Angel Witch – As Above, So Below


Raaaaaââh!!! En voilà un qu'on espérait mais qu'on n'attendait plus! Il faut dire, pour nos plus jeunes lecteurs/auditeurs pas forcément bien au fait, qu'Angel Witch c'était un peu la crème de la crème du heavy-métal classique britannique de l'Âge d'Or au tournant des 80's, une formation autrefois tout autant fédératrice et hors-pair que sulfureuse et malmenée par l'Histoire, mais qui aura surtout depuis acquis enfin une reconnaissance entièrement méritée pour intégrer le Panthéon sacré du 'classic rock' de la Grande Albion, même si de manière encore bien trop confidentielle. Groupe culte et adulé pour les connaisseurs mais aussi parfois injustement oublié par les médias dans la liste des légendaires formations de la New Wave Of British Heavy Metal  les plus influentes (la plupart ont surtout retenu Samson - pas la nôtre, hein… -, Maiden, le Saxon naissant ou encore les 'mighty' Diamond Head, quand ce n'était pas Venom, si, si...), le gang du chanteur/guitariste Kevin Heybourne (sur les seules épaules duquel repose désormais l'Ange-Sorcière depuis maintenant 35 ans) fit pourtant école par la suite, et avait de surcroît et pour ainsi dire TOUT pour lui !

Résumons plutôt : un premier album éponyme en béton et qui mérite amplement sa place dans la CDthèque de tout bon métalleux qui se respecte (ou sur sa platine vinyle pour les plus chanceux et ceux "qui savent"...), des riffs nerveux et inventifs qui déchirent tout sur leur passage (le refrain d'un "Angel of Death" n'aurait-il d'ailleurs pas inspiré Metallica pour celui de leur "For Whom The Bell Tolls"?!...), des refrains à reprendre en chœur, un maelström démentiel de mélodies et solos de gratte enflammés, une énergie 'punk' tout à fait typique de l'époque et judicieusement portée par la voix aux délicieux accents "mauvais garçon" d'Heybourne (dans un registre proche de Paul Di'Anno chez les concurrents d'Iron Maiden, qui avaient comme eux fait une apparition bruyante et 'remarquée' sur la mythique compilation Metal for Muthas, et avec qui ils tournèrent beaucoup à l'époque - ces 2 gaillards et leurs combos respectifs ne se seraient-ils pas au final plagiés ou émulés l'un et l'autre?!), et enfin une thématique sombre et occulte (le groupe adopta brièvement à ses débuts en 1977 le patronyme évocateur de Lucifer) qui fit d'eux autant de dignes héritiers de Black Sabbath (le célèbre journaliste musical Geoff Barton à qui l'on doit le terme NWOBHM dira d'eux qu'ils en étaient une version "passée à la bétonneuse"!) qu'une probable source d'inspiration pour un certain King Diamond et son Mercyful Fate (même si les textes d'Heybourne se voulaient pour la plupart plus terre-à-terre, traitant davantage du Bien et du Mal au quotidien...). A tout cela viendraient s'ajouter une bonne poignée de titres tout bonnement imparables et une aura charismatique - notamment sur scène - qui fascinerait des générations et des générations de fans de l'époque et à venir...

Pas étonnant donc, surtout vu le nombre de reformations aujourd’hui de groupes bien plus anecdotiques, certaines dont on a d'ailleurs un peu de mal à bien saisir l’intérêt (notamment les Scandi-navets horripilants de OZ, qui du fait de leurs origines n'appartenaient pas tout à fait à la même vague mais auront comme beaucoup alors surfé dessus sans vergogne!), pas étonnant et même plutôt rassurant donc que Rise Above (le mythique label du passionné Lee Dorian de Cathedral) ait décidé de s'associer au grand come-back discographique du groupe (lequel avait déjà ressuscité sur scène sous bien des incarnations depuis le dernier album de 1986, mais dont les dernières traces studio consistaient simplement en quelques démos des 80's et 90's rassemblées sur la compilation Resurrection sortie chez nous en 2000 - même année que celui de Venom, tiens...).

 

Angel Witch, 'As Above, So Below" artwork

 

Ce As Above, So Below (ceux que ça intéresse iront rechercher les connotations mystiques de ce précepte occulte ancestral déjà véhiculé par Behemoth ou Jon Nödtveidt de Dissection, habilement tourné de façon plus 'moderne' ici...), leur nouvel album donc après un hiatus de 26 années sans vrai nouveau répertoire à proposer, arrive à point nommé aujourd'hui pour nous rappeler qu'Angel Witch a toujours le feu sacré.

Si la virulence digne de 'hooligans' des bas-fonds Londoniens n'a plus cours désormais, c'est pour proposer, de la même manière que l’actuel Saxon (qu’on avait connu plus farouche – ou moins, c’est selon! - à leurs tout débuts sous la poétique appellation de Son of a Bitch, warf!...), un métal plus posé et mature certes, mais toujours aussi énergique et mélodique.

Il est d’ailleurs à noter que l’ensemble reste dans la droite lignée de l’esprit d’antan. Rien d’étonnant quand on sait que la moitié de cet album (court si l’on en juge au nombre de titres mais d’une durée adéquate vu que chacun dépasse aujourd’hui les 5 minutes!) est constituée de vieilles idées enfin exploitées comme il se doit!

Ainsi, l’intimidante "Into the Dark" (ponctué de sublimes envolées et de nombreuses aérations, mais sur le refrain de laquelle la voix est un poil fausse, dommage…) et la tranchante "Guillotine" (on ne rigole pas dans le fond!) sont en outre antérieures à 1980 puisque cette dernière composition était même destinée à apparaître sur leur premier album! Pour les puristes et les curieux qui tous deux font bien de l’être, une version de ce morceau (avec exactement le même refrain) en bien plus menaçant et plus convaincant encore figure sous le nom de "Rendezvous With The Blade" (titre que les plus cyniques d’entre vous trouveront bien meilleur je pense…) sur Frontal Assault, l’avant-dernier album de … 1986, donc!
(Ceux qui ne suivent pas, dites-le ou levez la main ;  je m’en fous, j’ai les noms…)


Du reste, il s’agissait simplement de titres que le groupe expérimentait en ‘live’ à leurs débuts à la fin de 70’s… ‘Roots’, donc!
Les deux autres morceaux « d’époque » remontent à l’ère 1983/84, peu avant la parution du deuxième album donc. Et c’est vrai que d’une manière générale l’ensemble de ce As Above, So Below tendrait davantage vers le style plus riche et étoffé  -atmosphérique??-  des opus qui suivirent, leur côté ‘kistch’ et ‘daté’ en moins bien heureusement - notamment dans le(s) son(s), ouf, pas de claviers niaiseux à déplorer ici… -, avec une bonne pincée tout de même de l’esprit moins artificiellement et plus authentiquement ‘dark’ d’Angel Witch, son aspect ‘classieux’ aussi (rappelons que ce premier album avait été produit par Martin Smith connu notamment pour son travail avec…Electric Light Orchestra! , tandis que pour le présent opus, c'est cette fois un certain Jaime Gomez Arellano aux manettes – co-reponsable des méfaits sonores de Ghost et The Gates of Slumber, ou encore du mastering pour Ulver ou sur le dernier Primordial), pour un rendu à la fois tout à fait actuel sans non plus tendre vers le trop moderne, et surtout en gardant l’esprit spontané et organique de la première époque… Chapeau bas pour ce zéro-faute!

On frémit donc face à la vive et profonde intensité de ce "Dead Sea Scrolls" introducteur, tout comme on 'headbangue' sans complexe sur l'énième « chanson-de-sorcière », prévisible mais tellement efficace : c'est qu'en effet, après avoir 'affronté' la "Sorcière-angélique, brûlé la "Sorcière Blanche" et s'être frotté à "l'Ensorceleuse", voilà que le groupe déclare maintenant venue "l'Heure de la Sorcellerie" (jeu de mots subtil déjà utilisé par Venom -encore eux!- et qui signifie en fait "l'heure fatidique") !!... Et c'est une aubaine pour nos oreilles, tant cet envoûtant "Witching Hour" nous évoquerait d'un good-old Thin Lizzy dopé à la nervosité d'un vieux Diamond Head et boosté aux cavalcades d'un Maiden (ou d’un "Killing the Dragon" de Dio sur 45T qu’on passerait en 33T, pour vous resituer, bon pas aussi lent mais dans une tonalité bien basse comme un bon vieux Candlemass, ou Sabbath en 'live'!…).

Les tout nouveaux titres écrits 'from the crash' composant donc l'autre moitié de ce As Above... ne font quant à eux absolument pas tache ou office de remplissage. Pour vous dire, l'intimidant "Geburah" aurait tout à fait pu trouver sa place sur le Deshumanizer du gang de Iommi, quand le long "Upon This Cord" se teinte plus encore de 'doom', débutant notamment par des arpèges inquiétants qui devraient interpeler jusqu'aux fans d'extrême! Enfin, un "Brainwashed" plus 'progressif' (toutes proportions gardées!) devrait en plus se permettre le luxe de rassembler autant les fans de Maiden, Megadeth (écoutez-moi ces riffs mélodiques alambiqués, le placement vocal aussi) et Black Sabbath!

Mais un bon disque d'Angel Witch ne serait décidément rien sans sa 'power-ballade' épique et rêveuse, et à ce titre "The Horla" est un autre vrai point d'orgue de l'album. Dans le même style de démarche artistique que "Strange World" et surtout "Remember Tomorrow" d'Iron Maiden sous l'ère-Di'Anno, ce morceau vous travaille déjà doucement au corps (et aux tripes!) avant de vous achever par des accélérations métalliques assassines au cours de ses 7'30 (!) de pure beauté. Voilà donc un digne petit frère aux "Sorceress" et "Free Man" d'antan...
Heybourne n'a en définitive rien perdu de sa fibre de songwriter et le prouve encore aujourd'hui en délivrant un As Above, So Below nous servant tout autant de sortilèges ancestraux et autres incantations destructrices imparables que des philtres de jouvence et des élixirs d'envoûtement proprement irrésistibles. Au final, Angel Witch continue d'être à la NWOBHM et à la perduration de son esprit aujourd'hui ce qu'Uriah Heep aura été au hard rock anglais des origines, pas seulement à la fois un chef de file et par la suite un bon élève (on penserait plutôt à Deep Purple alors...), mais des innovateurs de génie capables de renverser les codes afin d'écrire de véritables petites symphonies à elles toutes seules et nous conter tels les plus inspirés des 'story-tellers' le folklore, récits ou légendes horrifiques, fantasmes hallucinants et rêveries hallucinée d'ailleurs comme ici-bas.

 

LeBoucherSlave

 

8,5/10

Angel Witch, promo band pic

NB : Espérons que le superbe artwork (cf en tête de chro), à l'image de cette pochette du feu de ... bûcher! (et non de Boucher), donnera envie à nos plus jeunes lecteurs de commencer une collection de vinyles! Ceux pour qui c'est déjà fait, FONCEZ!!!!!!  (je n'ai pas osé dire : "allez, du balai!" mais vous m'aurez compris, hein....) ^^

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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