Shanghai Guns – Seven Shots

Le flingue tirera sept fois...

Sept coups, sept chansons dont quelques unes sauront bien squatter durablement les recoins de votre caboche ! C'est encore une fois par l'intermédiaire de notre Antenne Interactive que les ... Franco-Helvètes de Shanghai Guns (hé oui, ne vous laissez pas prendre...) se sont fait connaître de nos auditeurs.


Et la question à l'ordre du jour était alors (comme une fois tous les trois jours environ...^^) : est-ce que ça a plus sa place sur La Grosse Radio Rock que chez nous autres gros "bourrinos" de métalleux? En fait, la réponse aurait dû couler de source : si des combos comme AC/DC font un peu le consensus entre nos deux équipes, lesquels de nos auditeurs et chroniqueurs de choc en revanche sont le plus souvent à même de se retrouver en première ligne pour lever le poing devant un Twisted Sisters en festival ? Brûlent un cierge chaque soir avant de se coucher en priant pour le retour d'un Sebastian Bach dans Skid Row ? Savent tout autant apprécier effectivement les meilleurs moments d'un Chinese Democracy d'Axl Rose et de ses nouveaux employés, mais vouent un véritable culte au LP fondateur Appetite for Destruction de Guns n' Roses (ce ne sont pas là mes collègues Ivanhe ou Vyusse qui me contrediront, ou bien...) ? On pourrait également citer les Crucified Barbara chéries de notre Born666 national, lequel ne se fait pas non plus...prier d'ailleurs pour un petit UFO des familles (comme à peu près l'ensemble de notre rédac' en fait). Bref, et comme le chantent eux-mêmes nos 'Jacky Chan' du hard-rock de l'Amicale Franco-Suisse, « As Long As I Rock », ... bah nous on prend!!!

Toutefois, ne nous emballons pas et n'allons pas non plus réveiller tous les phacochères en rut, dans le cas présent c'est tout de même une école un peu plus 'soft' à laquelle on a affaire : celle d'un 'hard/glam' très ancré dans les 80's et avec un côté "hair metal" fortement prononcé... Mais attention, cette fois, pas le fait d'une énième reformation bidon de vieux décrépis pourchassés par le Fisc ou l'IRS chère à Axl Rose -puisqu'on en parlait...- , mais bel et bien une "jeune" formation née en 2011 et qui a les crocs! (et une de plus aujourd'hui, d'ailleurs...hohoho!)  Pour autant, ne vous attendez pas à une énième déclinaison de jeunes énergumènes arrivistes et autres 'Tokyo Hotel' glamouzés ayant appris le rock pendant les cours du soir payés par papa-maman, et s'il n'y a donc que la pose outrancière revisitée qui vous intéresse dans ce genre, il faudra plutôt retourner visionner les prestations d'un Blackrain dans 'La France a un Incroyable Talent' à la place !! Sans blagues... Non, ces hardos-là ont les cheveux un peu plus en place (enfin, quand il en reste...), les idées aussi, et également déjà un peu plus de "bouteille" (sans mauvais jeu de mots) ! Et à ce rythme-là, ce ne sont donc pas des "racailles de Shang-Haâïi" qu'ils vous évoqueront (pour rendre un petit hommage à Eric Judor), mais plutôt une formation en lice pour concourir par chez eux dans la même division qu'un Gotthard d'ici peu ! C'est tout du moins tout le mal que l'on peut leur souhaiter, par des temps pas franchement propices au 'revival' de ce style tel qu'ils le pratiquent, à part éventuellement pour des fans de Steel Panther aujourd'hui, qui sait... Mais là on est quand même en présence d'un registre beaucoup moins déluré !! ... Plus sage pour autant ?! Nous allons tâcher d'en avoir le coeur net, tiens...

 

Sept balles dans le chargeur nous disions donc, car la première des huit pistes de ce Seven Shots est une courte intro de 16 secondes à consonance humoristique et festive, qui serait plutôt là pour sonner les sept coups de l'heure de l'apéro ou l'heure de partir en virée ! Petite mise en bouche, donc, mais ce qui suit est autrement plus enthousiasmant : que l'on parle de ce "Long Way Hard Decision" introducteur aux confins de Scorpions, Van Halen, Def Leppard, Mötley Crüe, RATT et du premier Skid Row, ou du 'tubesque' à souhait "As Long As I Rock" (et ces claviers délicieusement datés dignes de Lordi ou d'un Alice Cooper période 80's), on ressuscite là plus globalement la flamme FM contagieuse du Sieur Vincent Furnier de la période Hey Stoopid/Trash notamment, mêlé au 'stadium rock' d'un Bon Jovi de la meilleure époque (jusqu'au Keep the Faith, si vous voulez...), à grands renforts de chœurs caractéristiques donc.

De bout en bout, il faut saluer le travail d'Yves Leyvraz à la guitare, des plus équilibrés dans le  genre, avec un jeu aussi aiguisé qu'un doigt de Yakuza (pour rester dans le thème...) quand il part en guitare 'lead', exubérante et démonstrative comme il se doit dans un style aussi clinquant et tapageur, dans la digne continuité donc du travail d'un Eddie Van Halen (ces tappings!) ou de tous les guitaristes ayant officié pour Ozzy Osbourne regroupés dans une même orgie sonore. Mais un jeu également appliqué et rigoureux pour le reste (peut-être un poil trop parfois), que ce soit en rythmique ou en simples motifs d'accompagnement, le son est en cela suffisamment clair et costaud (sans être non plus agressif voire virer au "sauvage" des premiers groupes de L.A. ...) pour ne pas tomber dans du trop "daté" qu'une telle école aurait pu engendrer.
Le chanteur Stefan Tudela s'amuse également comme un petit fou tout du long, nous évoquant tour à tour un Vince Neil, un Sebastian Bach voire même un Geoff Tate lorsqu'il part dans certaines montées. La section rythmique est tout aussi solide, même si on s'attendrait à voir le batteur se lâcher davantage (même si n'est pas Tommy Lee qui veut...) pour bien coller avec le jeu débridé des guitares.

Dans l'ensemble, on peut juste regretter certains partis pris un peu trop 'soft' sur ce "Whinger" (rien à voir avec Kip -ou plutôt 'Khip' du coup!- , là ça signifie une "chouineuse" en anglais...), pourtant un excellent titre avec cette patte tout à la fois 'yankee' et 'redneck', entre Dokken et Tesla si vous voulez, mais un poil gâché par des couplets où le chant reste trop en retenue -presque susurré- et où passée l'intro, même la guitare cette fois semble ne plus vouloir s'enflammer jusqu'au refrain, lui tout aussi impeccable (tout comme le solo, une constante...). Dans le même registre, "Memories" tendrait à évoquer aujourd'hui un Whitesnake-light et pas très inspiré. Quant à la ballade "It's Time", les paroles un peu légères et pas assez imagées niveau écriture (malgré les thèmes plutôt graves abordés !), mêlé à un accent anglais un petit peu juste (que l'on aurait pas forcément remarqué d'ailleurs si la musique n'avait pas été aussi épurée...), et à des chœurs un poil mièvres, le tout fait quelque peu manquer le coche à un titre qui aurait pu par ailleurs s'avérer un point culminant de l'album, laissant un arrière-goût amer de chanson humanitaire comme nos légendes locales ont toutes eu un jour la bonne idée de nous régaler (aââh, ce bon vieux plaidoyer anti-prolifération atomique de notre Ozzy national sur "Killer of Giants" ! ... resté dans les oubliettes, Oz', il n'y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre, on le constate tous les jours...).

Ces petites fautes de goût à mon sens sont sauvées par le sens général du songwriting, l'habileté avec laquelle les musiciens parviennent toutefois donc à nous imprimer dans le crâne tel motif mélodique (LE grand point fort de la formation), jusqu'à ce qu'il n'en ressorte plus (ce qui sauve donc même un "Memories" -ce malgré l'intervention d'une voix féminine typée Van Halen/Ozzy période The Ultimate Sin/No Rest for the Wicked des plus dispensables-). Et surtout la présence de titres réellement incontournables vient à grand renfort sauver les morceaux... disons les plus faibles. A cet effet, "Party Animal Dude" met la gomme (avec un Sébastien Chave qui aurait enfin comme bouffé du lion derrière ses fûts, nous sortant carrément la double, dediou !), prenant presque des allures de power-metal (!) et nous dispensant un chouette pont 'éthylique' digne d'une scène retransmise en direct d'un bar enfumé en bien bonne compagnie, avant que la bien-à-propos "The Final Song (A Shot Between The Eyes)" ne vienne insuffler un groove 'bluesy' (pendant les toutes premières secondes, on penserait même qu'un Ritchie Blackmore va nous sortir une impro...) -voire 'Southern rock'- des plus imparables. Surtout quand au cours de sa troisième minute, un solo ultra-mélodique avec une forte touche de classique inattendue achève de nous convaincre de toute l'inventivité et la finesse de Mister Leyvraz à la guitare.

D'autres titres de cet acabit auraient réellement pu rendre ce premier essai des Shanghai Guns plus ultime et irréprochable. Reste que malgré ces petits défauts, ce Seven Shots s'écoute vraiment très bien sur la longueur et dégage notamment une véritable sincérité et une authenticité qu'on ne saurait remettre en question, même si les goûts et les influences de nos gaillards ne sont certainement plus au goût du jour ni au goût de la majorité des auditeurs aujourd'hui. En revanche, les trentenaires, quadras et autres plus vieux baroudeurs encore en état de 'rocker' y retrouveront un peu de la flamme de leur jeunesse! Même si l'exécution et l'orchestration générale est encore peut-être un peu trop "sage" par moments, comme nous l'évoquions. Mais l'intention et le bon esprit sont là...

Un peu plus d'une demi-heure, ça y est la grand-messe de la fiesta et du rock est dite... Et comme me le disait un de ses géniteurs en personne : "C'est encore meilleur avec un petit whisky et un cigare ... mais ça va aussi en voiture !"  Et comment! ... J'ajouterais que c'est également une musique tout aussi appropriée et recommandable en fond sonore d'une soirée en charmante compagnie, l'occasion de se boire ces sept coups (puissance 2?!)  et d'en tirer ... autant que vous pourrez !!... Rock n' roll, baby !!!

LeBoucherSlave

7/10

PS : l'album (l'appellation EP serait peut-être plus convenable en dépit du nombre de titres...) peut se trouver un peu partout en écoute et téléchargement légal ou directement via le site du groupe ou de son label de distribution allemand Bellaphon Records. Le CD proprement dit y est d'ailleurs commandable à une dizaine d'euros... Allez-y, n'hésitez pas, c'est pas tous les jours qu'on s'amuse!

Shanghai Guns promo band pic 2012

Site officiel du groupe

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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