Freedom Call – Ages of Light (Best Of)

Chers amis,

C'est avec une arme régulièrement braquée sur moi que je vous écris ces quelques lignes, qui seront peut-être les dernières.

S'il m'arrivait malheur, je veux que ma femme sache que je l'aime, que je lui dois mes plus grands instants de bonheur (et également qu'il n'y a plus de chocolat en poudre pour le petit déjeuner des gosses demain). Je veux aussi dire à mes enfants que j'ai toujours été très fier d'eux, qu'ils ont une maman formidable et que où que je sois, je les regarderai grandir avec attention, certain qu'ils deviendront des gens bien !

Mes amis, mes proches (si tant est que quiconque se reconnaissent en ces termes), merci d'avoir par un mot, un geste, apporté un peu de chaleur dans mon existence. Je souhaite ne pas vous avoir déçu en retour.

C'est en toute innocence que j'ai accompli le faux-pas qui me mène maintenant au bord de l'abîme. Quelle fut ma faute, comment ai-je pu ainsi m'attirer les foudres d'un tortionnaire froid à la détermination implacable ? De quel affreux méfait suis-je coupable ?

Mais de rien pour le moment ! Simplement, dans un accès de candeur et de dévouement à la noble cause de cet auguste site, je me suis porté volontaire pour rédiger la chronique de Ages of Light de Freedom Call, un best of retraçant la carrière du combo mené par Chris Bay.
 

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J'ignorais alors que ce groupe figurait dans le panthéon personnel de Ju de Melon, mon (jusque-là) vénéré rédacteur en chef. Afin d'assurer une critique dithyrambique à ses idoles (et après avoir constaté avec dépits que la pression hiérarchique n'aurait nul effet sur l'inébranlable vigueur de mon impartialité, fruit d'une foi absolue en la déontologie journalistique), celui-ci m'a fait kidnapper par ses tristes sbires (si mes souvenirs de l'épique combat qui nous opposa sont exacts, ils étaient au nombre de huit) et c'est ainsi que me voilà à présent reclus dans une geôle humide, chevilles entravées par de puissants liens, régulièrement humilié (je dois brandir un poing victorieux sur chaque refrain lors des douze écoutes journalières de cette galette) et contraint de vous livrer ce texte aussi bref que définitif qu'il va rendre publique, sous mon nom (public aimé, pardonne la lâcheté d'un homme faible face à la mort) :

"Grands maîtres du power metal épico-festif, les allemands de Freedom Call sortent aujourd'hui "Ages Of Light", une compilation qui plongera dans un état de bonheur extatique tous les néophytes qui se rueront ensuite sur la fantastique discographie de ce groupe formidable. L'achat de ce CD est tout aussi indispensable pour les fans afin de se procurer la galette bonus contenant des versions alternatives de six titres, qui prouvent que ces merveilleux héros possèdent autant d'humour que de talent".

Voilà, j'espère que ces lignes, aussi sincères que spontanées me permettront d'amadouer mon geôlier, de lui prouver ma totale dévotion et d'acquérir un sursis en ce bas monde ainsi qu'un soupçon de liberté.
 

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A vrai dire, je ne connaissais Freedom Call que de nom, et l'écoute des 18 morceaux de cette abondante compilation m'a plutôt désarçonné. Power metal, Freedom Call l'est à 200%. Tous les poncifs du genre y sont utilisés, usés jusqu'à la corde mais de manière fort convaincante.

Mélodies quasiment pop, double pédale à n'en plus finir (Dan Zimmerman a longuement officié au sein de la formation), chœurs virils (mais corrects) pour ne pas dire pompeux, guitares rapides et souvent harmonisées, chant haut perché (avec une influence très forte de Michael Kiske et Andre Matos), production énorme (avec orchestrations grandiloquentes) tout cela est très bien fait et tient fort bien la route…pour peu que vous parveniez à éviter deux écueils sur lesquels j'avoue m'être empalé lamentablement.

Le premier, c'est ne pas jouer au petit jeu fascinant du "Tiens ce passage-là me fait penser à telle autre chanson" car quasiment tous les morceaux vous renverront vers d'autres (et pas seulement dans la sphère power metal, une des plus consanguines qui soit). Ainsi, comment ne pas entendre une phrase entière du "Can't Stop Loving You" de Toto sur le refrain de "Warriors" ?

La seconde embuche est peut-être plus consciemment contournable. Il faut faire totalement abstraction des paroles (ou bien se jeter dedans à corps perdu en oubliant ses propres références littéraires). Je sais bien que le metal n'est pas toujours réputé pour la pertinence et la finesse de ses lyrics, mais à ce point-là…

Oui je le confesse, j'ai parfois pris du plaisir à écouter ce disque et à découvrir l'univers ultra kitsch de cette formation, mais, dussè-je payer cette affirmation de mon sang, Ju de Melon, votre amour pour cette musique ne peut venir que d'un déséquilibre interne, ou bien est-ce votre passion pour les facéties d'un Guy Montagné ou d'un Jean Roucas qui vous font accepter des instants aussi improbables que le refrain de "Far Away" ou l'intro de "Farewell". Freedom Call passe son temps à souffler le chaud et le froid, alternant passages inspirés et gros plans qui tâchent ! Connaissant la perversité de mon ravisseur, nul doute qu'il va attendre que mes lèvres soient gercées pour me passer non-stop "Tears Of Babylon" et ses claviers grotesques (pas autant certes que le petit carillon qui comble un break totalement invraisemblable).

Ah, je vois arriver mon bourreau, du bout du couloir, je sens que la fin approche… le sadique arbore un large sourire (sûrement réjoui par l'imminence de ma souffrance). Adieu, je vous quitte sans regret, la vie fut belle.

Epilogue : contre toute attente, en entrant dans ma cellule, Ju sortit de derrière son dos, non pas un couteau ou je ne sais quel instrument de torture, mais un panier contenant une demi-douzaine de bières fraîches et deux choppes qu'il se fit un devoir d'emplir aussitôt. Sans me laisser le temps de l'interroger sur la raison de ce revirement de situation il me déclara tout de go : "Tu peux bien écrire ce que tu veux, ricaner sur les sons de claviers, les refrains trop faciles ou le manque d'originalité, désormais cela n'a plus d'importance pour moi ! Freedom Call m'a transformé, m'a rendu tellement heureux que plus rien d'autres ne compte. Je viens de découvrir les titres bonus et après mettre essayé à la banane et à la gomina avec "Rockin' Radio", j'ai dansé la gigue sur la version folk de "Metal Invasion" (je crois même qu'en état d'ébriété avancée, j'ai par mégarde demandé la main de la colossale Birgitt de la taverne). Pour finir la soirée, je me suis roulé un petit quinze feuilles sur la version reggae de "Mr Evil" avant de me démettre une hanche en dansant un ska endiablé sur Hero On Video". Quand Birgitt est entrée dans un fracas tonitruant, je lui ai fait le coup du crooner en fredonnant "Age Of The Phoenix" et nous avons fini tous les deux nus sur la plage, face à un petit feu de camp où, entre deux morceaux de Nicolas Peyrac, je lui ai susurré "Freedom Call". Après tant de bonheur, je ne pourrai plus jamais faire de mal à quiconque." Puis il s'est assoupi sur la table, un sourire enfantin barrant son juvénile visage apaisé.

Moralité : L'amour, c'est beau et Freedom Call, c'est très bien pour les fans de power metal même si ça flirte souvent avec le ridicule.

Note pour les fans de power metal festif : 9.5/10
Note pour les amateurs d'humour : 7/10
Note pour les sérieux : 3/10
Note pour ceux qui aiment les belles prod : 8/10
Note pour les fans de cold wave dépressive : 0.2/10
Note pour Ju de Melon : 23/10
Ma note : 6/10
 

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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