Suicide of Demons – A New Beginning


Vainqueurs par K.O. ...

VLAM! Splam! Splash! Pan! Whiiiiizz!!!!! Non, je ne chronique pas présentement le "Comic Strip" de Gainsbourg... Mais pour illustrer ce deuxième album de Suicide of Demons (après le précédent essai de 2008, Before Our Eyes, et une bonne poignée de concerts autour de l'Hexagone, avec -excusez du peu- des formations bien établies telles qu'Aborted, Black Bomb A ou Dagoba), il fallait que je trouve quelque chose qui 'claque'!! Car sur cette offrande, le groupe belge (formé en 2005 et signé depuis chez M&O Music) s'est donné les moyens de ses ambitions et à l'assaut (il n'y a pas d'autre mot...) de ce A New Beginning, tout est prétexte pour l'auditeur à se prendre une bonne mandale dans la tronche.

Déjà, au niveau production, on sent que l'on a affaire à du 'costaud' : dès le premier titre "Invisible Wings" (après une courte introduction 'Tim Burtonienne'...), les guitares tranchent dans le vif du sujet, des breaks multiples et coupures/cassures nous indiquent que l'on est en présence de fieffés musiciens qui auraient passé une Maîtrise en 'arith-rythmique' et pas de jeunes énervés sans 'groove' ni feeling... D'ailleurs, des solos fins et racés nous explosent à la tronche par paquets de treize à la douzaine (z'essaient de faire plus fort que Machine Head sur The Blackening ou quoi??! ^^) et se permettent de ratisser large, que l'on soit fan du bon vieux déluge de notes de la vieille école 'thrash' américaine (on penserait même à Death sur les leads en 'tapping' du titre éponyme, sur lesquels la dextérité guitaristique n'a vraiment rien à envier à celle de Schuldiner...) ou que l'on soit plus friand de soli plus mélodiques typés 'power-métal' (avec parfois en renforts quelques twin-guitars bien à propos comme sur ce "...Till Dawn" final aux relents Helloweeniens...), tout le monde y trouvera son compte.  Si je vous dis que ce jeu de guitare se voit rehaussé d'une virtuosité qui sera digne d'un Alexi Laiho dans quelques années et du toucher prometteur d'un futur Michael Amott en puissance... Oui, ça y est, vous êtes sonnés, vite relevez-vous quand même avant que l'arbitre n'ait fini de compter jusqu'à 10!

SUICIDE OF DEMONS, Fern on guitar

En bref, vous l'aurez compris, y'a du niveau, et bien mis en valeur par un son très clair, propre et compact (pas de dégueulis sonore incontrôlé ici), à l'impact tout simplement énorme!
Seule la batterie, même si elle bastonne bien également, délivre malheureusement un rendu bien trop synthétique, quitte à en devenir aussi linéaire qu'une vulgaire boîte à rythmes (un comble quand on sait que c'est Johan Nunez de Nightrage et 'session' chez Firewind -excusez du peu, encore une fois- qui officie derrière les fûts!), et à enlever de par ce traitement un peu de relief aux compos (notamment au niveau des 'blasts', tristement plats), même si elle finit au fil de l'écoute par passer au second plan, tant l'oreille ne saurait se détacher du travail remarquable fourni sur les guitares et les voix.

Car le chant ou plutôt LES chants apportent en effet beaucoup de diversité et de 'punch' aux morceaux et savent vraiment assurer dans tous les registres : d'entrée, si l'on pense à la scène suédoise de Göteborg (ce qui colle bien musicalement avec l'entame 'thrash/melodeath' de l'album et sa tonalité générale) avec des phrasés qui nous évoqueraient un bon vieux Dark Tranquillity à l'époque du mythique The Mind's I, le chanteur ne tarde pas à partir, pour notre plus grand plaisir, dans une voie/voix moins convenue en adoptant des tonalités plus 'thrash' traditionnel avec des intonations limite 'à la Hetfield' de Metallica, sans pour autant sonner comme une copie de ces derniers ; on penserait davantage à une formule plus jeune, plus moderne, plus proche pour le coup de la vigueur d'un Machine Head (le côté 'core' en moins...) ou d'un Nevermore (mais sans cette touche 'US'...). Le résultat de ces alternances vocales toujours parfaitement maîtrisées, ce sont des morceaux "vivants", à la fois puissants et accrocheurs, et dans ces deux domaines encore une fois, Suicide of Demons impose le respect par autant de professionnalisme et de savoir-faire. On se demande bien à quel domaine ils ne parviendraient pas à s'attaquer quand la bassiste sur le titre "My Only Sacrifice" vient épauler le chanteur sur un court passage en voix lyrique (oui, oui!), pour un résultat tout à fait probant (même si bien surprenant au départ!), qui ne veut pas sonner comme du sous-Tarja-déjà-entendu-100-fois mais simplement apporter un grain d'excentricité et de solennité à la fois, dans un dialogue chanté digne d'un extrait du Sweeney Todd de Burton.

SUICIDE OF DEMONS, line-up 2011

Vous en voulez encore, de la bonne claque?? Eh bien, tout l'enrobage de ce A New Beginning ne pourra que vous apporter votre dose de taquets réglementaire. Tout l'artwork de l'album en impose, à commencer par sa somptueuse pochette futuriste aux accents apocalyptiques. Jetez un coup d'œil aux titres des morceaux (que vous ne tarderez pas à mémoriser), ils ne rivalisent certes pas en longueur avec ceux de Bal-Sagoth (ouf!) mais sont au contraire un condensé de l'impact produit par le disque : "Your Best Nightmare", "Evil-You", "In the Trench", "Revived Enemy", ... Avant même de les avoir écoutés, on en aura compris la teneur! En outre, si ces compos s'enchaînent sans temps mort ni 'fade-out', chacune d'entre elles a pourtant une identité qui lui est propre et le 'tracklisting' fait preuve d'une remarquable cohérence, alternant pures saillies (le 'thrashy' "The Fear Remains Unknown" ou "Your Best Nightmare" et "In the Trench" justement) et moments plus recueillis, voire 'épiques' dans leur dimension émotionnelle, comme quoi le groupe sait aussi enfiler d'autres types de gants ("My Only Sacrifice", le pont de "Evil-You", les orchestrations sur ce dernier titre de 11 minutes...). Et de l'entame "From Dusk..." au morceau-fleuve final "...Till Dawn" (vous aurez saisi la continuité entre les 2 titres...), l'auditeur aura effectué un périple musical d'une journée aux confins de tout ce qui se fait aujourd'hui en matière de thrash/power métal moderne à consonances 'scandinaves'.

Le tout est tellement bien ficelé, pesé et réfléchi qu'on en vient toutefois à soupçonner un brin de "rafistolage" en studio a posteriori, notamment sur le morceau-titre. Néanmoins, le rendu général n'est pas 'clinique' pour autant, on sent de la chaleur dans le jeu des musiciens, une sorte d'énergie 'live' contagieuse qui fait que l'on ne peut mettre en doute ni leur spontanéité ni leur authenticité.
Les Suicide of Demons savent d'ailleurs ne pas se prendre trop au sérieux quand même, en témoignent les relents punk du plus léger "Save Me" qui s'achève sur des bêlements de chèvre (j'espère que c'est un 'sample' les mecs!... ^^), ou bien le petit délire 'Far-West' de quelques secondes (mais au milieu de ces 51 minutes de furie, l'effet en serait presque "subliminal"... : << quoi, qu'ai-je entendu, là??! >> ^^) qui vient à 2 minutes de "Revived Enemy" dérider une galette par ailleurs sérieuse et structurée, peut-être pour nous rappeler que derrière ce sont quand même des hommes (et une femme...^^) qui en sont à l'origine, et pas juste des musiciens et un ingé-son.

SUICIDE OF DEMONS live

Si l'arbitre voulait juste ronchonner un peu et les pénaliser au 4ème round (sans pour autant crier à la triche ou au 'match truqué'), il rétorquerait peut-être que ce qui fait aujourd'hui l'identité du groupe c'est essentiellement cette diversité que nous avons déjà évoqué, ce brassage réussi des styles mais qui ne leur confère pas pour autant une véritable originalité, on n'échappe donc pas à un sentiment de déjà-entendu çà et là ; on aurait en outre préféré quelque chose de plus personnel au niveau de la production proprement dite, un poil aseptisée aujourd'hui.

Mais comme l'Histoire n'est finalement qu'un éternel recommencement, gageons que ce 'nouveau départ' (nouveau line-up, paroles plus profondes, musique plus affirmée encore), comme le groupe a choisi d'intituler cet enthousiasmant 'uppercut' discographique aux qualités d'exécution indéniables, saura porter nos Wallons sur la voie d'une reconnaissance méritée, et qui sait du début d'un succès en dehors de nos frontières (et des leurs!) qu'ils n'auraient pas volé.
La Belgique n'avait guère jusque-là que les excellents Channel Zero en légendes locales du 'thrash' (avec une pointe plus 'core' pour ces derniers...), il faudra maintenant compter avec Suicide of Demons pour la postérité. VLAM! C'est dit.


LeBoucherSlave

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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