Thy Catafalque – Rengeteg

Thy Catafalque, ou l'une des grandes découvertes de cette année. Ce groupe très peu connu (à tort), est pourtant loin de son premier premier essai. Son étiquette black metal avant-gardiste est aujourd'hui bien trop générale et impersonnelle pour qualifier sa musique mêlant atmosphères, expérimentations et folklore hongrois. Preuve est faite avec ce nouvel album, Rengeteg.

Petit résumé historique : Thy Catafalque est né en 1998, et a déjà 4 albums au compteur. D'un black metal underground et un poil expérimental, ils ont évolués vers une musique plus dense, plus ouverte, en ajoutant des éléments électroniques et folkloriques, mais toujours en gardant ce côté avant-gardiste, expérimental et, d'un côté, underground. Un groupe assez commun sur le papier donc, la scène black folk étant plutôt bien garnie (et malheureusement bien des groupes sont dispensables et sans saveurs, copies conformes de leurs voisins).

Mais Thy Catafalque n'est pas de ceux-là ! Les premières notes de l'album, les premiers mots de Tamás Kátai, surprendront les non-initiés. Ici, pas de voix criarde venant du fin fond de l'enfer, pas de blast-beats effrénés et crados, ni même de guitares diaboliquement rapides. Rengeteg, c'est un univers, une entité qui s'écoute d'une seule traite.

Dès le premier titre, on nous force à entrer dans l'esprit torturé de Tamás, désormais seule tête pensante du groupe. Un amas de guitares nous tombe dessus, une batterie particulièrement percutante et efficace, à défaut de nous livrer un jeu rapide et irréfléchi, un chant, crié, torturé, mais loin des caractéristiques d'un chant black. Puis vient la grande surprise, le refrain et son chant clair envoûtant, aux accents légèrement folk, absolument plaisant ! On notera une légère note électronique et atmosphérique. La chanson de plus de neuf minutes s'écoute sans encombres, pour peu qu'on se laisse prendre au jeu et qu'on se livre totalement à l'œuvre, mais ça... il n'y a aucun doute que la chanson remplit cette condition ! Une fois emporté, il est difficile de lâcher la bête.

La suite, un peu plus posée mais tout aussi entraînante, nous offre un peu plus de folklore et de mélodies, avec des lignes de chant clair plus présentes et des guitares aux mélodies entêtantes. On commence à apercevoir la lumière sur ce chemin sombre et encombré. Le côté sale de la production, avec notamment des guitares brutes et une batterie loin des sons électroniques et à la mode, est au service de la torture que veut nous infliger le groupe. Torture peut-être, mais on en redemande (parce qu'on est carrément sado-maso et qu'on aime ça !).

On avance encore un peu, le folklore est de plus en plus présent, le rythme entraînant aussi. On se rapproche même d'un chant aux sonorités orientales très appréciable. On pense parfois aux débuts folk de Moonspell. Puis Thy Catafalque calme le jeu, et nous offre un petit moment de repos folk bien mérité avec "KŠ‘ Koppan". Grand moment musical et apaisant. Ce début d'album est on ne peut plus efficace ! Mais le groupe nous réserve encore beaucoup de surprises.

On reprend la route avec "Vashegyek", titre le plus long de l'album (14 minutes), en compagnie d'une jeune femme du nom de Ágnes Tóth, chanteuse du groupe de Pagan Folk The Moon and the Nightspirit. Avec ce titre, on s'enfonce dans la forêt de l'expérimental, et on découvre la vraie atmosphère du groupe. C'est une musique plus subtile, plus réfléchie et donc forcément moins accessible que les premières pistes. On pense un peu aux longues expérimentations et atmosphères de Moonsorrow, tantôt paisibles, tantôt haletantes, une légère touche électro en plus.

Après une telle oppression et torture mentale, on espère pouvoir s'en remettre. Mais non, le chemin est loin d'être fini... Il fallait se reposer quand on vous en donnait l'occasion !
Thy Catafalque enfonce le clou de l'expérimentation, en nous proposant des titres assez improbables, mêlant l'électro au folk, puis en y ajoutant un violoncelle, donnant un côté symphonique à une musique aux riffs thrash crades et aux sonorités électro. Un gros programme donc, que le groupe arrive parfaitement à respecter !

Dorénavant, on sait que Tamás est capable de tout. Il nous guide et nous torture, mais le pire reste encore qu'on en redemande. Jusqu'où est-il capable de nous emmener ?

Avec "Az esŠ‘, az esŠ‘, az esŠ‘" (signifiant "La puie, la pluie, la pluie"... Le décors est planté), on s'éloigne carrément du metal (et encore plus du black metal), pour entrer dans une atmosphère electro-folk bel et bien unique. Chaque piste pousse l'esprit dans ses derniers retranchements, pour peu qu'on accepte de se laisser aller.

On arrive doucement au bout du chemin, tout s'éclaircit, mais c'est sans compter la dernière embuche posée par le groupe ! "Minden test fŠ±", dernière piste de l'album, nous rappelle nos début chaotiques. Son black metal beaucoup prononcé, sa voix torturée fini de nous achever. C'est sur cette note sombre que s'achève net notre voyage improbable, imprévisible.

Thy Catafalque nous aura fait balader ! Rengeteg est un voyage unique, une torture qui nous colle à la peau, une grosse bête qui ne nous lâche pas et qui joue avec nos sens et nos émotions. Vous n'en sortirez pas indemne, il va vous falloir du courage pour vous embarquer dans une telle aventure. Mais ce qui est sûr, c'est que le périple en vaut le coup ! Lancez le disque, il ne vous reste plus qu'à courir et à l'affronter...

9/10

Unna

PS : Rengeteg signifie "Une fôret vaste, sans chemin", et reflète exactement l'ambiance de l'album.

Tracklist :

01. Fekete mezŠ‘k
02. Kel keleti szél
03. Trilobita
04. KŠ‘ koppan
05. Vashegyek
06. Holdkomp
07. Kék ingem lobogó
08. Az esŠ‘, az esŠ‘, az esŠ‘
09. Tar gallyak végül
10. Minden test fŠ±


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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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