Winston McCall, chanteur de Parkway Drive


A quelques jours de la sortie d'IRE, nous nous sommes entretenus avec Winston McCall l'homme derrière le micro du quintet australien Parkway Drive. Plus qu'un groupe de metalcore, Parkway Drive ne se met pas de barrières sur ce nouvel album et risque bien d'atteindre de nouveau sommet. Quand à Winston McCall, il fait partit des frontmen les plus volubiles du milieu et c'est un plaisir de discuter avec lui.

Bonjour Winston et bienvenue sur La Grosse Radio, c’est un plaisir de te recevoir à quelques jours (ndlr, cette entrevue à eu lieu le 7 Septembre dernier) de la sortie d’IRE. Comment te sens-tu ?

Excité (rires). C’est un très long processus, l’album est enregistré depuis un petit moment maintenant, il y a déjà deux morceaux que nous avons sortis et c’est donc l’excitation qui domine actuellement dans le groupe. Nous sommes impatients que le monde découvre IRE !

IRE est très diffèrent de ce à quoi on peut s’attendre d’un album de Parkway Drive. Comment penses-tu que le public va réagir ?

Je pense que comme pour toute œuvre artistique, l’accueil sera partagé entre ceux qui aiment et ce qui n’aiment pas. Nous sommes fier de cet album alors tout ce que nous espérons c’est que le public lui laisse une chance. En fait, nous savons déjà que certaines critiques vont être émises et c’est le lot tous les groupes dont le son change et évolue d’un album à l’autre. Certaines personnes n’aiment pas le changement dans ce qu’ils écoutent donc ils s’attendent à ce que chaque album soit un copier-coller de ce à quoi ils s’attendent. Nous écrivons la musique que nous aimons et on espère que les gens vont l’aimer en fait (rires).


Prendre un pas de recul vis-à-vis du metalcore pour évoluer sur un son plus type heavy est quelque chose que vous vouliez ou c’est arrivé pendant le processus d’enregistrement ?

C’est quelque chose que nous voulions absolument. Ce n’est pas que nous n’aimons pas ce que nous faisions avant, nous aimons toujours nos morceaux mais au moment où nous avons commencé à réfléchir à ce nouvel opus et bien après 10 ans à écrire des titres metalcore, nous pensons avoir fait le tour de notre créativité dans ce style. Et il était hors de question de sortir un nouvel album juste pour faire du metalcore et avoir un Deep Blue 2.0 ou un Atlas 2.0. Notre créativité était portée sur quelque chose de nouveau alors cela nous a semblé naturel de faire évoluer notre son. Le voyage strictement metalcore de Parkway Drive est terminée mais cela n’empêche pas que l’identité d’IRE bénéficie encore des influences du passé.

De quelle façon se construit un morceau de Parkway Drive ? Est-ce que vous faîtes un jam ou vous construisez autour d’une idée de base ?

Un peu des deux en fait. Généralement nous écrivons à trois, Jeff (Ling, guitare), Ben (Gordon, batterie) et moi-même. Tout commence avec un riff de Jeff autour duquel nous construisons la partie rythmique. Mais avec IRE, vu que l’idée était de créer quelque chose de tout nouveau, un titre pouvait très bien commencer avec une rythmique de batterie, un riff ou une ligne de chant. Je pense sincèrement que nous étions obligés de changer notre façon d’écrire par rapport aux précédents albums parce que sinon, cela aurait été catastrophique. Ce sont toujours les mêmes personnes qui écrivent mais le processus est différent pour que chacun sorte de sa zone de confort.

"Vice Grip" est un morceau typiquement “singalong” et le public semble y réagir très bien en live, es-tu d’accord ?

Totalement ! En fait, "Vice Grip" a été écrite parce qu’elle possède en partie le son classique de Parkway Drive et en même temps des éléments nouveaux qui annoncent clairement qu’une nouvelle ère va commencer. Et puis clairement, c’est un titre qui fonctionne parfaitement live. Nous l’avons joué pour la première en France si je n’abuse (effectivement, Vice Grip a été jouée pour la première fois de la tournée à Lille) et à la fin de la tournée, c’était la chanson la plus attendue par le public. Comme quoi le changement à l’air de plaire (rires).


"Crushed" est un gros coup de poing vers ceux qui n’hésitaient pas à enterrer Parkway Drive. Est-ce que c’est quelque chose que vous vouliez que le public expérimente avant la sortie de l’album ?

Comme avec "Vice Grip", on voulait que les titres qui annonçaient la sortie de l’album soit assez étranger aux attentes du public. Les changements sont encore plus grand sur l’album alors cette transition via les deux singles se fait un peu plus en douceur on va dire (rires). Après 4 albums, il y a une attente du public autour de la sortie d’un nouvel album de Parkway Drive pour le meilleur comme pour le pire et notre objectif avec "Vice Grip" puis "Crushed" était de rendre l’attente du public encore plus insoutenable !

Après "Vice Grip" et "Crushed", quel titre sera le prochain single ou le prochain clip ?

Aucune idée, nous n’en avons même parlé puisque l’objectif était de sortir deux titres et deux clips ce qui est déjà fait. C’est aussi la première fois que nous sortons deux clips avant la sortie de l’album. Je peux te dire que c’est déjà assez fou comme ça pour nous (rires). Je pense qu’on va attendre, juger les réactions du public et voir si on réfléchit à la question.

Quel était l’état d’esprit quand vous avez écrit des titres comme "Writing On The Wall" et "A Deathless Song" ? On y retrouve des éléments semblables à "The River" mais en explorant encore plus avec par exemple les violons et le piano. C’est donc assez nouveau pour Parkway Drive, non ?

Totalement. "Writing On The Wall" est un titre que j’ai enregistré tout seul pour commencer en tapant des mains, parce que je ne sais pas jouer de guitare, à six heures du matin essayant de ne pas réveiller ma femme (rires). C’est la première fois que j’arrive au studio avec un titre à faire écouter aux gars, je lance le morceau et je vois sur leurs visages un immense « What the fuck is this ! ».
Heureusement pour moi, sur IRE nous nous sommes interdit de nous mettre des barrières et je pense que ce morceau apporte réellement quelque chose de plus au niveau des paroles notamment. Pour ce titre, il fallait trouver le juste milieu pour que ça marche et nous avons mis énormément de temps à tel point qu’il a failli passer à la trappe lors du tracklisting final puisque nous ne l’avions pas terminé. Finalement, dans les deux derniers jours l’inspiration est revenue et je suis fier que "Writing On The Wall" soit sur IRE. Ces deux morceaux ont été une énorme source de stress pour moi parce que ma façon de chanter est différente de tous ceux qu’on a pu faire auparavant.
 


Est-ce qu’IRE est une suite d’Atlas sur les paroles ?

Oui, dans le sens où j’écris des chansons sur le thème de la colère (rires). IRE est un album particulièrement noir de ce côté-là et ça se voit rien qu’à son nom (ndlr, IRE veut dire colère). Il y a deux chansons sur l’album qui sont positives, "Vice Grip" et "A Deathless Song" sont aussi moins poétiques que d’habitude. J’ai voulu que le texte soit plus direct, plus compréhensible et c’est aussi pourquoi le chant ressort plus afin que les paroles soient mémorisables dès la première écoute.

Avez-vous envisagé à un moment d’inviter quelqu’un sur un titre ?

Nous avons eu des idées, malheureusement je ne peux pas t’en dire plus. Finalement cela ne s’est pas fait et cela m’a forcé à expérimenter beaucoup plus sur ma voix.

Une des choses qui ressort le plus à l’écoute d’IRE est l’importance prise par les riffs de Jeff dans le mix. De même, chaque instrument semble avoir plus d’espace d’expression qu’auparavant. Est-ce que cela va avec la nouvelle direction de Parkway Drive ?

Plus d’espace, bienvenue dans le concept de ce nouvel album (rires). Nous sommes concentrés sur les éléments qui ont fait le succès de Parkway Drive pour les rendre plus puissant et plus visible par l’auditeur. Nous nous sommes rendus compte que l’attrait de notre musique ne venait pas du chant comme très souvent, parce que je ne suis pas un chanteur, mais que tout vient de Jeff et sa guitare. Et c’est pour cela qu’effectivement la guitare est l’élément principal de la mélodie sur IRE. Cela marche aussi dans l’autre sens, parfois l’accent est mis sur le chant parce que le message est important. Lors de nos premiers albums, tout était étouffé dans le mix alors que cette fois nous avons essayé de varier pour donner tour à tour l’accent à un élément de la musique.

Au final, voir Parkway Drive faire une reprise de Rage Against The Machine prend tout son sens quand on écoute l’album. Peux-tu dire que Rage Against The Machine est l’influence principale d’IRE ?

Pas tant que ça. Effectivement il y une part de Rage Against The Machine tout simplement parce qu’ils ont créés un son indentifiable entre mille et que nous sommes tous les cinq des grands fans mais c’est plus un album ou nous avons pris des idées vraiment partout, utilisant ce qui marchait pour nous mais aussi des concepts utilisés par d’autres que nous trouvions intéressant. Je pense que nos influences sont plutôt dirigées vers des groupes plus anciens que vers des groupes récents.


Parlons maintenant du titre "Dedicated" qui au vu des paroles semble être sur l’histoire du groupe et en même temps le morceau le plus violent de l’histoire de Parkway Drive.

Nous voulions que cette chanson soit très violente parce qu’en fait, c’est le seul morceau d’IRE qui a sa place sur tous nos précédents albums, même sur Killing With A Smile. En fait l’écriture a commencée avec un breakdown écrit par Jeff comme on le faisait sur nos premiers albums, puis on s’est dit que c’était fun d’écrire aussi un titre comme cela donc on a continué pour ce résultat final. Pour les paroles, vu que le titre se rapproche de nos toutes premières créations, écrire sur tout ce que l’on a vécu depuis la création de Parkway Drive est très vite devenu une évidence. Très souvent, on s’est retrouvé avec des bâtons dans les roues parce que nous n’étions pas assez metal, pas assez hardcore, trop ceci, trop cela, etc, et c’était fatiguant. Au final, nous avons fait notre bonhomme de chemin et nos concerts n’ont jamais été aussi remplis que maintenant. Souvent on me dit en interview « Comment fais-tu Winston pour être aussi souriant, aussi cool avec tout le monde ? » et je suis interloqué par cette question. Je suis juste moi-même, nous sommes nous-même sur scène et c’est normal d’être cool, souriant pour un public qui a payé pour venir te voir non ? 

L’évolution du chant sur cet album est impressionnante, est-ce un moyen pour toi de montrer que tu es capable de tout faire ?

Plus que montrer que je sais tout faire, c’est tout simplement parce que je me suis éclaté à le faire. Pour tout te dire, c’est la première fois que je prenais des cours de chant pour un album. Avant ça, je suis allé voir un médecin pour faire un état des lieux de mes cordes vocales et j’étais effrayé parce ce qu’il allait me dire. Quand il a fait entrer la caméra pour les regarder, je me suis vraiment attendu au pire parce que cela fait dix ans que je crie dans un micro tous les soirs sans faire attention à quoi que ce soit. Au final, mes cordes vocales sont en parfait état, je suis bien chanceux (rires). J’ai donc décidé d’apprendre de nouvelles choses après cette bonne nouvelle tout en utilisant ces techniques de manière à ce que le son Parkway Drive subsiste et que ma façon de chanter ne devienne pas un frein à l’écoute des morceaux.
Ma professeur m’a tout appris comme si j’étais un débutant en chant parce que je ne savais absolument rien faire, et j’étais le premier surpris de tout ce que je pouvais réaliser avec de l’entraînement et des techniques appropriées.

La tournée pour supporter IRE commence en Australie avec Thy Art Is Murder, Memphis May Fire et The World Alive puis aux USA avec Miss May I, Thy Art Is Murder et In Hearts Awake et enfin en Europe avec Architects ou Bury Tommorow et Thy Art Is Murder. Comment te sens-tu à propos de partir en tournée avec tous ces groupes ?

Comme tu peux voir, on n’arrivera pas à se débarrasser des mecs de Thy Art Is Murder vu qu’ils vont nous suivre sur toute la tournée (rires). Nous avons choisis des groupes que nous aimons et respectons un peu comme lors de notre dernière tournée avec les excellents Heaven Shall Burn. Auparavant nous tournions beaucoup avec des groupes typés exclusivement metalcore mais maintenant que notre son a évolué, nous avions envie d’autre chose, d’avoir différents types de groupes avec nous en tournée.

Vous faîtes des scènes de plus en plus grandes. Est-ce que les scènes vont continuer à grandir ou vous allez garder cette alternance avec des plus petites salles ?

Nous allons garder les deux. Le meilleur exemple pour cela est quand nous jouons dans notre ville natale de Byron Bay. C’est une petite ville qui n’a pas de salle de concert alors nous jouons dans le gymnase du lycée dans lequel nous étions étant jeune (rires).
 


Qu’est-ce que tu penses des groupes qui font payer pour des Meet & Greet? Est-ce que c’est quelque chose que Parkway Drive pourra faire un jour ?

Jamais ! Personnellement, et je pense que je parle au nom du groupe, j’adore rencontrer le public mais l’idée de faire payer les gens pour cela est complètement stupide. Nous sommes des gens ordinaires et personne ne paierai pour rencontrer son boulanger ou le disquaire du coin, non ?

Maintenant, parlons un peu plus de toi Winston ! Si Parkway Drive pouvait faire la première partie d’un groupe, qui voudrais-tu que ce soit ?

Slipknot ou Rammstein ! Ce sont, pour moi, les deux meilleurs lives à ce jour alors ce serait un plaisir pour nous.

Comment t’es-tu retrouvé sur "Coffin Drager" de Thy Art Is Murder ? Est-ce que tu reçois souvent des offres pour chanter sur un morceau ?

Assez souvent je reçois des offres mais j’ai rarement le temps en fait. Avec Thy Art Is Murder, c’est différent tout simplement parce que CJ (McMahon, chant) est un de mes vocalistes préféré et dès le moment où j’ai reçu la pré-production du titre, il m’était impossible de refuser.

A part faire du surf, militer pour l’éco-système et être photographié par ta femme, qu’aimes-tu faire durant ton temps libre ?

Je jardine, je lis et j’écoute de la musique. Je passe beaucoup de temps en extérieur pour prendre de l’avance sur toute cette période de tournée ou je serai dans un bus avec des gens qui sentent mauvais (rires).

Es-tu un grand fan de lecture ? Quels sont les derniers bouquins que tu as lu ?

J’ai plusieurs stades de lecture en fait. Je vais lire beaucoup pendant une période puis plus trop pendant quelques semaines. En ce moment, j’écoute les livres audio de Star Wars et tout ce qui ressemble de près ou de loin avec Star Wars tellement j’attends le nouveau film avec impatience.

Regardes-tu des series TV ?

Pas tant que ça. Nous regardons quelques épisodes en tournée mais je n’ai par exemple pas regardé les trois derniers épisodes de la dernière saison de Game Of Thrones.

Et maintenant la dernière, peux-tu nous donner tes cinq groupes ou artistes favoris ?

Quelle magnifique question ! Alors je vais te dire : Tom Waits, Nick Cave and the Bad Seeds, Bad Religion, The Gaslight Anthem et The Rolling Stones.

Merci énormément pour cette interview Winston, nous sommes impatients de vous voir en France en février prochain. Je te laisse les derniers mots !

Merci beaucoup (ndlr, en français dans le texte) pour cette interview, lancez-vous dans l’écoute d’IRE et j’espère que vous allez prendre autant de plaisir que nous. Nous sommes impatients de venir en France et surtout à Paris surtout après notre dernier concert sous un chapiteau (rires).

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