Snakecharmer – Snakecharmer

Laisser le charme agir ...


"Chouette, encore un supergroupe!"... Vous ressentez bien, là, mon ironie et mon enthousiasme?! Hé bien, au final ce qu'on peut être mauvaise langue des fois... Mais commençons par le commencement, à savoir le petit paragraphe biographique en introduction, toujours de rigueur lorsque l'on se trouve en présence d'un 'all-stars band' et bien commode pour le chroniqueur en manque de phrase d'accroche : Snakecharmer est donc une association de bienfaiteurs accueillant en son sein le guitariste 'slide' Micky Moody et le bassiste Neil Murray (membres fondateurs et tous deux ex-Whitesnake des premières heures), le six-cordiste Laurie Wisefield (Wishbone Ash), le batteur Harry James (Thunder, Magnum), le claviériste Adam Wakeman (fils de Rick le virtuose virevoltant de chez Yes, mais qu'on a surtout connu - je parle du fiston - pour sa participation à l'album Scream d'Ozzy Osbourne!), et pour finir le chanteur Chris Ousey (Heartland, qu'à moins d'être des incollables en AOR vous avez ma foi peu de chances de connaître...).

Si l'idée de départ pour les deux vétérans du Serpent Blanc était de se remettre à écrire des titres de la trempe de ceux de leur ancien groupe à ses débuts, il s'avère que l'adjonction de musiciens venus d'autres horizons divers et variés aura au final réussi à conférer à ce nouveau projet une couleur particulière et même bien à part, ce même si nos compères ont eu la  sagacité de souligner dans leur patronyme leur filiation à la légende Coverdalienne... Et le résultat de cette mixture improbable, c'est ce surprenant premier album éponyme qui est paru en ce début de mois chez Frontiers Records.

 

snakecharmer band promo pic 2013

Et s'il devait y avoir un élément-clé à mettre au crédit de la singularité de nos plus-très-pimpants Charmeurs, ce serait bien Chris leur pétulant vocaliste ! Si sa voix demandera un temps d'adaptation pour beaucoup et pourra sembler trop 'soft' pour certains, on est bien loin rassurez-vous de l'insignifiance d'un Richard Taylor, pseudo-lion rugissant chez Steve Harris : le Sieur Ousey a en effet plus d'une corde râpeuse à son arc, et sait faire montre d'une polyvalence à toute épreuve, nous faisant naviguer en permanence entre un Jon Bon Jovi dans sa facette la plus FM, un zeste de Joe Lynn Turner pour l'AOR, un soupçon de Paul Rodgers dans son versant plus 'rock' et classieux, quand ce n'est pas pour partir plus encore dans de pures bouffées de 'blues' chaud-bouillant, avec des envolées rondes et rauques dignes d'une tigresse "soul" comme Tina Turner ! (l'effet est saisissant par moments si l'on ferme les yeux...)

Dès lors, peu importe la teinte ou la saveur données à tel ou tel titre, le groupe est assuré de suivre comme un seul homme (ce final extatique de "Stand Up"!), derrière un frontman aussi convaincant : en témoigne la puissance qui émane d'une entame acoustique sur l'entêtant "My Angel" introducteur - se musclant peu à peu - qui n'est pas sans évoquer le Europe de la résurrection voire même les travaux de Joey Tempest en solo (loins d'être nauséabonds...), mais c'est surtout lorsque le ton se durcit encore davantage que l'on atteint véritablement la grâce et la fougue qu'un Black Country Communion - pour ne citer qu'eux - a quelque peu perdu en cours de route sur son bien-nommé Afterglow dernièrement (la 'pulse' d'"A Little Rock n' Roll" sous ses faux-airs de "pub rock", les envolées sur les couplets de "Smoking Gun" ou de "Turn of the Screw"...).

Si le combo explore parfois des contrées plus mélodiques et accessibles encore (cf un "Accident Prone" moins follichon en dépit de sa cowbell réjouissante, un "To The Rescue" qui peine lui aussi à décoller malgré son entame Status Quotesque trompeuse - pensez "Whatever You Want"...), voire même doucereuses parfois (l'exercice de la ballade plutôt réussi sur ce "Falling Leaves", qui dégouline autant de guimauve qu'il ne déborde heureusement de bon gros 'feeling' bien senti...), qui restent toutes plaisantes à l'écoute à défaut d'être réellement marquantes, nos enchanteurs savent en revanche jouer la carte qu'il faut quand il faut - véritablement sur la seconde moitié de l'album en fait - et faire sortir du panier en dodelinant le serpent venimeux qui sommeille en nous, au son de vrais appels du pied à Whitesnake comme on n'en attendait pas moins de la part de Moody and co : le 'groove' chaloupant façon "Ready n' Willin'" d'un "Stand Up" (quel solo mes aïeux!), d'un "Nothing to Lose" ou encore d'un "Guilty as Charged" (et son solo en 'slide' cette fois...), l'Hammond d'icelui également (qu'on aurait toutefois aimé entendre davantage sur cet album, même si on le retrouve encore en arrière-plan sur "Smoking Gun") et bien d'autres réjouissances du même ordre. En revanche, Ousey a le bon goût en de telles circonstances de garder ses propres attributs bien en place (ouf!), n'empruntant judicieusement à l'interprétation d'un Coverdale que son maniérisme (l'intro du décidément excellent "Turn of the Screw" - sur lequel on aurait sans peine vu un Glenn Hughes, et où plane également l'ombre d'un Robert Plant pour vous dire!)

Il est à noter que les soli quant à eux ne font pas spécialement preuve d'une vélocité à toute épreuve et c'est très bien comme ça, les gaillards préférant tout miser sur le toucher et le 'feeling' encore une fois, plus que sur de l'esbrouffe démonstrative, ce dont on se rend d'ailleurs compte dès la première intervention en 'lead' de l'album, très 70's dans sa résonance (même si le son général de l'album évoquerait plutôt l'insouciance de la décennie suivante), faisant ainsi planer le spectre d'un Blackmore ou d'un Jon Roth (sans non plus la flamboyance de ces derniers donc), voire celui d'un Mick Box dans Uriah Heep (cf aussi les guitares harmonisées de "Cover me in you" notamment). Sur la douce intro de "Falling Leaves" (qui est un peu le "Blindman" reboosté de Snakecharmer...), c'est davantage le travail  en 'lead' mélodique d'un Michael Schenker dans UFO qui nous revient en mémoire (quand le reste du titre semblerait plutôt ponctué de furtifs hommages à Gary Moore - avec qui collabora Neil Murray rappelons-le : mélancolie des arpèges, tonalité et discrets remplissages 'bluesy' caractéristiques, choeurs féminins dignes du  Midnight Blues Band du défunt guitariste, etc...). 

 

A la rigueur relâchée de l'école du blues, nos vieux briscards parviennent en outre à greffer ponctuellement un jeu plus coulant de bad boys baroudeurs, insufflant par endroits une couleur 'Southern' à leur musique, que n'auraient certainement pas renié Lynyrd Skynyrd voire Blackfoot - ce n'est pas là le moindre des exploits de la part de ces gentlemen "so british"! - , une énième facette donc de leur champ d'expression décidément des plus vastes, et à l'écoute de ces claviers country/blues chaleureux ou de ces choeurs féminins qui tous deux n'auraient pas dépareillé dans l'incarnation 'live' actuelle de Lynyrd avec le dernier des frangins Van Zant, on se dit que nos vétérans en ont encore beaucoup sous le pied et bien des choses à nous dire pour l'avenir!

Véritablement séduisant donc lorsque le serpent crache son venin, ce Snakecharmer est peut-être encore un poil trop policé pour devenir un 'classique', tendant encore trop vers le hard mélodique aguicheur et 'poppisant' d'un Foreigner ou d'un Mr Big sans toutefois en oublier ses vraies racines 'blues' et même 'rythm n' blues' prononcées lorgnant du côté de Bad Company (souvent), de Free (occasionnellement), voire des Stones (plus celui de "It's Only Rock n' Roll" que de "Satisfaction", entendons-nous bien...).
En dépit des quelques réserves émises, reste une surprenante réussite pour un premier opus attachant, et un projet dont on attend beaucoup par la suite (avec davantage de hits de la trempe de "A Little Rock n' Roll" et "Turn of the Screw" si possible), notamment en 'live' ! Messieurs, ne nous y servez pas que du répertoire de Whitesnake convenu par contre, inutile de préciser que vous n'avez plus rien à prouver dans le domaine et rappelez-vous que l'on pourrait bien mordre, nous autres vieux hardos revigorés si l'on essaie de nous faire avaler des couleuvres, une fois le charme de l'envoûtement passé.
 


LeBoucherSlave

8/10
 

Snakecharmer band promo pic 2013

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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