Entretien avec Neal Morse (The Neal Morse Band, Flying Colors, Transatlantic)

Quelques jours avant la sortie de son nouvel album solo, The Grand Experiment, La Grosse Radio s’est entretenue avec Neal Morse, auteur-compositeur et interprète prolifique. Nous avons pu évoquer l’origine du Neal Morse Band et le tournant que constitue cette sortie au sein de sa carrière, tout comme son concert parisien à venir et sa manière de composer. Entretien avec un artiste à l’humilité aussi grande que sa foi.

Bonjour Neal, merci de nous accorder cette interview. Tu t’apprêtes à sortir un nouvel album solo, The Grand Experiment, cette fois ci sous le nom du Neal Morse Band, avec à tes côtés  Mike Portnoy et Randy George, tes fidèles alliés, ainsi qu'Eric Gillette et Bill Hubauer. Peux-tu nous expliquer ce choix ?

Et bien j’ai pensé qu’après avoir tourné intensément avec ce groupe, cela serait une très bonne idée de sortir un album ensemble, sur lequel tout le monde serait réellement impliqué et ferait parti du processus créatif. Le but était de laisser leur âme s’exprimer, et je pense que c’est ce qu’il se passe sur cet enregistrement. C’est extraordinaire de voir à quel point ils arrivent à trouver leur place sur cet opus.

A propos de cette notion de groupe solo, j’ai récemment rencontré Steven Wilson, qui m’a confié que pour lui, il est important pour un artiste solo de savoir s’entourer d’un vrai groupe, composé de personnes de confiance. Qu’en penses-tu ?

J’aime cette idée, mais je dois avouer que j’ai adoré jouer avec plusieurs groupes et musiciens différents au cours des années passées. Donc j’aime aussi le principe d’un entourage disparate. Jouer avec Flying Colors, avec Transatlantic…tout ça c’est super. Jouer avec Spock’s Beard était génial également. Mais c’est vrai qu’avoir cette sensation de groupe autour de moi est rassurant. Ce sont tous des types géniaux et doux…enfin Mike n’est pas doux [rires]. Mais tu vois quelqu’un doit avec ce côté plus heavy ! [rires] Je plaisante, mais c’est vrai que c’est important pour un groupe d’avoir un bon mélange des personnalités. Et j’adore vraiment cela.

Tu as annoncé que cette fois-ci tu n’avais rien composé avant d’entrer en studio, laissant une totale liberté aux autres musiciens dans la phase d’écriture…

Oui, c’est le cas et cela va certainement en surprendre plus d’un. Je n’ai pas eu plus de choses à faire que les autres musiciens, chacun a contribué à part égale à cet album. Bill Hubauer a vraiment apporté beaucoup de choses dans le processus de composition…Il a joué du clavier et des guitares, mais c’est typiquement le genre de personne que l’on peut qualifier de génie en musique. Tout comme Eric Gillette. Je te parle plus d’eux que des autres, car je pense que tout le monde sait déjà à quel point Randy et Mike sont incroyables ! [rires]. Bill et Eric ont apporté énormément à cet album. Ils sont tous les deux multi-instrumentistes, possèdent des voix fantastiques, ils proposent de très bonnes idées en terme de composition…C’était une vraie collaboration, un véritable effort de leur part et ils ont presque plus participé à l’écriture que moi.

On a l’impression que tu mènes deux carrières solo en parallèle. L’une est plus orientée prog/metal comme ce que tu fais avec le Neal Morse Band et les albums Momentum, Lifeline…la seconde possède un côté folk épuré, une approche de songwritter comme ce que tu as proposé récemment avec Songs from November. Cherches-tu à montrer au public différentes facettes de ta personnalité ?

A travers tous ces projets, j’essaie d’être au plus près de ce que je dois faire et de ce que Dieu m’a demandé de faire dans le temps qui m’était imparti. J’ai décidé de dédier ma vie au Seigneur et j’essaie de me laisser guider par lui autant que je peux. Du coup, quelquefois je me réveille le matin et je me lance dans la composition d’une chanson « normale ». Je la rend « progressive » si elle en a besoin.  Ce matin, j’ai écrit une chanson de prière. Ce sont des chansons si simples que les gens peuvent les chanter tous ensemble dans une église. C’est une approche différente en terme de songwritting. J’aime également écrire des chansons orchestrales. Je viens tout juste de terminer une musique pour une comédie musicale, ce qui est très différent encore une fois. Cela s’apparente à ce qui se fait à Broadway ou dans un film de Disney ! [rires]. Donc tu vois j’aime écrire dans différents styles musicaux, ça fait partie des choses que j’apprécie réellement.

The Grand Experiment se termine sur « Alive Again », une pièce épique de 25 mn, comme pour Momentum qui se concluait avec « World Without End » (morceau de 30 mn). Penses-tu avoir trouvé la bonne formule ?

C’est un peu notre signature, ça fait parti des choses que l’on fait naturellement. Mais lorsqu’on a travaillé sur l’album, on a décidé de laisser la musique aller où elle voulait. Rien n’était planifié auparavant, mais il s’est avéré qu’on avait envie de rajouter des parties, on s’est dit « voyons si après cette partie on peut jouer ce riff ». Nous avions plein d’envies différentes, c’est un processus naturel qui doit le rester !


Est-ce que ce titre « Alive Again » est une référence à Spock’s Beard et au titre « Made Alive Again » qui terminait l’album Snow (dernier album avec Neal NDLR)?

Oh ! Et bien je n’y avais même pas songé ! [rires]. La première phrase du refrain d’ « Alive Again » a été écrite par Eric. Et Mike est parti dessus, a continué dans cette voie là. Je n’y ai pas pris part, mais peut être que quelqu’un y avait pensé et qu’il s’agissait d’une idée criminelle ! [rires].

L’album s’intitule The Grand Experiment. En effet, je trouve que vous avez réellement cherché à innover, expérimenter, en incorporant plus de saxophone ou même une talk box. Le titre de l’album est-il lié à cela ?

En fait, au moment de rentrer en studio, je me suis réveillé en me disant que c’était une grande et nouvelle expérience de se laisser guider comme cela et de lâcher un peu les rênes. Je le sentais bien, mais je n’avais aucune idée de comment cela allait se terminer. Ce qui est le propre d’une expérience. Quand nous nous sommes retrouvés, nous n’avions aucun plan. On s’est juste dit « voyons ce dont nous sommes capables et ce qu’il en ressort ! ». Et je me suis dit, mon Dieu, c’est réellement une grande expérience. Et j’ai eu ce refrain en tête « It’s a grand Experiment » (il chante le refrain du morceau titre NDLR). Et ça a fonctionné. Bill Hubauer est arrivé plus tôt ce jour là et nous avions travaillé ensemble sur ce refrain, sur le riff. Quand Eric nous a rejoint, il a joué ce riff avec un son de guitare plutôt heavy, ce qui a tout de suite plu à Mike ! Ce morceau était vraiment une très belle collaboration et l’exemple type d’une belle expérience, quand on se lance dans l’inconnu et que tout se passe à merveille.

« Agenda » est une chanson un peu à part, puisque je pense que c’est l’un des titres les plus courts et les plus heavy de ta carrière. Avais-tu réellement besoin à ce moment de ton parcours musical de composer quelque chose de plus direct et Hard Rock ?

Je ne sais pas si j’en avais besoin, mais cette chanson date des sessions de Songs from November. Je l’aimais particulièrement, Mike également. Mais elle ne collait pas avec l’ambiance de Songs from November. Je l’ai présenté rapidement aux autres et ils ont tout de suite accroché. Les parties vocales que tu entends proviennent des démos de November, car Mike m’a dit de laisser comme ça. Ils ont juste réenregistré les instruments. C’était une chanson toute simple, mais je ne sais pas trop comment elle m’est venue.

Clip d'Agenda : attention clip kitchouille! 

Tu es un musicien plutôt occupé entre Transatlantic, Flying Colors et ta carrière solo. Quand tu écris un titre, comment sais tu s’il sera destiné à Transatlantic, Flying Colors ou au Neal Morse Band ?

Je dirais que c’est une question de feeling. Quand j’ai écris « Shine » (ballade présente sur le dernier Transatlantic NDLR), c’était avant de travailler sur Momentum. J’aurais pu la destiner à cet album, mais je me suis dit qu’elle pouvait fonctionner pour Transatlantic. D’autre part, lorsque j’ai travaillé sur le chorus de « Fury of my Love » (chanson de Flying Colors NDLR), je pouvais presque imaginer Casey (McPherson de Flying Colors NDLR) la chanter, et tout le groupe derrière en train de l’interpréter. En général ce processus se fait tout seul et cela fonctionne bien. J’en suis d’ailleurs le premier surpris. Mais je me rappelle avoir proposé à Spock’s Beard la chanson « We all need some light » pendant des années ! J’ai du l’écrire en 96 et elle a toujours été rejetée par le groupe, jusqu’à ce que je la propose à Transatlantic pour le premier album. Elle est devenue cette sorte de chanson phare du groupe, alors que je n’avais aucune idée de ce à quoi elle était destinée au moment où je l’ai écrite. Quelquefois le Seigneur nous guide et fais en sorte que les choses deviennent ce qu’elles doivent être.

Ressens-tu plus de pression et de stress au moment de la sortie d’un album de Neal Morse que pour la sortie d’un enregistrement de Transatlantic ou Flying Colors ?

Je ne pense pas que le terme de « stress » soit approprié, mais oui je ressens de la pression sur mes épaules. Mais cette fois ci, celle-ci est mieux répartie, car Eric et Bill sont autant impliqués. Mais effectivement je dirai que je me sens  plus responsable de la façon dont le public va accueillir The Grand Experiment. Tout d’abord car j’ai plus de contrôle sur mon album que sur un album de Transatlantic ou Flying Colors. Pour ces deux projets je n’ai qu’à donner mon opinion et si une personne n’est pas d’accord, elle ne sera pas retenue. Dans ce cas là, je ne suis qu’un membre du groupe parmi d’autres. Quand tu n’es pas décisif dans tes choix, quelque part tu peux te permettre de te sentir un peu plus relaxé. Mais sur mes albums c’est ma responsabilité de faire en sorte qu’ils soient aussi bons qu’ils doivent l’être.

Tu t’apprêtes à jouer de nouveau à Paris, (le 9 mars prochain NDLR) cette ville que tu affectionnes beaucoup.

Oh oui ! [rires]

Sur scène tu es connu pour proposer des concerts longs et faire preuve de beaucoup de générosité auprès du public. A quoi doit-on s’attendre cette fois-ci ?

Vous devez vous attendre à passer une merveilleuse soirée à écouter de la musique jouée par des musiciens extraordinaires. Monter ce groupe avec ces types est une des meilleures choses qui me soit arrivée. Il ne faudra pas louper ce concert ! Je vous recommande vraiment d’être là car ce sera une soirée spéciale !

 

Tu es très actif sur les réseaux sociaux, comme Twitter ou Facebook. A quel point cela est important pour toi d’entretenir ces relations avec tes fans ?

J’apprécie la communication sur ces supports. J’ai toujours été impliqué dans les réseau sociaux parce que je suis un type social ! [rires]. J’aime partager plein de choses avec les gens, parce que je sais qu’ils aiment qu’on leur fasse vivre notre quotidien. Il y a quelques semaines, j’ai été manger chez un ami qui travaille pour une grosse compagnie de communication. Il m’a dit que je m’y prenais mal en terme de communication sur les réseaux sociaux, que je ne tweetais pas assez… Depuis c’est vrai que j’essaie d’être encore un peu plus présent et impliqué parce qu’à l’âge technologique, les gens veulent se sentir connectés. Et j’avoue que c’est important aussi pour ma carrière d’artiste et pour ma musique d’avoir de la visibilité par ces biais.

Dernière question : as-tu le temps d’écouter et de découvrir de nouveaux groupes ?

Oui j’aime bien écouter de nouveaux groupes et en découvrir. Il y a un groupe que j’ai découvert récemment et que j’apprécie beaucoup. Comment s’appelle-t-il ? Le nom m’échappe. Quelque chose comme "Knights of Kindo".

The Reign of Kindo ?

Ça pourrait être cela. Ils sont venus à Nashville, j’ai été les voir durant leur soundcheck. Attends je vais retrouver le nom. (il demande à SIRI sur son smartphone NDLR). Oui c’est Reign of Kindo ! Ecoute ça ! (il me fais écouter un extrait NDLR). Je trouve que ces mecs sont vraiment originaux. J’apprécie vraiment !

Merci Neal pour cette interview en toute franchise. Avant de nous quitter as-tu un mot pour tes fans français ? 

Je voudrais dire que j’ai été très touché et triste à propos de ce qu’il s’est passé le mois dernier à Paris. Nos cœurs sont avec les français et nous prions régulièrement pour vous et pour nos amis français et nos fans. On a hâte de vous retrouver ! Be blessed !

Entretien réalisé via Skype le 03 Février 2015
Merci à Valérie d’Inside Out
Photographies live : Childintime
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe

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