Operadyse – Pandemonium

L’hexagone semble peu à peu rattraper son retard en matière de power metal avec une scène, bien qu’encore en développement, de plus en plus consistante. Et après Adagio, Montpellier voit une nouvelle fois émerger un groupe symphonique prometteur en la personne d’Operadyse. Formé en 2006 et fort d’un premier EP remarqué, les français se sont vu offrir un deal avec SPV qui compte dans ses rangs des pointures telles que Sodom, Running Wild ou encore Freedom Call. Une rampe de lancement parfaite pour un premier opus surveillé par les amoureux d’épopée sous fond de double pédale.

L’artwork annonce la couleur et nous immerge dans l’univers heroic fantasy de ce Pandemonium. On s’attendait à du power dans les règles de l’art et nous sommes servis, ce premier opus s’inscrivant totalement dans la lignée des Rhapsody, Avantasia ou Helloween. Ainsi on entame les réjouissances par une classique intro symphonique de très bonne facture, qui évite notamment le cliché de la narration façon Turilli, avant d’être happé par le riff folk de "Celestial Sword". Nos gratteux offrent un travail de qualité, très typé Helloween comme le montre le solo à l'unisson de "Celestial Sword" qui rappelle le célèbre Halloween (à partir de 2’50) ou le riff de "Keeper Of The Flame" qui porte la marque Hansen/Weikath. On peut reprocher à nos français un certain manque d’originalité à ce niveau-là, malheureusement inhérent à la quasi-totalité des productions power metal actuelles. L’excellent "Fairies Secret Garden" offre un peu plus de diversité en tempérant les accélérations typiquement power (de 2’10 à 2’22) par des riffs plus lourds, un poil thrash que l’on retrouvera aussi sur le morceau éponyme. Ces moments plus sombres se montrent particulièrement réussis comme à 2’29 sur le même "Fairies Secret Garden" où guitare et chœurs nous rappellent le Therion de Vovin pour notre plus grand plaisir.

Enfin le power ce n’est pas que du gros riff mais surtout des mélodies vocales enchanteresses qui donnent envie de buter du dragon. Le vocaliste suit ici les canons du style en chantant haut voir très haut et c’est d’ailleurs dans ces montées les plus osées qu’il se montre le plus efficace. Les exemples sont multiples, que ce soit le très prenant "time has come for everyone" de "Celestial Word" ou l’enivrant refrain de "The Path" où le chanteur pousse sa voix dans ses derniers retranchements tout en restant juste. Son timbre cristallin, si il est du meilleur effet dans les passages aigus, se montrent moins convaincant lorsque le ton se fait plus grave lors notamment du pre refrain de "The Path", caricatural au possible et jurant avec la majesté du refrain. Même si il est plus convaincant, le pont atmosphérique de "Pandemonium" souffre du même problème avec un chant susurré parfois nasillard. Et là encore, les choses s’améliorent radicalement lorsque le vocaliste monte dans les aigus. Il faudra travailler sur ce plan à l’avenir pour gagner en intensité dramatique et ravir les oreilles de l’auditeur de façon plus constante. Le groupe a décidé d’incorporer une douceur féminine à l’ensemble même si votre serviteur doit avouer rester de marbre face au timbre anecdotique de la chanteuse. Les plus sensibles se laisseront peut être bercés par la ballade finale, d’autres regretteront cette conclusion assez mièvre.

Operadyse

Ce qui fait assurément la force de premier opus, ce sont les orchestrations. Dès "Rise", les montpelliérains mélangent motif orchestral grandiloquent très hollywoodien avec des sonorités plus asiatiques, notamment ces vents typique de la musique traditionnelle japonaise, le tout avec une batterie concise qui évite dans faire trop et est parfaitement en harmonie avec l’ensemble. Cette rigueur dans l’intro, on la retrouvera dans tous les plans symphoniques de l’album. Que ce soit sur l’entame très Fairyland de "The Path" ou sur les multiples ponts de "Pandemonium", le rendu est très convaincant, alternant entre orchestration classique et passage plus folk guilleret en parfaite adéquation avec leur univers heroic fantasy. Deux morceaux sortent particulièrement du lot. Le premier, "Unfold Legend", rappelle les grandes heures de Rhapsody mais aussi le travail solo de Luca Turilli avec ses chœurs épiques à souhait et cette rythmique speed qui saura faire souffrir les nuques des fans. On retiendra certaines incursions baroques, notamment à 1’29, qui offre une diversité appréciable. Mais c’est sur "Nevermore" que l’épique atteint son paroxysme et où le groupe laisse entrevoir de très belle choses pour l’avenir. Alternant avec brio entre passage aérien et speed débridé, le groupe dessine une variété de paysage qui enchante l’auditeur. A 1’05 par exemple, le chant se montre plus imposant que jamais avec en fond un riff très Maiden savoureux, le tout avec des orchestrations massives, on ne peut qu’être séduit.  De même à 2’45, la batterie offre une démonstration de vélocité et les orchestrations deviennent étourdissantes émergeant totalement l’auditeur dans ce morceau à tiroir dont on pourrait peut-être reprocher un certain manque d’unité.

Si ce Pandemonium souffre de certains défauts de jeunesse et ne bénéficie pas encore d’une production suffisamment massive, le produit proposé est honnête et offre ses moments de bravoure, notamment grâce à des orchestrations réussies et certaines lignes de chant poignantes. Un groupe à suivre !

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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