Gloryhammer – Tales from the Kingdom of Fife

La désinformation ambiante dans laquelle est plongé le paysage médiatique international fait que l’on vous cache des choses. Des choses graves, des choses qui pourraient remettre en cause tout ce que vous considériez comme acquis et qui vous plongeraient dans un monde instable, absurde, où la division par zéro règne, où les baleines volent, où Ribéry est alphabétisé…un monde où la logique a été terrassée par des forces jusqu’alors insoupçonnées. Heureusement pour vous pauvres âmes égarées, l’observateur avisé que je suis va lever le voile sur cette menace tue par nos vicieux technocrates qui vous terrorisent à coup d’intox et d’info honteusement alarmiste. Car oubliez la crise chypriote, la guerre au Mali, les menaces Nord-Coréenne, la Mainstage 2 du samedi au Hellfest… ce dont je vais vous parler relègue au rang de fait divers tous ces soit disant fléaux (sauf le dernier, Papa Roach, Korn et Bullet For My Valentine le même jour c’est quand même quelque chose qui doit être pris au sérieux). Pendant vous vous morfondez sur ces futilités, quelque part au fin fond de l’Ecosse, une calamité jadis éradiquée est de retour. Mesdames et monsieur, j’ai le triste de vous apprendre que…l’epic heroic fantasy symphonico-gay power metal est de retour !

Pour les inconscients qui ne se seraient pas encore enfuis, cachés ou endormis après cette traumatisante introduction, on va parler ici du nouveau Gloryhammer, Tales From The Kingdom Of Fife (un titre avec « fif » quand on pratique du power gay devrait faire sourire nos amis québécois). Quand je dis que le fléau a été éradiqué, il faut admettre que j’exagère un peu, d’irréductible powerois résistent encore et toujours à l’envahisseur(le metal moderne), mais force est de constater que nos glorieux pères fondateurs délaissent quelques peu leurs création. Entre un Avantasia qui donne dans le metal troisième âge, un Helloween trop dark accordé en Drop D, un Stratovarius qui a découvert les boîtes de nuit et un Gamma Ray qui vient d’acheter Kill’Em All, 2013 peine à offrir aux habitants de la terre du milieu leur dose de nerderie métallique. Mais c’était sans compter la folie créatrice de Christoper Bowes, maitre à penser des fringants pirates d’Alestorm. Qui aurait pu croire que le bonhomme aurait troqué son Jolly Roger contre des costumes médiévaux indignes des premiers épisodes de Kaamelott ?

Après tout, pourquoi pas ? Certaines pièces d’Alestorm donnait déjà dans le symphonique et seul un style comme le power gay pouvait s’avérer encore plus débile que le pirate metal : cet album est donc une suite logique en somme. Accompagné d’une belle brochette d’inconnus, notre Jack Sparrow en herbe propose un récit épique dans le royaume de Fife. Un héros du nom d’Angus McFife (le fils du royaume de Fife donc…) doit donc affronter méchant sorcier Zargothrax (hein?) pour libérer les habitants de Dundee au nom de la gloire et de l’acier (What the fuck ?). Sachez que je n’ai pas déformé l’intrigue, ceci n’est qu’une traduction de la description officielle du groupe ! Seulement, si les plus extrémistes représentants de notre genre bien aimé (du type Turilli) n’auraient pas sourcillé devant une telle présentation, force est de constater que dans la bouche de Christopher Bowes, tout ceci touche plus à l’humour qu’au fanatisme de Donjon et Dragon. La sortie du clip de « Angus McFife » a définitivement mis fin au doute : soit c’est du second degré, soit ils sont sévèrement allumés. Mais ce n’est pas tout de savoir manier le sarcasme, faut-il encore que la musique soit de qualité.

Le constat est sans appel, ces gars ont tout compris. La production est énorme, les compo sont variées, les paroles sont débilement épiques, les orchestrations sont enchanteresses, la rythmique béton, bienvenue en 1998 où le 5 octobre sortait la base du genre le plus guignolesque de l’histoire avec le Symphony Of Enchanted Lands de Rhapsody. Par où commencer ? Par le chanteur évidemment. Si Alessandro Conti était assurément la révélation de 2012, Thomas Winkler semble bien parti pour être celle de 2013. Impérial en tout point avec une technique certaine à laquelle s’ajoute une puissance rare, Hansi Kürsch peut continuer à s’amuser avec des orchestres, on a son successeur ! Mais que serait un grand chanteur sans des refrains digne de ce nom ? Et bien c’est simple, cet album est un sans-faute à ce niveau-là. Mais même dans l’excellence, des climax s’imposent…ou pas. Il est franchement dur de dire si la force pure de "The Unicorn Invasion Of Dundee" surpasse les montées affolantes d’ « Amulet Of Justice » ou la majesté opératique de "Magic Dragon". Allez, « Quest For The Hammer Of The North » se présente peut être comme le maillon faible. Mais que dire du single, "Angus McFife" calibré heavy épique aux touches folk (ce petit riff tout mignon) avec un refrain Rhapsodiesque qui restera longtemps en tête. Un mid tempo ravageur s’il en est.

L’organe vocal de la blondinette, dont le costume est un croisement entre le Bouffon Vert et Peter Pan, ne doit pas occulter les performances des autres membres. Après l’écoute d’"Angus McFife", je dois avouer avoir nourri quelques craintes sur le niveau du guitariste. Crainte évanouie dès la première écoute de soli aussi réussis que celui de "The Unicorn Invasion Of Dundee" ou "Quest For Hammer Of The North" où le jeu de Templing rappelle celui de Jens Ludwig (Edguy), notamment dans ses accélérations tout en finesse, modérée par un recours à de multiples effets. Mais les amateurs de tapping empli de vélocité apprécieront le solo d’"Amulet For Justice". A noter que le batteur Ben Turk lâche un blast beat bien senti  qui fera des ravages en live. James Cartwright (basse) et Christoper Bowes ne sont pas en reste et même si on apprécierait entendre un peu plus la basse, Bowes a su trouver le bon équilibre pour exploiter les talents de ces musiciens.

Aux morceaux speed typiques sont adjoints des titres plus ambiancés tel que le majestueux "Magic Dragons", joyau de cet album à l’entame baroque au clavecin nous faisant oublier "Black Diamond". L’instrumental "Beneath Crowdenbeath" offre un riff extrêmement mélodique savoureux et se révèle étonnamment comme l’une des pièces les plus réussi de l’album, confirmant tout le bien qu’on pensait de Templing. "Hail To Crail", une œuvre typiquement médiéval se démarquant par son air guerrier des plus réussi, rappelant Turisas, avec encore une fois un chanteur au sommet notamment sur la fin du refrain.Le morceau final sobrement intitulé « The Epic Rage Of Furious Thunder » en finit de ravir nos oreilles. Les orchestrations y sont plus majestueuses que jamais, le chant est encore une fois béton et seul un riff un peu fouillis et éparse saura tempérer nos ardeurs. Face à une telle fureur belliqueuse, on peut tolérer la présence d’une ballade plus ou moins dispensable qui a tout de même le mérite d’aérer l’ensemble lors d’une écoute globale.

Avec Tales From The Kingdom Of Fife, Bowes nous offre un album ubuesque jouissif qui saura faire voyager les candides capables d’apprécier une musique enchanteresse, riche et simple à assimiler. Les autres pourront retourner s’amuser à compter les changements de mesure d’un Meshuggah

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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