Babymetal – Babymetal

Pas d'sushi, baby !

Difficile de passer à côté du phénomène Babymetal, déchaînant les passions sur Internet. Pour faire simple, cette formation est composée de trois jeunes filles mineures qui utilisent des vocaux très enfantins sur des chansons metal, le tout avec une étiquette « kawaï metal » qui définit pour le mieux le style pratiqué par le trio. Chroniquer un disque comme celui-ci est un véritable cas de conscience : comment aborder un tel album ? D'autant plus que les réactions dans le metal n'ont pas été des plus unies. Les uns crient au scandale, les autres applaudissent le génie. Comme le disait Antoine Daniel dans l'épisode spécial de What The Cut sur le Japon, ce pays a la caractéristique de ne jamais nous laisser indifférent, et de cultiver un véritable art du déluré, de toujours surprendre. Réduire l'art de ce pays à ce simple angle est extrêmement simpliste et ridicule, mais parler autrement de cette mouture éponyme des trois nippones me paraît difficile.

Comme on peut s'y attendre, Babymetal n'est pas une simple formation née de la dernière pluie. L'équipe de musicien derrière les trois chanteuses s'est attelée à composer une offrande très professionnelle, au son impeccable et destinée à fonctionner immédiatement. Les allures enfantines du projet cachent un professionnalisme camouflé derrière cette apparence délirante. Pour autant, il est totalement impossible de prendre tout cela au sérieux, et c'est, à mon sens, l'approche la plus raisonnable si l'on veut apprécier la musique délivrée ici. Comment la décrire simplement ? De gros riffs lourds combinés à des mélodies résolument accrocheuses, évoquant très souvent la pop. Oh, rien de péjoratif de ma part, rassurez-vous ! Je suis suffisamment ouverte d'esprit pour ne pas crier à l'horreur à la vue de ce simple mot. Mais cette composante est essentielle à l'écoute du disque, tant les mélodies sont calibrées pour attirer l'oreille aux premières écoutes et se loger dans notre esprit, ce qui sera bien évidemment le cas très rapidement !

Pour ça, tous les moyens sont bons. Et un titre comme "Iine!" est parfaitement représentatif de ce que vous allez entendre dans ce Babymetal. Les arrangements electro sont omniprésents, le tout marqué par un beat dancefloor et, sur cette piste précise, le metal s'efface légèrement au détriment de cet élément. L'ensemble est improbable avec les voix des trois filles, avant de tout basculer sur un break rap, qui est suivi par … du bon gros death metal, celui-ci retombant sur la techno. Pour varier les plaisirs, on entendra un passage reggae déconcertant sur "4 no uta", un apport dubstep sur "Uki Uki Midnight", et une approche particulièrement violente sur l'ouverture "Babymetal Death" qui porte son nom à merveille ! On ne sait plus où donner de la tête, et là où on pourrait accuser les japonaises de vouloir bouffer à tous les râteliers, tout est si bien inséré qu'on leur pardonne aisément. On ira même jusqu'à dire que c'est tellement bien fait que ça en est tout à fait excellent ! Voilà qui rapporte de précieux points à ces petites.

Babymetal

Dans un tel melting-pot d'influences diverses et de tubes en puissance, il faut bien du décevant. Et pourtant, chaque pièce possède une étincelle qui donne envie de revenir dessus. Même "Benitsuki -Akatsuki-", très classique en apparence, est sublimée par la performance éblouissante de Su-Metal, qui chante très bien, n'en déplaise aux détracteurs et aux esprits les plus fermés. Cette petite est une clé de voûte pour Babymetal, tant elle permet d'établir le lien entre les parties metal du groupe et les petites touches pop ou electro. On en prendra pour preuve "Do ki Do ki Morning", que l'on imagine très mal sans elle, surtout son refrain incroyablement étrange mais irrésistible ! Moametal et Yuimetal sont peut-être plus anecdotiques, intervenant plus sporadiquement, leurs interventions étant même parfois irritantes. Elles peuvent trouver leur place comme sur "Iine!" et notamment "Onedari Daisakusen", tout comme sembler hors-de-propos, tout dépendra du contexte de l'intervention, c'est variable. Si Su possède donc une voix très pop, elle reste avant tout une frontgirl accomplie.

Qui plus est, on ne peut que féliciter Babymetal pour l'agencement des titres. Chaque morceau y trouve sa place, son sens, et ne dépareille pas. La deuxième position offre cette place tubesque à "Megitsune", une bombe au refrain explosif, là où, plus enfouie dans le disque, elle n'aurait peut-être pas marqué de cette façon. "Catch Me If You Can" prend des apparences de metal indus et agit comme un véritable rouleau compresseur. "Akubu no Rinbukyoku" arrache et donne envie d'headbanguer, tout comme "Headbanger!!" au patronyme parfait. Je vais me dispenser d'un track by track, vous savez quoi faire après tout …

Babymetal, c'est un album énorme. Babymetal, c'est un groupe qui ravage tout. Aucune chance que ce groupe ne soit apprécié de tous les metalleux, et restera décrié bien longtemps. C'est compréhensible avec une démarche aussi peu courante. Mais franchement, ce n'est pas important. Tant que la musique est bonne et se laisse écouter, alors aucune raison de bouder son plaisir pour quelques râleurs sur la toile. Je dis bravo au trio nippon pour cette offrande, en attendant la prochaine avec impatience !


La Folle Fougère

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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