On ne les attendait pas aussi vite et sous cette forme, surtout après l'infect (allez, n'ayons plus peur des mots, les amis d'Hansi Kürsch ont raison) Lulu en collaboration avec Lou Reed.
Comme une prémonition, Lars Ulrich-James Hetfield-Kirk Hammett-Rob Trujillo savaient pertinemment qu'ils ne pouvaient pas rester sur un tel échec au moment de fêter les 30 ans du groupe. Et voici que, en marge d'une célébration continue sur fond de plusieurs concerts (avec des guests mythiques, de Ozzy Osbourne à Dave Mustaine en passant par King Diamond de retour après une longue convalescence en compagnie de son groupe Mercyful Fate), le combo californien nous revient avec un EP surprise intitulé Beyond Magnetic et disponible uniquement en téléchargement légal.
Pour que 2011 ne soit pas seulement l'année de la honte pour ce groupe cultissime, pour faire patienter les vrais fans sur une vraie bonne note avant un prochain album qui devrait paraître en 2013... Pour le fun ou une gloire retrouvée ?
Le fun, peut-être, n'empêche que ce qui a été lancé comme une "petite exclue offerte" pour l'anniversaire du groupe s'est vite transformé en EP 4-titres. Non pas 4 nouveaux morceaux composés pour l'occasion mais, parait-il, 4 chansons enregistrées à l'époque de Death Magnetic et qui auraient été laissées de côté.
Bah mon cochon, pour des "laissés pour compte", ils s'en sortent diablement bien ces morceaux... "Hate Train" (ou "Fuel II" ?) commence ainsi tambour battant avec une rythmique à la fois accrocheuse et soutenue, un potentiel hymnesque sous-jacent et un fort charisme musical. Et le pire c'est qu'on enchaine avec brio, "Just a Bullet Away" a certes un peu de mal à démarrer mais s'inscrit très vite dans un Mets burné et costaud techniquement.
Avec "Hell and Back", on touche peut-être à la grâce. Ce joyaux pourrait presque être la meilleure chose faite par Metallica depuis plus de 10 ans, voire même 20 et l'époque controversée du pourtant très racé Black Album (dont nous avons parlé récemment ici en Flashback). Le riffing impressionne, la structure se laisse appréhender avec facilité et attention de chaque instant. Ils en ont encore sous le pied les boys, même Lars Ulrich qui semble ici reprendre un peu du poil de la bête.
Les seuls éceuils relevés de ci de là, concerneront le chant de James Hetfield, parfois souffrotant ou un peu "à côté". Pas bien grave diront certains, on voit bien qu'aucun travail de post-production n'a été fait ici, mais tout de même. Notre frontman démontre malgré tout qu'il a encore de la puissance et des rythmiques plus qu'acérées, à voir lorsque tous les efforts seront consentis à établir un véritable album fignolé à l'extrême.
La vérité est cependant là en ce début d'année 2012 (ou fin d'année 2011, quand les chansons ont été révélées) : quand Metallica se lâche sans pression et avec l'adrénaline d'un résultat final qui importe peu, le coup est réussi avec une quasi maestria d'antan. Alors évidemment on se pose des questions... en quel honneur ces morceaux limite tous meilleurs ou presque que les 2/3 des chansons choisies pour figurer sur Death Magnetic ont-elles été laissées de côté jusqu'à aujourd'hui ? Est-ce vraiment des "chutes de studio" de l'époque ? Car on peut s'interroger sur le choix des Four Horsemen ici. Et si tout était plus ou moins calculé, prévu d'avance ?
A part un "Rebel of Babylon" en conclusion quelque peu planplan et tirant ses 8 minutes en longueur malgré une section solo réussie, on enchaine sur ce cadeau surprise les tubes potentiels. Or le (non)mixage ou (non)mastering final laisse planer quelques légers doutes supplémentaires... Franchement, est-ce que ces titres auraient été meilleurs avec une "finition léchée" et une production "arrondissant les angles" ? Peut-être pas justement.
Le côté "back to roots" (sans que cela en soit véritablement un puisque le schéma de composition est ici clairement dans l'esprit Death Magnetic) à la prod minimaliste semble porter ces 4 pistes vers une qualité supérieure. De quoi donner des idées aux Mets pour le prochain opus ? Pourquoi pas. Tant qu'on évite un Lulu²...
Note : 4/5
