Jonas Renkse et Anders Nyström, membres fondateurs de Katatonia

« Nous mettons de côté nos ambitions personnelles et notre fierté pour nous mettre au service du groupe ».

Quelques semaines avant la sortie de The Fall of Hearts, le nouvel opus de Katatonia, les deux fondateurs et têtes pensantes du groupe, Anders Nyström (guitare) et Jonas Renkse (chant, guitare), se sont confiés à La Grosse Radio. Nous avons pu évoquer ensemble la parenthèse acoustique réalisée par le groupe, immortalisée par le DVD Sanctitude, avant de nous intéresser plus particulièrement au nouvel album et à la renaissance de Katatonia avec un nouveau line-up.

Bonjour à vous deux. Merci de nous accorder cette interview pour La Grosse Radio. Avant de parler plus précisément de The Fall of Hearts, je souhaiterais revenir sur votre DVD du concert acoustique donné dans l’Eglise de l’Union Chapel de Londres. Comment avez-vous eu cette idée de jouer dans cet endroit insolite ?

Anders : Cela nous est venu naturellement après avoir sorti l’album Dethroned and Uncrowned (une relecture acoustique de leur neuvième album Dead End King NDLR). Lorsque nous avons fait cet album, notre management et notre label nous ont demandé si nous souhaitions jouer en live dans ce style acoustique. C’était très différent de tout ce que nous avions fait jusqu’alors donc si cela se faisait, il fallait que cela soit très spécial. Quelqu’un a suggéré l’idée de faire cette performance dans un lieu insolite, comme une cathédrale ou une église, voire un café très intimiste. Nous avons donc tourné sous cette configuration pendant dix jours.

Jonas : Oui, nous avons choisi de le faire pendant seulement dix jours, car il fallait que cela reste une tournée très spéciale, en écho au projet en lui-même, qui était spécial également. Une fois que l’Union Chapel a été bookée – qui est par ailleurs une église très belle – le label nous a demandé s’il était possible de filmer ce concert pour le sortir en DVD. On a bien évidemment accepté, même si nous étions très nerveux à l’idée de le faire. Au final, le résultat est super. Nous avions bien évidemment beaucoup répété pour les shows précédents donc tout s’est bien passé et le DVD nous plaît.

Saviez-vous que quelques mois après votre concert, Anathema a fait de même, à savoir un concert acoustique dans une église et un DVD ?

Anders : Oui, j’en ai entendu parler. Ce n’est pas étonnant car notre manager est le même que celui d’Anathema ! (rires). Donc, si cela a marché pour nous, la recette a dû être répétée ! (rires). Cela a du sens.

Jonas : Et leur musique est également proche de ce style, elle fonctionne très bien dans cet environnement acoustique.

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Vous vous apprêtez donc à sortir The Fall of Hearts. Pour moi, certains titres sont un peu plus agressifs que sur vos précédents albums studios, Dead End King et Night is the New Day. Pensez-vous que cela est une sorte de réponse à votre parenthèse acoustique ?

Anders : Je pense qu’il résulte de tout ce que nous avons pu faire récemment. Le nouvel album est une réponse à la fois à Dead End King et Dethroned and Uncrowned, car ces deux albums allaient dans deux directions opposées, tout en ayant les mêmes compositions. C’est ce qui les rend fascinants. Pour ce nouvel album, nous avons choisi de repartir de Dead End King, qui pour nous constitue notre dernier vrai album studio. Dethroned est également un album studio, mais nous le considérons comme une version jumelle et expérimentale du premier. Pour nous, c’était juste naturel d’aller dans cette direction quatre ans plus tard, avec comme objectif de faire le meilleur album de notre carrière.

L’année dernière, vous avez sorti Grand Morbid Funeral avec Bloodbath (Anders et Jonas sont également co-fondateurs du groupe de death metal old school NDLR). Pensez-vous également que ce travail avec Bloodbath vous influence dans votre rapport à Katatonia ?

Anders : Pas directement. Car Bloodbath est beaucoup plus extrême.

Jonas : L’objectif est juste de faire quelque chose de brutal. C’est du pur death metal du début à la fin.

Anders : Peut-être qu’inconsciemment ce travail nous influence. Mais même le son est différent. Au sein de Bloodbath, le son est sale et brutal. Dans Katatonia, c’est beaucoup plus raffiné et recherché. Même si c’est tout de même très heavy. Nous partageons notre amour du metal au sein de nos deux formations. Mais dans une mesure très différente d’un groupe à l’autre. Mais c’est très bien d’avoir ces deux formations car cela nous garde occupés et heureux en permanence.

The Fall of Hearts est le premier album avec votre nouveau line-up, qui comprend Roger Öjersson à la guitare et Daniel Moilanen à la batterie. Comment les avez-vous recrutés et quelle a été leur contribution à l’album ?

Jonas : Quand notre ancien batteur, Daniel Liljekvist, a quitté le groupe, nous avons réalisé que nous avions en premier lieu besoin de quelqu’un pour assurer les concerts déjà prévus. Puis dans un second temps, nous devions décider comment nous organiser par la suite. Nous connaissions Daniel Moilanen car nous avions déjà tourné avec ses anciens groupes et nous savions qu’il était très talentueux. Nous l’avons juste appelé et proposé le job. Il n’avait pas de formation à ce moment-là donc il a accepté. Nous avons fait quelques concerts avec lui et nous avons été très agréablement surpris donc nous lui avons proposé de rejoindre officiellement le groupe. Sur ce nouvel album, il brille vraiment. Les parties de batterie sur celui-ci sont parfaites et collent parfaitement au style des compositions. Il a également élevé le niveau pour nous car nous connaissions son talent et cela nous a mis la pression. Il peut jouer des choses à la fois techniques, jazzy. Il est très polyvalent. D’un autre côté, Roger est nouveau dans le groupe. Il n’a pratiquement pas participé à l’album, hormis sur quelques solo car les compositions étaient déjà écrites et enregistrées avant qu’il n’arrive. Nous ne le connaissions pas personnellement auparavant, mais certains amis nous l’ont conseillé car il cherchait un groupe et était doué. Espérons que ce line-up soit le bon !

Sur ce nouvel album, il y a, à mon sens, plus de parties de claviers que sur les albums précédents. Je pense notamment à ce thème sur « Serein ». Avez-vous souhaité aller encore plus loin dans l’approche progressive de vos compositions ?

Anders : C’est difficile de dire si c’est ce que nous avons voulu ou non. Car le côté progressif n’est pas quelque chose que nous essayons de planifier. Cela vient de façon naturelle. Nous essayons petit à petit d’incorporer de plus en plus d’éléments prog dans chaque album que nous faisons. Mais si tu compares cet album avec nos premiers, la différence majeure concerne la durée des chansons. Elles sont beaucoup plus longues aujourd’hui, c’est un élément progressif indéniable. Nous sommes tout le temps curieux, nous aimons expérimenter avec ces plages de claviers, ces soundscapes. C’est une partie très importante du son de Katatonia aujourd’hui. Quand on parle de keyboard, je m’imagine un vrai clavier avec des notes, des gammes. Mais aujourd’hui, les choses tendent plus vers une approche ambiante. On aime incorporer des éléments de cordes, de mellotron…

Jonas : Même si nous savons jouer du piano, nous avons voulu utiliser cet instrument à la manière d’une bande originale de film. Nous ne voulons pas de solo, avec de la virtuosité, parce que de toute façon, nous n’en sommes pas capables ! (rires).

Jonas, tu as une fois de plus écrit les paroles sur cet album. Elles semblent une fois de plus très sombres. Quelles sont tes sujets d’inspirations pour écrire tes textes ?

Jonas : L’inspiration vient globalement de la vie de tous les jours, comme j’ai toujours procédé. Se focaliser sur les choses sombres du quotidien est une source inépuisable d’inspiration. Quand j’écris mes paroles, j’écoute la musique en premier pour déterminer quelles images me viennent à tête, qu’est-ce que cela évoque pour moi. C’est quelque chose que je fais pour chaque composition, tout en essayant de ne pas me répéter, car mine de rien, j’utilise un champ lexical assez limité pour parler de choses sombres. Mais dans l’ensemble, il s’agit du reflet de la vie quotidienne, de nos luttes intérieures.

L’artwork a été, une fois de plus, réalisé par votre ami Travis Smith. Il représente un corbeau qui tombe du ciel. Cet animal est omniprésent dans votre imagerie. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Anders : C’est vrai que cet oiseau apparait en permanence dans nos chansons, nos paroles. Mais également sur nos pochettes d’albums. Je crois que les trois derniers albums avaient des corbeaux sur la pochette. Cela a commencé sur l’album Brave Murder Day en 1996. Je pense que c’est quelque chose qui représente bien notre musique, notamment ces deux idées qui sont sous-jacentes dans notre musique : la liberté et la mort. Cet oiseau est également présent dans notre logo ! (rires). Je pense que c’est un bon thème que nous aimons traiter.

Jonas : Et puis c’est bien d’avoir une sorte de marque de fabrique. Quand quelqu’un voit un oiseau, il ne peut que penser à Katatonia (rires).

Anders : Enfin, seulement s’il voit un corbeau, parce qu’un pigeon dans la rue, ça ne nous représente pas ! (éclats de rires).

En plus de votre collaboration habituelle avec Travis, nous avez de nouveau travaillé avec Jens Bogren que vous connaissez bien. Est-ce important pour vous de garder le même environnement de travail ?

Anders : Il y a des avantages et des inconvénients à travailler avec les mêmes personnes. Mais au moins on évite beaucoup de soucis et de stress car lorsque tu travailles avec quelqu’un de nouveau, c’est une sorte de pari. Tu peux débuter cette nouvelle relation sans connaître la personne et cela peut créer des situations délicates en terme de communication, si tu ne partages pas la même vision que l’autre. Mais dans notre cas, nous savons à quoi nous attendre si nous travaillons avec les mêmes personnes. Pour Jens, cela a été très gratifiant car nous n’avions pas eu recours à ses services depuis dix ans, depuis The Great Cold Distance. Mais une fois en studio avec lui, tout est redevenu comme avant. Il a fait un travail fantastique sur le mix et il semble très satisfait également de l’album. Pour Travis, nous avons travaillé ensemble depuis 1999 sur chaque album, donc c’est une sorte de routine (rires). Mais avec Jonas, nous avons une vision commune de ce que nous souhaitons. Nous ne savons pas toujours où nous voulons aller, mais nous essayons d’y aller quand même ! C’est la chose la plus importante. Mais au moins, nous savons en travaillant avec ces personnes que l’album aura un bon son et une bonne pochette !

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En septembre, vous allez donner un concert en Bulgarie avec un orchestre, dans le théâtre romain de Plovdiv, au cours duquel vous allez jouer The Great Cold Distance (2006) en entier. Pourquoi ce choix ?

Jonas : C’est quelque chose que pas mal de groupe ont déjà fait récemment. Anathema a déjà joué là-bas, Paradise Lost également. C’est un lieu magnifique, avec son côté historique et l’amphithéâtre romain à ciel ouvert. Je n’y suis pas allé encore, mais j’ai vu des photos et des vidéos, cela a l’air magnifique. Et avec un orchestre, c’est un rêve qui devient réalité pour un musicien. C’est une idée de notre management, mais nous avons voulu tenter le coup. Surtout que c’est probablement l’occasion d’une vie. Et, par chance, cela coïncide avec les dix ans de The Great Cold Distance. Nous jouerons également un set de quelques titres sans orchestre.

Dix ans plus tard, vous êtes toujours aussi fiers de cet album ?

Anders : bien sûr, nous en sommes vraiment fiers. Il y a quelques jours, en répétition, nous avons joué ces chansons et nous avons réalisé à quel point nous les aimions. Cela n’est pas étonnant si c’est l’un de nos albums les plus populaires. C’est un album très bon et je trouve qu’il sonne toujours aussi bien aujourd’hui. Il aurait pu sortir cette année.

Vous allez également fouler les planches du Hellfest cette année, un an après votre concert là-bas avec Bloodbath. Qu’avez-vous ressenti l’année passée au cours de ce festival ?

Jonas : Le Hellfest est un super festival. Nous y avions joué déjà deux fois avec Katatonia, en plus de l’année dernière avec Bloodbath. Tout est très bien organisé et très professionnel. Et le line-up est hallucinant chaque année. On peut même dire que c’est de mieux en mieux d’une année sur l’autre, depuis les têtes d’affiches jusqu’aux plus petits groupes. J’ai hâte d’y être une fois de plus !

Avez-vous eu le temps de voir certains artistes l’année dernière ?

Jonas : Oui, nous avons vu Judas Priest, c’était super. La dernière fois que nous sommes venus avec Katatonia, nous avons pu voir Kiss également. Le festival est génial car en plus de nos propres concerts, nous pouvons trainer, croiser des amis, voir des groupes que nous n’aurions probablement jamais pu voir autrement.

A quoi peut-on s’attendre à propos de ce prochain concert au Hellfest ?

Anders : Et bien nous jouerons probablement une nouvelle chanson…

Jonas : Probablement plus !

Anders : (rires) Oui, j’espère ! Mais il faut que nous répétions avant (rires).

Jonas : Nous jouerons plusieurs nouvelles chansons avec notre nouveau line-up. Les gars sont d’ailleurs super excités à l’idée de faire ces concerts. D’après les premières répétitions, je dirais que nous sonnons encore mieux qu’avant désormais.

Jonas, penses-tu faire un nouvel album prochainement avec Bruce Soord (The Pinapple Thief) pour le projet Wisdom of Crowds ?

Jonas : Nous en avons parlé, mais je ne pense pas que cela arrive tout de suite car je vais être très occupé avec Katatonia. Mais j’aimerais bien car travailler avec Bruce est toujours fun. C’est quelqu’un de très créatif. Il jouait également sur Sanctitude et a mixé quelques démos pour le nouveau Katatonia. Donc nous sommes toujours en contact. Il a fait également le mix 5.1 du nouvel album.

Anders : Il est plus impliqué que jamais dans notre travail ! (rires)

Jonas : Peut-être même qu’il n’a plus le temps de travailler sur ses projets personnels car nous le sollicitons tout le temps pour Katatonia ! (rires)

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Avez-vous pensé à lui pour rejoindre le groupe de façon permanente ?

Anders : Cela a été discuté. Mais il habite en Angleterre et nous en Suède. Ce n’est pas une situation idéale. Nous voulions que tout le monde soit regroupé si possible dans la même ville pour faciliter les répétitions, et même passer du temps ensemble, communiquer. C’est important d’avoir un vrai esprit de groupe et c’est beaucoup plus simple quand tout le monde réside à proximité. Bruce n’a pas la même histoire que nous non plus. Ses racines musicales ne sont pas les mêmes. Il n’a pas passé autant de temps au sein de la scène metal. C’est pour cela qu’il était parfait pour le projet Sanctitude. Mais c’est quelqu’un d’adorable en plus d’être un très bon chanteur et un très bon musicien. Quoi qu’il en soit, nous sommes contents d’avoir trouvé Roger. Il est de chez nous et il est parfait pour ce job.

Pensez-vous qu’un jour nous aurons droit à une tournée regroupant Katatonia et Pinnapple Thief ? Peut-être un coheadline ?

Jonas : Pas en coheadline ! (rires) C’est un très bon groupe, et nous avons certainement une partie de nos publics en commun. Bruce est un songwriter très talentueux. Je souhaiterais vraiment que l’on puisse tourner ensemble.

Sur le nouvel album, vous allez également proposer une version avec un DVD additionnel, contenant le mix en 5.1 et des bonus tracks. Pourquoi ne pas avoir inclus ces chansons sur le CD final ?

Anders : Il n’y avait plus de place ! (rires). Cela aurait été trop long. Nous aurions pu également faire un double CD, mais c’était une décision du label. Nous avons juste enregistré les titres.  Le reste leur revenait. Mais ils souhaitaient mettre quelque chose d’exclusif sur cette édition, comme un cadeau pour les fans qui aiment cela. Je pense que c’est bien de procéder ainsi. Quoi qu’il en soit, tu peux facilement récupérer et écouter ces chansons, via les plates-formes digitales. Tu sais, l’album dure presque 70 minutes.

Jonas : Et c’est un album que nous trouvons parfait dans sa forme actuelle, qu’il s’agisse de la durée ou de la tracklist. Pour nous, d’un côté il y a l’album en lui-même et de l’autre côté il y a les bonus. Et s’il ne s’agit pas d’un double album, c’est parce que cela n’était pas l’intention première. C’est un album comme les autres…enfin, il est peut-être un peu plus long ! (sourire)

Si vous pouviez choisir un groupe qui ouvrirait pour vous, lequel serait-ce ?

Anders : Vous le verrez en automne ! (rires) Le choix d’un groupe ne dépend pas uniquement que de nous, mais si nous avons quelqu’un en tête, nous pouvons soumettre l’idée au management et au label. Souvent ils nous contactent en nous disant que tel groupe rêverait de tourner avec nous, et si le groupe nous plait, nous donnons notre aval.

La scène progressive est très développée en Suède, avec des groupes comme vous, Opeth, Pain of Salvation, Anekdoten, Anglagard et autres… D’autre part, la scène death metal est également bien fournie avec les scènes de Göteborg et de Stockholm. Vous vous situez un peu entre les deux finalement…

Anders : Je pense que nous avons touché du doigt les deux scènes depuis nos débuts sans vraiment appartenir réellement à l’une d’entre elles. Quand la scène de Stockholm a commencé à émerger, nous nous sommes sentis un peu comme des outsiders à l’époque.

Jonas : On s’est effectivement souvent sentis comme un groupe de Göteborg résidant à Stockholm. Car la scène de Göteborg était axée sur les mélodies, tandis que celle de Stockholm mettait l’accent sur la brutalité. Nous faisions quelque chose de plus mélodique. Bon, depuis nous avons bien changé. Mais c’est la même chose pour la scène prog. Nous sommes comme des caméléons car nous souhaitons juste faire ce qui convient le mieux à Katatonia. Nous mettons de côté nos ambitions personnelles et notre fierté pour nous mettre au service du groupe.

Merci pour cette interview. Un dernier mot pour nos lecteurs ?

Anders : Nous les invitons avec plaisir à venir voir nos concerts au Hellfest et plus tard à l’automne !

Interview réalisée à Paris le 6 avril 2016
Merci à Valérie qui a rendu cet entretien possible
Crédits photographiques : Ester Segarra

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