Loki – The Road to Wisdom (EP)

Loki, c'est avant tout un dieu de la mythologie nordique. Il a trois enfants, qui sont Jörmungand, Fenrir et Hel, et est né de l'union du géant Farbauti et de Laufey. Voilà pour les précisions nécessaires, car ce n'est pas ce Loki qui nous intéresse aujourd'hui. C'est le pseudonyme qu'un jeune compositeur multi-instrumentiste français a décidé de prendre pour livrer son travail en solo. Le jeune homme est-il aussi mégalo que le dieu l'est lui-même ? Ses compositions nous transporteront-elles dans les contrées nordiques ? Toujours est-il que ce musicien fait tout de lui-même, dans ce premier EP. Et ça, c'est déjà pas mal du tout. De plus, dans le but de toucher un plus large public (du moins, c'est une bonne stratégie en tout cas), vous pouvez télécharger cet essai, The Road to Wisdom, ici, en cliquant sur le lien. C'est pas beau tout ça ? Enfin … ça, on va en juger par le contenu. Car tout le monde sait qu'il est difficile de se lancer dans le monde du metal.

Premier contact, et premier élément de doute : où c'est qu'elle est, la voix ? Loki, c'est un projet uniquement instrumental, sans chant, ce qui peut poser quelques problèmes, parfois. Car le metal sans voix, de temps en temps, tombe dans des travers assez perturbants, énervants, et autres adjectifs négatifs terminant par ce son là. Vous voyez, les démonstrations techniques à outrance, la répétitivité dans la partition, le manque d'inspiration, ces défauts récurrents que l'on redoute à chaque fois qu'une fournée de ce metal parvient à nos oreilles. Et bien oubliez déjà cela : avec le compositeur français, l'ensemble est assez varié pour ne pas nous lasser au bout de quelques écoutes. On ne pourra dire si le jeune Adrien est un petit prodige avec ses instruments, mais il offre déjà à l'auditeur un cadeau de choix : loin de tenter d'en mettre plein la vue ou d'en faire trop, les quatre pistes sont très justement dosées entre technique et atmosphère, le premier point contrebalançant régulièrement avec l'autre (et vice-versa), offrant ainsi un second souffle à une musique qui, elle, évite ainsi de tourner en rond. Car oui, en plus de balancer des morceaux intelligents, loin du bête pilotage automatique, Loki sait utiliser la diversité de ses influences à bon escient.

Difficile, pour commencer, de reprocher au musicien des plagiats incessants ou des inspirations trop flagrantes. Délaissant les tentations trop faciles, ne cédant pas au chant des sirènes, notre compositeur émérite tente une formule qui lui va à ravir : savoir aller à l'essentiel, tout en continuant, au sein des titres, à prouver qu'il maîtrise son art. Combinant ainsi un aspect plus accrocheur et direct avec une envie d'éviter la facilité, le jeune homme puise dans diverses sources pour sa propre musique à lui : allant du power / speed à des teintes plus symphoniques, les incursions typées folk (dominantes sur « The Calm Before the Storm ») sont également monnaie courante, mais sans tomber dans le cliché, ni la surenchère. Très justement dosé pour ne pas se laisser définir dans un style en particulier, l'ensemble ne déçoit que très rarement. Le point le plus négatif vient de la production qui, si elle s'avère correcte, n'aide pas toujours à faire ressortir les qualités sus-cités. La batterie est trop en retrait, là où elle contribuerait à faire gagner en puissance et en efficacité, et l'impression de compression donne une sonorité légèrement étouffée là où on est en droit d'attendre plus de fluidité.

Loki

Le violet, c'est metaaaaal ! m/

Un titre surnage, se détachant des autres et laissant un goût plus marquant sur le palais : « Confrontation ». Cette piste a une dimension épique qui ne laisse pas de marbre, très bien amenée par la dualité se créant dès les débuts entre la dame à six cordes et les orchestrations, et se prolongeant par la suite sans tomber ni dans le kitsch, ni dans la platitude. Le tempo est modulé, évitant la redondance, et si la guitare se taille par la suite la part du lion, le clavier ne se laisse pas abattre pour autant en confirmant sa présence sur toute la durée du morceau. Et même si la fin marque une certaine accalmie par rapport au début, on ne peut que tirer son chapeau au jeune français pour ce titre finement écrit et rondement mené sur la longueur. Et des moments de creux, de l'ennui, The Road to Wisdom n'en possède pas, et tant mieux ! Ceci dit, peut-être est-ce la courte durée de cet EP qui amène à un tel résultat. Le fait de ne pas trop s'étaler, de garder des pistes plutôt courtes mais bien fournies est certainement l'élément principal de la réussite musicale du jeune compositeur. Il y a pourtant un morceau un peu moins bon. Pas mauvais du tout, mais avec un petit sentiment de redite. Si les influences peuvent tourner vers un metal plus sombre sur « Take Your Own Revenge », la guitare semble nous servir parfois les mêmes lignes que sur « Origin of Fate : Initiation Rites ». Rien de bien méchant, ni de très grave, surtout qu'il ne s'agit là que du seul réel écart de Loki.

Cependant, à la fin de cet EP, une question se pose : Adrien parviendra-t-il à captiver sur toute la durée d'un opus ? Les prochains morceaux seront-ils d'aussi bonne qualité que ceux qui sont proposés dans ce The Road to Wisdom ? Un peu de suspens, la réponse nous sera apportée en Février, à la sortie de son premier vrai album. En attendant, cette première mise en bouche est très prometteuse. Si on omet une production qui est à améliorer, les qualités entrevues lors de l'écoute sont réelles, et inspirent confiance quant à la suite des opérations. Reste désormais au musicien à passer l'épreuve du full-length.

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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