Entretien avec Michael Romeo, guitariste de Symphony X

Michael Romeo est un guitariste virtuose, un "guitar hero" qui se place aux côtés de noms beaucoup plus connus comme Yngwie Malmsteen, mais il n'est pas que cela. Michael Romeo est aussi un compositeur et arrangeur de talent, précis et qui aime les détails. Après avoir dépensé toute son énergie pendant des années pour son groupe Symphony X il décide de s'offrir une petite escapade en solo avec ce War Of The Worlds Pt. 1 et c'est dans le cadre de la promotion de cet album que j'ai eu la chance de pouvoir échanger avec l'un de mes héros.

Il y a 24 ans sortait The Dark Chapter, après autant d'années peut-on dire que War Of The Worlds Part.1 représente un nouveau départ et le considérer comme ton premier véritable album solo ?

Oui c'est clairement le premier, The Dark Chapter est plus une démo, c'est juste quelques chose que j'ai fait pour m'amuser dans mon vieil appartement avec du materiel plutôt moyen et que je n'ai jamais vraiment terminé. Quand on a monté le groupe j'ai mis tout mon temps et mon énergie dedans alors quand les autres membres sont partis faire des choses de leurs côtés je me suis dit qu'il était peut-être temps de faire un vrai album solo.

Quand as-tu commencé l'écriture de l'album et combien de temps es-tu resté dans ton studio, "le donjon" pour l'enregistrer ?

Au fil des années j'ai mis des riffs, des mélodies voir même des parties orchestrales de côté du coup j'avais déjà quelques idées en tête. J'ai passé un peu de temps à chercher ce que je pourrais utiliser mais en réalité quand tu commences quelques chose tu as plein de nouvelles idées qui arrivent et au final tu ne te sers pas des anciennes. Pour le temps que ça m'a pris ? Laisse moi réfléchir, je dirais quatre mois pour tout écrire et beaucoup plus pour enregistrer, mettre tout ensemble ça prend du temps (rire).

Michael Romeo

Tu peux m'en dire un peu plus sur le concept de ce disque ?

Quand j'ai commencé à écrire j'ai su que ça allait être lourd, progressif et mélodique avec plein de riffs et ce genre de choses. Je voulais aussi beaucoup de parties orchestrales mais qui fassent penser à de la SF, genre Star Wars. Pour les paroles j'ai cherché un thème, une idée, voire un livre qui pourrait coller et je suis tombé sur du H.G. Wells avec des batailles, des aliens etc et j'ai su que musicalement ça pourrait marcher et que je pouvais avoir toutes ces parties orchestrales avec cette "space vibe" que je souhaitais.

Une sorte de Space Opera en somme...

Je sais pas si j'utiliserais le terme "opéra" mais oui, comment je pourrais te décrire ça.... Ah oui ! C'est comme une musique de film qui n'existe pas, toutes les chansons comptent, c'est pour ça quelles sont liées ensemble.

J'allais justement te poser la question, l'album est fait pour être écouté d'une traite non ?

Oui, je voulais un pont entre la fin d'un morceau et le début du suivant, que certaines parties orchestrales apparaîssent à plusieurs moments mais je souhaitais quand même que cela reste des chansons. Tu peux prendre les morceaux un par un ou comme je l'ai composé, un tout que tu peux écouter en une fois parce qu'il y a un flow et une continuité entre les morceaux. Enfin j'espère que les gens vont le voir comme ça (rire).

Parlons un peu du quatrième morceau de l'album intitulé "Fucking Robots", je ne m'attendais pas à ça... à part la dubstep tu as d'autres sombres secrets que tu voudrais partager avec nous ?

(Il éclate de rire) Non, c'est tout mon pote. J'aime plein de choses, le disque est rempli de riffs, il y a cette partie orchestrale qui fait très cinéma et j'aime quelques trucs electro du coup je me suis dit pourquoi pas essayer et s'amuser, j'ai surtout pensé à ça. Après ce n'est pas que de la dubstep, il y a de la guitare, l'orchestration qui intervient et la partie vocale, du coup on est plus dans un mix que de la dubstep tout court. Je vais vraiment pas me remettre de la façon dont tu as posé cette question (rire).

Sur l'album il y a des parties qui me font penser à l'époque de V et The Odyssey, des mouvements que je ne pensais plus entendre. Tu voulais que le disque reflète également cette partie de ta carrière ?

Je n'ai pas fait ça pour que ça se rapproche de Symphony X, d'une manière plus générale l'album est composé à partir des choses que j'aime écouter. J'écoute Holst, Stravinsky et Ravel, j'aime aussi beaucoup Williams et les musiques de films. Il y a des parties qui sont un hommage à ce que j'aime, m'ont influencé musicalement et ont façonné le musicien que je suis devenu.

On connait bien John Macaluso ton batteur et John DeServio, le bassiste de Black Label Society mais pas du tout ton chanteur Rick Castellano...

J'ai rencontré Rick il y a environ cinq ans. De temps en temps je fais des jam avec mes vieux amis, des gars avec qui j'ai grandi et que je considère comme ma famille. Il y avait moi, mon ancien batteur Dave et Tom Miller, le bassiste originel de Symphony X. On a jammé sur du Judas Priest, Rush, Iron Maiden et un peu de Black Sabbath et Tom m'a parlé de son ami Rick en me disant qu'il était très bon chanteur et que je devrais lui proposer de se joindre à nous. Rick est venu, on a beaucoup parlé, rigolé et je me suis rendu compte qu'il était vraiment très bon. Je ne sais pas comment ça se passe en France mais ici il est très difficile de monter un groupe de metal du coup je lui ai proposé de se joindre à moi quand j'ai pris la décision de faire cet album. Il est cool et talentueux, en plus il joue de la guitare, du violon et du piano.

Tu es en train de me dire qu'il n'est pas professionnel ? C'est assez difficile à croire vu son talent...

Je crois qu'il a joué dans un groupe quand il était à l'école et a enseigné la musique pendant un temps mais rien dans le genre groupe professionnel à ma connaissance.

Revenons à l'album, qui dit partie 1 dit forcément partie 2 voir 3, tu as déjà une date en tête pour la suite ?

Je ne sais pas du tout (rire), quand tu commences à écrire tu as des idées qui arrivent tous les jours et au final tu as beaucoup de matériel. On a décidé de continuer et d'enregistrer les parties de batterie, la guitare rythmique, la basse mais on s'est vite apperçus qu'au final il y avait beaucoup trop de choses et qu'il faudrait couper l'album en deux. On a préféré se focaliser sur certains morceaux et laisser les autres de côté en se disant qu'on se retrouverait plus tard pour la suite. Il y aura une partie 2, oui, mais rien ne presse, l'album n'est même pas encore sorti (rire).

Tu sais comment sont le fans, on en veut toujours plus surtout quand le résultat est aussi réussi..

Oui je sais (rire), j'ai déjà beaucoup de morceaux plus ou moins avancés mais j'aime prendre mon temps pour que le résultat soit vraiment réussi, il faut prendre le temps de respirer et de mettre tout en perspective, c'est important.

Tu as déjà pensé à jouer l'album sur scène avec pourquoi pas un orchestre?

Pas vraiment, quand j'ai commencé ce projet solo je n'ai pas pensé aux concerts du coup j'ai pu mettre toutes le orchestrations et les multiples couches de guitares que je souhaitais voir dans l'album. Peut-être, je dis bien peut-être que nous le ferons mais ça demandera un grosse préparation et probablement un orchestre, oui, parce que sinon il sera difficile pour nous quatre de jouer et que cela se rapporche du disque. Cela dépendra aussi de la façon dont l'album est reçu et l'intérêt qui nous sera accordé car quand on parle d'orchestration on parle forcement du coût qui rentre en ligne de compte. Pour le moment on va juste voir comment l'album fonctionne et laisser le temps agir, il faudra que tu reviennes me demander ça plus tard (rire).

Je voudrais te parler de ton équipement et de ta guitare signature, la Dellinger M3 de chez Caparison. Pourquoi as-tu choisi cette marque et peut-on espérer voir un nouveau modèle dans les années à venir ?

Je crois que j'ai commencé à utiliser une Caparison en 2005, j'ai pu essayer celle d'un ami et j'ai adoré, entre autre, la qualité de la fabrication. Je suis entré en contact avec eux et nous avons très vite parlé d'un premier modèle signature. Il y a cette Kramer Pacer que j'ai depuis que je suis adolescent, et avec laquelle j'ai joué toute ma vie, dont j'adore le manche. J'ai donc envoyé celui-ci avec de idées de corps et le premier modèle que j'ai reçu était vraiment confortable, comme si j'avais joué dessus depuis des années. Au fil du temps nous avons fait des modifications mais rien de vraiment significatif, juste des ajustements. Ils ont toujours été adorables avec moi et je suis certain que dans le futur nous referons un modèle mais rien de prévu pour le moment. Pour tout te dire, il n'y a pas un max d'électronique sur mon modèle, l'important est la sensation qu'on a quand on joue dessus.

Quand tu enregistres, tu es plutôt du genre guitare et ampli ou utilises-tu des simulateurs comme Axe FX ou Kemper ?

Pour les enregistrements j'utilise toujours un ampli, mes Engl et  99% du temps le Fireball. J'en ai quelques autres aussi comme le Powerball et le special edition mais je reviens tout le temps sur le Fireball. Si je double une guitare lead, ou que je veux y ajouter une nouvelle couche alors peut être que je pourrais utiliser une Stratocaster avec mon Kemper pour retrouver le son d'un vieil ampli Fender histoire de donner de la texture à l'ensemble. Pour ce genre de "background parts" c'est bien mais pour les parties principales, j'utilise toujours un vrai ampli. Parfois pour les secondes guitares j'utilise du "reamping" avec de vrais amplis mais le Kemper est divinement bon si tu n'arrives pas à dormir et que tu veux pas faire gueuler l'ampli à 3h du matin, tu te branches dessus, ça sonne bien et tu peux toujours bosser. Mais en fin de compte je préfère quand même revenir dessus et le "reamper" avec le Engl pour avoir le son avec lequel je suis le plus à l'aise.

Michael Romeo

Tu as une méthode de composition ?

C'est différent à chaque fois, parfois je peux me lever et prendre mon café, descendre au studio avec quelques riffs en tête et essayer de trouver des vers et un chorus. Le lendemain je peux descendre et bosser sur l'orchestration, c'est vraiment au jour le jour sans aucune méthode ou plan en tête.

Concernant Symphony X, as-tu commencé à écrire le successeur de Underworld ou rien n'est décidé pour le moment ?

On en parle mais pour le moment rien n'est écrit, l'année dernière Russ s'est focalisé sur son groupe et il a aussi vécu des moments difficiles avec l'accident de bus, on lui donne le temps qu'il faut pour se remette sans aucune pression. Mike lePond est aussi sur son album solo du coup j'ai décidé de mettre le groupe en pause. Je prends un peu de temps pour me consacrer à mon album mais Mike LePond était à la maison l'autre jour et j'ai parlé avec Russ il y a une semaine donc à un moment on va se réunir et remettre le pied à l'étrier. J'ai des choses de côté qu'on utilisera probablement mais pour le moment c'est sympa de faire un petit break et de se consacrer à des choses différentes.

Merci beaucoup pour ce moment Michael, ça a vraiment été un plaisir de discuter avec toi !

Oui, ça a été un moment très agréable. Merci à toi et à bientôt j'espère !


Interview : Renaud Grongvist
Je souhaite adresser des remerciements à Roger Wessier et Olivier Garnier de Replica Promotion pour cette opportunité.

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