Steelwing – Zone of Alienation

2097 après J-C. C'est donc ici que se situe mon récit, périple d'une vie nouvelle résumé en quelques lignes à une époque que je n'aurais connu que très brièvement...

Alors que l'Empire Français est sur le déclin, le miracle s'accomplit enfin. Le jeune Empereur Kévin Sarkozy IV (arrière-petit-fils de Louis Sarkozy 1er, autoproclamé Souverain Suprême en 2032 lors de sa prise de pouvoir, suivant les traces de son père Nicolas) vient d'abdiquer laissant un territoire exangue de dettes et de pauvreté. Des années que la déchéance rongeait notre pays, encore plus depuis la révolution avortée des Robots Mélanchon conclue dans un bain de sang inénarrable. Depuis, les opposants se terrent, la vie se meurt, l'emploi obligatoire pour tout citoyen entre 15 et 85 ans devenant souvent non rémunéré et exigé des Grands Patrons de l'axe Indo-Chinois. Bref, seule une féérie inattendue pouvait les sauver, pouvait nous sauver...

Jamais je n'aurais cru connaître telle époque, moi citoyen du début du XXIème siècle. Et pourtant, une lubie inouïe me fit prendre conscience d'un voyage temporel possible lorsque, début 2012, je reçus entre les mains un simple album de musique metal typé heavy standard. D'un groupe suédois plutôt peu connu à l'époque, sorte d'Iron Maiden nouvelle génération et accouchant d'un second opus plutôt sympathique intitulé Zone of Alienation.

A l'écoute de cet album (je m'en souviens comme si c'était hier, d'ailleurs n'étais-ce pas hier ? Le temps semblant soudain si anecdotique), je n'attendais rien de spécial. C'était convenu, forcément, Steelwing (tel est le nom de cette formation) ne ferait que proposer du clonage de tubes à la sauce Vierge d'Acier, dans la trempe d'un premier CD plutôt cool sorti deux ans auparavant. Et si seulement cela aurait pu être aussi simple...

Le concept décrit entre les quelques 9 chansons du disque, ou du moins la plupart d'entre elles, m'interpella. Ok, une banale histoire d'aliens venus sur Terre pour quelque raison que ce soit en l'an 2097, une orientation futuriste pour un album de heavy à la production simple et old school, cela aurait simplement pu en amuser certains et rien de plus. Pourtant, quelque chose se produisit, une lueur intime, un rêve inavoué, ou quand les yeux fermés on se prend à imaginer pour mieux profiter de la musique et se laisser aller.

Steelwing ne proposait pourtant en aucun cas ce qu'on pourrait appeler des mélodies oniriques, le côté direct des chansons n'étant pas taillé pour désharçonner le subconscient. La navigation entre influences Maidieniennes logiques et ces touches hard rock/speed power mélodique savamment mixées se faisant sans mal, avec une réussite insolente, on pouvait se concentrer sur quelques à-côtés et ainsi titiller notre imaginaire.

Cette Zone of Alienation, on veut la toucher du doigt à l'écoute de ces riffs efficaces, de ces mélodies souvent implacables, et de ces quelques ambiances parfois étonnantes. Ainsi sur le solo de "Tokkotai (Wind of Fury)", on ressent une atmosphère différente qui nous ferait presque oublier les précédents hymnes que sont le single en puissance "Full Speed Ahead!" ou "Solar Wind Riders", sans oublier ce "Breathless" à mi chemin entre les 70s et les 80s. Le jeune combo scandinave posa ainsi, en quelques notes, les bases d'un voyage inattendu.

Le réveil fut soudain et lourd dans une autre dimension futuriste plutôt improbable. C'est ainsi que je me suis retrouvé dans cette zone non pas 51 mais belle et bien potentiellement extraterrestre, entre folie et réalité altérée. "Zone of Alienation", je me souvins d'emblée de ce morceau éponyme, probablement le meilleur hommage à ses ainés que pouvait proposer Steelwing, mais de là à pouvoir imaginer m'y retrouver en chair et en os...

Steelwing 2012

Le SDF retrouvé à mes côtés me conta ainsi l'histoire étonnante d'un monde totalement changé, d'une ère avancée dans le temps, d'une profonde dystopie créée par la folie des hommes et l'appât sans cesse accru du gain. La France n'était plus que l'ombre d'elle-même, cela faisait presque un siècle qu'il en était de toute façon ainsi mais personne ne sut réagir ni se battre efficacement contre l'inéluctable.

Il était donc temps pour moi d'embrasser une nouvelle destinée, d'Accept(er) mon nouveau rôle ou de devenir "The Running Man" pour l'éternité à la recherche d'un retour impossible. Ah justement, cette piste résonne encore dans ma tête, à la façon d'un "Fast as a Shark", et dire que quelques heures auparavant je saluais chapeau bas la réussite constituée par ce morceau sortant un peu des sentiers battus tout en proposant un speed d'antan que bon nombre de jeunes formations avaient égaré au passage.

Au moment de faire le bilan, observant ce phénomène nouveau au sein même d'une nouvelle ère que j'appréhendais à peine sans trop savoir ce que je faisais là, j'étais épris au fond de moi d'une mélodie addictive que je ne pouvais me retenir de fredonner intensément alors que des vaisseaux lumineux atterrissaient en formation serrée sous les yeux ébahis mais emplis d'espoir des quelques badauds postés là. "They Came from the Skies" dira l'histoire, et la fanfare imaginaire de mon esprit jouant cette instrumentale du même nom posée sur cette galette prémonitoire et probablement magique du Steelwing II.

[...]

Ah... Folie... J'ouvre mes paupières, l'esprit embrumé, un verre de rosé à demi-vide posé sur mon bureau. Il est tard, très tard, j'ai dû m'enformir. Oui, c'est sûrement cela. Quel rêve étrange... en fond sonore, mon lecteur CD était resté en marche en mode "repeat". Je peux d'ailleurs encore entendre la dernière piste de cet album que je considérais comme magique ou maudit et qui s'avère simplement n'être qu'une banale offrande de heavy mélodique sans prétention mais avec la pêche et la sincérité qui caractérisent les groupes qui en veulent sans se prendre la tête. C'est sur un "Lunacy Rising" de 10 minutes des plus épiques (bien qu'un peu fade en substance) que se conclut ce Zone of Alienation paru le 6 janvier 2012 et distribué par NoiseArt Records. 2012, j'y suis toujours, or là je me demande si les p'tits gars de Nyköping et Stockholm y sont vraiment arrivés... tout cela sonne lointain tout de même... Ma foi, causer d'évènements fictionnels se déroulant en 2097 avec un son des années 80, c'est original et cela a le mérite d'être fait dans les règles de l'art. Hmm...

... Je m'interroge, cher lecteur, pourquoi je vous compte ainsi cette anecdote liée à un album en particulier, le tout en guise de chronique ? Peut-être parce que les cinq jeunes hommes de Steelwing méritent qu'on parle d'eux "autrement". Pas pour faire l'éloge d'une révolution musicale, non, mais pour souligner cette belle capacité qu'ils ont de rendre un bel hommage à la musique qui les a bercés étant plus jeunes. Et ce sans sourciller, sans chercher la surenchère, en mode "rock 'n' roll" comme beaucoup de gens le souhaitent. A l'heure où la grosse production et les gros labels écrasent tout, cela fait presque rêver et donne des envies d'ailleurs...

Note : 7.5/10
 

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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