Vacuum, guitariste de Below the Sun

Surgi de cette froide et plutôt désertique contrée qu'est la Sibérie, Below The Sun propose  avec son premier album une relecture tout à fait convaincante du funeral doom.  Rencontre avec Vacuum, guitariste de cette formation mystérieuse qui préfère rester dans l'anonymat pour privilégier sa musique. Un entretien où il est question de cosmos, de synchronisme jungien et de nunchaku. Etranges les mystérieux prêtres encapuchonnés de Below The Sun ? Plutôt uniques, oui.

Pouvez-vous nous présenter le groupe ? Comment est-il né ?

Le groupe a été fondé spontanément pour une unique performance de funeral doom. Tous les ans a lieu dans les bois entourant notre ville une jam session regroupant des  musiciens qui jouent dans les mêmes groupes et se connaissant. Nous nous sommes préparés  durant une semaine avant de nous réunir pour nous y produire. Nous avons apprécié la  réaction du public alors nous avons décidé d'en faire un projet concret.

 Le nom du groupe est-il inspiré par le titre « Below The Sun » d'Ahab ?

(Rires) Je savais que cette question allait nous être posée un jour ou l'autre. Ahab est un grand groupe,  ce sont des légendes du funeral doom, sans aucun doute. Cependant, je te  répondrais ainsi : notre nom de groupe reflète la place de l'humanité dans ce monde, aussi bien physiquement que mentalement. Cela renvoie à notre minuscule île située dans la mer cosmique d'où nous fixons les étoiles en essayant de repousser les limites de nos connaissances.

Où avez-vous enregistré Envoy ?

Initialement, nous voulions faire un enregistrement dans des conditions live devant un public. C'est comme cela que notre musique est supposée sonner. Nous avons eu  quelques  problèmes techniques avec cette approche alors nous avons fait un enregistrement  moderne, titre par titre. Les parties de batterie ont été enregistrées au studio tandis que le  reste a été fait chez nous. Nous n'abandonnons pas l'idée initiale cependant alors restez attentifs terriens !

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre collaboration avec Mell Dettmer, membre de Boris et Sun o))), qui a produit Envoy ? Comment avez-vous été mis en contact avec elle ?

Nous n'étions pas sûrs de gagner en notoriété locale, encore moins de pouvoir collaborer avec quelqu'un comme Mell. Il y a tellement de groupes ici et là et nous faire connaître est  comme jeter une bouteille à la mer ou comme Voyager qui dérive dans l'espace  sans  savoir ce qu'elle va trouver si tu vois ce que nous voulons dire. Tu peux gagner à la  loterie sans acheter de billet parfois cependant, alors nous avons choisi « Cries Of Dying  Stars » (un morceau qui était déjà enregistré) comme titre promotionnel à diffuser sur internet.Tout à coup, le label suédois Temple Of Torturous nous a contacté. Leur offre  étant intéressante, nous l'avons acceptée. C'est donc notre maison de disques qui nous a  présenté à Mell. Je ne me remets toujours pas de cette attention !

Votre musique, selon moi, est un parfait mélange de funeral doom, avec des passages  atmosphériques et quelques éléments de post-rock. Quelles sont vos influences ? Quels groupes aimez-vous ?

A la base nous voulions jouer du funeral doom, dans la veine du morceau que nous avons  présenté lors de ce set dans les bois que j'ai évoqué. Mais nos goûts musicaux sont variés : cela va du metal extrême à la musique ethnique en passant par la musique électronique. Pour ma part, je suis un énorme fan de Korn (libre à toi de me détester), notre bassiste lui  est vraiment à fond dans la scène de ton pays, il aime particulièrement Igorrr et  Pryapisme. Alors, tu comprends que rester dans les limites d'un style nous est impossible,  nous utilisons notre plus grosse influence, le funeral doom, comme un canevas autour duquel nous peignons avec ce qui nous permet d'élargir notre palette musicale. Cela signifie que chacun peut amener quelque chose sur la table, musicalement parlant, et cela signifie  aussi que nous pourrions passer la journée à citer nos influences spécifiques.

Le concept entourant Envoy est basé sur une histoire inspirée par la sonde envoyée  par la NASA Voyager-1. Pourriez-vous nous expliquer ce qui vous a amené à choisir cette thématique spatiale ?

Le cosmos nous a toujours fasciné, comment ne pas l'être ?! Depuis que nous avons émergé de la bourbe primordiale, nous avons fixé le ciel à la recherche de réponses. C'est une recherche naturelle de la connaissance et le cosmos est le plus grand secret de  l'existence. Voyager-1 symbolise l'attraction de l'humanité vers les étoiles. Il s'agit du  premier vaisseau spatial qui a voyagé au delà des limites du système solaire avec des informations concernant notre civilisation.

Êtes-vous fans de littérature et de films de science-fiction ?

Comment l'as-tu deviné ?! La science-fiction est une des représentations les plus évidentes  de nos tentatives de prévoir et de se préparer pour l'avenir. Nous restons attachés à une  vision idéale de notre futur inspirée des débuts de la science-fiction classique. Il est  étrange d'ailleurs que l'autre groupe de funeral doom à avoir émergé de Sibérie en même  temps que nous, Station Dysthymia, soit aussi inspiré par ce genre de sujet rare. Cela nous  fait considérer sérieusement le synchronisme Jungien...

Pourquoi choisissez-vous de rester anonymes sur les photos et durant vos  performances live  ? Votre musique compte plus que votre identité ?

La musique passe avant tout. C'est une chose importante que nous voulons partager avec notre audience et qui amène quelques nuances. Généralement, sur scène, le  public voit  d'abord le groupe et écoute ensuite la musique, notre anonymat leur permet de se  connecter à notre musique plus rapidement, comme cela les gens ne peuvent pas avoir leur  propre idiosyncrasie pour percevoir ce qu'ils entendent. Cela nous rapproche l'un et l'autre de  la musique que nous jouons actuellement.

Sur certaines images visibles sur votre profil Facebook, nous pouvons voir le groupe  jouer dans les bois, habillé en prêtres, rappelant la tenue adoptée par Sun O))), est-ce  un rituel pour être en communion avec la nature (je pense aussi au titre « The Earth »  qui semble explorer cette thématique) ?

Bonne question avec une seule bonne réponse : C'est ce que tu veux que ce soit.

Quels sont les instruments traditionnels que nous pouvons entendre sur « Drift In Deep Space » ? Est-ce du Didgeridoo ou quelque chose s'en rapprochant ?

Tout d'abord, je tiens à dire qu'il n'y a aucun synthétiseur et seulement un sample sur l'album : la transmission radio de Youri Gagarine à son centre de contrôle lors de son  premier vol dans l'espace sur « Outward The Sky ». Tout le reste est réel et naturel. Il n'y a  pas de Didgeridoo sur « Drift In Deep Space », il s'agit de notre batteur en train de produire  une espèce de chant avec sa gorge. Il y a aussi une flûte dont personne d'entre nous ne sait  réellement jouer...Mais je pense que nous avons pu en tirer les sons qu'il fallait pour ce  morceau. Si tu écoutes attentivement le reste de l'album, tu peux aussi entendre une « boule  chantante », c'est à dire le son produit par notre chanteur qui s'agite dans tous les sens,  émettant des sons rappelant un carillon à vent ou un nunchaku.

Aimez-vous l'art (sculpture, constructivisme) de l'ère soviétique ? L'illustration ornant la pochette de votre album semble s'en inspirer.

Je ne peux pas affirmer que nous en sommes complètement fans mais l'art et la culture soviétique sont une influence oui. Pense ce que tu veux à propos du socialisme et du communisme mais dans notre pays cela a inculqué à des gens un idéal qui a laissé des traces  de nos jours. Malgré tous ses mérites, le capitalisme a aussi créé une société consumériste et  apathique qui ne peut se soucier d'avoir une meilleure image. Il est facile d'être un trou du  cul cynique de nos jours alors croire aux progrès de notre civilisation et en son avenir  inévitable parmi les étoiles est le plus précieux.

Pourquoi avez-vous signé sur Temple of Torturous qui est un label plutôt porté sur le black metal ? Avez-vous des accointances avec ce style musical ?

C'est difficile de trouver un label qui se soucie de toi et Temple of Torturous nous soutient. Ils ont aimé notre musique et déploient des efforts pour nous faire connaître. Le style de musique pratiqué a peu d'importance, il faut juste travailler avec quelqu'un qui croit en nous.

Vous semblez avoir des projets de dates en Europe pour 2015.  Pouvons-nous en  savoir plus sur ces dates ? Avez-vous le projet de venir en France ?

Si tu savais ! Aurais-tu quelques suggestions ? Plus sérieusement, nous adorerions visiter la France et d'autres pays par la même occasion, tant que notre musique ne tombe pas  sur des oreilles sourdes. C'est juste que nous n'avons pas beaucoup de contacts en dehors de la Russie, donc nous devons rechercher activement des offres sérieuses pour tourner. Fais- nous signe si tu as des connaissances pouvant nous aider !

Quelque chose à dire aux auditeurs et lecteurs de La Grosse Radio ?

Quoi que vous faites, visez les étoiles ! Ne vous épuisez pas à revenir cependant, quoi que...

                                                                                                                         Merci à Guillaume Roche

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