Blue Öyster Cult – Fire of Unknown Origin (1981)

1981, une année singulière. Le début d'une nouvelle décennie, d'une nouvelle ère dans certains pays, mais aussi l'année de naissance de votre serviteur ici présent. Bon, rien d'important sur ce dernier point, mais 1981 a également su se faire musicalement avec la sortie d'albums cultes : du Moving Pictures de Rush au Too Fast for Love de Motley Crüe, en passant par le Mob Rules de Black Sabbath (suite tant attendue à Heaven and Hell) ou le Killers d'Iron Maiden, autant d'opus qui ont su rester dans les mémoires collectives. Sans oublier celui qui nous intéresse ici, l'excellentissime Fire of Unknown Origin de Blue Öyster Cult.

Un groupe américain né dans les années 60, rendu populaire en 1976 par son tube "(Don't Fear) the Reaper", a su conserver ses touches psychédéliques de l'époque tout en sachant évoluer jusqu'au point culminant de sa carrière que constitue cette offrande en dehors du temps. Car oui, ce CD n'a point pris une ride et saurait intéresser aussi bien les fans de l'époque 60s/70s que les jeunes d'aujourd'hui. Un certain retour à la mode de ce son s'est d'ailleurs invité à nos oreilles l'an passé avec le buzz créé par Ghost et son Opus Eponymus tirant ses principales influences d'un groupe qui aurait pu s'envoler vers les cimes de la légende ultime après une telle réalisation. Mais voilà, le départ de l'une de ses têtes pensantes Albert Bouchard précipita le groupe vers une chute incontrôlée après ce succès à la fois commercial et d'estime.

Pour beaucoup, pour ne pas dire la grande majorité des fans du combo, Fire of Unknown Origin est LE chef d'oeuvre de Blue Öyster Cult. Faisant suite à un Cultösaurus Erectus déjà fort réussi et aux touches plus "modernes hard rock", il enfonce définitivement le clou et distille tout ce qu'un fan de rock/hard rock/voire même heavy metal peut apprécier niveau diversité et accroche musicale.

Blue Öyster Cult 1981

Heavy Metal, parlons-en, titre d'un film animé canadien de l'époque qui a influencé une partie des compositions de ce brûlot, avec au final un seul morceau retenu dans la bande son (dans laquelle on retrouve entre autre le groupe Trust) : "Veteran of the Psychic Wars". Non, celui-ci n'était pas à la base prévu pour y figurer, mais son côté pesant/martial bercé d'un clavier ambiant hypnotique saurait parfaitement justifier ce choix - ce morceau montrant BÖC sous un visage plus inquiétant, moins catchy et plus polémique dans ses paroles (écrites par le brillant auteur britannique Michael Moorcock). Il est cependant amusant de noter que la chanson "Heavy Metal: The Black and Silver" n'a point trouvé sa place sur cette soundtrack, avec un titre pourtant évocateur et un hymne... attendez-vous à être surpris... typé heavy ! Le plus direct aussi, sans chichi et bien dans ta face. Peut-être le seul moment "metal pur" de l'album.

Car si cet album navigue autour du hard rock, il n'en reste pas moins fin et diablement subtil pour son époque. Totalement novateur en un sens, même si évidemment les ancêtres du genre ne sont pas oubliés (que ce soit Kiss, Black Sabbath, ou plus profondément Led Zeppelin, pour ne citer que ceux-là). Des influences en tout genre viennent titiller nos oreilles et on se rend vite compte que la tracklist défile de façon cohérente, avec son début plus "soft catchy" et un final plus "rythmé" voire sombre. Un peu comme si le "Veteran" annonçait la couleur en (quasi) préambule, faisant suite à deux morceaux d'introduction assez colorés mais bougrement efficaces. Parmi eux, le fameux single "Burnin' for You" et ses relents reggae au niveau niveau couplet, parfaitement délivré après un introduction éponyme (co-écrite par Patti Smith) qui installe d'emblée Blue Öyster Cult dans sa légende.

Ceci n'est donc bizarrement "rien" comparé à ce qui suit, car le (gros) coeur de l'album se situe peu avant son final sympathique "Don't Turn Your Back" qui conclue l'opus en douceur, comme il l'avait commencé, mais avec une certaine noirceur supplémentaire ajoutée par les trois morceaux précédents. Ceux-ci se veulent l'écho d'un "Sole Survivor" déjà ancré entre accroche et aigreur, percutant de ce fait l'auditeur qui se voit ici servi un plat de résistance exceptionnel. "Vengeance (The Pact)" vous clouera littéralement sur place : rythmiquement impressionnante, avec un break speedé que King Diamond et son Mercyful Fate n'ont certainement pas renié. Et je ne parlerai même pas ici du fameux groupe mystérieux qu'est Ghost, car c'est limite encore plus flagrant sur les deux morceaux qui suivent... surtout "Joan Crawford" qui, si elle n'est pas restée "foreveeeeeeeer youuuuung" comme une certaine "Elizabeth" (Baaathooooryyy...), n'en a pas moins marqué les mêmes esprits. Ah "Jon Crawford"... tout le monde sera d'accord pour faire de cette piste LE grand coup de maître du quintet américain, n'est-ce pas ? Mêlant le côté fun des paroles à une ambiance ténébreuse en substance mise en exergue par une basse imparable (oui, Ghost, je sais, nous savons...), celui-ci restera à jamais en mémoire. Placé juste après un "After Dark" assez orgasmique (jusqu'à son final) où le chanteur Eric Bloom fait ce qu'il veut (comme sur le reste d'ailleurs), on voit mal ce qui pourrait être ajouté.

L'essence pure d'un album mystérieusement resté unique, aussi bien dans la discographie de BÖC que dans un sens plus général. Oui, ce Fire of Unknown Origin a sa personnalité propre, et donc tout pour marquer non pas une mais une infinité de générations. Mélomanes et nostalgiques, explorateurs de découvertes et amateurs de sensations musicales fortes, tout sauront être ralliés à la cause d'un disque à la fois profond, touchant, léger et groovy. Oh yeah baby !

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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