Dushan Petrossi, leader de Magic Kingdom

"Le metal est le genre le plus lié avec la musique classique"

Il a fallu attendre cinq ans pour avoir un nouvel album de Magic Kingdom. Dushan Petrossi, compositeur et guitariste du groupe, a expliqué à La Grosse Radio les raisons de cette attente et a aussi détaillé le processus créatif de Savage Requiem, ainsi que ses influences, notamment émanant de la musique classique.

Bonjour Dushan et merci de nous accorder cette interview. Savage Requiem sort cinq ans après Symphony of War. Pourquoi autant de temps entre deux albums ?

Suite au deal avec le label AFM pour Iron Mask, mon autre groupe, je m'étais plus concentré dessus. Magic Kingdom ne s'était pas séparé, loin de là. Je voulais m'y remettre et maintenant, c'est Iron Mask qui est en pause et je me concentre surtout sur Magic Kingdom.

Du coup, peut-on s'attendre à des sorties plus rapprochées pour Magic Kingdom ?

Oui, maintenant qu'on a aussi signé avec AFM pour Magic Kingdom, on va essayer de moins espacer les sorties. Cinq ans, c'est quand même long ! Ca peut être compliqué parce qu'il faut bosser sur un nouvel album chaque année, mais, je touche du bois, l'inspiration est encore là ! [rires]

Quelles sont tes impressions sur Savage Requiem après l'avoir fini ?

Je suis vraiment content du mix, cet album a un super son. Je trouve qu'il sonne même plus gros que le dernier Iron Mask, alors que c'est le même mec qui l'avait mixé. C'est assez différent d'Iron Mask, plus speed, plus symphonique, moins hard rock. Je souhaite surtout rester fidèle à mes envies, si je devais écouter les gens, je ne saurais pas quoi faire, entre ceux qui ne sont pas contents quand on change de style et ceux qui s'énervent quand on reste sur la même lancée.

Savage Requiem a été écrit assez rapidement en fait, vu que Fifth Son of Wintermoon d'Iron Mask est sorti l'année dernière.

J'avais commencé à écrire "Guardian Angel" en 2013, juste à la fin des sessions d'Iron Mask, le reste a été écrit en janvier 2014. C'est vrai que ça a été écrit assez rapidement, en trois-quatre mois. Le contrat et le mix ont pris plus de temps ensuite.

Magic Kingdom

Tu écris tout pour Magic Kingdom et Iron Mask. Comment sais-tu à quel projet une idée correspond le mieux ?

Je ne sais pas, ça se décide tout seul. Pour Magic Kingdom, c'est plus speed, les fans sont plus radicaux. Du coup, si je mets un peu trop de mid tempos ou de hard rock, les fans ne vont pas être contents. La différence est là, dans Iron Mask, j'y mets plus d'éléments autres, même FM parfois. Magic Kingdom me permet d'aller chercher dans la musique classique et baroque, du coup, je peux vraiment me lâcher sur les arrangements. Ce sont deux mondes différents.

Du coup, as-tu aussi une manière différente de mener tes projets ?

Maintenant, avec la proximité des membres de Magic Kingdom, on est vraiment un groupe uni qui veut tourner. Avant, les musiciens avaient tendance à considérer ce groupe comme un projet parallèle. C'est difficile de gérer des musiciens qui sont à droite à gauche, chacun avec son groupe.

Savage Requiem est le premier album de Magic Kingdom avec Christian Palin. Parle-nous de votre rencontre.

En fait, je cherchais un chanteur pour Iron Mask, mais on a finalement décidé que sa voix correspondait mieux à Magic Kingdom et que Mark Boals resterait le chanteur d'Iron Mask jusqu'à nouvel ordre. Je n'ai rien contre Mark Boals, mais la distance complique le processus, du coup, on reste sur cette formation pour l'instant. Je connaissais déjà Christian parce qu'il avait déjà chanté dans Adagio. J'aime bien son timbre et je ne regrette pas ce choix. On a enregistré ensemble en studio, à l'ancienne, pas via internet. Je lui avait envoyé des enregistrements de ma voix un peu avant pour qu'il puisse se les approprier, mais on a tout fait ensemble. Tu ressens vraiment plus la passion quand le mec chante en face de toi et c'est beaucoup plus rapide pour communiquer. Et on s'est bien entendus.

Dans la chanson "Ship of Ghosts", tu reprends l'Hymne à la joie dans le solo, pourquoi ?

J'avais ça en tête depuis des années, mais je ne savais pas dans quel morceau le mettre. C'est une super mélodie joyeuse. Je ne sais pas vraiment pourquoi je l'ai mise dans ce morceau. Il n'était pas censé être joyeux au départ, mais je m'en suis rendu compte qu'il l'était en l'enregistrant. A la base, je ne voulais pas de solo, juste cette mélodie, mais j'en ai quand même collé un après, c'est un défaut qui revient tout le temps ! [rires]

Parle-nous de l'influence classique dans Savage Requiem.

Il y a pas mal de passages de Bach qu'on a repris dans l'album. On ne reprend jamais note par note, mais plus le style du compositeur. Après, ça change avec les superpositions de guitare et tout ce que j'ajoute, ce qui fait que tu n'entends quasiment plus la base classique, mais ce genre inspire souvent pour l'ossature des morceaux.

Dushan Petrossi

Quels sont les liens entre le metal et la musique classique selon toi ?

Il y en a beaucoup. Je pense que le metal est le genre le plus lié avec la musique classique. Tout part de là, dans tous les genres, que ce soit le jazz ou le blues, mais c'est encore plus probant dans le metal, que ce soient les progressions d'accords, les mélodies, les harmonies, les superpositions, les arrangements… Il y a toute une méthode de travail qui vient du classique. Les gens qui critiquent le metal sont des ignorants. On devrait en entendre bien plus à la radio ou à la télévision. Cela dit, on entend du classique que la nuit à la radio. Mais quand tu mélanges metal et musique classique, c'est encore pire ! [rires]

Parlons du titre, Savage Requiem, encore une référence à la musique classique ?

C'est toujours ce que j'essaie de faire dans mes titres d'albums. C'était le cas avec Metallic Tragedy. La tragédie est une forme de théâtre classique, dans ce disque il y avait cinq chanteurs, mais on l'a transposé dans le metal. Savage Requiem est dans la même optique, on mélange l'aspect musique classique avec le requiem et l'aspect metal avec le côté sauvage. Concernant la chanson "Savage Requiem", malgré son titre, c'est un morceau positif qui te dit de vivre ta passion à fond, car tu ne sais pas ce qui pourrait t'arriver demain. Les paroles s'articulent autour de ça. La mort est autour de nous, chaque année, on perd quelqu'un qu'on connaît. Du coup, il faut vivre sa vie et en profiter.

Est-ce qu'une tournée est dans les cartons ?

Il y a quelque chose qui se profile en automne. Pour l'instant, je ne peux pas en dire plus, on n'a pas encore les autres groupes avec qui nous devons tourner, mais j'espère bien qu'on passera par la France !

Comment comptez-vous adapter les morceaux en live ?

On va faire en sorte de mettre en avant le groupe. En concert, il faut garder la puissance de basse-guitare-batterie. Certains groupes mettent des tonnes de samples et de choeurs, mais pas moi. Quand je compose un morceau, je ne mets jamais la symphonie au premier plan. C'est bien d'avoir des intros, mais quand un groupe met le paquet là-dessus, ça devient vite une soupe en live… Tant mieux s'ils arrivent à gérer, mais d'expérience, je sais que c'est difficile de faire un bon mix en live, du coup, c'est inutile de faire des tartines de samples. Du coup, si on a un problèmes avec ça, le morceau peut continuer sans que la chanson perde son effet. 

close

Ne perdez pas un instant

Soyez le premier à être au courant des actus de La Grosse Radio

Nous ne spammons pas ! Consultez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.



Partagez cet article sur vos réseaux sociaux :

Ces articles en relation peuvent aussi vous intéresser...

Ces artistes en relation peuvent aussi vous intéresser...