Chris Reifert de Violation Wound et Autopsy


Chris Reifert est certes connu pour avoir été le batteur sur le premier album de Death (Scream Bloody Gore) ou pour Autopsy, l'un des meilleurs combo de death metal de la scène floridienne. Pourtant, l'homme est également amateur de punk/hardcore à la sauce 80's, comme il le prouve avec son side projet Violation Wound. A l'occasion de la sortie de With Man in Charge, nous avons passé un petit coup de fil outre-Atlantique pour en savoir un peu plus sur ce projet.

Bonjour Chris et merci de nous accorder cet entretien. Nous sommes ici pour parler de Violation Wound, ton side-project punk à côté d'Autopsy. Peux-tu nous relater la genèse de ce groupe ?

Former ce groupe a été l'occasion pour moi de jouer ce style de musique. Quand j'en ai parlé à Joe Orterry (basse), il était totalement à fond et semblait très excité par ce projet. Je le connais depuis un bon nombre d'année, nous vivons dans la même ville et chacun se connait dans le milieu underground. C'est un très bon bassiste, qui a joué dans le groupe Fog of War. Nous avions seulement besoin de trouver un batteur car je voulais faire de la guitare sur ce projet. J'avais en tête le nom de Matt O'Connell, qui joue lui aussi dans Fog of War. J'ai juste eu à demander à Joe "peux-tu demander à ton batteur de nous rejoindre ?". C'était donc parfait, j'ai eu ce que je voulais ! C'est cool d'avoir pu monter un groupe sans avoir eu à faire d'audition ou de choses dans le genre. On s'est retrouvé, et en avant ! Cela nous a pris seulement trois mois pour enregistrer le premier album tous ensemble. Les choses se sont mises en place très rapidement.

Comparé à Autopsy, ce groupe est complètement à part. Tout d'abord, tu ne joues pas le même style musical, à savoir un punk rock avec une touche grind comme sur les premiers Napalm Death à mon sens. D'autre part, tu délaisses la batterie pour la guitare. Etait-ce important pour toi de faire quelque chose de totalement différent ?

Au départ, j'ai juste pensé au fait que je voulais jouer ce style là. En outre, je n'avais pas joué de guitare depuis probablement 1983. Jusque alors, j'ai toujours écris de la musique chez moi comme un songwritter avant de montrer mes titres aux musiciens qui m'accompagnent : "hey les gars, voilà les compos!" (rires). C'est sûr que si je fais quelque chose à côté d'Autopsy je ne souhaite pas monter un autre groupe de death metal, car j'en ai déjà un ! Tu vois ce que je veux dire ? Donc il fallait que ça soit différent. Même mon chant est un peu différent, moins profond et grave. Je ne vois pas l'interêt d'avoir deux groupes qui sonnent de la même manière.

En général, quand un musicien se lance dans un side-project après une longue carrière comme la tienne, c'est souvent pour monter un supergroupe avec d'autres musiciens célèbres. Etait-ce prémédité afin de garder ce goût pour l'underground et de jouer avec des amis avant tout ?

Oui, c'est exactement l'esprit ! Jouer avec des amis est plus important pour moi. Je ne me soucis pas vraiment de ces questions de supergroupe ou autre. Ce n'est pas ce qui me motive. Je veux juste passer des bons moments et jouer de la bonne musique avec des copains. C'est ce qui rend les choses meilleures. Après, je ne suis pas quelqu'un que l'on peut qualifier de célèbre ! (rires). Mais si quelqu'un de plus célèbre veut monter un groupe avec moi, et que les bonnes raisons sont là je ne suis pas contre. Cela ne risque pas d'arriver mais ce qui me motive avant tout c'est le plan personnel. Bon, après imagine monter un groupe seulement avec des copains mais qui n'ont jamais fait de musique : ça sonnerait de façon horrible, mais je dirais "hey, on est copains, on fait de la musique ensemble !" (rires) Mais Joe et Matt sont de très bons musiciens et nous sommes potes donc tout va bien !

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With Man in Charge contient 20 titres et dure 34 minutes. Il y a également une production brute, très punk et "in your face" dans l'esprit...

Pour nous, le bon esprit c'est de ne pas intellectualiser trop les titres. J'ai essayé de me limiter notamment lors de l'écriture des riffs et tenté d'en garder seulement un ou deux par chanson. En tout cas, pas plus de trois ! Car je pense que de cette manière, nous gardons plus de patate. J'ai déjà Autopsy pour jouer des millions de riffs par chanson, je ne veux pas faire pareil. Et la plupart des albums punk que j'aime sont très simples mais efficaces. Nous avons juste décidé de jouer, et une fois les titres terminés, on s'est rendu compte que ça sonnait et nous étions très excités. J'aime bien ces titres courts. Enfin, il ne sont pas super courts non plus, ils ne durent pas dix secondes ! Mais des morceaux de une ou deux minutes, c'est ce qui rend ce projet intéressant et sauvage ! Il n'y a pas de break avant la fin du titre. Je ne sais pas l'expliquer mais c'est grisant de jouer cela.

Il y a deux ans, vous avez sorti un split mini CD avec Skullhog, contenant cinq titres. Ces derniers n'apparaissent pas sur With Man in Charge. Pourquoi ?

Oh, j'avais juste énormément de chansons. Nous en avons déjà beaucoup enregistrées. Mais j'aime bien l'idée de n'avoir que des nouveaux titres pour cet album. Rien n'a déjà été montré auparavant. On n'aime pas se répéter. Il y a déjà beaucoup de nos titres qui sont disponibles sur des split cd ou des EP (rires), mais au fur et à mesure de notre carrière, nous peaufinons notre son et nous gardons cette agression. Je pense que nous sonnons de façon plus lourde qu'à nos débuts. J'espère que c'était la bonne réponse à ta question ! (rires).

A propose du titre "Stalemate Suicide" tu as déclaré : "Si seulement nous pouvions apprendre à traiter avec les autres de façon intelligente au lieu de risquer une guerre nucléaire en agissant comme dans une cour d'école..." Tu peux remercier Kim Jung Un  et Donald Trump pour l'inspiration...

(rires) Je ne peux pas mentir, c'est bien l'inspiration principale ! Mais c'est quelque chose que personne ne peut ignorer, tellement la situation est folle ! Quand on voit deux albums s'insulter de la sorte, comme des gosses à l'école, cela peut entraîner des conséquences catastrophiques. Car ils ne sont pas capable de se contrôler et cela rend les choses complètement dingues. Au final, il n'y a pas de gagnant, tu vois ce que je veux dire ? Mon dieu, les mecs vous êtes adultes ! Imaginez le résultat ! Je ne pouvais pas ignorer la situation et j'avais besoin d'écrire à ce propos. J'ai juste pris un bout de papier et ça m'a rendu fou ! (rires) C'est seulement ma façon de réagir à ça, pour rester sain d'esprit, et si l'on sort quelque chose de positif à partir de cela, les choses iront peut être mieux, je l'espère.

Le processus de composition varie-t-il lorsque tu écris pour Autopsy ou pour Violation Wound ?

C'est juste une façon de gérer les choses mentalement. Je ne force rien et je ne me dis jamais "ok, là je suis en train d'écrire un titre pour Autopsy, je dois changer ma façon de faire". Les choses se font naturellement. Quand j'écris, je suis dans ma chambre avec ma guitare et dès que j'ai un bon riff, je l'écris avant de l'oublier. C'est plus de cette façon que les choses se passent. Et une fois ce processus achevé, là je peux penser au groupe pour lequel j'ai écris. Les paroles qui me viennent en tête orientent également la composition vers Violation Wound ou Autopsy. L'important c'est surtout de faire de bons morceaux, avec des titres intemporels. Pour aller dans ce sens, j'ai beaucoup écouté d'albums de hardcore des années 80, où les paroles évoquaient Margareth Tatcher sans la nommer. Dans le cas de cet album, c'est vrai que certaines chansons parlent de personnes en particulier (rires) et je trouverais cool que dans quelques années, les gens écoutent cet album et aient l'impression qu'il vient d'être écrit !

Je souhaiterais désormais évoquer l'artwork de l'album. On y voit un loup avec une flèche ensanglantée dans la gueule. Quelle direction as-tu donnée à l'artiste ?

Pour cet artwork, nous avons fait appel à Wes Benscoter, avec qui j'avais déjà travaillé sur des pochettes d'Autopsy. C'est un vrai artiste, il a réalisé beaucoup d'artwork. Je ne lui ai pas donné beaucoup d'éléments pour travailler sur celui-ci, hormis les titres des chanson et le titre de l'album, With Man in Charge. Je n'avais pas d'idée pour cette pochette, du coup je lui ai dit "Salut Wes, ça va ? A quoi tu penses pour celui là ?" (rires) Il a juste proposé quelques croquis et nous avons adoré celui-ci. Ce n'est pas le genre d'artwork typique du style, comme par exemple un champignon atomique ou autre pochette d'albums de Hardcore. Pour l'interprétation, on peut facilement se faire son propre avis sur sa signification. Je suis sûr que Wes a sa petite idée sur ce qu'il veut dire en lien avec le titre. Et j'ai ma propre idée aussi. Mais je laisse les choses ouvertes à interprétation.

Pour l'instant, il n'y a que quelques concerts qui auront été programmés pour Violation Wound cette année, avec un en février dernier, un à Oakland et le Maryland Deathfest. Pourquoi ne pas jouer plus de concert ? Est-ce pour garder une certaine spontanéité ?

Le problème c'est surtout de trouver le temps de jouer. Nous avons tous une vie très chargée. Nous jouons surtout là où c'est le plus facile pour nous. Mais si nous avons des offres intéressantes, c'est sûr que nous y réfléchirons. Nous ne cherchons pas à faire le plus de concerts possibles. Mais on ne sait pas de quoi le futur sera fait, si ça se trouve, nous allons tourner beaucoup ! (rires)

L'an passé, tu as joué avec Autopsy au Hellfest. C'était la première fois que tu venais jouer en France depuis 1990. Quel souvenir gardes-tu de ce festival ?

C'était un excellent moment. C'est un superbe festival, très bien organisé. Le staff était très amical et nous a très bien soutenu. Il y avait un bon paquet de super groupes aussi. Comme tu l'as dit, nous n'avions plus joué en France depuis 1990, donc 17 ans après, c'était super ! Il y avait peut-être 10 000 personnes (un peu moins en réalité NDLR). Tout le monde a passé un très bon moment, donc c'était une expérience très positive !

Merci à Chris Reifert pour cette interview, à Valérie de JMT Consulting et à Jerembzh
Crédits photos : DR

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