Ann-Sofie Hoyles, chanteuse de Spiders

"Jouer en live a toujours été notre force"

 

Avant leur concert au Glazart le 14 novembre en ouverture d'Horisont, Ann-Sofie Hoyles, chanteuse du groupe de hard rock suédois Spiders, a évoqué à La Grosse Radio ses impressions sur la tournée qui était en cours et n'a pas manqué de décrire l'ambiance dans son jeune groupe, ainsi que le processus créatif de leur nouvel album, Shake Electric.

Bonsoir Ann-Sofie et merci de nous accorder cette interview. Tu te prépares à donner ton second concert à Paris avec Spiders, comment te sens-tu ?

Il y a quelques années, on m'avait dit que la France n'était pas un bon pays pour tourner avec les groupes de rock, que les français s'intéressaient plus à la musique électronique, mais quand on est venu avec Blood Ceremony au Batofar en mai, j'ai perçu que les gens présents comprenaient notre musique et ça m'a rendu heureuse. Avant de faire cette tournée, quand les gens me demandaient dans quels pays j'avais le plus envie de revenir, je répondais la France et l'Italie. Je suis très heureuse d'être ici !

Merci à toi ! Que peux-tu nous dire sur cette montée de la scène hard rock suédoise  ?

Pour moi, ce n'est pas un phénomène actuel, c'est juste que de nombreux groupes sont signés sur de plus gros labels qui les aident à diffuser leur musique. Ces groupes jouent en Suède depuis plusieurs années. Je pense que la scène rock a toujours été importante en Suède. Il y a une grande vague en ce moment parce que ça l'air d'être une tendance pour les gens.

On voit qu'il y a quand même une montée de nouveaux groupes. On pense à Spiders, mais aussi à Blues Pills ou d'autres...

C'est bien de voir que certains nouveaux groupes marchent maintenant. Le mauvais point dans le monde de la musique, c'est que ce sont certaines personnes qui décident de ce qui doit être diffusé. Mais Blues Pills, Graveyard, Horisont, peut-être Spiders aussi, sont de bons groupes, ils sont bons en live, leurs chansons tiennent la route, du coup, ce n'est pas étonnant qu'ils grandissent comme ça. Je les aime tous, certains d'entre eux sont mes amis, je prends bien du plaisir à les écouter chez moi…

Spiders

Votre musique est très inspirée des années 70. Comment un jeune groupe décide-t-il d'aller dans cette direction ?

Dans le cas de Spiders, ce n'est pas planifié à l'avance. On construit nos chansons petit à petit, notre batteur trouve une idée et on l'allie à un riff, sans nous demander comment ça va sonner ensuite. Nous sommes sûrement influencés par la musique qu'on écoute, mais on écoute Tina Turner, du punk, du metal, du jazz… Nous n'avons pas peur de mélanger tout ça pour en faire une chanson de Spiders. Nous n'avons pas décidé comment nous allions sonner au moment où nous avons formé le groupe. Sur Shake Electric, nous avons une chanson qui s'appelle "Hard Times", assez bluesy. On entend clairement que c'est du Spiders, pourtant nous n'avons jamais fait une telle chanson auparavant. Nous sommes toujours ouverts à de nouvelles possibilités. Je pense que même dans 10 ans, on pourra quand même dater Shake Electric à 2014, même s'il est influencé par les années 70.

Parlons du processus créatif.

Tout le monde met la main à la pâte. Nous n'avons pas décidé à l'avance qui écrit. John Hoyles, le guitariste, écrit des chansons, j'en écris aussi, le batteur Richard Harryson écrit quelques paroles… Quand je suis chez moi et que je trouve quelque chose avec ma guitare, ça change toujours de forme quand on met de la batterie dessus et qu'on ajoute d'autres éléments. On n'est jamais figé sur une idée de base. On travaille ensemble de manière démocratique. Ce groupe est le meilleur dans lequel j'ai pu jouer, tu peux entrer dans la salle de répétition en présentant une idée, et tout le monde écoute et essaie de construire quelque chose autour de ça. Tout le monde est ouvert et touche à tout, parce que quoi qu'on fasse, ça restera Spiders.

Avez-vous changé vos méthodes de travail sur Shake Electric par rapport à Flashpoint ?

Oui, parce qu'on a beaucoup joué ensemble sur scène et qu'on a passé beaucoup de temps ensemble en tournée, en écoutant de la musique ensemble… Du coup, c'est vraiment sur Shake Electric qu'on a appliqué la méthode dont je t'ai parlé à l'instant. Sur Flashpoint, c'était surtout les idées de John sur lesquelles on a travaillé, alors que Shake Electric est un mélange de nos quatre personnalités. On le ressent aussi sur scène, je joue de la guitare sur quelques chansons, John et Olle Griphammar [bassiste] assurent les choeurs. Notre manière de travailler ensemble s'améliore constamment au fil du temps.

On remarque que l'énergie est accrue.

Il se trouve qu'avant, on enregistrait la batterie, la basse et la guitare ensemble et je posais ma voix ensuite, et on ajoutait les solos de guitare et le reste. Pour Shake Electric, nous avons tout enregistré en live, sauf le piano, les choeurs et les solos. Du coup, nous sommes tous les quatre ensemble en studio. Jouer en live a toujours été notre force, du coup, nous avons voulu retranscrire ça sur album, et on peut ainsi sentir notre énergie commune résonner. On compte enregister nos autres albums de cette manière. J'espère qu'on aurra encore Mattias Glavå, il était précis, comme un artiste avec sa console analogique.

Ann-Sofie Spiders

Parle-nous de tes inspirations vocales.

Je me suis vite rendue compte que le chant n'est pas comme la guitare, tu ne peux pas changer le son comme ça. Je ne peux pas changer de voix, mais j'ai des idées sur ma manière de chanter, des fois je veux que ce soit comme Tina Turner, Etta James, ou comme Kiss ou David Bowie. Ce sont mes influences en termes de chant, mais je ne veux pas sonner comme quelqu'un d'autre.

Qu'en est-il des paroles sur Shake Electric ?

Certaines chansons ont un sens, d'autres non, ce sont juste des mots que je crache au gré de mon instinct. Parfois, tu as des trucs à dire, comme dans "War of the World", où ça parle de ce qui se passe en Ukraine par exemple, ou "Shake Electric", que j'ai écrite à propos de deux de mes meilleurs amis, avec qui j'adore sortir depuis des années. J'aimerais dire que je suis une chanteuse qui écrit des paroles avec un sens profond, mais je mentirais, je suis plus du genre « donne-moi ces paroles et je vais en faire quelque-chose ! » Ce qui est important, c'est la manière dont je fais sonner. Quand j'écoute Bob Dylan, j'écoute attentivement les paroles, mais quand j'écoute Kiss, The Dictators ou The Dead Boys, c'est plus chaotique. Je pense que la manière de chanter est plus importante. J'écoute aussi de la musique française des années 60, je ne comprends rien aux paroles, mais j'apprécie parce que c'est une belle langue. La voix est un instrument, tu as juste besoin d'y mettre des mots, mais la manière dont ça sonne est plus importante.

Qu'est-ce que le rock 'n'roll pour toi ?

Ca peut être beaucoup de chose pour moi, pas nécessairement de la musique. Quand je regarde un clip de MC5, c'est le rock 'n' roll. Ce qu'ils jouent, la manière dont ils bougent, dont ils sonnent. Mick Jager est rock 'n' roll, Tina Turner est rock 'n' roll. [Un groupe commence à faire ses balances sur scène] Ça, c'est rock 'n'roll ! [rires]

Photos : ©2014 Fanny Storck.
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe. 

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