De La Cruz – Street Level

Il y a une forme de masochisme à se lancer dans la chronique d'un disque qui a attiré votre attention par les tics de guitare d'un soliste qui vous ont fait autant de bien que le passage d'un fil de fer barbelé entre les doigts ou que l'atterrissage malencontreux d'un dictionnaire encyclopédique sur votre gros orteil sur le coup de 23h45 une veille de réveil très matinal !

En effet, De La Cruz est un combo australien fondé par Casey Jones, un jeune prodige de la six cordes qui s'est fait remarquer par quelques vidéos acrobatiques sur You Tube. Le problème, c'est que ce qui est spectaculaire dans une vidéo de démonstration peut vite devenir extrêmement pénible dans le cadre d'un groupe et surtout, peut s'avérer nuisible au confort d'écoute de chansons (ami geeko-musicien, s'il te plait, n'oublie pas que le nombre de vues sur internet ne fait pas forcément de toi un artiste de qualité. Vas-donc présenter ta musique sur scène, le retour sera bien plus significatif et t'en apprendra plus sur ce que tu dois encore améliorer).

Casey ayant trouvé en Roxxi Catalano (mon dieu ce pseudo…et ma perfidie me pousse à vous révéler que dans la bio du groupe, on parle de sa voie "Air Red Siren, référence…étonnante, à Bruce Dickinson), un vocaliste néo-zélandais, son alter ego pour monter un groupe puisant son inspiration dans le hard US 80's, De La Cruz était né ! Le combo, qui existe depuis six ans maintenant, nous propose son premier véritable opus "Street Level" après un premier EP dont j'avoue ne rien connaître.

 

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Un look merveilleux !

Bref, j'ai déjà assaisonnée cet article de suffisamment de piques ironique pour que vous ayez compris qu'il y a un petit problème avec cet opus. Celui-ci tient en un mot : CLICHE !

Bon et magnanime, je me dois d'avouer que ça joue bien, avec détermination et que le cahier des charges du combo (qui, chose rare pour des australiens, ne se revendique pas de la chapelle du boogie-rock graisseux) est parfaitement respecté, avec des gros refrains à beugler bien fort ("Turn It Up) accompagnés de chœurs, gimmick de grattes dans tous les sens, guitar-hero qui en fout partout (il maîtrise son George Lynch, Warren de Martini ou Reb Beach sur le bout des doigts), prod nickel, look très travaillé, pochette on ne peut plus en rapport avec le contenu etc. Les die-hards de hard F.M made in L.A y trouveront peut-être leur compte.

Seulement voilà, ici, tout est trop. C'est véritablement "too much land" !

Planquez les gosses, Papi Ben sort la tronçonneuse et va désosser. Non pour le plaisir, mais parce qu'il le faut. Pour le bien des générations futures. Parce que les jeunes doivent savoir qu'on ne peut pas tout pardonner sous prétexte de juvénilité exacerbée !

D'abord, le style pratiqué est tellement ancré dans les 80's qu'on se demande comment des musiciens de cet âge peuvent à ce point revendiquer cet héritage, puisqu'ils étaient tous certainement logés au chaud dans les attributs virils de papa à cette période (et ça ne me semble pas être le lieu le plus propice pour écouter de la musique). Alors les jeunes, avoir des influences comme Ratt ("Legions Of Love"), Dokken, Motley ("Girls Go Wild"), Warrant, ce n'est pas un crime, mais de grâce, essayez de les digérer un peu pour en faire un truc un minimum personnel, quoi !
Là non, c'est du brut de décoffrage, on fait "à la manière de…". Idem pour la prod qui ressemble à un remastering d'un disque venant de L.A produit entre 85 et 88. Pas une tare non plus, mais juste incroyablement peu original !

Mais le pire arrive car il faut bien parler des grattes et du chant (la rythmique se contente d'être ridicule de naïveté sur les vidéos).

 

Alors, cliché ou pas ?

Roxxy, mon très cher petit Roxxy, si tu as un peu d'âme, de personnalité, bref s'il y a un être vivant dans cette enveloppe corporelle, laisse là s'exprimer au lieu de singer tes idoles. C'est insupportable. Tu chantes bien, là n'est pas le problème, mais on n'y croit pas une seconde. Le "Rock'n'roll" se terminant dans les étoiles au début de "Girls Go Wild", tu n'étais pas obligé (On a bien compris l'hommage à Sebastian Bach, pas de souci !). J'avoue même que j'apprécie lorsque tu évolues dans un registre médium (là, le mimétisme avec Per Gessle, le chanteur de Roxette, sur "Dreaming" est saisissant) étonnant mais qui passe mieux que le chant aigu (même si techniquement, tu le fais bien, rien à redire là-dessus). Par contre, sur "Invincible" tes roucoulades pseudo fatal lover, sont ridicules.

J'en viens maintenant à la guitare solo. Alors, les harmoniques, c'est bien, ça rend le jeu flashy, ok ! Seulement en mettre partout avec deux tonnes de reverb sur chaque note, c'est odieux ! Inaudible ! Sur certains titres, cela reste correct, mais presque tous les morceaux comportent un solo avec ce gimmick, suivi d'un plan shred ou tapping qui n'est qu'un empilage de notes parfaitement inutile et d'une totale absence de musicalité ! Horripilant ! Surtout que sur les rythmiques aussi, on a régulièrement des grands coups de vibrato pour faire exploser une note en fond sonore ! Du coup, parfois, une sensation de joyeux bordel prend le dessus sur toute autre considération. Le "trop" est souvent l'ennemi du bien, et ce disque en est une parfaite illustration.

Pire encore, le guitariste tire tellement la couverture à lui qu'on a l'impression que finalement ce disque n'est qu'une carte de visite personnelle, destinée à le faire remarquer afin d'intégrer une formation d'un plus gros calibre. Personnellement, je ne goûte que très peu la méthode.

 

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Alors certes, si vous n'êtes pas trop regardant, ou bien si vous n'écoutez ce disque que par fragments, il n'est pas du tout impossible que vous y trouviez un certain plaisir car les compos tiennent la route et vous rappelleront forcément de bons moments passés (ça emprunte à tout va, du Hard ricain des 80's à Koritni en passant par Extreme ou Def Leppard ("Gimme Love" c'est bien une reprise du Léopard sourd, non ? Ah bon, j'aurais cru !), mais tout cela sonne tellement déjà entendu ! Signe ultime du naufrage, même la ballade acoustique aussi plate que la poitrine de Charlotte Gainsbourg ne nous sera pas épargnée et viendra clore sur une très mauvaise note ce disque qui n'est pourtant pas dénué de qualités mais qui fait plus penser à un gentil élève bien appliqué qu'à un surdoué ayant du mal à se conformer au cadre !

Pourtant, ça partait plutôt pas mal avec un "Street Level" assez hargneux et bien envoyé (même si déjà la guitare…) quoiqu'un poil répétitif. Mais ensuite, on prend son élan pour se jeter, sourire béat aux lèvres dans tous les poncifs du genre. Au mieux, je veux bien vous accorder que pour une consommation expresse de hard festif, ce disque peut suffire (mais c'est bien parce que j'ai mauvaise conscience d'avoir autant sabré)

Voilà, le mythe du groupe australien qui assimile l'héritage de ses glorieux ainés pour le retranscrire à sa manière et apporter sa pierre à ce sublime édifice rock'n'roll  est mort ! Merci De La Cruz, maintenant, grâce à vous, on sait qu'on peut aussi venir d'Océanie est n'être qu'un pale combo de suiveurs sans âme !

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 5 / 10



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