Simon Girard et Philippe Boucher (Beyond Creation) au Hellfest 2017

Quelques heures avant que les Québécois de Beyond Creation ne foulent les planches de l'Altar au Hellfest, nous avons pris quelques instants pour discuter avec Simon Girard, tête pensante du groupe et principal compositeur, et Philippe Boucher, batteur de la formation. L'occasion pour nous de savoir ce qu'on pensé les deux musiciens de leur arrivée en terres clissonnaises et de parler d'Earthborn Evolution, leur dernier album, qui date déjà de 2014.

Bonjour à tous les deux. C'est votre première date au Hellfest. Imaginiez-vous quelque chose d'aussi gros ?

Simon : Non ! Nous avons des festivals chez nous à Montréal. On a joué au Heavy Montreal par exemple, qui est assez gros, mais ce n'est rien comparé au Hellfest. Quand nous sommes arrivés ici c'était vraiment une surprise. Il y a énormément de monde, tous les détails, tous les décors, les scènes, le son... On a vraiment hâte de jouer... (Interview réalisée le dimanche matin NDLR). C'est une belle première expérience pour nous au Hellfest.

Votre musique est très technique. Elle présente de grandes similitudes avec des groupes comme Obscura, Death, Cynic... En dehors de ces groupes quelles sont vos influences plus larges lorsque vous composez ?

Simon : En réalité nous écoutons un peu toutes les sortes de musique. Mais cela a commencé au début  avec Death, Necrophagist... D'autre part j'ai beaucoup écouté de classique, donc il y a des éléments néo-classiques dans notre musique. Par contre sur notre dernier album, il y a un côté beaucoup plus prog.

Oui cela se ressent notamment avec les interludes de basse. Cela rappelle des morceaux comme ceux de Cynic...

En réalité notre but est que chaque instrument ait réellement sa place. Il faut que l'on entende chacun et que tout le monde se démarque. C'est comme cela que la musique reste intéressante.

À ce propos la production de vos album est toujours assez riche. Est-ce un challenge pour vous de faire sonner chaque instrument séparément et de faire en sorte que l'ensemble soit cohérent ?

Philippe : Oui, c'est quand même assez important, surtout que l'on veut garder un son naturel et organique. On ne veut pas sonner non plus de façon clinique. Je crois que c'est cela qui fait que l'on aime notre musique. Cela reste naturel et on sent vraiment qu'il y a de vrais instruments et on ressent également nos influences.

Simon : On enregistre avec Chris Donaldson, le guitariste de Cryptopsy, qui a son studio. Et c'est vraiment un très bon ingénieur du son. A chaque album, on a des projets différents. C'était différent entre The Aura et Earthborn Evolution, qui était comme on l'a dit plus organique. Et pour le prochain, le but sera d'aller encore plus loin dans cette approche avec nos nouvelles guitares. L'objectif c'est d'aller chercher les meilleures fréquences, les meilleurs tons, les façons d'enregistrer ou de mixer...

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Tu viens justement de mentionner Cryptopsy. Vous venez de la scène québécoise qui est richissime en terme d'artistes de ce genre. Je pense notamment à Gorguts, Martyr ou encore Quo Vadis. Comment expliquez-vous le succès du death metal au Quebec ?

Philippe : Pourquoi ce succès ? Je ne sais pas c'est peut-être à cause de l'hiver ! (rires) Ou la coutume. Ou les deux...

Simon : ...ou la bonne bière ! (rires)

Philippe : J'ai l'impression que nous sommes une grande famille et que tout monde se connaît. Il y a des endroits et des salles de répétition ou les groupes jamment ensemble toute l'année et se fréquentent. Je pense que c'est ça qui les aide à bien s'entendre et c'est ça qui enrichit la scène. D'ailleurs on voit souvent des artistes qui passent d'un groupe à un autre. Je pense notamment à Dan Mongrain, guitariste de Voïvod,  qui a joué avec Martyr, Gorguts et Cryptopsy...

Vous êtes actuellement en pleine tournée européenne pour Earthborn Evolution, qui est sorti il y a déjà trois ans. Et même si vous êtes déjà venus en France à l'automne dernier, est-ce que c'était vraiment difficile pour vous de trouver des dates pour venir en Europe ?

Simon : En réalité on avait eu plusieurs offres avant pour venir ici. Mais on a fait d'abord des tournées aux États-Unis et au Mexique. Puis comme nous avons tous du travail à côté, nous n'avions pas de temps de poser plusieurs jours pour venir ici. Mais depuis Earthborn Evolution on est à 100% dans la musique.

Vous arrivez à en vivre actuellement ?

Plus ou moins. Nous avons tous des projets musicaux ou artistique au sens plus large. De mon côté, je suis photographe. Mais on donne aussi des cours de musique. Jusqu'à présent, on n'avait pas eu l'occasion de venir, on attendait la bonne tournée (celle avec Obscura et Revocation, NDLR). Obscura est un groupe qui collait bien avec nous d'un point de vue musical. Puis on s'entend bien avec eux aussi. Revocation c'est pareil... Lors de la première tournée, on a eu une bonne réponse de la part du public. On savait que les gens nous attendaient depuis plusieurs années. C'est pour cela que nous avons décidé de revenir, et puis il y a eu les invitations pour les festivals. Ce concert au Hellfest, c'est d'ailleurs le premier show de notre tournée. Puis ça durera un mois au cours duquel on va jouer dans une partie de l'Europe, puis Dubaï, puis la dernière date se déroulera à Londres pour le UK Tech Fest.

Est-ce que vous avez commencé à travailler sur le troisième album ?

Philippe : J'ai commencé des préprods avec Simon. On a quatre ou cinq chansons.

Simon : Cinq sont montées avec le band au complet et puis il y en a plusieurs autres en cours de finalisation. C'est un processus long. Les paroles ne sont pas encore écrites, mais on a l'intention de commencer à enregistrer en janvier ou février 2018, pour une sortie en 2018.

Toujours chez Season of Mist ?

Oh que oui ! For the Win ! (rires)

Simon, au niveau des guitares, tu joues sur 7 et 8 cordes. Qu'est-ce que cela ajoute en terme de créativité selon toi ?

C'est tout simplement pour aller chercher des sonorités que je désire en terme d'arrangements. Ça n'est pas seulement pour utiliser du grave, mais également pour agrémenter les ambiances. On va aller chercher la huitième corde car ça donne un côté heavy et prog en même temps. Sur Earthborn Evolution, il y a beaucoup de tapping sur toutes les cordes. Mais avec la huitième cela donne plus de fréquences basses et plus d'opportunités.

Dans le titre de votre deuxième album, on trouve le mot "Evolution". En comparaison avec The Aura, on a justement l'impression qu'il y avait une volonté d'évoluer vers quelque chose d'un peu moins brut en terme de production. Etait-ce conscient ?

Ce qui est sûr c'est qu'on ne veut pas se sentir enfermé dans un style de musique. Oui, on joue du death metal en partie. Mais il y a beaucoup d'influences jazz, progressives, classiques... On essaye surtout d'intégrer le plus d'éléments possibles des styles que l'on aime et que l'on veut jouer. C'est pour cela que le style que l'on travaille actuellement est peut être plus prog et plus raffiné. On essaye d'avoir des ambiances, des atmosphères qui vont dans ce sens.

Philippe : Je pense que c'est cet aspect là qui a aidé à propulser Earthborn Evolution. C'est un album qui respire. Il y a des interludes, des parties qui laissent place à l'imagination et plus de dynamique que sur The Aura.

Récemment, y-a-t-il des groupes ou artistes qui vous ont séduit et qui peuvent vous influencer pour des compositions ?

Hum...C'est dur à dire, il y en a tellement, je pense à plein d'artistes...

Simon : Pour la composition, je sais qu'il y a plusieurs groupes qui m'influencent beaucoup, notamment Exivious. On verra d'ailleurs leur dernier set au UK Tech Fest. C'est un super groupe qui a légué deux excellents albums. En terme de compositions, je suis toujours influencé par Cynic. Dans les groupes récents, il y a Fallujah, qui est assez atmosphérique et qui joue beaucoup sur les textures. Gorod aussi, que l'on adore car ils sont très variés.

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Simon, en live comment parviens-tu à gérer à la fois le chant et les parties de guitare qui sont très techniques ?

Quand je compose, j'essaye de ne pas penser au fait que je vais devoir le faire en live. Car le but premier est d'aboutir à des parties vocales qui existent par elles-mêmes. Je ne veux pas qu'on ai l'impression que c'est du chant collé par dessus la guitare. Je considère cela comme deux instruments distincts et je ne m'impose aucune contrainte. Quand on compose, on pratique ensuite la musique pendant des mois, pour peaufiner le tout en groupe. Par la suite, lorsque je compose le chant, je peux les intégrer plus facilement, puisque je maîtrise déjà les parties de guitare. Ça finit toujours par passer. Puis c'est un beau challenge de pouvoir assimiler les deux et de repousser mes propres limites.

Philippe : Pousser nos limites, c'est notre but à tous en tant que musicien. Aller toujours plus loin et faire en sorte que notre personnalité transparaisse dans notre musique et nos instruments, je trouve que c'est important.

Du coup, est-ce un effort aussi de trouver l'équilibre entre mélodies et technicité ?

Simon : C'est sûr que la technique, c'est fun pour les musiciens. Par contre ça reste un outil qu'on doit savoir doser. L'important en musique, c'est de parler et de faire ressentir des choses. Si ta musique n'envoie pas de message ou de sentiment, cela ne sert à rien.

Philippe : C'est comme quand tu regardes une pièce de théâtre ou un film, le but c'est de voyager ou de te faire rire.

Simon : S'il y a seulement l'aspect technique ce n'est pas bon. Notre démarche consiste avant tout à trouver un ligne mélodique, puis de voir comment la rendre intéressante à jouer, tout en gardant l'esprit de base. Si ça doit être simple, on laisse tel quel.

Dernière question, avez-vous eu le temps de voir quelques concerts depuis votre arrivée au Hellfest ?

On a vu Aerosmith et Deep Purple. C'était excellent, nous sommes de grands fans depuis qu'on est jeunes. C'était bon de les voir et la performance était super. On a vu aussi Animals as Leaders, Behemoth...

Philippe : Moi j'ai été voir Cryptopsy, Dodheimgard, Marduk, dont je suis un grand fan. C'était très bien. Wardruna aussi c'était super, on est allé les voir avec Simon !

Simon : Oh oui, c'était vraiment bien. Ça plonge dans une ambiance. C'est une super affiche au Hellfest, on est étonné de voir la variété de groupes qu'il y a. C'est juste incroyable !

Philippe : Un festival épique ! (rires).

Merci à Jessica Otten de Season of Mist
Photo promo : DR
Photographie live : © Thomas Orlanth 2017
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe

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