Sigh – In Somniphobia


Véritable référence mondiale du Black expérimental, les Japonais de Sigh, après des sorties toutes plus grandioses les unes que les autres, envoient leur dernière offrande dans nos terres occidentales aux groupes si conventionnels... Un CD qui contient en lui-même une grosse part de Japon, emmenant sa folie et son approche différente de la musique... Formée en 1989, la bande à Mirai Kawashima a parcouru énormément de terrain depuis... En témoigne cette nouvelle sortie, le bien-nommé In Somniphobia.

 

Les Japonais nous en mettent déjà pleins les oreilles dès les deux premiers titres qui se révèlent être de véritables perles d'inventivité. Un feeling en béton, des mélodies qui restent dans la tête, une agressivité bienvenue pour ne pas non plus rendre la musique trop « easy listenning »... En effet, au premier abord, à l'écoute de "Purgatorium", on se croirait littéralement tombé sur un morceau de power métal bien barré. Néanmoins l’agressivité du chant de Mirai épaulé par sa compagne Dr Mikannibal rappelle qu'on a bien à faire à un groupe de black metal (enfin, de black metal, il ne reste plus grand-chose, si ce n'est les ambiances parfois et... le chant justement).

Comme dit précédemment, le groupe est clairement un groupe expérimental à présent... À la même manière qu'un Diabolical Masquerade, le groupe se nourrit d'un tas d'influences plus saugrenues les uns que les autres. Si pour certains le simple fait que le groupe se rapproche musicalement d'un groupe de power metal constitue une surprise, et bien permettez-moi de vous annoncer que vous n'en êtes pas au bout.

 

Après ses deux premiers morceaux d'une efficacité redoutable et d'une originalité époustouflante (comment ça, cette critique est dithyrambique?) le groupe se permet un petit morceau d'ambiant. Avec ses bruits étranges, tout droit issus d'un film de SF horrifique, le morceau fait son petit effet et sert de transition idéale. La voix narrée de Mirai nous renvoie tout de suite à son travail sur le dernier album de The Mead of Asphodel, où sa voix grave et effrayante nous aidaient à voyager dans ses ambiances effrayantes et malsaines. Cela tombe justement bien, car le morceau se veut être un cauchemar lucide ("Opening Theme: Lucid Nightmare")

Le groupe baisse nettement le tempo sur "Somniphobia", qui nous emporte encore une fois dans des atmosphères angoissantes et oppressantes avec sa voix vocodée. Néanmoins les mélodies étranges nous ramènent dans une sorte de cirque schizophrène. Difficile d'expliquer clairement ce que peuvent évoquer ces morceaux... Ce qui semble sûr, c'est que le groupe s'est totalement émancipé de ses influences black metal. Des passages au piano très jazzy sont habilement greffés au génialissime "Amnesia" et "Fall To The Thrall", qui, de par la richesse de leur musique, se doivent d'être écoutés un nombre incalculable de fois avant d'en cerner toutes les subtilités. On peut aussi évoquer la voix de miss Mikannibal, qui, sans être incroyable, apporte une petite nuance bienvenue (mais pas indispensable). Toujours à mi-chemin entre l'angoisse pure et des morceaux presque ironiquement amusant ( on peut penser directement aux atmosphères de fêtes foraines sur far "Beneath The Inn Between"), l'album nous fait vraiment voyager. Jusqu'à parfois nous donner des frissons, comme sur le fabuleux "Amongst The Phantom of Abandoned Tumbrils", qui redéfinit le sens du mot épique sur son refrain joué à la trompette.

 

Le piano revient sur le morceau final, qui mêle ambiance jazz feutrée à de gros accords et le tout dans un enrobage résolument disco (oui, disco! ) . Les mélodies de guitares font encore des merveilles. Un refrain ravageur où Mirai et Mikannibal se donnent la réplique sur fond de piano finit de nous achever... Ce morceau résume à lui seul l'excentricité et le jusqu'auboutisme de la musique de Sigh. Les autres musiciens ne sont bien sûr pas en reste. Junichi Jarashima, bien qu'un peu en retrait derrière l’exubérance des orchestrations, nous fait étalage de son talent dans les divers genres abordés par la musique de Sigh. Et inutile de parler de l’exceptionnel travail de Shinichi Ishikawa à la guitare...

Dans tous les cas, l'ensemble est d'une inventivité et d'une originalité exceptionnelle. La bande à Mirai a vraiment réalisé un très gros boulot, brassant avec talent de nombreuses influences. Pour couronner le tout, la pochette est d'une exceptionnelle qualité et d'une originalité quasi équivalente à la musique. Bien sûr, il y aura toujours des gens à qui ça ne conviendra pas, regrettant l'originalité liée à l'extrême agressivité des précédentes sorties. Abandonnant quasiment totalement ses racines black metal, le groupe nous livre malgré tout un album exceptionnel, assez accessible et résolument efficace.
 

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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