Chaos Heidi, chanteuse d’Asylum Pyre

"Il y a une volonté de notre part d'écrire des morceaux catchy"

A l’occasion de la sortie de Spirited Away, troisième album d’Asylum Pyre, la Grosse Radio a pu s’entretenir avec Chaos Heidi, la chanteuse de la formation. Nous sommes revenus sur les thèmes abordés au sein de l’album, ainsi que sur la campagne de financement participatif menée par le groupe récemment pour le clip « Only Your Soul ». Nous avons également discuté des projets de la chanteuse, de la possibilité de se produire dans un cadre acoustique ou encore des concerts à venir.

Bonjour Heidi, merci de nous accorder cet entretien pour la Grosse Radio.

De rien, merci à toi !

Nous allons parler de votre nouvel opus, Spirited Away, qui sort le 23 octobre prochain. C’est ton deuxième album en tant que chanteuse pour Asylum Pyre. En quoi ton implication au sein du groupe a évolué depuis Fifty Years Later (deuxième album d'Asylum Pyre NDLR) ?

Cette fois j’ai été là depuis le début, depuis le départ de la composition de cet album, donc forcément cela m’a accordé une place différente. A l’époque de Fifty Years later, quand j’ai intégré le groupe, tout était déjà écrit, on était à quelques semaines de l’entrée en studio. Là, nous avons eu une approche différente dans la mesure où suivre l’élaboration des morceaux depuis le départ permet d’avoir un plus grand champ d’action.

Spirited Away a été inspiré par le voyage de Chihiro, film de Miyazaki, dont le titre en anglais est justement "Spirited Away". Peux-tu nous en dire plus à ce sujet ?

Pour l’anecdote, cela fait trois ans que nous avons trouvé le titre de cet album. Il s’est imposé à nous juste après la fin de Fifty Years later. Nous avons eu une discussion avec Johann (Cadot, guitariste et membre fondateur d’Asylum Pyre NDLR), et en parlant de choses et d’autres, nous nous sommes mis à discuter des films de Miyazaki et du Voyage de Chihiro, dont le titre anglais est « Spirited Away ». A ce moment-là, nous nous sommes regardé et nous nous sommes dit que ce titre était parfait pour le prochain album. Nous avons donc fait un peu les choses à l’envers puisque généralement le titre arrive en dernier alors que là nous avons commencé par là. Puis cela faisait écho à certains textes de compositions qui étaient déjà en cours. Nous avons donc suivi ce fil conducteur et l’avons tenu. La référence à Miyazaki se situe surtout dans le titre de l’album, le morceau éponyme et l’introduction qui précède, « In Hayao’s Arms », puisque là nous avons même un clin d’œil musical à la BO du film. Pour le reste de l’album, les morceaux ne sont pas en lien avec Miyazaki, mais plus avec la notion d’esprit. Nous sommes partis sur une thématique autour de l’esprit humain et de ses tourments, ses aspects lumineux et plus sombres. C’est un peu ce qui a guidé l’écriture de ces nouvelles chansons.

Chaos Heidi, Asylum Pyre, Spirited Away,

L’artwork de l’album est très soigné. Comment les textes de l’album ont-ils inspiré cette pochette ? Qu’avez-vous cherché à faire passer comme message à travers ce visuel ?

Pour cette pochette, nous avons contacté Michaël de Mythrid Art car certaines de ses réalisations nous plaisaient bien. Nous lui avons donné pour seule consigne d’essayer de représenter un esprit visible dans un corps invisible (rires). Nous avons donc une pochette qui est beaucoup plus abstraite que les artwork que nous avons pu avoir par le passé et qui symbolise également la rupture et l’évolution par rapport aux albums précédents. Nous avons gardé cette figure féminine que l’on avait sur les autres pochettes, mais on l’a amené vers quelque chose de différent, d’abstrait où nous avons tenté de traduire visuellement les notions d’âmes et d’esprits.

Vous avez eu recours au financement participatif pour obtenir des fonds pour le clip de « Only your Soul ». Peux-tu nous parler de cette expérience ? Pourquoi ce choix ?

Nous avons voulu faire un clip car l’idée était là depuis longtemps, d’autant plus que nous ne l’avions pas fait sur l’album précédent. Nous avions des idées assez ambitieuses et sachant que toute chose a un coût, si nous avions bricolé de notre côté, le rendu n’aurait pas été réussi. Nous avons donc voulu nous en donner les moyens, mais seuls, cela n’aurait pas été simple car le groupe finance déjà beaucoup de choses. Nous nous sommes dit que le crowdfunding pouvait être utilisé, puisque nous connaissons beaucoup d’artistes de qualité qui y ont eu recours. Nous avons donc lancé la campagne et avons été très heureux de voir que le public nous avait très bien suivi. Nous avons rassemblé la somme rapidement et nous remercions infiniment tous les gens qui nous ont permis de faire ce que nous voulions avec les moyens dont nous avions besoin. 

Pour rester sur le clip, il semble que l’idée générale est une plongée nostalgique dans l’enfance de chaque membre du groupe. Comment avez-vous élaboré le scénario ?

Le thème de cette chanson, « Only your Soul », fait écho à l’enfance perdue, aux rêves et aux illusions que l’on abandonne lorsque l’on passe à l’âge adulte. Il y a cette notion de nostalgie que l’on peut avoir envers cet enfant que l’on n’est plus. C’est pourquoi, dans le clip, il y a ces dialogues, ces va-et-vient entre les personnages adultes et les enfants. Il y a ce personnage principal, que j’incarne, qui replonge dans le grenier de son enfance et qui retrouve des dessins qu’elle avait faits étant enfant. Puis nous pouvons voir la petite fille qu’elle avait été auparavant. Les autres personnages du clip viennent renforcer cet écho car nous avons d’autres adultes qui dialoguent avec leurs doubles-enfants, leurs mini-moi (rires). Le scénario a été construit en s’appuyant sur les paroles du morceau. Nous voulions quelque chose de très scénarisé, qui raconte réellement une histoire, plutôt qu’un clip traditionnel avec les membres du groupe qui jouent.

« At my Door » parle du sujet sensible de l’autisme. Qu’est-ce qui vous a inspiré de telles paroles ? Pourquoi vouloir sensibiliser le public sur ce sujet en particulier ?

Je ne sais pas si l’intention première était de sensibiliser le public, mais je sais que ce qui a inspiré Johann en premier lieu, c’est qu’il a été touché par ce sujet suite à une émission télévisée. Il connaît des personnes dans son entourage qui sont touchées par l’autisme et ce sujet lui a évoqué quelque chose. Il a eu envie de partager sa vision et d’écrire là-dessus. Il faut savoir qu’il a écrit ce titre en collaboration avec des personnes atteintes par le syndrome pour être le plus juste possible dans les émotions et le ressenti.

Coté compositions, on ressent l’envie de la part de Johann de composer des titres directs et catchy, dont les refrains entrent en tête à la première écoute. « Second Shadow » en est d’ailleurs un bon exemple, et ce n’est pas un hasard si elle ouvre l’album. Quelles sont vos influences et comment construisez-vous la tracklist de l’album ?

En ce qui concerne ta remarque sur les morceaux plus catchy, effectivement, il y a cette volonté de notre part. Sur l’album d’avant, il y avait certains titres qui sortaient vraiment du lot, comme « These Trees », qui avaient justement ce côté catchy. Nous nous sommes rendu compte que ce titre fonctionnait très bien en live et nous avions envie de faire un certain nombre de morceaux dans cette veine là, pour créer des sets très dynamiques, très immédiats, de façon à ne pas perdre les gens. Après, je ne pense pas que nous ayons une stratégie dans la façon de construire nos albums. Au début nous avions une vingtaine de titres de composés, il a seulement fallu faire un tri. C’est comme cela qu’on construit un ensemble dans lequel nous avons trouvé une certaine cohérence.

Asylum Pyre, Spirited Away, metal symphonique, Female metal,

A propos de cette tracklist, « Fly », qui est une ballade très atmosphérique, clôt l’album. Etait-ce une façon de conclure sur une note plus mélancolique, un peu comme un générique de fin ?

Oui, les choses peuvent être perçues comme cela, pourquoi pas. Il faut savoir que « Fly » est un morceau très différent du reste de l’album, même si en soit les morceaux sont tous assez variés et différents les uns des autres. Mais il aurait été difficile de caler ce titre-là à un autre endroit qu’à la fin. C’est une façon de conclure sur une note un peu différente et de donner la meilleure place possible à ce morceau qui risquait de tomber à plat s’il avait été positionné ailleurs dans l’album.

Didier Chesneau a, une fois de plus, produit votre album, mais il joue également de la guitare sur certains titres. Le considérez-vous comme un membre à part entière du groupe ? Quelle est sa place au sein d’Asylum Pyre ?

Il a pris une place plus importante entre l’album précédent et celui-ci, c’est indéniable. Quand il a travaillé sur Fifty Years Later, nous le connaissions seulement de nom et de réputation. Entre temps, nous avons appris à nous connaître. De son côté, il aime beaucoup ce que nous faisons, c’est pour cela que nous avons décidé de retravailler avec lui. Et quand nous lui avons proposé de faire les guitares sur l’album, il a accepté tout de suite, cela coulait de source ! Il nous a apporté beaucoup de choses. Il a joué tous les soli de l’album, il a participé aux arrangements… Après cela dépend de ce que l’on entend par « membre du groupe » (rires). A partir du moment où c’est une collaboration et où il a participé activement à l’album, il a fait partie de l’équipe…

Et concernant les concerts à venir ? Sera-t-il à vos côtés sur scène ?

Dès le début, nous avions cette envie, autant lui que nous. Mais c’est quelqu’un qui a beaucoup de projets et trop peu de temps. Ce qui est sûr c’est que pour les prochaines dates que l’on donnera en décembre (en première partie de Stream of Passion NDLR), il jouera avec nous sur scène. En ce qui concerne l’avenir plus lointain, pour l’instant, nous même n’en savons rien.

Ces derniers temps, nous t'avons vue sur scène avec Mylidian, dont Armandar (claviériste d’Asylum Pyre) fait également partie. Est-ce toujours temporaire ? Les deux entités Mylidian et Asylum Pyre pourraient-elles se retrouver à tourner ensemble ?

Tourner ensemble, ça n’est pas impossible puisque c’est déjà arrivé. Nous avions partagé un concert commun à la Scène Bastille en 2013. Les deux groupes se connaissent très bien, nous sommes amis. Donc oui, ce seraient des choses qui pourraient se reproduire, pourquoi pas ? Maintenant je sais que les membres de Mylidian travaillent actuellement à la composition de leur prochain album. La place que j’avais eue sur ce projet, c’était de les accompagner en live sur la tournée Seven Lords. A l’heure actuelle, je ne sais pas du tout ce qu’il se passera prochainement.

Que retiens-tu de ces deux tournées avec Mylidian ? Tu les as accompagnés sur une tournée française avec Arch Enemy, puis une tournée européenne avec Orphaned Land. 

C’était une super expérience ! C’est agréable de jouer dans des salles que l'on ne peut pas forcément atteindre seuls. C’est super de tourner avec des groupes qui ont déjà énormément d’expérience comme Arch Enemy ou Orphaned Land. Pour la tournée avec ces derniers, c’était encore autre chose car nous avons voyagé en tour bus, donc nous étions une véritable communauté, nous étions tous ensembles. Ce sont des expériences extrêmement enrichissantes, aussi bien sur le plan musical, qu’humainement et professionnellement parlant.

Revenons à Asylum Pyre. Johann et toi avez également repris en acoustique « Laughing with the Stars » (extrait du premier album sur lequel tu n’apparaissais pas). Pourquoi ce choix et cela vous a-t-il donné envie de réitérer l’expérience lors d’un concert ou un album acoustique complet ?

Ah ah ! (rires) Oui effectivement nous avons des idées ! « Laughing with the Stars » est un morceau phare de ce premier album, qui n’a jamais été oublié ou mis de côté malgré les évolutions et les changements de line-up du groupe. Nous avions commencé à le jouer en acoustique entre nous il y a déjà très longtemps. Puis nous nous sommes dit que cela serait dommage de garder ce morceau privé. Nous voulions faire une vraie reprise et la mettre en valeur par un clip. Cela nous a aussi permis d’avoir un peu d’actualité au printemps, au moment où nous lancions la campagne de financement participatif. Les choses sont parties de là. Nous aimons bien le côté acoustique, nous nous sommes posé la question de développer les choses de ce côté-là, et nous y réfléchissons pour la scène ou les enregistrements. Nous n’écartons aucune possibilité et gardons cela dans un coin de la tête !

A l’heure où il y a un débat sur la musique francophone et sa diffusion en radio, y a-t-il des groupes français qui ont retenu ton attention ces derniers temps ?

Oui, mais comme tu me poses la question, je ne vais pas réussir à en retrouver un ! (rires). Parmi les artistes français que j’aime et que j’écoute avec plaisir il y a Eths que je connais depuis longtemps, où nos amis de Benighted Soul qui font des choses très bien, dans un style proche du nôtre.

Dernière question, je sais que tu es fan d’Iron Maiden, et que tu joues même dans un cover band du groupe...

(elle coupe) Malheureusement, je l’ai fait, mais ce n’est plus le cas maintenant puisque j’ai déménagé en Île-de-France en laissant mon cover band dans le sud ! Je ne fais donc plus de cover de Maiden, en tout cas pour le moment ! (rires)

Mais en tant que fan, qu’as-tu pensé de leur dernier album, The Book of Souls ?

Maiden reste la base pour moi, c’est le groupe qui m’a fait rentrer dans le métal. J’écoute des tas d’autres choses depuis, mais j’ai beaucoup de respect et une tendresse particulière pour ce groupe. Concernant The Book of Souls, je n’ai pas encore tout écouté, je sais, c’est mal ! (rires). Je l’ai écouté un peu, mais je fais partie de ces personnes qui sont restées tellement fans des albums les plus anciens que j’ai un peu plus de mal à accrocher sur la période plus récente. Même si pour moi, cela reste de qualité, mais ça me parle moins que ce qui m’a passionné auparavant !

Merci à toi pour cette interview. Un dernier mot pour nos lecteurs ?

On a hâte de les retrouver et que l’album sorte. On espère qu’il touchera un maximum de personnes, et nous avons envie d’être de retour sur scène rapidement, notamment avec ses trois dates en première partie de Stream of Passion en décembre. Nous avons vraiment envie d’y être !

Entretien réalisé par téléphone le 02 octobre 2015
Merci à Roger Wessier de Replica Promotion
Photographies : 
© Alex Maeder (photo live) et © Adeline Pix (photo studio)
Toute reproduction interdite sans autorisation des photographes

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