Joakim Brodén et Pär Sundström, chanteur et bassiste de Sabaton

" J’en ai rien à foutre que notre musique soit plus rapide, plus épique, plus lente ou plus violente!"
 

Pour la sortie prochaine de l'album The Last Stand, La Grosse Radio Metal a pu passer une heure en compagnie de Joakim Brodén et Pär Sundström, respectivement chanteur et bassiste de Sabaton. Nous avons évoqué leur récent concert au Download parisien, le processus d'écriture du nouvel album, la vie en tournée ainsi que le futur du combo suédois.

Interview menée conjointement avec nos partenaires du fan club français, Sabaton French Division.

Il y a 10 jours, vous avez joué au Download festival à Paris. Que retiendrez-vous de ce concert ? C’était spécial à cause de...

Joakim : La pluie ! (rires), Mais j’ai trouvé ça fun en fait.

Pär : Il a plu à plusieurs festivals qu’on a faits cet été. En fait il n’y a qu’au Sweden Rock (Ndlr : la veille du Download) qu’il n’a pas plu ou alors juste un peu . Mais les autres festivals ont aussi eu lieu dans de mauvaises conditions météorologiques. En temps normal, les groupes font ce que notre équipe technique nous a demandé de faire : de tout ramener en arrière, en fond de scène pour s’abriter. Mais nous avons décidé de tout mettre à l'avant de la scène, pour être proches de la foule et pour ressentir la même atmosphère. Après tout, le public ne peut pas s’abriter donc on a choisi de ne pas le faire non plus. C’était fantastique d’être proches des spectateurs pour nous, mais pas tant que ça pour notre équipement…

Joakim : (En riant) Deux micros sont morts…

Pär : Deux micros pour lui.

Joakim : Le pédalier de Thobbe (Englund, guitare).

Pär : Mes deux micros ont grillé.

Joakim : (hilare) Notre ingé son nous insultait !

Pär : Ce concert nous a couté cher, car on a dû remplacer l’équipement après. Mais au moins le show s’est bien passé. Nous avons su rester proches des fans, plutôt que de rester cachés dans le fond.

Joakim : J’ai trouvé ça fantastique. Mais on a bien cru qu’on allait devoir annuler. La veille, on jouait au Sweden Rock et on a appris qu’il y avait une grève des pilotes d’Air France et de SAS… Et évidemment se sont les deux seules compagnies qui ont des vols directs pour Paris… (Il éclate de rire)

Pär : On a dû réserver d’autres vols.

Joakim : Au final, après le Sweden Rock, on a dormi deux heures et demie ou un truc comme ça après un show d’1h45, le temps d’arriver à Copenhague. Puis à notre réveil, il a fallu changer de vol. Génial…

Pär : Et à partir de Francfort on a eu des compagnons de voyage : deux cents Irlandais fans de football qui faisaient la fête et on n’a donc pas pu dormir une seule seconde parce qu’ils soufflaient dans des cors et des trucs comme ça. Ils ont même retardé le vol à l’embarquement et au décollage parce qu’ils faisaient la fête. Quand nous avons atterri à Paris, c’était seulement 2h avant l’heure du concert donc on n’a pas eu l’occasion de manger autre chose qu’un Mc Donald’s.

Joakim : (mimant le geste ) En attrapant un cheeseburger au vol.

Pär : On va directement sur scène et là, il commence à pleuvoir (Joakim éclate de rire). Ensuite on a dû répondre à des interviews en étant complètement KO. On a essayé de dormir une fois rentrés à l’hôtel ,mais impossible à cause de l’énervement. On a dû partir à quatre heures du matin pour aller en Pologne, faire 48h non-stop de promo… (Joakim rigole encore). On était un peu morts après ce voyage, c’est le moins qu’on puisse dire ! Et c’est difficile de se souvenir de quoi que ce soit après un show comme celui du Download parce que tout est arrivé si vite. Je ne sais même plus quelles chansons on a jouées…

Joakim : (en riant) Moi je sais !

Pär : Je pourrais en calculer le nombre, mais je n’en ai aucun souvenir.

Vous en avez joué 10.

Pär : Oui probablement (rires). C’est passé si vite ! Mais c’était fantastique malgré le fait qu’on venait de faire un super show au Sweden Rock, où on était tête d’affiche. Le public parisien était plus bruyant.

Joakim : C’est vrai !

Pär : C'était vraiment sympa,

Joakim :  Et en plein jour, sous la pluie (rires) !

Pär : On s’y attendait un peu parce que Paris nous a toujours très bien accueillis sauf la fois avec Therion (Ndlr : le 23 janvier 2007 à l’Élysée Montmartre, Grave Digger et Sabaton ouvraient pour Therion.) Mais depuis, Paris a toujours été fantastique pour nous.

Donc c’est à cause de la pluie que tu n’as pas sorti ta nouvelle basse aux couleurs de la Suède que tu avais au Sweden Rock ?

Pär : Non, ce n’est pas vraiment pour ça. Elle a été spécialement dessinée et construite pour le Sweden Rock.

Donc vous n’allez pas utiliser la scène et les décors que vous aviez là-bas pour votre prochaine tournée ?

Pär : Peut-être ou peut-être pas (rires) ! Je n’ai pas encore pris de décision, mais je suis content de ne pas m’être servi de cette basse au Download parce que…

Joakim : Parce qu’elle serait morte (rires) !

Pär : Elle serait morte ! Pour ce qui est des décors, c’est différent. On ne les a pas utilisés parce qu’on n’avait pas le droit. La scène a été réservée pour Rammstein. Ils ont décidé que personne ne pouvait se servir de quoi que ce soit. Avant tous les concerts, on s’échauffe et on prépare les instruments, mais quand il pleut comme ça, on n’a pas l’impression d’être prêt. On n'a pas l'impression de jouer d'un instrument. On se sent déconnectés. Tout glisse, on ne sent plus les cordes…

Joakim : L’eau pénètre dans les petits interstices entre les cordes des instruments  donc elles deviennent plus lourdes.

Pär : Ce sont des sensations complètement différentes, donc c’est assez compliqué. Il faut quelques chansons pour s’habituer.

Si ça vous intéresse, on a eu de bons retours de gens qui étaient dans le public et qui ne vous connaissaient pas encore.

Joakim : Cool ! Je suis heureux de l'apprendre ! Parce que moi j’ai vraiment passé un bon moment. Après ce voyage et toutes les choses qui se sont mal passées et la pluie en plus de ça, je me suis dit « putain… » Une fois qu’on est arrivé sur scène et qu’on a commencé "Ghost Division", en cinq secondes tout avait changé pour moi.

Pär : Ouais et on a décidé de ne pas s’abriter et de jouer sous la pluie donc on a été bien mouillés (rires).

Mais la pluie au moins, a ajouté une sorte d’ambiance de guerre des tranchées !

Joakim : Ouais ! Je suis d'accord ! Mais un truc qui m’a énervé c’est que je voulais faire "Swedish Pagans" dans le public. Donc je suis descendu et en commençant la chanson, plus aucun son ne sortait de mon micro…Et j'étais comme ça : « Euh.... » (il mime alors un chanteur se retrouvant comme un con devant un micro qui ne marche plus) « Putain ! Otto (Ndlr : le responsable des retours), file-moi un autre micro ! »

Pär : Et ce n’était que le premier micro… Le deuxième a lâché deux chansons plus tard. J’étais en train de jouer et d’un coup je ne me suis plus entendu parce que les retours avaient grillé. J’ai essayé d’aller de l’autre côté et… non. Mort aussi ! Bref, ce show a été intéressant et même si beaucoup de choses nous ont lâchés, c’était fun.


Quand avez-vous eu l’idée du concept de The Last Stand pour la première fois ? Les recherches sur le sujet ont-elles été compliquées ?

Joakim : La première fois qu’on y a pensé, c’était en écrivant les paroles de "Night Witches" (sur l’album Heroes, 2014).

Pär : Oui, ton idée c’était d’abord de faire un mini CD à propos de ça.

Joakim : Oui, un CD bonus.

Pär : Puis je me suis dit que l’idée était bien trop bonne pour la résumer à seulement cinq morceaux. Donc on a décidé d’en faire un album complet, mais au début ce n’était pas prévu pour celui-ci, mais pour plus tard

Joakim : Oui on avait quelque chose de totalement différent prévu pour cet album. On a changé en cours de route. La tournée s’est finie en février-mars et à ce moment-là on avait un autre sujet en tête pour l’album. Lorsqu’on finalisait l’écriture des chansons…
On fait des recherches sans arrêt pour avoir au moins des débuts d’idées sur les sujets qu'on a en tête, mais les recherches approfondies ne commencent que lorsqu’on est prêts à écrire les paroles, parce que si tu fais tout de suite des recherches très poussées, ça peut devenir très bizarre. Dans ce cas-là on en sait trop sur le sujet et parfois trop longtemps à l’avance. Je veux dire par là que, on se serait renseigné à fond sur le sujet quoi, un an auparavant, donc au moment d’écrire les paroles ce ne serait plus la même chose que la sensation de découverte que tu as sur le moment, c’est là que tu es vraiment passionné par ce que tu découvres et ça t’inspire pour écrire les paroles. Je me souviens quand j’écrivais les paroles de "Stalingrad" pour l’album Primo Victoria (2005), j’avais commencé longtemps à l’avance à me renseigner. J’avais le livre "Stalingrad" d’Anthony Beevor (il fait semblant de lire un gros livre et de s’ennuyer de plus en plus chaque fois qu’il tourne une page). Tous les jours, je regardais des documentaires et je crois bien que ça a été les plus importantes et les plus longues putains de recherches que j’ai faites de toute ma vie, mais au final, j’en savais tellement à propos de cette bataille qu’il était impossible de tout dire en un morceau de quatre minutes trente. « Dois-je écrire de ce point de vue ? Ou celui-ci ? Lequel est le plus intéressant ? Ou peut-être que je devrais écrire des paroles techniques à propos des mouvements de troupes ? » Je ne savais pas quoi faire. Puis, deux jours avant d’enregistrer le chant, sur internet j’ai trouvé la traduction du journal d’un soldat russe de plus ou moins huit pages. C’est finalement de ça que je me suis servi pour les paroles.
Donc on essaye de ne pas trop pousser nos recherches. On a en permanence quatre ou cinq idées à utiliser pour des albums et on est toujours à l’affut de sujets qui pourraient convenir à un de ces concepts.

Pär : Je range tout dans des dossiers. Quand les fans envoient des e-mails avec des idées de chansons, je m’en fais comme une bibliothèque, je les classe. Comme ça, selon ce qu’on veut écrire dans le futur, je peux toujours aller regarder et avoir des éléments à propos.

Joakim : On reste en surface pour avoir une idée générale sur telle bataille ou tel évènement et c’est seulement quand on a décidé de le traiter qu’on va en découvrir plus.

Pär : Et alors on se concentre sur les paroles jusqu’à ce que ce soit fini.

Joakim : Ça peut être pénible. On commence à 9h en studio pour enregistrer, on se dit que tout sera fini pour 20h. Et là on commence à écrire les paroles et on se rend compte qu’on n’aura jamais fini avant 4h du matin.

Comment s’est passée l’écriture de The Last Stand ? Avez-vous encore une fois tout écrit à vous deux ou est-ce que les autres membres du groupe se sont joints à vous ?

Joakim : Sur cet album, comme sur ceux d’avant, c’est majoritairement moi qui ai écrit la musique, puis Pär s’est joint à moi pour écrire les paroles. Pour ce qui est des paroles, rien n’a changé : parfois c’était Pär, parfois c’était moi, et la plupart du temps on écrit à deux, parce qu’on est les férus d’histoire du groupe.
Pour ce qui est des instruments, pour la première fois de l’histoire de Sabaton, tous les membres ont écrit. Sur Heroes, j’avais écrit "Soldier Of 3 Armies" avec Thobbe et "Man Of War" avec Hannes (Van Dhal, batterie). Pour ce nouvel album, on avait commencé à écrire un morceau avec Hannes. C’était un très bon début, mais on n’a pas réussi à l’achever, donc on l’a mis de côté pour le moment parce qu’on ne veut pas se précipiter. Il ne faudrait pas qu’une idée super fasse juste une bonne chanson, c’est mieux que cette idée super fasse une super chanson !
Sinon, j’ai écrit "The Last Stand" avec Chris (Rörland, guitare) et "Shiroyama" avec Thobbe.

Vous sortez un album à peu près tous les deux ans. Vous êtes toujours anxieux avant la sortie d’un nouvel opus ?

Joakim : C’est même de pire en pire à chaque fois. Au début, quand j’écris les chansons, je sais que potentiellement, chacune d’entre elles ne peut être notre meilleure chanson, mais émotionnellement, c’est ce que je veux. Mais en commençant je me dis à chaque fois que je n’en suis plus capable puis au final, quand presque tout est écrit, je me mets à tout détester. « Toutes ces chansons sont nulles ! » Donc je ne suis pas fan du début et de la fin du processus d’écriture, mais j’aime écrire de la musique. Parfois, j’écris même pour le fun avant même la phase de préparation d’un album et souvent ces idées donnent vie à des morceaux plus tard. Mais c’est de plus en plus compliqué à chaque fois et ce n’est pas spécifique à Sabaton.
Chaque membre d’un groupe qui écrit la musique dira la même chose : on n’est jamais gagnant, car même en faisant un album très différent, certaines personnes trouveront qu’il ne se passe rien. En écrivant un album similaire à un précédent, on peut parfois entendre « ho c’est cool, ils ont fait quelque chose de nouveau »… Les gens perçoivent la musique différemment et tout le monde ne cherche pas la même chose. Certains fans aimeraient qu’on évolue et qu’on parte sans arrêt dans de nouvelles directions. D’autres pensent qu’un album de Sabaton doit toujours avoir le même son parce que c’est pour ça qu’ils aiment le groupe et évidemment on ne peut pas faire les deux à la fois. Il faut toujours évoluer.
Il y a toujours entre une et trois chansons sur chacun de nos albums qui s’aventurent hors de notre zone de confort puis un an ou deux après, on voit si ça nous plait et si ça plait aux fans pour voir si on peut s’aventurer plus loin dans cette direction. Sinon, crois-moi, en tant que compositeur, j’aimerai changer, mais il y a le risque qu’on aille trop loin sur un ou deux albums, et qu’on réalise quatre ans après que ni nous ni les fans n’aimons ça… Donc plutôt que d’aller dans le mauvais sens sur deux albums, il vaut mieux prendre la température à gauche et à droite pour voir où la musique va nous emmener.
Et pour nous, c’est un peu plus compliqué parce que tout le monde aime Sabaton comme nous sommes, mais en même temps, tout le monde veut plus de variations. Non seulement on ressent ça de l’extérieur, mais aussi au sein du groupe. Il y a quelques exemples qui ont plutôt bien marché comme "The Final Solution" (sur Coat Of Arms, 2010) ou "To Hell And Back" (sur Heroes) qui sont différente, mais qui sont très bonnes. Puis, il y a "Wermacht" (aussi sur Coat Of Arms), que j’aimais,  contrairement au reste du monde (il éclate de rire). Donc on ne sait jamais ce qui va marcher et vers où aller. C’est pour ça qu’il doit y avoir une évolution de notre musique, mais pas trop vite.

Avez-vous lu ce que les gens pensent de votre nouveau single "The Lost Battalion" ?

Pär : Oui il y a eu beaucoup de choses dites à ce propos

Joakim : Le meilleur que j’ai entendu c’est « ho, le son de la batterie est bizarre ! » (rires). Mais il n’y a pas de batterie sur ce morceau ! C’est une mitrailleuse de calibre 50 pour la grosse caisse, la caisse claire est un pistolet 9mm et la cymbale est un coup de baïonnette… (rires) Donc oui, ça sonne bizarre parce qu’il n’y a tout simplement PAS de putain de batterie !

Pär : Il n’y a vraiment pas de batterie dans cette chanson. On a lu beaucoup de commentaires et certaines personnes disent que c’est n’est pas très bon, mais en général les gens sont heureux de cette nouvelle chanson et c’est rassurant. On a longtemps discuté pour savoir quel titre choisir comme premier single, mais on a suivi notre instinct. Quand on était en studio, au dernier moment, on aurait pu choisir n’importe quelle chanson parce qu’à la fin d’un enregistrement c’est toujours compliqué de savoir laquelle sera bonne ou non.

Joakim : On a écrit les chansons et une fois en studio il a fallu apprendre à les connaitre à nouveau et à les récréer. Peter (Tägtgren) est un excellent producteur et au cours du mix nous n’avons plus des chansons, mais juste des pièces détachées.

Pär : Tout le monde a un point de vue différent sur chaque chanson. Si vous demandez à Chris le titre qu’il préfère, il dira sûrement :
« - Ho celui-là à cause de ce petit passage à la guitare qui en fait la meilleure chanson de l’album !
- Okay, mais le reste de la chanson ?
- Aucune idée, je ne l'ai jamais entendue… Je ne me souviens pas du reste du morceau, je me souviens juste de ce petit passage !
»
Et si vous me demandez, la seule chose dont je pourrais me souvenir dans une chanson serait une petite partie des paroles ou quelque chose comme ça « ho ça c’est cool ! » Mais est-ce que la chanson en elle-même est cool ? Est-ce que c'est la meilleure de l'album ? Aucune idée ! Mais on a suivi notre instinct et avant d’aller en studio on parlait déjà de "The Lost Battalion" comme single.

Joakim : On a suivi ce bon pressentiment.

Pär : C’est ce qu’on a fait. Les paroles ont été très difficiles à écrire. On était lessivés après : « c’est l’heure d’aller au lit ! » (rires) Il a fallu longtemps pour l'écrire. On avait beaucoup d’informations, mais ça n’a pas rendu la tâche plus facile.

Joakim : Le rythme et la mélodie étaient étranges.

Pär : Oui, le rythme était bizarre (rires).

The Last Stand ne dure que 37 minutes. Est-ce un choix ou est-ce dû au cours laps de temps entre la sortie de deux albums ?

Pär : Non, ça devait se passer ainsi. Les chansons sont ce qu’elles sont. On n’avait pas prévu d’écrire un titre super long, notre but était juste d’avoir de bonnes chansons. Alors on a décidé qu’il y aurait dix morceaux, juste les dix meilleurs. Et cette fois, les dix sont plutôt courtes (sourire).

Joakim : Et en plus, tous mes albums préférés font entre 35 et 45-50 minutes. Je ne suis pas un grand fan de ces albums avec 18 chansons parce qu’alors c’est difficile de bien connaitre l’album. Pourquoi sortir un album tous les six ans qui dure 80 minutes, mais plein de morceaux de remplissages ? Je préfère sortir entre neuf et douze chansons fantastiques pour lesquelles on a tout donné et ainsi pouvoir sortir un album tous les deux ou trois ans.

Quels sont tes albums favoris ?

Joakim : De Sabaton ?

Non.

Joakim : Ho d’autres artistes ? Merci ! On ne pourrait juger nos propres albums, c’est aux auditeurs de le faire ! Alors, mes albums favoris ? Un album que j’aime beaucoup, mais que peu de gens connaissent c’est Faceless World de U.D.O. (1990). C’est du très très bon metal. J’aime aussi beaucoup de classiques. J’ai grandi en écoutant Painkiller de Judas Priest (1990), Stay Hungry de Twisted Sister (1984), mais surtout Rainbow Rising (1976) et Long Live Rock ‘n’ Roll (1978) de Rainbow. Du coup j’ai été très content de voir Rainbow en concert la semaine dernière. Donc voilà, en général, ce sont des classiques. Beaucoup de trucs avec Dio, Tony Martin ou Rob Halford dedans… Et Udo évidemment ! Metal Heart de Accept (1985). Je pourrais encore continuer des heures, mais vous avez compris quel style j’aime (rires).


Cet album, en particulier avec "Sparta", a une ambiance très cinématographique. Est-ce une piste que vous pourriez exploiter plus en profondeur sur un prochain album ? Peut-être avec un morceau plus long ?

Joakim : Peut-être, mais on ne réfléchit pas à ce qu’on va faire ensuite. Sans vouloir te vexer, j’en ai rien à FOUTRE que note musique soit plus rapide, plus épique, plus lente ou plus violente. Parce qu’on a déjà essayé il y a 10 ans de décider quelle direction prendre dans le futur, mais ça ne nous a pas réussi. La seule chose qui nous réussit, c’est de se concentrer sur le présent. On essaye de faire un album meilleur que le précédent avec de meilleures chansons. Parfois, ça veut dire qu’on doit jouer plus vite ou bien plus lentement ou encore écrire des morceaux plus épiques.

Pär : Les seuls moments où on peut essayer de prévoir quoi que ce soit, c’est une fois que l’album est fini à environ 80% et qu’on se demande ce qu’il manque sur cet album.

Joakim : « Ho cet album est super rapide, il nous faut un titre plus lent ».

Pär : Mais le reste du temps, on se concentre sur le fait d’écrire des bonnes chansons.

Joakim : Et ça ne dépend pas seulement de nous, mais aussi du sujet traité. Carolus Rex (2012) était un concept album sur l’Empire Suédois du début du XVIIe siècle jusqu’au début du XVIIIe et ce sujet en lui-même impliquait des titres plus orchestraux et plus épiques. C’est la même chose avec "Sparta", c’est le sujet qui guide la musique. On ne peut pas écrire un titre sur Sparte avec de l’harmonica et une guitare acoustique (sourire). Donc en fait, ça dépend du sujet. Si ça se trouve, dans le futur on va écrire un album dont le sujet ou le concept demandera des titres épiques du même genre. Dans ce cas, ça sera une progression naturelle d’écrire des chansons plus longues et plus épiques. Si on écrit un album sur la Blitzkrieg par exemple, il y a de fortes chances qu’il y ait beaucoup de double pédale.

Alors, c’est pour ça que l'album fait plus la part belle aux claviers que Heroes, son prédécesseur ?

Joakim : D’une certaine façon oui, mais il n’y a pas plus de claviers sur cet album… (Puis devant notre expression laissant paraître un profond désaccord...) Crois-moi, je sais exactement combien de pistes il y a. Je peux dire exactement combien de satanés BPM il y a à chaque instant ainsi que le nombre précis de pistes de claviers (rires) parce que j’ai bossé dessus tous les jours.
Bizarrement, chaque fois qu’on sort un album, les gens font des commentaires différents. Certains trouvent qu’il n’y a pas beaucoup de claviers, d’autres disent qu’il n’y a rien de nouveau… Sur cet album,  des gens ont dit qu’il y avait de nouveaux éléments dans notre musique. Mais tout le monde perçoit les choses différemment. Sur "Sparta", il y a énormément de claviers, mais ce n’est pas du synthétiseur, ce sont des orchestrations. C’est la même chose pour "The Lost Battalion", évidemment rempli de samples étant donné qu’il n’y a pas de batterie et qu’il y a une rythmique au synthétiseur. Mais sur un titre comme "Blood Of Bannockburn", il y a tout autant de synthétiseur sauf qu’une des pistes est remplacée par un orgue Hammond, ce qui est une première pour nous.
La seule chose qui a changé c’est qu’on a plus varié les sons qu’on utilise plutôt que de toujours nous servir des deux mêmes synthétiseurs. Donc c’est peut –être ça qui donne l’impression qu’il y a plus de claviers, mais en fait, en général dans Sabaton, on a toujours un clavier en arrière-plan qui fait des sons de chorales et qu’on peut entendre sur pratiquement toutes nos chansons. Il y a aussi le ....

Pär : « clavier lead »

Joakim : Oui, le clavier lead, qu’on utilise depuis Primo Victoria et qui joue la même partition que les chœurs sur chaque refrain (il fredonne l’air du refrain de "Primo Victoria"). Ce sont les deux pistes principales de clavier.

Pär : On les utilise sur pratiquement chaque chanson.

Joakim : Mais sur "Blood of Bannockburn", au lieu d’utiliser ça, on a mis un orgue Hammond. Alors peut-être que c’est parce que tu es habitué à entendre ces sons-là que tu remarques la différence.

Je vous propose maintenant de jouer à un petit jeu : « quelle chanson ». Quelle chanson de The Last Stand aimez-vous le plus ?

Pär : De The Last Stand ? C’est intéressant parce que ça change tout le temps.

Joakim : Hier c’était une différente qu’il y a deux semaines.

Pär : (en riant) Hier, j’ai changé d’avis. Donc pour le moment c’est "Blood Of Bannockburn", mais avant-hier c’était "Winged Hussars".

Joakim : Je me le demande souvent. C’est peut-être Sparta, peut-être "Blood Of Bannockburn", peut-être "Shiroyama" ? Mais celle que je chante toujours après avoir écouté l’album c’est "Winged Hussars" (il fredonne le refrain en battant la mesure sur ses genoux).

Pär : C’était encore ma favorite récemment (rires).

Joakim : Pour moi, la seule bonne façon de juger un album c’est de voir d’ici cinq ans, combien de titres seront toujours dans nos setlists. Alors on aura eu le temps de bien voir ce qui marche pour nous, mais aussi pour les fans en condition live. Quand on vient juste de sortir du studio, on n’a aucune idée si l’album est bon ou mauvais. Un an après, on peut regarder dans le rétroviseur avec assez de recul. Généralement c’est quand on commence à jouer les chansons en live que tout devient plus clair. Certaines ne marchent juste pas en concert. Peut-être parce que musicalement elles changent, une fois jouées en live... Peut-être parce qu’on l’aime, mais les gens du public ne l’aiment pas ? Ce qui se passe souvent quand on commence une tournée pour un nouvel album c’est qu’on essaye différents nouveaux morceaux pour voir lesquels marchent.

Pär : Sur Carolus Rex, c’était compliqué de choisir quelles chansons les fans allaient aimer. Évidemment il y avait le morceau éponyme qui allait marcher, on le savait, mais beaucoup d’autres pistes de cet album ont été testées parce qu’on les pensait bonnes, mais elles n’ont pas bien marché en concert.

Joakim : Exact ! Sur cet album, beaucoup de monde nous parlait de "Long Live The King". « Waow, c’est un de mes morceaux préférés de Sabaton ! » On l’a testé en concert quelques fois, mais ça n’a pas marché, les gens s’en foutaient… Pour "Gott Mit Uns", ça a été le contraire. Les gens ont fait leur choix ! (rires)

Pär : Oui, celle-là tout le monde veut toujours l’entendre.

Quelle chanson du nouvel album vous a pris le plus de temps à l’écriture ?

Joakim : Je dois réfléchir. "Sparta" n’a pas pris si longtemps en fait… C’est peut-être la plus rapide, je crois.

Pär : C’était la plus courte oui.

Joakim : "Sparta" et "Blood Of Bannockburn" ont été les plus rapides à écrire. "Last Dying Breath" a demandé du temps. "Lost Battalion" a été un peu longue, mais rien d’extraordinaire… "Rorke’s Drift" n’a pas pris trop longtemps. Enfin, j’ai quand même passé quatre jours uniquement sur le riff d’intro de celle-là.

Pourtant le riff est assez proche de celui de "Into The Fire" (sur l’album Primo Victoria).

Joakim : Oui ! Le problème c’était de le faire sonner vraiment comme du Sabaton sans que ça soit une copie de ce qu’on a déjà fait. Si les gens peuvent directement dire que c’est du Sabaton, c’est bon ! Si c’est une copie trop proche de ce qu’on a déjà fait, c’est mal ! Et il a aussi fallu que j’habitue mes doigts à le jouer (il imite un bruit de guitare en mimant). Ensuite… "The Last Stand" est peut-être une de celles dont l’écriture a été la plus longue. Chris et moi avons écrit le refrain de celle-là. C’est peut-être bien la plus longue.

Pär : Oui je me souviens de l’avoir entendue plusieurs jours au moment de l’écriture.

Joakim : Je crois que c’est celle-là en fait. "The Last Stand".

Et quelle chanson a demandé le plus de temps à l’enregistrement ? Peut-être "The Last Stand" aussi ? À cause des chœurs sur le dernier refrain ?

Joakim : Peut-être, mais le reste est allé vite. Chris a enregistré presque toutes ses guitares en une prise.

Pär : "Rorke’s Drift" peut-être ?

Joakim : Oui, mais je crois que celle qui nous a demandé le plus de temps en studio en tout a été "Lost Battalion". Parce qu’il y avait tellement d’éléments différents à combiner, comme le son des mitrailleuses, des pistolets. Réussir à faire que ça ne ressemble pas à des sons de batteries, mais qu’on puisse au sein du morceau les utiliser en tant que batterie puis ajouter les claviers. Et, comme du coup ,on avait un son de batterie totalement différent, qui modifiait la section rythmique, on a dû compenser avec la basse et les guitares. Donc du point de vue de la production, "The Lost Battalion" a été la plus longue, de loin.
Mais du point de vue musical, celle qui a demandé le plus de temps aux musiciens pour être dans la boite, ça dépend d’une personne à l’autre. Par exemple pour moi, celui qui m’a donné le plus de fil à retordre au niveau du chant a été "Shiroyama", parce qu’il y a vraiment une partie super haute dans celui-là !  (Ndlr : tout est relatif…) Et je crois que pour Hannes c’était "Hill 3234". Pour les guitaristes, c’était probablement les solos de "Rorke’s Drift" qui ont ce côté duel de guitares parce qu’il fallait changer l’accordage sans arrêt. C’est une chanson plutôt old school pour Sabaton, dans le style des albums Primo Victoria et The Art Of War (2008).

Elle va plaire aux vieux fans.

Joakim : Je pense bien oui ! C’est ce que ma mère a dit ! (rires) Elle était surprise, je lui ai dit:  « tiens, voilà l’album, écoute-le, moi je vais me coucher, je ne peux plus l'écouter». Et, genre trois jours plus tard, elle m’a dit que ça l’avait surprise parce que ce n’était pas ce à quoi elle s’attendait de la part du Sabaton d’aujourd’hui. « Il y a beaucoup de chansons qui sonnent comme le Sabaton d’avant et d’autres qui sonnent comme le Sabaton du futur. » Est-ce que c’est bien ou mal ? Je ne sais pas. Est-ce que c’est vrai ? Je ne sais pas. C’est ma mère, elle n’y connait rien en musique (rires).


Vous partez en tournée avec Accept. Peut-on s’attendre à voir un troisième groupe rejoindre l’affiche ou est-elle complète ?

Pär : On a prévu d’avoir un autre groupe pour l’ouverture, mais on ne va rien confirmer maintenant. On a plusieurs idées, mais l’idée de base c’est d’avoir un groupe que les fans vont apprécier. Rien n’est décidé.

Joakim : C’est une longue tournée et on a plusieurs options. Évidemment il y a des gars qu’on voudrait vraiment avoir avec nous, mais c’est toujours compliqué de voir si les gens peuvent faire la tournée parce que ça sera long et toutes les dates ne sont pas encore annoncées.

Pär : C’est une tournée de trois mois et tous les groupes ne sont pas capables d’assumer ça.

Joakim : Que ça soit à cause de leur programme à eux, leurs enregistrements ou simplement parce que la plupart des groupes ont d’autres boulots et des vies privées.

Pär : On va peut-être faire appel à plusieurs groupes.

Joakim : Même s’il y en a qui sont prioritaires pour nous ! (rires)  Si je ne veux rien dire ce n’est pas pour garder le secret, mais tant que ce n’est pas décidé, il vaut mieux ne rien dire, ça porte malheur. Et certains groupes ne savent même pas encore qu’on pense à eux pour cette tournée (rires).

Quel effet ça fait de tourner avec un groupe que vous admirez ? Surtout quand on sait qu’en 2011 vous faisiez la première partie de leur tournée nord-américaine.

Joakim : C’est étrange. D’un côté j’adore ça, parce que je vais pouvoir voir un de mes groupes préférés tous les soirs, mais d’un autre côté, j’ai du mal à réaliser qu’un groupe que j’écoutais en grandissant va maintenant faire notre première partie… Enfin, je comprends pourquoi : dans les pays où cette tournée va nous emmener, nous sommes un plus gros groupe actuellement. On vend plus de billets de concert et plus d’albums qu’eux donc objectivement, c’est compréhensible. Mais subjectivement, j’ai du mal (rires).
Je pense que ça va être une bonne tournée, parce que Accept est un très bon groupe qui continue à sortir des bons albums actuellement et c’est important. De plus ils sont aussi très bons sur scène ce qui nous fait un peu peur. Ça nous rend nerveux parce qu’on va devoir faire encore mieux, et ça va créer une saine compétition entre les groupes. Mes tournées favorites sont toujours celles où chaque groupe essaye de faire mieux que les autres. On a vu des tournées où des groupes essayent de ruiner les prestations d’un autre et ce n’est pas cool. Mais quand tout le monde essaye de faire de son mieux pour être le meilleur groupe en live, tout le monde est gagnant. On s’améliore parce qu’on doit faire mieux, c’est pareil pour les autres groupes et le public a droit à un meilleur spectacle, donc je crois que ça va être bon et je dois ajouter que c’est cool de la part d’Accept parce que peu de formations accepteraient de faire la première partie d’une autre qui a fait leur première partie dans le passé.

À part Accept, il y a-t-il des groupes avec qui vous voudriez tourner ?

Joakim : Metallica ! On n’a encore jamais joué avec Metallica. Et c’est vraiment quelque chose que je regrette. On a pourtant participé à de nombreux festivals ensemble, mais jamais le même jour. Je n’ai même jamais vu Metallica en concert !

Pär : Moi non plus. C’est vraiment bizarre !

Joakim : La plupart des autres groupes les ont déjà vus plusieurs fois et rencontrés à plusieurs occasions. On a joué avec Judas Priest, Scorpions, Iron Maiden, Motörhead… Mais jamais Metallica. Je crois qu’ils ne nous aiment pas (rires).

Pär : Mais ce qui est bien c’est qu’ils ne font pas partie des plus vieux groupes.

Joakim : Non, ils vont encore être là quelques années.

Pär : Donc on finira bien par les voir. Pour les autres groupes avec qui on rêvait de tourner, on a presque coché tous les noms de la liste déjà.

Vos tournées sont de plus en plus longues. Est-ce que ce n’est pas fatigant de passer sa vie sur la route, loin de chez soi, tous les jours dans un pays différent ?

Joakim : Peut-être à certains moments quand les choses ne se déroulent pas comme prévu. Dans ce cas, on passe parfois une journée difficile oui. Quand tu fais trois concerts de suite en Amérique du Sud et que tu ne dors pas plus de deux heures à la fois… Imagine : tu arrives, tu vas sur la scène pour les soundcheck puis tu dors deux heures. Après c’est l’heure du concert et ensuite direction l’hôtel où tu as juste 45 minutes pour prendre une douche et te reposer avant de partir pour l’aéroport.

À cause de la distance ?

Joakim : À cause de la distance oui. Et en Amérique du Sud, il n’y a AUCUN vol direct. Il faut toujours faire escale à Rio de Janeiro ou Sao Paulo pour changer d’avion, même parfois pour voyager entre deux villes qui sont proches. Donc oui, quand ton vol est retardé dans ces conditions et qu’en plus tu as de la fièvre, là tu dis « putain, je veux rentrer chez moi ! » C’est naturel, je crois que ça arriverait à n’importe qui, c’est humain. Mais en général non. On est des musiciens donc on doit jouer de la musique. Je crois que ça se voit sur scène, on est l’un des groupes qui adorent vraiment ça. Donc quand les gens nous demandent combien ça va leur couter de faire jouer Sabaton, on répond que le concert est gratuit, mais nous faire voyager loin de nos familles et nous faire passer du temps à l’aéroport, à faire la queue pour passer la sécurité, c'est cela qui va vous coûter tout un tas de pognon mes amis ! (rires)

Pär : Ça devient beaucoup plus facile de faire des tournées parce que maintenant on peut enfin bien faire les choses. Ça fait 17 ans qu’on fait ça, et pendant des années on devait nous-mêmes conduire notre bus, porter notre matériel, tomber malade en poireautant dehors avec nos instruments, etc. Maintenant, on a enfin une bonne équipe technique pour nous aider donc on peut travailler de la meilleure façon possible et nous concentrer sur les choses qui en valent la peine. Ça nous aide à faire un meilleur concert chaque soir. Il y a encore quelques années, c’était bien plus dur pour tout le monde. On nous servait de la nourriture de merde, quand on en avait par exemple.

Joakim : Je me souviens que pour notre première tournée en tête d’affiche, on venait juste d’avoir notre propre tour bus et à l’époque il n’y avait que moi et Oskar (Ndlr : Montelius, guitariste de 1999 à 2012) qui savions comment charger la soute parce qu’elle était entièrement remplie. Si bien qu’au final, tout le groupe aidait à porter des affaires pendant que notre équipe technique buvait des bières en coulisses (rires) !

Pär : Donc ça s’améliore et on joue dans des salles plus grandes. Quand tu passes cinq semaines en tournée et que tu te retrouves à chaque fois dans des loges minuscules à devoir attendre deux heures pour pouvoir utiliser les toilettes parce qu’il n’y en a qu’une et qu’il faut faire la queue, ça finit par te pousser à bout.

Joakim : Une journée comme ça, ce n’est pas grave. Ça nous arrive encore parfois quand on joue dans de nouveaux pays. Ce n’est pas un problème, on en rigole même « hey, c’est comme au bon vieux temps ! » C’est super, mais je sais que faire ça pendant cinq semaines, ça finit par nous consumer à petit feu jour après jour. On n’a aucune intimité, il faut faire 25 minutes de queue chaque fois qu’on va aux toilettes, on n’a que deux retours sur scène, un à droite et un à gauche, sans savoir ce qui va en sortir… toutes ces choses-là pendant cinq semaines, c’est fatigant. Donc les choses s’améliorent et c’est plus facile.

Pär : On peut aussi faire les shows comme on en rêvait à nos débuts. Les lumières marchent et sont magnifiques, on peut avoir des effets de mise en scène, par exemple on peut demander que la scène soit plongée entièrement dans le noir alors que dans un petit pub ça ne marcherait pas donc nos shows se passent maintenant comme on en avait envie.

Joakim : Et c’est aussi beaucoup plus facile de rester en contact nos familles. À l’époque où on a commencé les tournées, il n’y avait pas de données de roaming  (connexion à internet depuis un mobile à l'étranger) ou alors à un prix exorbitant. Il y a du Wi-Fi partout maintenant alors qu’avant moins de la moitié des salles en était pourvues, mais si tout le monde se connectait, le routeur plantait parce que l’équipement n’était pas bon. Donc évidemment, les tournées sont plus faciles de nos jours.
Beaucoup nous disent qu’on est le groupe qui tourne le plus et pour le moment je pense qu’on est effectivement l’un des groupes les plus actifs au niveau des tournées, mais regardez Twisted Sister ou Iron Maiden : ce qu’ils faisaient à l’époque, ils se levaient tous les soirs pour changer de pays et ils devaient présenter leurs passeports ou changer leur monnaie tous les jours. Ils ne pouvaient appeler leurs familles qu’une fois par semaine quand ils étaient dans un bon hôtel, mais cet appel coutait alors l’équivalent de 25€ aujourd’hui pour cinq minutes. Eux, ce sont des putains de guerriers (rires). Les groupes d’aujourd’hui sont trop gâtés.

Ces groupes sont-ils des exemples pour vous ? Pouvoir faire des tournées pendant encore 40 ans..

Pär : Oui, Iron Maiden est une source d’inspiration depuis nos débuts et ils le sont toujours. Leur façon d'être sur scène et de travailler tous ensemble en équipe. Ça nous inspire beaucoup de voir Iron Maiden qui fait toujours de la musique pour les bonnes raisons et qu’autour d’eux c’est toujours la même équipe technique que celle qu’on a rencontrée il y a quelques années, la première fois qu’on a joué avec eux. C’est parce qu’ils aiment vivre confortablement, et ça nous inspire vraiment. Ils nous ont donné envie de faire de la musique et de continuer à en faire pendant longtemps.


Vous avez appelé cette tournée « The Last Tour ». Vous réalisez que certaines personnes sont inquiètes et pensent que c’est vraiment votre dernière tournée ?

Joakim : Qui sait ce qu’il va se passer ? Dans le rock’n’roll, il y a deux façons de mourir : la drogue et les crashs aériens ! On ne se drogue pas donc on va surement mourir en avion (rires) ! Mais l’album s’appelle The Last Stand donc c’était logique de faire The Last Tour et aussi, on en revient à la compétition : on veut être les meilleurs et quand on a découvert que Status Quo a commencé sa tournée d’adieu en 1984, on a réalisé qu’ils avaient 32 ans d’avance sur nous (sourire). Et puis de nos jours, tout le monde fait des tournées d’adieu qui durent 15 ans ! « Au revoir, c’était notre dernier concert… » Oui, c’est ça…

Avez-vous changé d’avis concernant un éventuel nouveau claviériste ? Aux dernières nouvelles, vous n’en cherchez pas spécialement un, mais si vous trouvez quelqu'un qui fait l’affaire ce n’est pas impossible qu’il vous rejoigne.

Joakim : Je ne sais pas. Je ne crois que non. Quoi ? Tu trouves que je ne fais pas du bon boulot ? (rires) (Ndlr : Joakim joue du clavier sur les albums et enregistre ses parties pour les sampler en concert)

Pär : Les choses marchent très bien comme elles sont en ce moment. Et puis, pour jouer tout ce qu’il y a dans notre musique maintenant, un claviériste ne serait pas suffisant. Donc il faudrait quand même avoir recours à des pistes préenregistrées de clavier pour que tout soit retranscrit comme sur album. Alors, pourquoi en avoir un qui ne je jouerai de toute façon pas tout ?

Joakim : Oui, et on devrait quand même suivre un métronome. J’aimerais pouvoir faire des choses complètement différentes en concert, mais maintenant on en est au point où même avec deux claviéristes, on devrait se contenter de suivre le métronome, parce que les lumières et la pyro sont synchronisées avec la musique.

Pär : Les effets de lumières qu’on utilise en ce moment ne peuvent pas se faire en direct, il faut les préprogrammer.

Joakim : La pyro au Sweden Rock demandait plus de 10 000 commandes et évidemment avec ce genre de show, on ne peut pas le faire manuellement.

Pär : Donc on devrait quand même rester fidèles à la piste de clicks. De plus, il y a une très bonne atmosphère au sein du groupe et peut-être que si on ajoute un claviériste, ça changerait l’alchimie entre nous. C’est aussi beaucoup plus facile comme ça pour les photos (Joakim éclate de rire)… Pendant douze ans, tous les photographes qui ont pris Sabaton en photo nous disaient que c’était impossible d’avoir une bonne photo de groupe à six personnes !

Joakim : Sept oui, six non !

Avez-vous un rêve que vous voudriez accomplir en tant que musiciens ?

Pär : On a plus ou moins déjà réalisé nos rêves. Dans de nombreux endroits, y compris en Suède, les gens ne croyaient pas en Sabaton : des médias, des journalistes, des «anti-fans », des gens du business de la musique, tous ces gens disaient «non, ces mecs qui sortent de leur petite ville ne pourront jamais réussir ». Je crois que cette année, on a prouvé à beaucoup de monde qu’ils avaient tort en jouant en tête d’affiche de la soirée du samedi au Sweden Rock. Si on l’a fait en Suède, on peut aussi le faire autre part ! Ça va prendre du temps et ça va demander encore une bonne dose de passion, mais voilà, notre rêve c’est de faire ça et de prouver aux gens qu’ils ont tort. Des gens nous demandaient pourquoi on allait jouer au Royaume-Uni alors que notre musique ne plaira pas là-bas, mais aujourd’hui on en est à une centaine de concerts sur ce territoire et les gens commencent à croire en nous.

Joakim : C’est pareil en France où ça n’a pas très bien commencé pour nous. Les salles étaient presque vides en 2007 !

Pär : Mais ce qui nous importe, ce n’est pas le nombre de personnes qui viennent à nos concerts, mais plutôt de montrer aux gens qu’ils ont tort, de réaliser ces choses auxquelles les gens ne croyaient pas. Lors de notre tournée en début de cette année, les gens nous demandaient « pourquoi vous jouez à Bordeaux, Marseille et Nantes ? Ce n’est pas là que vous devriez jouer! » C’est précisément pour ça qu’on voulait jouer là. Les shows ont été sold out et les gens n’y croyaient pas, ils n’en revenaient pas que ça ait marché. Voilà sur quoi on se base pour savoir si les choses avancent bien pour nous.
Par exemple, on savait qu’un jour on ferait la tête d’affiche du Wacken. C’est arrivé lentement mais sûrement parce qu’on a beaucoup joué en Allemagne et avec le temps c’est devenu une étape naturelle. Par contre, on ne s’attendait pas à ce que Nantes soit sold out, pas du tout ! On s’est dit « waouh ! » Donc d’une certaine façon, jouer devant 1500 personnes à Nantes dans une salle remplie c’était une plus grosse surprise et un moment plus heureux que de jouer au Wacken Open Air parce que…

Joakim : Parce qu’on s’y attendait pour le Wacken.

Pär : C’était la troisième fois qu’on y jouait aussi donc on l’a vu arriver.

Joakim : Un des rêves que je n’ai pas encore accompli, et on a raté une grosse occasion en 2014, ça serait de jouer sur une plage de Normandie le 6 juin. Ça serait le concert de mes rêves. Mais il faudrait que ça soit un gros show. Par exemple : transporter les fans dans des barges de débarquement jusque sur la plage pendant qu’on joue sur un bunker. Évidemment il y aura des tanks et des faux barbelés ! Si on utilisait des vrais, les gens se blesseraient. Mais pour moi la chanson "Primo Victoria" (Ndlr : qui parle du débarquement en Normandie) représente tellement de choses.
Le début du Sabaton que l’on connait aujourd’hui, la première fois qu’on s’est dit « waouh, voilà, c’est ça Sabaton », quand on a enregistré cette démo en 2003, c’est là qu’on a su. De plus, ce qu’il s’est passé là-bas, en Normandie, et ce qu’on pourrait faire visuellement avec un tel show… Ce qui serait parfait ça serait peut-être en 2024, c’est ça notre prochaine opportunité (rires)

Tu nous avais déjà parlé de ce rêve sur les plages de Normandie et l’un des buts du fan-club français c’est de réunir assez de monde pour que ce rêve se réalise un jour...

Joakim : Ça serait super mec !

Pär : Ça serait vraiment génial, mais c’est l’une des choses qui vont vraiment prendre du temps… Beaucoup de temps ! Parce qu’il va falloir qu’on soit très populaire dans le pays. C’est grâce à ça qu’on a pu faire le Sweden Rock.

Joakim : Si c’était en Suède, on aurait déjà pu le faire à présent. Mais pour jouer dans un endroit historique comme ça, il falloir convaincre les politiques locaux qui n’ont jamais entendu parler de heavy metal ou qui vont probablement croire qu’on est satanistes et qui vont donc refuser qu’on joue. Donc, même si on essayait maintenant, le projet serait rapidement avorté. Il faut qu’on grandisse en France en jouant dans les festivals pour y arriver (rires).

Pär: Mais il nous reste quelques années !

Joakim : Ouaip

Et il-y-a-t-il des pays où vous avez l’impression que vous ne pourrez plus grandir plus ?

Les deux en même temps : Non !

Pär : Clairement pas. Même si on est plutôt à un bon niveau de popularité en Suède, il y a encore beaucoup d’endroits qu’on ne remplit pas donc non. On peut encore grandir partout et ça avance dans ce sens. C’est chouette de voir que quand certains groupes grandissent sur certains territoires, mais deviennent plus petits autre part, Sabaton continue d’évoluer partout. On n’est pas vraiment pressés de conquérir le monde, on avance petit à petit. D’abord l’Europe, puis quand on a commencé à s’y sentir bien, on est allé en Amérique du Nord. Sur la tournée de Heroes, on a fait 100 concerts en première partie (Ndlr : en ouverte d’Amon Amarth puis de Nightwish notamment) rien qu’en Amérique pour nous assurer de nous faire des fans là-bas. Des gens nous ont dit que c’était fou qu’on fasse autant de premières parties.

Joakim : Mais c’est aussi comme ça qu’on a grandi en Europe !

Pär : C’est comme ça qu’on gagne de nouveaux fans. Donc on va continuer.

Joakim : Et aussi, en Amérique, on est obligé de faire des premières parties parce qu’en Europe on a les festivals. Aux USA, ils n’en ont pas !

Pär : Enfin si, ils en ont, mais ils ne nous font pas jouer parce qu’ils ne bookent que les groupes qui passent à la radio et le heavy metal mélodique ne passe pas vraiment à la radio en Amérique donc c’est plutôt compliqué pour nous d’attirer l’attention sur ce territoire sans jouer avec d’autres groupes. Voilà pourquoi on le fera jusqu’à ce qu’on sente qu’on a assez de fans pour faire nos shows en tête d’affiche là-bas. Ça va encore demander quelques concerts (sourire). On a fait 100 concerts aux USA sur la tournée Heroes et combien pour Carolus Rex ?

Joakim : On y a fait une tournée en tête d’affiche à cette époque donc à peu près 30 concerts. C’était notre toute première tournée avec Chris, Thobbe et Robban (Ndlr : Bäck, batteur durant quelques mois en 2012) puis on est revenus avec  Snowy (Shaw), mais on n’a pas fait beaucoup de shows. Probablement entre 50 ou 60 shows

Certains Français sont plutôt fiers de leur histoire militaire, mais vous n’avez toujours pas écrit de chanson à ce sujet.

Pär : On a eu plusieurs idées, mais ça n’a jamais été compatible avec la musique qu’on écrivait. On avait ces idées pour Heroes donc elles n’avaient pas leur place dans le concept de The Last Stand.

Joakim : Par exemple, une idée qu’on avait pour Heroes c’était de parler de la résistance française, mais ça n’a pas marché parce que non seulement on veut raconter la meilleure histoire possible, mais il faut aussi que la musique et les paroles se complètent. Sur chaque album qu’on écrit, on doit laisser tomber un paquet de bonnes histoires, on doit les abandonner et c’est un peu triste.
Pour Heroes, on avait aussi pensé à commencer l’album avec Napoléon pendant la révolution et de le finir avec Napoléon devenu empereur. Je ne veux pas faire de promesses, mais pour parler de gens comme Napoléon, Alexandre le Grand, Genghis Khan… il faudra plus qu’une chanson, mais un concept album entier sur chacun d’eux.

Pär : Et surtout pas une de nos chansons de trois minutes trente (rires) !

Joakim : Il y a des histoires qu’on adore. Par exemple, ça fait plus de dix ans que je veux écrire un morceau sur Pearl Harbor et à plusieurs reprises ça aurait pu convenir pour un de nos albums. Il aurait très bien eu sa place sur Coat Of Arms.

Pär : Mais pas sur Carolus Rex

Joakim : Non, c’est vrai ! Mais la majeure partie de la musique était écrite, j’avais même cru l’avoir finie à un moment, mais ça n’allait pas avec l’album de l’époque. Donc pour chaque chanson, chaque histoire qui se trouve sur nos albums, il y a dix autres histoires qu’on voulait raconter, mais qu’on n’a pas pu intégrer parce qu’on ne le sentait pas. Chaque fois que je finis une chanson, j’ai dû en jeter neuf ou dix autres en cours d’écriture. Je crois que ça ne s’applique pas qu’à nous, mais ce qui reste sur l’album n’est que le sommet de l’iceberg.

Pär : Surtout pour Heroes.

Joakim : Surtout pour Heroes. Pour ce qui est des sujets on pourrait faire cinq albums Heroes en fait !

Pär : Heroes 25 (rires) !

Joakim : Personnellement, on a envie de faire Heroes 2, 3, 4 et 5, mais ça serait un peu prévisible et ennuyant à la fin. C’est cool qu’avec le nouvel album on a pu couvrir une plus grande zone géographique et voyager plus loin dans le temps. On y parle de plus de 2000 ans d’histoire militaire. Il y a évidemment la bataille des Thermopyles en 480 av. J.C, mais la chanson qui parle des faits les plus récents nous emmène en 1988 pour la guerre entre l’URSS et l’Afghanistan. Puis, on voyage entre les continents : il y a l’Asie, l’Afrique et l’Europe. On parle même des soldats américains même s’ils se battaient en Europe dans les histoires de cet album. Donc on couvre plus de terrain et sur une plus longue période de temps et c’est plutôt cool. Mais au final, ce qui reste en tête ce sont ces chansons qu’on voulait faire, mais qui n’ont pas abouties (rires).



Sur l’édition collector de The Last Stand figurera le DVD de votre concert à Nantes en février dernier. C’était déjà prévu avant le concert où est-ce en voyant les images que vous avez décidé de l’utiliser ? (Ce show avait été filmé pour une diffusion par l’Enorme TV).

Joakim : C’était juste si bon qu’on le voulait. Parce que je trouve que c’était sacrément fantastique. Normalement quand on est filmé à des festivals comme Wacken ou Woodstock (Ndlr : celui en Pologne), on doit faire attention à dire telle chose ou ne pas dire une autre, ne pas aller à certains endroits de la scène à cause de la pyro et des autres extras. Il y a toujours de grosses réunions de production et tout le monde est stressé.
En plus, dans les festivals comme Wacken il y a toujours pleins de médias à qui tu ne peux pas dire non. Par exemple la plus grosse TV rock du Japon qui veut m’interviewer juste avant que je monte sur scène. Donc c’est très compliqué et tout le monde est nerveux lors de ces captations. Pour Nantes, on savait qu’on était filmés, mais…

Pär : Ce n’était pas pour un show spécial.

Joakim : Oui, exactement, on jouait comme pour un concert normal. On a changé quelques chansons comme tous les jours, mais rien de plus. Au Wacken et à Falun (Ndlr : les deux shows captés sur leur dernier DVD live, Heroes On Tour), on pensait beaucoup à la setlist pour que les deux sets soient différents. À Nantes, je ne savais même pas vraiment pourquoi on était filmés donc on s’est amusé et on a passé un bon concert. On n’a pas vraiment pensé aux caméras et tous les membres du groupe ont passé un bon moment. C’est quand on a vu les images qu’on s’est dit « waouh, ça devrait toujours être comme ça ! »

Pär : C’était beaucoup trop bon pour que seulement 60 minutes soient utilisées (Ndlr : c’est le temps de diffusion à la TV qui avait été alloué pour ce concert alors que le groupe joue souvent dans les alentours de 90 minutes) et juste à la TV française. On s’est dit que le reste du monde pouvait le voir aussi.

Joakim : Et comme la foule était proche, on peut ressentir l’atmosphère du concert. Sans vouloir manquer de respect au Wacken, c’était un show fantastique, mais le public est à 25 mètres de nous ! Donc j’ai beaucoup aimé le show de Nantes. Et pour une fois, tout le monde a bien joué (rires)

Une question spéciale pour Joakim maintenant : il y a beaucoup d’opéra metal de nos jours. Que ça soit de Tobias Sammet (Avantasia) ou Arjen Lucassen (Ayreon entre autres). Est-ce qu’un jour, si on t’y invite, tu pourrais jouer un rôle dans un opera metal ? Ça pourrait marcher avec Tobias Sammet je crois ?

Joakim : Je serais surement le méchant (rires) ! Dans le Roi Lion, je serais Scar ! Mais oui et non… Si c’est pour une bonne raison oui. Quand des gens me demandent de participer à leur projet, ma règle c’est que ça ne doit pas interférer avec Sabaton. Je n’ai jamais demandé d'argent à qui que ce soit pour que je chante. Je le fais pour des groupes que j’apprécie comme Wisdom (Ndlr : il chante sur le titre "Rise Of The Wise" de l’album du même nom) qui a tourné avec nous ou nos amis de Twilight Force. J’ai chanté sur leur premier album (Ndlr : sur le titre "Gates Of Glory") et sur leur nouveau (Ndlr : sur "Heroes Of Mighty Magic"). Il y a beaucoup de groupes avec qui on a tourné et à qui je dirais oui s’ils me le demandaient.
Pour un projet comme Avantasia, j’adorerais y participer, mais je n’aurais pas le temps de faire les concerts parce qu’alors ça va interférer avec Sabaton. Si Arjen Lucassen m’appelle pour me demander de participer à un de ces projets et que j’ai le temps de le faire, j’adorerais parce que je suis un fan de sa musique, mais j’ai bien peur de ne pas avoir le temps (rires) ! Mais ouais, Tobby (Ndlr : surnom de Tobias Sammet) est un mec super et j’adorerais participer à ses projets, mais il ne veut pas faire que des albums, il veut aussi faire des supers concerts. Donc ça pourrait marcher si je ne chante que sur une chanson, mais il est assez malin pour savoir que je ne pourrais pas participer aux tournées donc je n’aurais pas un grand rôle dans son opéra metal de toute façon. En résumé : une chanson ça serait bien, mais un grand rôle ça n’aurait aucun sens.

Des membres du fan club vous demande si vous prévoyez de vendre les superbes t-shirts que vous portez en concert ?

Pär : Ceux qu’on porte ? Tu parles de Joakim ?

Vous avez tous un T-shirt différent et personnalisé sur scène.

Pär : Oui, on a tous des vêtements différents. C’est Chris qui a dessiné ses vêtements et ceux de Thobbe spécialement pour la tournée de Heroes, mais ils sont faits pour être rien qu’à eux. Pourquoi vendre un t-shirt avec écrit « Rörland » dessus ? La seule manière d’en acquérir un, c’est quand on les jette dans le public après les concerts, c’est ça qui les rend spéciaux !

Un dernier mot pour les fans français ?

Joakim : Merci pour tous les bons moments, non seulement en tournée, mais aussi au Download. Je n’en croyais pas mes yeux malgré les conditions merdiques à souhait : en plein jour et sous la pluie. Je vais probablement énerver quelques Suédois en disant ça, mais vous avez été meilleurs que le Sweden Rock ! C’était impressionnant.

Pär : Beaucoup de gens sont impatients d’écouter notre nouvel album… et ils ont raison (rires) ! Nous, on est impatient d’entendre les opinions des gens à ce sujet parce que pour le moment on n’a aucune idée de quels titres on va jouer sur la tournée qui commence en janvier.

Joakim : Enfin, il y en a deux ou trois qu’on est certains de jouer parce que tout le monde nous en parle déjà, mais de manière générale on ne sait pas encore.

Pär : Donc les fans sont impatients d’écouter l’album et nous que les fans puissent l’entendre pour savoir quelles chansons jouer.

Joakim : Et c’est intéressant de lire les publications sur internet. À la sortie d’un album, les premières réactions sont toujours différentes de celles que les gens ont un an après. Il faut toujours du temps pour s’imprégner d’un album. À la première écoute on se dit « ho ça c’était cool, ça un peu moins… » Puis, six mois plus tard, on en a parfois déjà assez des chansons qu’on aimait au début et celles qu’on trouvait moins bonnes sont devenues nos favorites. "Stargazer" est ma chanson préférée de tous les temps pourtant à la première écoute je me suis dit que ce n’était vraiment pas la meilleure de Rainbow… Et maintenant je l’ai vue en concert, YES !

Pär : On a déjà eu quelques retours et les fans vont avoir des avis très différents à propos des chansons qu’ils aiment donc on va devoir jouer beaucoup de nouveaux morceaux sur la prochaine tournée.

Joakim : Pour Carolus Rex, les gens parlaient presque tout le temps des mêmes chansons et semblaient avoir la même opinion. Pour Heroes, ça a été la même chose. Les gens ont presque tous aimé "To Hell And Back" par exemple et pour la première fois on avait à la fois un single évident et une chanson que tout le monde apprécie. L’idée générale était que c’était cool qu’on en soit revenu aux bases avec un heavy metal plus direct que sur Carolus Rex. Alors que pour The Last Stand, j’ai entendu de tout. Des gens qui trouvent qu’on se renouvelle totalement, d’autres qui pensent le contraire, certains qui aiment un titre et d’autre qui détestent ce même titre,… Donc je n’ai aucune putain d’idée ce qu’on va jouer au final (rires) !

Pär : On verra ! Mais on est impatient de voir la réaction des fans. On va peut-être jouer des chansons différentes selon les pays.

Joakim : C’est certain, on fait toujours ça. On ne fait pas la même setlist en Pologne qu’en Finlande (sourire).

Merci à Alexandre W. de la Sabaton French Division et à Ju de Melon pour leur aide et leur participation à l'interview ainsi qu'à Roger Wessier pour avoir rendu cette interview possible.

Photos par Ju de Melon et Alexandre W.
 

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