c'est peut-être la faculté qu'ont les Américains d'Elitist ici présents de mélanger les différentes caractéristiques de tous ces genres "décadents" qui ont depuis fait école : on y retrouve en effet -pêle-mêle (et c'est bien là le problème...)- la froideur et la noirceur du 'black', la brutalité et la dimension sulfureuse du 'death' old-school, la hargne vindicative du 'hardcore' et le « graisseux-qui-tâche » du 'sludge' (deux scènes auxquelles le groupe s'était d’ailleurs vu affilié à la sortie de leur premier EP éponyme et d'un split avec le groupe Transient, soit en 2009 et début 2011, respectivement).

Ajoutez un peu de la sauvagerie du 'grind' par intermittences et pour finir -disons pour l'enrobage- la pesanteur et le funéraire du 'doom' ainsi que quelques traces du côté bruitiste, chaotique et dérangeant de son cousin bâtard le 'drone' ou même de la 'noise' expérimentale (amis du larsen, des grésillements, sautes de son et autres fréquences ultra-graves, bonjour!), et vous obtiendrez ce mélange très personnel certes mais pas très digeste que constitue Fear in a Handful of Dust.

Dur, dur, donc, de vous les situer, d’apposer une seule et simple étiquette à leur Perf' troué et miteux… Alors, disons pour commencer que ces 'frappadingues' de Portland, Oregon nous évoqueraient peut-être sur la forme et au premier abord une version 'yankee' et plus cradingue du Celtic Frost des débuts (vive les vibratos et harmoniques criées sur des notes graves!), ou encore un mix' entre les premiers Obituary et le Entombed du génial Left Hand Path, le talent et plusieurs neurones (déjà bien grillées) en moins...
 

 

Elitist band pic

Sur cette première vraie offrande du groupe (quoi?? Ils le vendent?!), l'auditeur aguerri 'flashera' certainement en premier lieu sur la véritable nervosité qui en émane, cette sauvagerie juvénile qui fait toujours plaisir à entendre (mais pas forcément à écouter…), évidemment quand on voit comme la plupart des vétérans de la scène extrême se cassent la gueule aujourd'hui (suivez mon regard du côté de Tampa). Ici, aucun compromis, non, aucune fioriture, c'est de l'expédition punitive : Elitist, on l'aura compris, ne fait pas de quartier, avec en prime une attitude 'jeunes-branleurs-sans-concessions-qui-emmerdent-tout-le-monde-et-il-faut-que-ça-se-sache' digne des Melvins ou Converge des origines. Sauf que c'est une voie bien plus sombre, décadente, 'doomy' et malsaine que le groupe a choisi d'emprunter. Pour notre plus grand plaisir, car il faut bien admettre que sur le papier ce type de mélange des genres fait toujours envie...

Mais à l'écoute et surtout au fil des écoutes, l’intérêt retombe bien vite tant le groupe ne parvient pas à exploiter jusqu'au bout ses idées par trop éparses. Si l'on ressent sans peine toute la négativité distillée au travers d'une prod' « de la crypte », ‘necro’ et crade -tout aussi suffocante que dégoulinante à souhait (sauf si l’on n’en demandait pas tant…)- il faut bien avouer qu'Elitist est encore loin de maîtriser son sujet et tombe sans relâche dans de l'inachevé (mais où ont-ils voulu en venir  au juste sur ce ‘Watch as They Worship, Yet Be Silent'??!) et dans l'éparpillement, d'où cette incessante impression de "ni fait ni à faire".

Mention plus qu'honorable tout de même au brailleur Joshua Greene, tout à fait convaincant dans ses interventions au milieu de tout ce raffut décousu, aussi bien en 'growl' (qui peuvent parfois tendre vers un John Tardy d'Obituary sous acide, ou encore le David Vincent des débuts de Morbid Angel...) que dans des cris « dérangés », limite de délire psychotique, comme je n'en avais plus entendu beaucoup depuis le Lord Belial de Enter the Moonlight Gate, bien plus authentiques que le Abruptum de "De Profundis Mors Vas Cousumet" somme toute (ce qui n'était certes pas bien difficile)... La furie maladive d'un Anaal Nathrakh n'est donc pas loin, et on n'oserait point venir interrompre le monsieur pour lui proposer une thérapie, de peur qu'il ne nous déchiquète en morceaux dans son élan pour ensuite se lacérer avec nos restes... 'Sérieux-killer', donc!

Par contre, musicalement encore une fois ça patauge et ça s'empâte très vite. Ce ne sont pas à des tireurs d'"élite" que nous avons affaire, loin s'en faut... Le comble c'est qu'Elitist donne même presque l'impression de découvrir ses morceaux en même temps que nous tant leur exécution est pataude (ces notes de guitares qu'on laisse mourir comme on laisse agoniser son inspiration...), et les pseudo-variations censées les meubler s'apparenteraient davantage à de fausses improvisations ne menant nulle part.

Si dans les tempos lents ou mid le groupe peut avoir des éclairs, si ce n'est de génie au moins d'inspiration salutaire, en tendant autant vers des riffs 'evil' façon Anges Morbides période Altars of Madness que vers le nihilisme musical de Celtic Frost sur un "Procreation of the Wicked" (et ce dès l'entame du premier titre "Burning the Unspoken Gospel", même si encore une fois les musiciens ne font que survoler le sujet), c'est pour ensuite mieux s'embourber dans les riffs gras d'un 'sludge' des plus 'bateau' (du sous-Eyehategod, quoi...) et d’un ‘death’ certes belliqueux mais sans grand relief pour autant (ces piètres "Cult Malevolence" et "A Howling Wind"). Cherchez l'erreur...

Et ainsi de suite, tout le reste est malheureusement à l'avenant. Les mecs vont ainsi nous prendre aux tripes avec des plans de guitare des plus dissonants jusqu'à réussir à créer une bonne grosse atmosphère 'doom/black', lugubre et tout ce qu'il y a de plus déshumanisée (incontestablement la facette qui leur sied le mieux, cf "Ivory Shavings of the Tools Unknown" ou encore ce "Human all too Human" qui porte délicieusement mal son nom...), avec cette fois une vraie montée en intensité 'palpable', et ensuite gâcher le tout en l'espace d'une seconde avec un passage pseudo-'grind' d'une affligeante médiocrité (le batteur, qu'il s'emporte ou qu'il cherche en direct sur quel 'tom' il pourrait bien jouer, aurait dans tous les cas davantage la vélocité d'un bébé épileptique que de Steve Asheim de Deicide si vous voulez...), et qui déboule et dégueule dans ton salon sans y avoir été invité.

Les titres s'enchaînent ainsi, sans temps mort, ce qui n'aide pas non plus à leur donner une structure ou une cohésion à l’ensemble, si bien qu'à l'issue de l'écoute (34 petites minutes et puis s'en vont) on n'a rien retenu si ce n'est ce vomi de négativité certes des plus réussis en ce sens... Mais qu'on retrouverait sur n'importe quelle 'tape' en provenance de chez Duke!

Elitist performing live

 

Alors, le seul véritable intérêt au final qu'Elitist pourrait être en mesure de nous inspirer aujourd'hui serait peut-être la sauvagerie hallucinatoire qui doit se dégager de leurs prestations 'live' (on demande à voir!), avec le potentiel que ces mecs auraient pour l'occasion de rassembler aussi bien les jeunes 'blackeux' nihilistes, les vieux 'bikers' graisseux, les "patriarches" de la scène pour qui le 'death' est mort quand  Entombed a sorti Wolverine Blues, quelques punks-à-chiens défoncés et coreux en quête de bastonnades, 2-3 nazillons suprémacistes et 3 ou 4 putes en puissance qui finiront sous 'ruffies' -avec une poignée de piliers de comptoir égarés au milieu de tout ce bazar-, le temps de quelques bières renversées au détours d'un pogo impromptu et de moult coups de rangeos dans la gueule... Encore une fois, je voudrais bien voir ça!! (même si c'est le genre de choses qu'on aurait alors juste déjà vu des millions de fois il y a 10 ans dans n'importe quel petit concert 'underground'...)

Donc, moi non plus au final : "pas content, pas content"!! C'est qu'on devient difficiles, bordel... Mais merci quand même messieurs les "élitistes" auto-proclamés pour ce bon gros glaviot sonore comme je n'en avais plus entendu depuis bien longtemps! Dites, c'était le brouillon du vrai prochain album, c'est ça??!

Pour ma part, je retourne me passer un bon vieux skeud' de 'evil-death' scandinave des origines (y a le choix!), avant de me faire une cérémonie de Sunn O))), un rituel de Zarach'Baal'Tharagh ou de Melek-Tha, et de m’écouter le Live in Leipzig de Mayhem dans le noir... (un bon vieux Hvis Lyset Tar Oss ou A Blaze in the Northern Sky auraient aussi bien fait l'affaire !)
Ne cherchez pas, l’Apocalypse a déjà eu lieu…

LeBoucherSlave

4,5/10 pour les auditeurs en quête de sensations "fortes" et pas trop difficiles, et les masochistes ^^
3,5/10 pour les autres...

... et : SANTE !!!!!!

Elitist in rehearsal room 2

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NOTE DE L'AUTEUR : 4 / 10



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