L. Chuck D., leader de Ghusa

Alors que ghUSa, formation française de death metal hommage à la scène suédoise, est sorti de son mutisme cette année, dévoilant une retrospective de ses 25 ans de carrière, nous avons interviewé son leader et seul membre permanent, L. Chuck D. Ce dernier est revenu sur l'histoire mouvementée du groupe, sur la compilation évoquée précédemment, sur la scène française qu'il connait particulièrement de par son implication dans le milieu du metal depuis la fin des années 80, ainsi que sur ses projets à venir, le tout sans langue de bois et avec sincérité et simplicité. 

Bonjour Chuck. Merci de nous accorder cet entretien pour La Grosse Radio. Cela fait désormais 25 ans que le groupe existe et tu en es le seul membre permanent. Peux-tu présenter le groupe à nos lecteurs qui ne vous connaissent pas ?

J’ai créé ce groupe en 1989 quelque part en Allemagne sous la forme d’un trio dans lequel je tenais le rôle de guitariste/vocaliste. Jusqu’en 1992, nous avons enregistré quelques répétitions et effectué quelques concerts sans toutefois saisir sur bandes magnétiques un de nos morceaux. Cette année et celle où je suis arrivé en France. J’ai passé mon temps à chercher des musiciens et dès que possible nous sommes entrés en studio  afin d’y capter nos toutes premières œuvres musicales, ce qui deviendra le Promo Tape. Ensuite il y a eu énormément de variations au sein du line up, mais j’ai tout de même réussi à enregistrer un Ep et un Lp que tu retrouves tous deux dans le coffret sorti cette année. J’ai eu la chance d’intégrer des formations dans lesquelles j’ai pris énormément de plaisir. De plus je ne suis pas quelqu’un qui peut faire les choses à moitié, je me donne toujours à 100 % dans tout ce que je fais. Je n’avais donc plus de temps à consacrer à ghUSa bien que cela ne m’ait jamais empêché de continuer à composer. La vie et les rencontres ont fait le reste, me voici de retour avec ma formation d’origine

Le line up actuel est composé de musiciens ayant intégrés la formation très récemment. Comment les as-tu rencontré et est-ce difficile de jouer ce style de musique avec un groupe stable et motivé ?

Il ne faut pas aujourd’hui considérer ghUSa comme étant un groupe dans le sens commun du terme, mais comme une famille. Chacun de mes musiciens possède un groupe principal et a un remplaçant pour permettre à ghUSa de s’exprimer en live pendant leurs absences. L’important c’est que l’auditeur s’y retrouve et ne voit pas de différences entre les divers intervenants scéniques. Toutefois pour revenir sur la première partie de ta question et sur le recrutement des gars, tout s’est fait par des hasards. Je ne te donnerai qu’un seul exemple du comment tout ceci est arrivé. Un matin face à ma tasse de café je regarde des live sur YouTube, et j’ai eu un coup de foudre pour un guitariste. Sa présence, sa prestance, son touché tout chez lui me paraissait incroyable. J’ai mis deux heures à trouver son numéro de téléphone afin de lui demander de partager un bout de chemin à mes côtés. Il aura tout de même fallu que je me déplace à Lille pour le rencontrer et l’assurer de mes bonnes intentions. Je viens de te narrer le recrutement de Fred PATALAS (W.I.L.D., One Eye Dollars, Blood Troopers) mais je pourrai faire de même pour Vincent BIGAILLON (guitare, W.I.L.D.), Heimdall (basse, DunkelNacht) qui sont aujourd’hui les trois membres permanents de ghUSa. Au moment où je t’écris ces quelques lignes nous fonctionnons encore avec des batteurs de session comme Boban TOMIC (Kause 4 Konflikt) & Pyromancer (Architect of Seth), mais cela pourra évoluer dans le temps.  Car je me suis souvent trompé dans ma recherche de musiciens en tentant de trouver des acteurs déjà inscrits dans la mouvance death metal Suédois, alors que la solution était tout autre. Je m’entoure de gens passionnés et passionnants.

Vous venez de sortir une compilation de votre carrière, qui comporte outre votre album de 2006 (Letter to my Son) l’ensemble des titres que vous avez sortis, qu’il s’agisse de démos, ou de titres parus sur des EP. Vous présentez même de nombreuses reprises. Peux-tu nous dire comment cette opportunité a vu le jour ?

Avant toute chose il n’est pas tout à fait exact de dire que tous les titres sont présents dans cette compilation, j’ai dû amputer Letter to my Son’s de deux titres pour des raisons techniques et j’ai encore quelques raretés qui sont difficilement exploitables mais existantes.
Mais il y a un peu plus de deux ans pour des raisons sur lesquelles je ne m’étendrai pas, j’ai décidé de mettre un terme à ma carrière de musicien. Mais visiblement certains de mes compères n’étaient pas du tout en phase avec cette décision. Dans un premier temps ils m’ont demandé l’autorisation de ressortir l’album de 2006 qui, d’après eux, n’avait pas eu la distribution qu’il méritait. J’ai décliné leur offre, mais le Ch’ti est têtu ! Pendant des mois ils m’ont harcelé de gentillesse et j’ai fini par dire oui. Que n’avais-je pas fait ? Ils ne m’ont pas lâché jusqu’à ce que j’adhère à l’idée d’enregistrer de nouvelles reprises et compositions. Un an après le tout était dans la boite et c’est en cela que me dois de rendre hommage à Raph Pruvot et Geoff de Great Dane Records, puisque sans eux cela n'aurait pas été possible.

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Comment avez-vous choisis les titres de reprises que vous présentez sur cette compilation ?

Nous sommes officiellement un groupe hommage à la scène Suédoise des années 90 et nous l’assumons intégralement. Le choix s’est uniquement porté sur nos goûts personnels et pas forcément sur les titres les plus connus des formations choisies. J’accorde toutefois que nous n’avons pas pris de risque sur les sélections de groupe, mais nous voulions absolument tenter de faire connaître les formations responsables de la genèse du mouvement. Nous jouons d’autres reprises sur scène comme Slayer ou encore Bloodbath et je ne sais pas encore si un jour elles termineront sur une galette, mais ce que je puis te dire c’est que nous travaillons à l’heure actuelle sur d’autres covers.

Votre cassette promo de 1994 est même dispo sur le CD 2 du coffret, mais sans découpage des morceaux et aucune retouche en ce qui concerne le mix. En quoi était-ce important pour toi de garder cet aspect brut des débuts ?

L’enregistrement est la trace indélébile de ce que tu as été à un moment de ta vie artistiquement parlant. Je les ai voulus comme cela au moment où je les ai écrits et il était effectivement très important pour moi qu’ils soient restitués dans leur « jus ». Mais nous avons tout de même refait un remastering permettant de retravailler le spectre d’écoute, et pour cela je rends hommage à Jipouille de St Loup qui nous a fait un travail absolument extraordinaire en termes de remastering, mais également sur la captation et le mixage de « Come Sweet Death », l’Ep inclus dans le coffret.

Votre son est souvent qualifié de Death Metal à la suédoise. Selon toi, en quoi cette scène se distingue-t-elle par rapport à la scène US, et pourquoi as-tu jeté ton dévolu sur ce style de Death lorsque tu as monté le groupe ?

Pour être honnête avec toi lorsque j’ai formé ghUSa en 1989 je ne savais absolument pas ce que je faisais comme style musical. Les bases étaient bien là, mais ce n’était pas un geste réfléchit, c’était ce que je ressentais, ce que je voulais faire. Puis, dans cette grande époque du Tape Tradding je me suis rendu-compte que ma musique possédait énormément d’accointances avec les groupes fondateurs du genre comme Nihilist, Dismember, Entombed et consorts. Par contre ils possédaient un son inimitable que j’aurais mis 25 années à comprendre. Je me suis souvent posé la question de savoir comment on pouvait avoir l’idée de devenir violoncelliste ? Cet instrument est probablement le plus ingrat d’une formation classique. Intransportable, extrêmement difficile à maîtriser, moins reconnu dans son genre que le violon qui sera l’élément de prédilection reconnu par le public. Et je n’ai trouvé comme réponse que la fièvre te prenait un jour sans que tu comprennes réellement ni le pourquoi ni le comment. Je suis intimement persuadé qu’il en est de même pour le Death Metal, tu ne le choisis pas, il s’impose.

Vous avez tourné un clip pour le morceau "Genocide". Comment as-tu vécu cette expérience ?

Incroyable ! Tout bonnement. Déjà il s’agit d’une histoire de famille puisque c’est ma sœur qui a tourné et monté ce clip, après l’avoir écrit bien entendu. Mais le lieu de tournage est tout bonnement ahurissant car il s’agit d’une des églises de Sains en Gohelle (62) ; dont je tiens à remercier la mairie ; ce qui nous allait comme un gant étant donné la thématique particulière de ce morceau. C’est le premier clip officiel de l’histoire de ghUSa, et je suis très fier du résultat.

ghUSa a joué récemment à Paris en première partie de Loudblast. C’était votre premier concert dans la capitale depuis 18 ans. Pourquoi avoir attendu tout ce temps et que retiens-tu de votre prestation et de l’accueil qui vous a été réservé ?

Ce n’est pas la première fois de ma carrière que j’ouvre pour Loudblast et c’est toujours un immense plaisir. Mais cela ne répond en rien à ta question j’en suis tout à fait conscient. J’ai passé 14 ans à chercher un line-up stable en Ile-de-France, mais sans grand succès. Et même si à l’époque je tenais le poste de guitariste/chanteur, il m’était tout de même impossible de donner des concerts en One Man Band. Cette prestation n’aurait pu avoir lieu sans Sigma Music Event que je remercie tout particulièrement de nous avoir permis de revenir dans de telles conditions dans la capitale.

Et pour la deuxième partie de ta question je tiens à dire que nous savions tous qu’il n’était pas évident d’ouvrir en début de soirée au Divan du Monde, mais nous avons accepté le défi. La captation vidéo qui en été faite nous permet de constater que nous avons réussi notre pari. Je suis très satisfait du travail donné par la formation et des réactions du public, avec l’espoir non dissimulé de remettre le couvert avec les gars de Loudblast.

Peut-on désormais s’attendre à vous voir plus souvent sur scène ?

Nous avons ouvert pour Brutal Rebirth, pour Mercyless et pour Loudblast cette année, il serait tout de même dommage de s’en arrêter là. Il manque encore certains grands noms du metal français pour que nous soyons comblés et je ferai tout mon possible pour que tout à chacun puisse nous voir dans les meilleures conditions possibles. Entre nous soit dit, il est de toutes façons difficiles de faire pire qu’un concert tous les 18 ans, alors je pense pouvoir répondre par la positive sur l’accélération de notre cadence live.

Avec près de 25 ans passés dans le milieu, dans ghUSa ou après ton expérience en tant que vocaliste de No Return il y a quelques années, quel regard portes-tu sur la scène Metal française ?

Le metal français est extrêmement riche et ce quel que soit le style. Pendant une trop longue période nous nous sommes égarés dans l’individualisme et je suis heureux de voir que la solidarité et la camaraderie refont surface dans notre milieu. A mon sens cela ne peut être que le seul mode de fonctionnement. Pour mieux comprendre ce dont je parle je vais l’imager. Une association locale me fait jouer dans des conditions très agréables, comme toutes les autres elle a des difficultés financières et nous voyons le nombre d’organisateurs baisser journalièrement. Dans un deuxième temps je connais des groupes qui cherchent des plateaux et rien ne m’empêche de faire l’intermédiaire entre ces deux acteurs indissociables, et nous voici avec une affiche incroyable avec Mercyless et Architect of Seth qui joueront ensemble à Sens (89) par l’intermédiaire de Louve Asso. Et que peut-on attendre de mon intervention ? Simplement du plaisir, et je suis certain que j’en prendrai. Aujourd’hui, mis à part quelques groupes pédants, nous sommes revenus dans une période de partage malgré le contexte économique très difficile.

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Quels sont vos plans pour le futur ? Un nouvel album ? Tourner au maximum ?

La vie m’a appris qu’il ne fallait pas tirer de plan sur la comète dans les milieux artistiques et en particulier dans le metal. Nous sommes désireux de faire perdurer l’aventure le plus longtemps possible, mais je n’oublie en aucun cas que ceux sont les lecteurs qui choisissent. Sommes-nous à l’abri d’un retour du Grunge qui viendrait de nouveau porter l’estocade au Heavy et au Death Metal ?
Alors oui, nous travaillons à l’heure actuelle sur le futur album de ghUSa qui sera composé de nouveau de titres originaux et de reprises de nos pairs (mais en des proportions moindres). Le titre est choisi, la plupart des morceaux sont écrits, le studio est réservé, l’artiste pour la pochette a été contacté, mais le chemin est encore long et je ne me permettrais pas de te donner une date de sortie, la seule chose que je puisse te dire c’est qu’il verra le jour.

Merci pour cet entretien Chuck. Nous te souhaitons le meilleur pour la suite. Un dernier mot pour nos lecteurs ?

J’ai passé 25 ans sur scène et en studio, mais je n’oublierai jamais à qui je le dois. Je remercie donc de tout mon cœur tes lecteurs pour cet incroyable cadeau qu’ils m’ont fait pendant ce quart de siècle, en espérant qu’ils me laisseront encore quelques belles années de partage.
Et n’oubliez pas que Dieu nous hait tous !

Merci à toi !

Entretien réalisé par mail en Août 2015
Merci à ghUSa et à Chuck.
Photographies promotionnelles : DR

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