Salamandra – Imperatus

Il est des groupes dont on se dit qu’ils sont tellement bons qu’ils feront à coup sûr partie des grands de ce monde. C’est ce que beaucoup s’étaient figurés pour Salamandra en 2004 à la sortie de l’album The Great Moravian Elegies, qui était un condensé de savoir-faire en matière de Power Metal. Malheureusement, faute de promotion suffisante, le groupe tchèque n’a pas pu s’extraire du lot et est retombé plus ou moins dans l’oubli en dehors des frontières de sa patrie. C’est en participant cet été aux Masters of Rock à Vizovice que j’ai eu l’occasion de les redécouvrir et par là-même de m’apercevoir que leur carrière avait continué là-bas avec un certain succès. L’occasion était donc trop belle pour me jeter sur Imperatus, leur tout dernier opus sorti en juillet, et vous en parler !

L’univers de Salamandra, depuis leurs débuts en 1998, tourne autour de la Moravie, une région coincée actuellement entre la Bohême et la Slovaquie, à l’histoire assez mouvementée. Du pain béni pour y puiser l’inspiration nécessaire à l’écriture d’un album de Power, et même de plusieurs puisqu’Imperatus sera le sixième à nous faire voyager dans le temps au travers de 14 épopées.
 

L’intro plante le décor avec une atmosphère sombre et mystérieuse dans un esprit proche à la fois de Vangelis (Conquest of Paradise) et d’Era (Ameno). Les chœurs masculins, réemployés à plusieurs moments de l’album, apportent une dimension parfaitement dramatique et permettent d’enchainer sur Imperatus, un mid-tempo symphonique que n’aurait pas renié Christofer Johnsson (Therion). Les arrangements sont sublimes et contribuent à faire de ce morceau un des meilleurs moments de cette galette. Le nouveau chanteur, Honza Bernátek se montre absolument convaincant en nous faisant vivre pleinement les textes qu’il chante. A noter que les anciens chanteurs, Dalibor HalamíÄek et Ivan Borovsky, ont été invités sur plusieurs titres.
Après la grandiloquence de ces 2 morceaux d’ouverture, les hostilités commencent avec Ancient Echoes, un titre bien speed où Chris Bay (Freedom Call) vient poser sa voix sur un refrain Helloweenesque au possible mais ô combien efficace ! Les chœurs masculins sont à nouveau utilisés sur le pont qui laisse ensuite place à un solo décoiffant. Cette recette sera appliquée avec le même brio sur les titres suivants Devils Apprentice et Defence, même si ce dernier, il faut le dire, pompe son refrain à Rhapsody (Emerald Sword) et son solo à Helloween (I Want Out). Mais ça marche ! 
 

L’un des secrets de cet opus est l’agencement ingénieux des 14 plages qui fait que l’ennui est impossible. En gros, on a un mid-tempo ou une ballade puis 2 ou 3 morceaux rapides (power ou heavy, voire AOR).

Le morceau suivant est donc un mid-tempo du nom de Fire and Ice à la structure assez alambiquée lorgnant tantôt sur l’AOR, tantôt sur le prog, mais jamais convaincant. Le seul point faible de l’album car il en fallait bien un est vite oublié grâce à Metal Fever, un hymne à la gloire au Heavy Metal empruntant sa basse à Steve Harris (Iron Maiden) et au refrain accrocheur réhaussé de "Hey! Hey!" fédérateurs parés pour la scène. Victorious, plus classique, ne baisse pas d’intensité. S’en suit une courte pause lyrique bienvenue après ce déluge de décibels. Hanka Šlachtová, la soprano et clavieriste du sextet, nous offre un instant magique. Superbe ! Et ça repart sans transition par un My Worst Ennemy à la mélodie ultra-efficace, suivi d’un Behind The Gate aux accents speed-power japonais (!). Cet album est vraiment plein de bonnes surprises, comme le confirme la power ballade de l’album qui arrive à ce moment. Loin des mièvreries habituelles Coming Back Home, est doté d’un refrain vindicatif  traduisant le malaise du héros, un guerrier au bout du rouleau se demandant s’il finira par rentrer un jour chez lui. L’album aurait pu s’achever là, mais les tchèques relancent la machine avec Traveller from Nowhere, un titre bien catchy agrémenté çà et là d’effets vocaux synthétiques surpenants et rafraîchissants. Arrive enfin Fool’s Story, une ballade acoustique médiévale. L'opus s'achève avec son refrain repris en boucle et à l’unisson par de puissants chœurs masculins jusqu’au fade to black final.

Salamandra a réussi avec Imperatus à nous livrer un album de très grande qualité, comme ils l’avaient déjà fait avec The Great Moravian Elegies il y a 10 ans. Tous les ingrédients sont réunis pour nous faire vivre un grand moment de power symphonique, assez savamment dosés pour sonner juste comme il faut : de bonnes idées mélodiques, de bons textes, un bon chanteur appuyé par des chœurs quand il le faut, de la diversité dans les compos et une tracklist bien pensée, le tout servi par une prod  tout-à-fait à la hauteur. Que demander de plus? Peut-être qu'un bon label s'interesse enfin à eux et les distribue comme il se doit en dehors des frontières tchèques.

Note: 8.5/10
 

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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