Sirenia – Perils of the Deep Blue

En fait, Sirenia depuis Nine Destinies and a Downfall, c'est clairement pas la joie. Et ça rencontre toujours le même problème : le disque paraît (presque) sympathique au départ, frais et tout mignon, et puis … on se lasse. On se fait chier. Tant de stéréotypes à la Evanescence et d'eau de rose viennent à bout des plus courageux. Facile de se laisser berner au début avant de se rendre compte de l'énorme fumisterie. Et c'est d'autant plus con que les deux premières galettes de la formation valent carrément le coup d'oreille, ne serait-ce que par les superbes ambiances que ces disques renferment.

Et comme le calendrier des norvégiens est réglé comme du papier à musique, l'arrivée de Perils of the Deep Blue seulement deux années après The Enigma of Life qui n'était pas super folichon, ça ne donne pas envie. Alors on pose une oreille sans grande conviction sur « Ducere Me in Lucem » qui ouvre l'opus, et qui ne ressemble pas vraiment à un morceau. C'est maritime, calme, doux, et la chanteuse lyrique qui pose sa voix sur cette piste est en adéquation complète avec l'atmosphère. On dirait presque une sirène ! … Ah, on me souffle dans l'oreillette que ces quelques délices vocaux sont l’œuvre de la séduisante Ailyn qui aurait plus d'un tour dans son sac. Ah la coquinette, pour le coup, c'était assez inattendu.

Des surprises, en veux-tu en voilà. « Seven Widows Weep » sent bon le retour en arrière. Des orchestrations puissantes, des riffs mordants en premier plan, des growls et un chant féminin beaucoup plus versatile et confiant que par le passé. Une étrange mue s'est opérée. Faut croire qu'une fée à décidé d'injecter une bonne dose d'agressivité dans les cocktails que le combo sirotait tranquillement au bord d'une plage. D'un autre côté, annoncer que Perils of the Deep Blue est complètement dans les mêmes horizons que At Sixes and Sevens serait assez mensonger. En fait, Sirenia semble avoir trouvé une nouvelle identité, une voie musicale qu'ils cherchaient depuis quelques temps et qu'ils parviennent, finalement, à emprunter.

A la croisée entre les deux périodes connues par le combo, cette nouvelle offrande livre des pistes qui synthétise à merveille cette affirmation. « Profound Scars », par exemple, est à la fois tubesque dans ses parties les plus popisantes mais n'hésite pas à voiler l'ensemble d'une teinte de tristesse et de noirceur que les compositions d'An Elixir for Existence n'auraient pas reniée. Dans cet exercice, le quatuor réussit tout de même à garder à la fois crédibilité et adresse. Les morceaux ne tombent jamais dans un brouillon mal peaufiné bien qu'elles soient beaucoup plus complexe et travaillées que dans les trois précédentes livraisons, assez mauvaises. Les divers schémas pop et les structures répétitives ont laissées places à des pistes bien plus longues, pouvant atteindre jusqu'au douze minutes. Raison pour laquelle l'offrande est plutôt difficile à appréhender aux premiers abords et pourra demander plusieurs coups d'oreille pour s'apprivoiser. Tout le contraire d'avant, en fait.

Sirenia

Frais mon poisson, frais !

Ce qui était un simple produit consommable est devenu bien plus digeste par, justement, son aspect quasiment indigeste à la première écoute. On ne change pas le Big Mac en caviar, mais on a quand même presque un foie gras de grande marque. Mais dans sa grande mansuétude, Morten Veland n'a pas hésité à nous offrir quelques titres pas très accrocheurs et qui plombent un tantinet le bilan. C'est le cas de « Decadence » et de son rythme electro, sommet absolu du mauvais goût. Viens bouger sur le dance-floor avec Sirenia, folie garantie ! En dehors des teintes modernes, ce titre n'est pas réussi car il manque réellement de relief, restant empêtré dans une certaine platitude, dans laquelle Ailyn bataille mais pas de la bonne façon : charmante en général, sa tendance à vouloir jouer des aigus est exaspérante, tant ce morceau n'en a pas besoin.

On pardonnera tout de même ce petit écart fâcheux à la belle espagnole grâce à sa performance charmante sur le plus long « Stille Kom Døden », à la construction vraiment bien ficelée. Comme si le doom rencontrait le symphonique et le progressif, grâce à sa lourdeur, sa lenteur mais aussi par des petites touches bien senties. Et chose promise, chose due, le morceau est dans la langue natale des scandinaves. Enfin, pas de celle d'Ailyn, qui chante tout de même en norvégien sur cette piste. Pour ce qui est du côté linguistique, elle a même un petit passage en espagnol sur « Ditt Endelikt », qui possède la même caractéristique que le titre pré-cité. Sauf qu'un chanteur vient faire son apparition sur « Ditt Endelikt », un morceau assez tubesque qui aurait gagné encore en intensité avec un chanteur plus convaincant. Pas que celui-ci soit mauvais, mais la voix masculine manque un tantinet de pêche et de charisme.

Il est assez difficile de dégager LE titre intemporel qui transformerait Perils of the Deep Blue en chef d’œuvre. Dans sa qualité, l’œuvre est homogène, très peu de mauvais titres et des refrains qui se retiennent bien. Mais Sirenia n'a pas vraiment besoin d'un gros tube pour rendre cette sortie attrayante. C'est bien sur sa durée qu'il gagne en qualité et devient addictif. (Presque) chaque titre a son petit quelque chose qui donne envie de revenir dessus. Mais les refrains de « Seven Widows Weep » et « A Blizzard is Storming » sont entêtants. Même le registre plus lent d'un « Darkling » convient à merveille à une envie, une humeur.

Que faut-il globalement retenir ? Que Sirenia a évolué. Des growls plus présents, une chanteuse au registre bien plus varié que prévu et maîtrisant dans chaque domaine, des pistes bien plus intenses et riches que par le passé. La formation norvégienne sera peut-être taxée d'opportuniste. A tort ou à raison, allez savoir. Quoiqu'il en soit, le retour sur le devant de la scène est gagnant. Si ce Perils of the Deep Blue n'est pas aussi excellent que le Darkest White des confrères de Tristania, on se retrouve quand même face à une très bonne surprise, à laquelle, sur une note personnelle, je ne m'attendais pas du tout. Espérons simplement qu'ils continuent sur cette voie et ne retournent pas vers leurs vieux démons, car tout le monde sait à quel point l'appel des sirènes est fort …

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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