Mass Hysteria – L’armée des ombres

Sauvagerie hystérique

Après un Failles paru en décembre 2009 qui, bien que culoté, avait divisé foules et fans, Mass Hysteria est enfin de retour avec la production la plus violente et la plus sombre de son histoire. Un album live et un nouveau bassiste plus tard, les cinq français reviennent à un metal indus brut et efficace en jouant très intelligemment la carte de la prudence.

Parmi les groupes marquants de la scène metal française des années 90-00, Mass Hysteria est probablement le plus persévérant. Là où certains de ses homologues se sont magistralement plantés, Pleymo en tête, MH a toujours réussi à redresser la barre à l’image de l’excellent Une somme de détails  qui avait balayé la déception Mass Hysteria en 2007. Après un  Failles qui, bien que plein de bonnes idées, n’avait pas fait l’unanimité chez les « hystériques », L’armée des ombres arrive à grand coup de rangers dans la figure et calme tout le monde.

Autant lever le voile de suite, ce 7ème album est probablement le plus abouti et le plus maîtrisé. À bientôt 20 ans Mass Hysteria a pris une sacrée bouteille et en découlent 40 minutes très puissantes. Bien loin du rock-emo de Mass Hysteria ou du fusion de Une somme de détails, la formation revient ici à un metal énergique, brut et carré. Techniquement, les quatre musiciens assurent, sans trop en faire non plus. Parmi les riffs très lourds de Yann Heurtaux et Nicolas Sarrouy, ainsi que la résonance des fûts que Yann Mercier, se glissent les lignes de basse de Vincent Mercier, nouvelle quatre cordes de la bande. Ce dernier joue très bien son rôle et s’offre même, de temps à autre, des petits passages solos. Côté chant, Mouss Kelai conserve le timbre agressif et le ton quelque peu déjanté utilisés depuis trois albums. Cet ensemble livre ici des compositions sombres et violentes avec à chaque fois un petit côté « indus » apportant une certaine subtilité.

Les hostilités démarrent avec une piste de type « prends-toi ça dans la gueule » intitulée « Positif à bloc » qui, d’entrée, affiche l'ambition de Mass Hysteria : défouler et bien le faire. Les guitares grasses et rapides, la double grosse caisse omniprésente et les machines donnent à cette première approche un goût d’indus peu original mais terriblement efficace. Si chaque composition suit globalement le même chemin, elles se démarquent pourtant à chaque fois comme « Comedia Dell’Inferno » par sa violence probablement inspirée par le décollage d’un Airbus A380. Tout en gardant un côté électro (grâce aux samples de l'ancien membre Olivier Coursier), Mass Hysteria s’aventure, sans aller trop loin, sur d’autres terrains avec le groovy « Tout doit disparaître », le côté un peu thrash de « L’esprit du temps » ou la complétement punk dixième piste, « Vestiges des mondes ». Mention spéciale pour la singulière quatrième piste, « Même si j’explose », proposant une surprenante introduction au piano ainsi que du clavier et des chœurs. En résulte une mélodie étrange, limite dérangeante, et une atmosphère pesante jusqu’alors inconnue à Mass Hysteria. Côté paroles, Mouss Kelai joue dans sa cour de récréation favorite en abordant les classiques thèmes de l’intolérance, la mondialisation ou encore le moutonisme des hommes face aux nouvelles technologies. La répétition est de mise mais il faut à nouveau souligner l’énorme travail effectué par les cinq garçons qui ont bien grandi. Avec cette nouvelle œuvre carrément burnée, qui pourtant ne fait jamais dans l’excès, Mass Hysteria peut définitivement prétendre au statut de porte étendard de la scène française.

Concrètement, L’Armée des ombres c’est un peu comme une côte de bœuf avec un chutney de mangue, une gnole artisanale à la banane ou un kebab-maroilles (si cher à Vyuuse), c’est une recette bien lourde archi connue mais servie avec un petit « plus » rendant le tout terriblement accrocheur. Il pourra peut-être être reproché à Mass Hysteria un certain manque de variété d’un titre à l’autre et pourtant, le quintet fait preuve d’une grande maîtrise et de suffisamment d’ingéniosité pour que l’ensemble ne soit pas répétitif. Certains appellent ça la maturité.
 

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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