Darkspace – Dark Space III I

Six ans, c'est bien trop long à attendre. Bon, d'accord, certaines formations comme Kiss n'ont pas hésité à laisser onze années entre deux sorties, et il existe des durées séparant des albums qui sont encore bien pires. Mais quand on est impatient, ça semble une éternité, et surtout pour un groupe dont on attend beaucoup comme les Helvètes de Darkspace. Ce trio Ô combien original délivre une musique unique, un black metal spatial dont les ambiances donnent l'impression d'être aspiré dans un trou noir duquel la sortie ne nous laisse pas indemne. Voilà donc que les trois suisses (instant blague terminé) nous reviennent avec une nouvelle mouture, répondant au nom énigmatique de Dark Space III I, ce qui laisse bien évidemment présager une suite à cette offrande. En espérant que nous n'aurons pas à patienter aussi longtemps pour la découvrir. Souhaitons maintenant que cette cuvée 2014 est un retour gagnant pour le combo.

Répondons immédiatement à cette interrogation par une affirmation : oui, cette galette est une réussite intégrale, qui nous assène une claque comme seul le trio sait en donner. Pour les néophytes, ne vous laissez pas démonter d'emblée par la durée des pistes. Certes, leur nombre n'est que de trois sur cet album et il est vrai que cela semble déroutant au premier abord, mais le groupe propose ici plus d'une heure de musique, dont une pièce atteignant presque trente minutes à son compteur! Ainsi, on comprend aisément que le propos sera dense et immersif, demandant un véritable effort afin de se laisser apprivoiser. Le black metal délivré par Darkspace joue énormément sur l'ambiance, donnant ce sentiment d'être plongé dans une autre dimension, lointaine, jouant avec nos nerfs tant celle-ci est noire et angoissante, un sentiment d'inconnu nous envahit. L'astuce, c'est de ne pas tenter d'y résister. Au contraire, laissez-vous happer par cette ambiance si particulière pour comprendre et apprécier toutes les subtilités de ces longues et intenses compositions, qui paraissent presque courtes, en dépit de leur durée initiale.

On se retrouve face à une construction de morceaux à la fois répétitive et variée, certains thèmes n'hésitant pas à revenir pour mieux faire voyager l'auditoire. Les riffs, notamment, parviennent à créer une densité telle que l'étau ne cesse de se resserrer, emprisonnant littéralement dans cette musique à la profondeur impressionnante. L'album échappe heureusement à l'aspect redondant. Les pistes changent régulièrement de structure, laissent place à des moments bien plus ambiants, plus introspectifs. Toute la magie de Darkspace se situe là, dans cet équilibre et cette justesse du dosage. On navigue ainsi entre chaque titre sans cassures, l'opus dévoilant toute sa fluidité et cette continuité entre les morceaux est parfaite pour renforcer encore l'image cosmique que Zhaaral, Zorgh et Wroth façonnent.

Difficile ainsi d'extraire un titre tirant son épingle du jeu, sortant du lot, tant la galette est compacte et forme un ensemble. On ne peut s'empêcher néanmoins de distinguer des passages qui sont de véritables coups de cœur au gré de la traversée de l'espace. Le final de « Dark 4.20 », par exemple, est si intense qu'il laisse sur un énorme sentiment de frustration une fois l'auditeur revenu sur Terre. L'envie d'y retourner n'en est que plus grande à chaque fois, cette offrande possédant ce goût addictif qui fait la marque de fabrique du combo depuis bien longtemps. Si les disques déjà sortis des suisses sont de haute volée, celui-ci ne fait pas honte à ses prédécesseurs, loin de là. Un titre du calibre de « Dark 4.18 » se développe lentement, prend son temps, progresse au fur et à mesure comme si l'on entrait lentement dans l'espace, pour espérer ne plus en sortir. Et quand la section rythmique explose et que le chant extrême apparaît, c'est l'apothéose. Chaque minute happe, ensorcelle et ce constat d'excellence se dresse pour chaque piste. Le retour en grâce est donc une réalité, et cette année sera marquée par ce Dark Space III I.

Darkspace

Nous allons envahir votre esprit et votre planète misérables humains.

Darkspace ne se contente pas de livrer la marchandise, loin de là. Le trio peaufine une fois de plus son univers, prend des risques qui s'avèrent payants et surprennent, bien qu'il était de base difficile de douter de la qualité de ce méfait. Grâce à cette œuvre de toute beauté, les Suisses s'imposent encore une fois comme des maîtres dans l'univers du black metal, à coté desquels il serait triste de passer. Madame, messieurs, merci. L'attente en valait la peine.

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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