Arsène, chanteur de L’Esprit du clan

Signant un retour percutant après quatre ans d'absence, l'Esprit du clan semble plus que jamais affamé de scène. Beaucoup de questions tournent autour de ce retour et de ce Chapitre VI plus que convaincant. Des questions qui ont trouvé des réponses lors d'un excellent entretien avec le chanteur de la bande, Arsène.

Salut Arsène et merci pour cette interview. Peut-on parler du passé : ni un split ni une pause, que s'est-il passé il y a quatre ans ?

Nous étions arrivés à une sorte de lassitude, celle qui s'instaure quand tu sors un album tous les deux ans. Il y a eu aussi cette lassitude de créativité entre nous, nous avons pratiquement vécu ensemble depuis notre jeunesse, c'était aussi ce besoin de faire autre chose, voir d'autres choses, travailler avec d'autres gens. On s'appelleLl'Esprit du clan et nous sommes vraiment un clan, ce n'est pas pour déconner. Nous sommes arrivés à une sorte de saturation, nous avions besoin de respirer. Nous ne nous sommes jamais dit «on arrête », nous sommes des potes. Mais nous ne nous sommes pas dit non plus « nous reprendrons dans tant de temps ». Donc nous avons fait passer le message que nous nous arrêtions, tout simplement. Et puis nous nous sommes retrouvés l'été dernier et ce désir d'album nous a pris comme une envie de pisser. J'ai vu plein de concert et je me suis dit « putain ça me manque trop ». Et c'est reparti comme ça.

Peux-tu nous éclairer sur l'absence de Shiro et Clément ? Nous présenter Julien, aussi ?

Clément ne voulait pas reprendre EDC, je crois qu'il ne s'y retrouvait plus musicalement. Il avait également d'autres projets de vie, il voyage beaucoup. Mais tout va bien entre nous. J'ai bossé avec lui hier et j'ai vu Shiro ce matin. Et pour Shiro, c'est le VRAI pote d'enfer. Chamka, Shiro et moi, nous nous connaissons depuis que nous avons 14 ans. Mais Shiro n'a jamais été un vrai musicien, c'était surtout un pote qui nous suivait Chamka et moi dans nos délires. Quand nous avons arrêté en 2012, il a commencé à faire d'autres choses comme développer un société de coaching sportif. Et l'EDC nous prend beaucoup de temps: les compos, les repets, les préparations, les shows... Il n'a plus le temps. Mais voilà, il a posé sa voix sur un titre du dernier album, il sera avec nous le 21 mai à la Flèche d'or pour quelques morceaux, nous en avons parlé ce matin. C'était juste une envie de changer de vie.

Quant à Julien, nous hésitions entre deux bassistes. Il était ok dans cette idée mais voulait nous prouver que c'était lui qu'il nous fallait. Il a bossé comme un fou, très carré en répétitions, il s'est complètement fondu dans le moule. Pour nous il n'y avait aucun autre choix possible au final.

Avez-vous pensé engager un autre chanteur? Et quelle a été ta réaction quand tu t'es retrouvé seul au micro?

Eh bien, cela me faisait chier au début d'être sans lui sur scène, parce que c'est un mec qui pèse en live, il a vraiment un présence. Mais lorsqu'il nous a donné sa réponse définitive, nous ne nous sommes même pas dit "on va prendre un deuxième chanteur", je me suis dit "je ne peux pas chanter avec quelqu'un d'autre que Shiro". En 2011, lorsqu'il a eu deux accidents et faisait des stages de sport en Thaïlande, j'avais assuré pas mal de shows tout seul et ça s'était très bien passé. Et puis au final, j'ai aussi un putain de plaisir d'être seul, je n'ai pas honte de le dire. J'ai toujours écrit les textes pour lui et moi, et là, écrire pour moi  c'est juste un putain de plaisir. J'ai eu du mal à admettre que je serai tout seul sur scène, mais maintenant je prends énormément de plaisir. C'est très égoïste.

Parlons un peu studio, Chamka avait présenté Drama comme un album très brut, très authentique, né à coup de jams et d'impros. Comment cela s'est-il passé pour Chapitre VI? Sachant que vous l'avez produit très rapidement...

Justement, nous avons voulu changer de méthode. Composer, trouver un consensus à six, c'est de la folie. Pour Drama nous avons composé, composé et composé. C'était trop long et trop singulier. Nous sortions d'une période assez dure. Nous étions limite à prendre une pause avant Drama. Mais j'avais ce besoin d'écrire, de composer. Là du coup, nous sommes concentrés avec Ben et Chamka (guitares). Ils sont venus chez moi tous les jeudis, et nous avons composé l'album pendant deux mois. Et chaque jeudi, une chanson sortait. Cela a simplifié à mort le truc. Bastos et Julien n'ont pas été inclus dans le processus  de composition. Cela a été hyper rapide.

l'esprit du clan

Autant Drama se tournait vers le hardcore-death avec des influences thrash, autant dans Chapitre VI, on sent des influences plus modernes, plus catchy que l'on peut retrouver dans le metalcore. Quelles ont été vos influences?

A titre perso, c'est vrai que je voulais revenir à quelque chose de moderne. Dans ce que j'ai écouté ces derniers temps il y a énormément de hardcore contemporain comme The Acacia Strain, avec des grooves et des riffs simples. J'écoute moins de classiques qu'avant mais on revient toujours à certaines bases avec des groupes comme Black Tongue et des riffs super lourds. Je voulais quelque chose de plus direct et de plus « simple ». Par exemple il n'y a pas de blasts comme tu en avais dans  Drama. Et, comme à mes débuts, j'ai également écouté énormément de hip-hop. Mais vraiment énormément... Même si ça ne se ressent pas ! (rires).

Shiro est venu vous rejoindre sur un morceau. Peux-tu nous parler de ce « feat » familial?

Avant même de connaître le morceau ou le thème il a dit « oui ! » tout de suite. Nous voulions faire un morceau avec lui, par principe et par plaisir. Quand les textes de « Sur les murs » sont sortis, je savais que c'était avec lui que c'était sur celle-ci que je voulais qu'il chante. Cela nous a rappelé direct le temps où nous faisions des tags sur les murs de Paris, quand nous passions des nuits entières à faire la promo urbaine et puis c'était tout simplement une évidence.

Eh bien parlons des paroles : Drama était très noir et tirait à vue sur la politique et les religions. Ici, on a quelque chose de très positive et fraternel. Une sorte de retour aux paroles optimistes du Chapitre III... Pourquoi ?

La vie tout simplement. Je ne savais pas trop pas trop si j'allais en parler dans les interview mais je vais le faire : j'ai perdu mon papa l'année dernière, ça m'a donné envie de refaire de la musique. Il y a aussi eu les attentats... Et bizarrement, je n'ai pas ressenti de tristesse mais une envie de me dire « putain on va tous crever », tu comprends que la vie n'est pas éternelle. J'ai voulu voir le verre à moitié plein. Parfois tu as besoin de cracher sur les système ou les religions, blablabla, mais là je ne voulais pas rester dans ce côté « binaire » du bien contre le mal. Je reste athée jusqu'au derniers sou, mais je n'ai plus envie de taper contre. Je suis dans un mood verre à moitier plein et je voulais parler de ce qui me donne envie de me lever le matin, des belles choses de la vie.

On en vient donc directement à « Rat des villes » que tu ouvres en disant que « Paris n'a pas besoin de prière ». Il y a quelques mois, tout le monde priait pour Paris. Je ne te demande pas si ce morceau à un rapport avec le 13 novembre ?

C'est exactement ça. Nous avons tous été marqués et mis à genoux par cet événement. Nous avions des potes sur place. Une amie a pris deux balles dans la jambe... trop d'horreur. Et puis il y a le contre-coup : celui que tu ressens quand tu entends des gens prier pour Paris. Putain, si tu vois des gens qui sont fous de dieu au point de tuer des gens et que la réponse qu'on leur oppose c'est dieu... C'est pas possible ! Paris est éternel, il n'y a pas besoin de prier pour Paris. Cette réponse religieuse à la folie de la religion, non, ce n'était pas possible pour moi.

Et puis au delà de ça, je suis amoureux de ma ville. J'ai beaucoup voyagé et pour moi il n'y a pas plus beau que Paris.

Autre morceaux aux paroles poignantes et très positives : "Or Astral". Tu chantes carrément ton amour à la vie avec un passage quasi a cappella très poignant...

Il y a deux anecdotes très drôles sur ce morceau : le passage dont tu parles justement, le jour du mixage j'ai failli l'enlevé, merde je crie « la vie est un chef d’œuvre » ! (rires). L'autre anecdote, quand nous avons composé ce morceau, nous nous sommes dit qu'on ne le « sentait pas » et nous l'avons moins mis en avant que d'autres. Et plus nous parlons avec les gens, notamment aux travers d'un sondage publié sur Facebook pour savoir quel morceau les gens voudraient voir en clip, "Or Astral" a tout explosé ! C'est une évidence, il faut le mettre sur scène, ce qui n'était pas prévu à la base ! Cette chanson a presque disparu mais il fallait la mettre en avant !

Comment se sont passées les retrouvailles avec le public lors de votre premier concert à Belfort ?

Nous étions comme des gamins. Quand tu n'as pas joué pendant quatre ans, c'est un manque. Peut-être pas pour moi puisque j'ai fait des shows avec mon deuxième groupe, mais les autres... Nous étions tous comme des dingues c'était magnifique. Nous attendons la Flèche d'Or à Paris (21 mai) avec impatience. Et puis il y a la pression quand tu joues sur Paris, avec tous les copains qui vont venir nous voir.

Nous sommes pratiquement complet. Pour le reste de la tournée, nous sommes confiant. Si l'album marche bien et que la date parisienne est complète, nous pouvons vraiment espérer faire une belle tournée et enchaîner les têtes d'affiche. Nous rêvons, depuis que nous sommes gamins, de faire le Zénith. En première partie bien sûr, mais si on nous propose ça, nous serons vraiment heureux.

L'Eprit du Clan est né au milieu des années 90, cela fait donc plus de vingt ans. Que penses-tu de ta carrière ?

Déjà je suis sûr que dans 20 ans je ne serai plus sur scène (rires). Après, l'EDC restera une expérience de vie incroyable et que du plaisir. Une très belle historie d'amitié aussi. Humaine, professionnelle, nous avons tous appris des choses qui nous ont forgé et nous ont sortie de nos enfermements. Nous avons énormément voyagé... Si c'est à refaire je résigne direct. Nous sommes particulièrement content du Chapitre VI, il est frais, percutant, nous voulons le faire vivre pour quelques temps. Nous voulons l'exploiter pendant deux trois piges. Nous voulions être simple et ne pas compliquer les choses, nous avons peut-être perdu sur le plan technique, mais c'est d'abord du plaisir, et nous allons prendre du plaisir.

Les derniers mots sont pour toi...

Merci à la Grosse Radio pour cette interview et surtout merci aux mec qui vont la lire, merci à tous ceux qui s'intéressent à nous. On se voit sur la route !

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