Wildestarr – A Tell Tale Heart

J'ai envie de vous dire : un groupe qui s'appelle Wildestarr, et dans lequel on trouve London Wilde (chant / claviers) et Dave Starr (guitare / basse, notamment ex-Vicious Rumors ou officiant dans Chastain), c'est suspect. Mais la donzelle, elle ressemble un peu à Amanda Sommerville non ? Comment ça, on s'en fout ? Oui, je le sais bien, mais croyez-moi, je ne suis pas inspiré pour vous pondre une introduction, aujourd'hui. On pourrait vous faire une longue dissertation sur le physique assez avantageux de London, et sur ses cheveux blonds ravissants. On pourrait parler des photos promotionnelles où les deux protagonistes ayant donné leur patronyme au combo ont l'air bien complice. Ouh les coquins. Mais ils ne sont pas que deux mais trois membres, éwé ! Il y a un batteur, Josh Foster. Alors question : pourquoi notre formation n'a pas pour nom Wildestarrfoster ? Non, on arrête là ?

Le manque d'inspiration c'est un fardeau cruel, quelque chose de terrible, un mal récurrent de notre siècle qui affuble pléthore de groupes qui se disent que c'est pas si important que ça. Ô grand malheur, leur disque a ensuite la même gueule que mon introduction, en gros, c'est pas fameux. Non, vous trouvez qu'il y a trop d'insinuations là-dedans ? Pas du tout, pas du tout. A Tell Tale Heart l'est certainement plus, qu'imaginez-vous donc ? Enfin, c'est ce que l'on espère. Car voyez-vous, dans le petit monde merveilleux du metal à chanteuse (et il fallait le placer quelque part, ça), les concurrents sont nombreux, et bien peu arrivent à laisser une empreinte définitive, ou, tout du moins, à faire parler d'eux. Et si vous trouvez que tout ce texte possède un côté prévisible qui pourra faire penser au contenu du disque, vous n'êtes pas si loin de la vérité.

A vrai dire, la musique de Wildestarr est d'une facture extrêmement classique, pour ne pas dire vue et revue des centaines de fois. C'est à dire qu'on a le droit au bon vieux heavy / power des familles, lorgnant davantage tantôt vers la première influence, et le reste du temps dans la seconde. Si « Last Holy King » a toutes les caractéristiques les plus communes de la bonne vieille heavy ballade avec son couplet d'un calme plat et son refrain où la guitare surgit à nouveau, « Immortal » est un hymne à l'amour pour le power metal. Et ça se passera en gros, tout le temps, comme ça. Aucune place pour la surprise, et aucune non plus pour la nouveauté. Bref, la musique de l'étoile sauvage a, au moins, la bonne idée d'être assez diversifiée dans ses influences, et, ainsi, de ne pas proposer le même plan, la même section rythmique et les mêmes refrains à une sauce qui se répétera tout au long du brûlot, bien que restant tout de même dans l'archi-convenu.

Et c'est sans doute le plus gros défaut dont s'affuble le trio. Aucune surprise ne sera générée, à aucun moment, et du coup, l'auditeur pourra paraître blasé. Si l'ensemble n'est réellement pas mauvais, on ne peut pas dire que des efforts d'inventivité ont été déployés par nos bons amis américains pour livrer un disque mémorable. La somme de l'équation, c'est qu'une musique comme celle-ci, aussi bien jouée qu'elle soit, est si passe-partout qu'elle sera oubliée trop rapidement. La formation manque, à la fois, de son petit truc qui fera toute la différence, mais n'a aucune personnellement, un problème cruel et impitoyable, surtout dans un genre complètement surchargé où se démarquer est devenu difficile. Ce sera le principal défi de Wildestarr : trouver la recette qui déchire des vagins (dédicace à notre bon Jef de la Lune qui a demandé l'utilisation de cette expression poétique), qui nous fait finalement dire que ce groupe, là, il est tout simplement remarquable. Mais le résultat n'a ni charme, ni charisme. Il est donc plutôt bien ficelé, mais manque cruellement de saveur.

Wildestarr

Wildestarr, sous les feux des projecteurs !

Pourtant, Wildestarr peut compter sur quelques atouts de grand charme, et surtout un : la blonde London Wilde. Le physique de la femme mis à part, cette femme sait indéniablement chanter, s'égosiller tout en sonnant naturelle et à l'aise, et élever d'un (léger) cran une musique trop banale et trop classique. Et la voix de la frontwoman l'est aussi, classique. Elle ne se démarque pas trop des Sister Sin, Doro, Triosphere, et toute la clique des femmes à voix couillue, qui commence à prendre de plus en plus d'ampleur. On regrettera donc que London fasse exactement la même chose que la musique : désespérément manquer d'audace, en dépit de réelles capacités. Elle ne va prendre aucun risque, faire un étalage de sa grande technique mais pas toujours au meilleur escient, ce qui est bête vu qu'elle pourrait aisément se classer dans les meilleures dames du genre. Là où une Jill Janus (Huntress) va varier son éventail et jouer volontairement dans les avis tranchés, madame Wilde se contente de faire son boulot. Pourtant, de la passion, on en ressent. Elle sait communiquer la fougue sur le refrain de la réussie « Immortal », montrer des aigus plus que performants sur « Seven Shades of Winter » ou se pourvoir d'émotion sur « Last Holy King ». Bien qu'agréable, son chant n'est pas transcendant. Au moins, elle sait se mettre en accord avec la musique. Mais lui demander de passer à la vitesse supérieure n'est pas une demande superflue, tant on sent qu'elle en a encore dans le coffre et peut faire mieux !

Résultat, quand on se penche sur les titres, il est ardu d'y trouver du vraiment passionnant. Oui, c'est bien fait, oui, ça tient la route. Mais combien font la même chose, au millimètre près ? Plein d'autres. Triste constat, et, pourtant, on sauvera trois morceaux qui, eux, savent déchaîner les foules. Trois pistes auxquelles on souhaite que les autres ressemblent un peu plus. Déjà, l'opener « Immortal » est franchement convaincante. Refrain épique, tout comme le titre en général, aux influences speed non-dissimulées, aux guitares qui se lâchent, tout comme London, d'ailleurs. Le trio décide de ne pas jouer dans la retenue, et surprise : c'est là où ils excellent. C'est fou n'est-ce pas ? L'exploit sera réitéré sur « The Pit Or the Pendulum ». Bingo, recette à peu près similaire avec quelques variations (le titre est doté de modulations bienvenues dans les lignes de guitare et dans le chant, avec une basse apportant la cohérence nécessaire et des solos bienvenus), et encore une fois ça fonctionne. Pourquoi doit-on se coltiner, dans ce cas, des pistes ennuyeuses comme « A Perfect Storm », « In Staccata » ou « Not Sane » ? Mystère. Le troisième morceau, donc, c'est « Valkyrie Cry » qui fait la belle part aux ambiances, un fait plutôt étonnant pour un brûlot qui en est quasiment dépourvu. Et là encore, on en redemande. Le rythme est plus lent, mais n'en est pas moins prenant.

Wildestarr se tire donc une balle dans le pied dès le départ en proposant un premier morceau passionnant pour une suite souvent décevante. Une fois l'excellente « Immortal » passée, beaucoup d'autres titres n'ont aucune saveur. A Tell Tale Heart est un album qui est loin d'être mauvais, mais reste assez dispensable. Et on se dit qu'ils pourraient faire mieux, nos américains. Tous les éléments, sauf un, sont là pour obtenir un bon disque, et passer un superbe moment. Et vous devinez bien sûr que celui qui n'est pas là, on en a beaucoup parlé : c'est l'inspiration.

Note finale : 5,5/10
 

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NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



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