Lord Vicar – Signs of Osiris

La Finlande n'est pas forcément le pays auquel on pense le plus en parlant de doom metal. Pourtant, il y existe de très belles choses comme Reverend Bizarre par exemple. Et ça tombe bien, car la formation du jour possède un point commun avec eux : un ex-guitariste, Peter Inverted (également dans le projet rock progressif Orne), est présent dedans. Ajoutez-y l'ex-chanteur de Saint Vitus, le dénommé Christian Lindersson et avec tout cela, vous obtenez Lord Vicar. Et tout ce joyeux monde de passionnés du doom nous revient fin Octobre 2011 avec une toute nouvelle galette (Signs of Osiris) et toujours sa signature chez The Church Within Records.

Premiers points à éclaircir directement : Lord Vicar ne fera pas preuve d'une réelle originalité. Naviguant bien souvent dans un doom traditionnel aux accents heavy, le groupe propose une recette que l'on pourra aussi entendre chez des formations comme Grand Magus ou Sinister Realm. D'ailleurs, quel point comment entre les 3 ? Leur amour inconditionnel pour Black Sabbath. Car les finlandais ne cachent absolument pas leur influence principale qui semble laisser son ombre planer sur ces terres de tristesse. Et il faut l'avouer, l'effet revival-nostalgie marche très bien, la musique du combo étant elle même très plaisante et agréable dans son genre. Notre combo n'est pas une bande d'amateurs et leur maîtrise des instruments nous le montre bien, le quatuor se fait plaisir mais nous fait plaisir avant tout au travers des 7 pistes de longue durée qui composent ce Signs of Osiris. De plus, on sent quelques tentatives, plutôt discrètes cependant, de vouloir se démarquer, chercher une personnalité, expérimenter de nouvelles sonorités et ainsi ne plus rester en marge de tous les combo qui naviguent dans ces eaux troubles. Cet effort sera bien appréciable et, pour l'auditeur, voilà donc un facteur sympathie supplémentaire, s'ajoutant à la madeleine de Proust au goût Sabbathien, intense et lourde.

Et même parfois trop lourd, jusqu'à en friser l'indigeste. La recette de Lord Vicar est bien copieuse et cela en fera pâtir un groupe au contraire trop gourmand, qui malgré son professionnalisme avéré, va commettre parfois quelques faux pas préjudiciables. Et notamment celui de laisser trop de longueurs s'installer dans la musique, ces dernières étant tout simplement énervantes, mais surtout, provoquant de l'ennui. Dans son genre doom traditionnel pourtant fort bien maîtrisé, les quatre finlandais peinent à garder la constante de bout en bout et à captiver du début à la fin. Il faut reconnaître qu'avec un contenu aussi dense et rempli, il est normal que tout cela devienne tout bêtement « trop », et qu'ainsi, le risque de décrocher avant la fin se fait ressentir. Une certaine frustration nous envahit ainsi : pourquoi un combo à la musique si plaisante et au talent d'une telle envergure peine à être particulièrement envoûtante malgré de superbes moments ? Outre le fait que l'on reste sur cette trop grosse lourdeur, on pourra aussi reprocher à la formation une certaine indécision, c'est à dire qu'on le sent tiraillé, entre passer sur quelque chose de plus heavy et lâcher les guitares de manière incisive, mais que la retenue empêche un tel acte qui, pourtant, aurait contribué à briser une certaine monotonie pouvant apparaître.

Oui, car parfois on sent que la répétitivité approche, et là, on se dit : « ça je l'ai déjà entendu dans l'album ». Heureusement, ce défaut est rare. D'autant plus que quelques aérations sont proposées de temps à autre, par une guitare acoustique du plus bel effet, rafraîchissante, ou par un morceau assez différent du reste, « Endless November », touchant dans son interprétation et les émotions qu'elle dégage. Car si l'on peut féliciter une personne dans l'ensemble, c'est le frontman Christian Lindersson qui s'en sort vraiment très, très bien, avec un timbre extrêmement agréable, chaud et enveloppant. De plus, il est capable d’offrir une très large palette d'émotions et de varier selon les registres, qui, eux, sont bien présents, mais pas autant que l'on espérerait. Car « Sign of Osiris Slain » et « The Answer » démarrent l'opus dans une mixture bien dosée entre heavy et doom, et prévoient le meilleur pour la suite. Là, on voit que le talent est là, à sa place, et on aimerait des morceaux de ce calibre également sur le reste de l’oeuvre, chose qui n'arrivera malheureusement pas. Amateurs de heavy, vous pouvez donc vous arrêter ici, la traversée ne sera pas des plus alléchantes si vous éprouvez une aversion pour le doom. Et même les amateurs du genre ne trouveront pas toujours de quoi se mettre quelque chose sous la dent …

Car malgré son changement de tempo en plein milieu, la suivante « Child Witness » est inintéressante. La chute de rythme est là amorcée bien maladroitement, créant un décalage trop important et premier élément perturbateur entraîneur de la chute d'attention. Le titre ne prend pas, s'enlise dans de multiples longueurs, semble s'étirer à l'infini sans que l'on en voit la fin et l'overdose arrive trop tôt. Bon, rassurez-vous, la suite est quand même de bon aloi. Dans Signs of Osiris, on trouve aussi « Sign of Osiris Risen », dont les 15 ambitieuses minutes n'ennuient pas. Il est amusant de constater que sur une durée si longue, les finlandais de Lord Vicar captivent alors qu'ils peinent à y arriver sur des temps plus courts. Ce détail mis à part, le titre mélange ce que le quatuor sait faire de mieux, d'un doom obscur à des passages plus intimistes, lumineux, sans tomber dans le remplissage (si tout était comme « Child Witness », ils se seraient tirés une énorme balle dans le pied). Les autres pistes sont agréables, pas toujours transcendantes mais apportent quand même de la qualité à l'opus, et restent un plaisir à écouter. « Endless November » en particulier qui nous confère une certaine pause relaxante bien méritée.

Quelques petites prises de risque par-ci par-là, un doom aux accents mélancoliques ne manquant pas de qualités, ce second opus de Lord Vicar est assurément bon. Mais voilà, le problème reste toujours le même : qu'est-ce que les finlandais nous apportent de plus au final ? Pas grand chose, et c'est bien là que les quatre compères se doivent d'innover un peu pour se démarquer encore de leurs influences. De plus, certains défauts pénalisent réellement le brûlot et sa qualité globale, alors que celle-ci est pourtant avérée. Il va ainsi falloir ne pas baisser les bras, approfondir encore les bonnes choses, et corriger ce qui ne va pas. Avec Signs of Osiris, le combo de Finlande ne prétendra pas dans le palmarès des meilleures sorties de l'année, mais ils nous font passer un bon moment tout de même. Dommage que celui-ci ne soit pas continu …

Note finale: 7,5/10

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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