Lehmann – Lehmanized

Comme son nom l'indique, la chronique du jour porte sur la première réalisation de l'artiste italien Matteo Lehmann, qui n'est autre que l'ancien bassiste live du mal aimé d'Iron Maiden, à savoir Blaze Bayley. Et il semblerait que les affaires démarrent plutôt bien pour le jeune homme, signant sa mouture sur le label allemand Massacre Records et annoncé comme première partie de la tournée d'Automne 2014 des géants suédois de Dark Tranquillity. Voilà une série de bonnes nouvelles qui ne peuvent donc qu'attirer l'attention sur ce disque, portant le nom Ô combien original et modeste de Lehmanized, dont l'objectif sera donc de nous convaincre que Mat, en plus d'être un bassiste compétent, est également un chanteur et compositeur de qualité, parvenant à donner à ce projet solo (après avoir fréquenté le line-up de multiples formations) une crédibilité. Objectif réussi, ou ratage complet? La réponse dans ces quelques lignes.

Désormais quintette avec le recrutement de divers musiciens pour les prestations scéniques, le groupe nous assène une musique aux croisements de plusieurs genres : melting-pot de thrash, groove metal mais surtout de heavy couplé à des sonorités industrielles, ce mélange, à défaut d'octroyer une véritable personnalité à la musique délivrée sur ce disque, permet d'obtenir une mixture plutôt entraînante et ne manquant pas de puissance, le tout porté par une production tout à fait correcte et moderne. Les riffs se contentent souvent d'être simples mais efficaces, renforçant une logique d'accroche immédiate au travers de morceaux misant beaucoup sur leurs refrains. Ainsi, la recette de Lehmann n'est pas bien compliquée mais le frontman nous fait le plaisir de varier le propos plus d'une fois, en proposant un panel d'inspirations diverses. Le single « Sunday I'll Be Dead », par exemple, met en exergue l'influence flagrante du groupe allemand Rammstein, les phrasés évoquant facilement Till Lindermann (notamment dans les couplets). En revanche, cet aspect est presque délaissé sur « Like a Rock », aux tonalités bien plus axées sur les grands noms du heavy. Cette diversité joue indéniablement en faveur de l'Italien, qui démontre son talent dans divers registres.

Lehmann

Lehmanifique line-up du groupe Lehmann

En effet, le jeune homme s'en sort avec les honneurs côté chant, bien que sa performance soit loin d'être inoubliable. Elle a, au moins, le mérite d'être juste, et en mesure de s'adapter aux diverses ambiances proposées par le musicien. Hélas, ce disque n'est pas sans défauts, et son problème majeur est le niveau fluctuant des compositions. Si certaines tirent leur épingle du jeu, d'autres, au contraire, se révèlent bien plus pénibles, et surtout poussives à souhait : la mid-tempo « Laid so Low » peut se targuer de la présence de Blaze Bayley, elle n'en reste pas moins fade, et trop en retenue pour satisfaire. De même, « Let Me Pray » ne manque pas d'idées intéressantes mais la montée en puissance du titre est ratée, et les longueurs dispensables trahissent l'absence d'inspiration de Matteo Lehmann. Les six minutes allouées à la piste paraissent ainsi bien trop longues. Sachant que l'album ne contient que huit morceaux, avoir déjà deux ratés sent le roussi. Et la liste s'allonge avec le titre éponyme, au refrain tellement plat que l'effet fédérateur retombe comme un soufflé.

On se retrouve donc en présence d'une galette en dent de scie, alternant entre moments de grâce et passages ennuyeux. Si ces derniers sont heureusement plus rares grâce à la présence de pistes pêchues et accrocheuses qui remontent le niveau en flèche (« The Secret », « Like a Rock », « Gemini » ou le single évoqué plus haut, notamment), on aurait souhaité que les morceaux proposés sur Lehmanized soient un peu plus constants. Finalement, Lehmann nous offre une œuvre tout sauf indispensable, mais qui n'est pas non plus à jeter, loin de là. Sympathique et divertissant, ce premier album possède un certain charme mais espérons sincèrement que le compositeur italien tiendra compte des critiques afin de peaufiner davantage sa seconde livraison.

Note finale : 6,5/10

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NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



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