Entretien avec Mike Martin, guitariste d’All That Remains


Gérer le deuil, aller de l'avant, c'est la décision qu'ont prise les membres d'All That Remains, quelques semaines après le décès soudain du guitariste et membre fondateur, Oli Hebert, à l'âge de 44 ans. Il faut dire que le groupe emblématique de metalcore, créé il y a vingt ans, possède une fanbase extrêment nombreuse (il s'agit par exemple de l'un des rares groupes de métal à dépasser le million d'auditeurs mensuels en moyenne sur Spotify).

La formation, menée par Phil Labonte, a eu à cœur d'honorer la mémoire d'Oli tout en respectant ses engagements : leur neuvième album, Victim Of The New Disease, est sorti le 9 novembre dernier, et ils entament en décembre une tournée au Royaume-Uni et en Europe. C'est dans ce contexte que La Grosse Radio a pu s'entretenir avec le guitariste Mike Martin, qui nous a parlé sans équivoque des défis qui attendaient All That Remains dans l'avenir.

Bonjour Mike. Le décès d'Oli a été une vraie tragédie, pour ses proches et pour vous. Ces derniers jours vous avez demandé aux fans de poster sur les réseaux sociaux des vidéos de covers des solos d'Oli, pour faire une sorte d'hommage musical à sa mémoire. Vous attendiez-vous à de telles réactions ?

C'est vraiment génial de voir toutes ces vidéos de guitaristes qui rendent hommage à Oli. Pour nous, c'était évident qu'il fallait faire quelque chose. Si cela peut aider certaines personnes à se sentir mieux, ça ne sera que du positif qui pourra ressortir de cette tragédie.

Ce sont des circonstances bien tristes pour la sortie de votre nouvel album, Victim Of The New Disease, il y a à peine quelques jours. Que pensez-vous des premières réactions à ce neuvième disque ?

Pour l'instant, il y a eu de très bons retours, meilleurs que d'habitude à vrai dire ! J'espère en tout cas que c'est parce que les gens apprécient vraiment l'album et non pas par compassion...

Les deux premiers titres ("Fuck Love" et "Wasteland") sont sortis dès septembre – octobre, et les premières réactions étaient positives déjà à l'époque, donc c'est probablement dû à la musique en elle-même !

[Rires] Oui, c'est vrai. En tout cas la grande majorité des réactions sont très positives, donc c'est formidable.

Sur Victim Of The New Disease, il y a beaucoup de titres puissants et heavy, pleins de rage et de rancoeur. Vous aviez d'ailleurs annoncé vouloir sortir un album coup de poing, très heavy, et rompre avec la tendance expérimentale des précédents disque. Êtes-vous fiers du résultat, et peut-on dire que c'est une sorte de retour aux sources ? 

Nous sommes très fiers de cet album, c'est une certitude. Maintenant, ce que je peux dire, c'est que je ne considère pas qu'il y ait vraiment un changement de direction avec ce disque. Il y a quelques titres qui sont extrêmement heavy, mais il y a aussi des choses que j'affectionne beaucoup : des guitares acoustiques, de jolies mélodies... Cela me fait rire quand les gens disent que c'est un retour aux choses que l'on faisait avant, parce que ceux qui disent ça ne pensent généralement qu'aux singles. Sauf que si tu écoutes toutes les chansons, tu te rends compte qu'il y a des morceaux super heavy dans chacun de nos albums !

Victim Of The New Disease est sorti un an après votre dernier album, Madness. Vous semblez très prolifiques. Ça n'a pas été difficile de faire une dizaine de nouveaux morceaux aussi rapidement ?

En fait, on a fini Madness bien avant qu'il ne sorte. On a dû finir d'enregistrer en 2016, mais il n'est sorti que l'année suivante. C'est pour ça que je n'ai pas l'impression qu'il y a eu peu de temps entre les deux derniers albums. Et puis, globalement, pour nous, ça n'a jamais été difficile de composer des choses nouvelles, en particulier avec quelqu'un comme Oli. Oli était le plus prolifique, capable d'écrirer des dizaines de morceaux en moins d'une semaine ! Donc, non, c'est allé plutôt rapidement et facilement, avec nous trois (Oli, Dan notre producteur et moi) qui étions habitués à travailler ensemble et qui avons été plutôt efficaces ! Phil n'a pas eu de mal non plus à écrire les paroles puisqu'il a vécu des moments difficiles dans sa vie personnelle [NDLR une séparation difficile]... on a souvent plaisanté avec ça, en lui disant qu'on regrettait vraiment qu'il soit si maheureux, mais que d'un autre côté il avait écrit beaucoup de chansons très bien ! C'est le truc positif qui est finalement sorti de son malheur. 

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Pour ce qui est de la composition et de l'enregistrement de ce nouvel opus : est-ce un travail collectif, avec tout le groupe dans le studio, ou plutôt Oli et toi qui avez travaillé les parties de guitare à part ?

La plupart du temps, on est tous ensemble dans le studio. Oli, en particulier, était vraiment une personne avec qui il était extrêmement facile de travailler : toujours prêt à écrire quelque chose, ouvert à la discussion, prêt à changer tout de suite un truc qui nous plaisait moins... les choses se sont passées facilement, naturellement, dans le studio de notre producteur Dan "DL" Laskiewitz, une minuscule pièce en sous-sol.

J'ai écouté l'album et je dois dire que j'aime beaucoup l'atmosphère du morceau "Wasteland". Et toi, quels sont les morceaux que tu as particulement appréciés en studio ? Ou ceux que tu aimerais vraiment jouer en live ?

Eh bien, justement, nous avons fait quelques concerts aux Etats-Unis fin septembre, où nous avons joué "Wasteland" et "Fuck Love", et c'était vraiment super ! Habituellement, je n'aime pas beaucoup jouer de nouveaux morceaux avant la sortie de l'album, car ça peut déstabiliser la foule qui ne va pas trop réagir, mais là ça a super bien marché. Une autre chanson que j'aimerais bien jouer en live, c'est "Blood I Spill". Sinon, je pense à une autre chanson, "Just Tell Me Something", qui sonne très rock des années 80, qui passerait très bien en live... enfin, plutôt aux Etats-Unis. Le public américain aime bien les titres qui passent bien à la radio, comme celui-là. Ça passerait moins bien avec un public européen.  

Tu veux dire que le public ne réagit pas de la même façon en Europe et aux Etats-Unis ? Vous préparez d'ailleurs une tournée européenne dans quelques semaines, peux-tu m'en dire plus sur cette différence ?

Nous avons remarqué qu'aux Etats-Unis les chansons les plus calmes ou douces, les hits qui passent à la radio fonctionnent mieux avec le public qui entonne les refrains. On a aussi vu qu'en Europe, le public préfère souvent les titres super lourds, que personnellement j'adore jouer. On essaie donc de s'adapter au public et à sa façon de réagir !

Vous prenez la route dans deux semaines maintenant. Comment abordez-vous cette tournée ? Avec l'appréhension de l'éloignement ?

Ah non, ça on a l'habitude, c'est bon. [Rires] On va répéter ces prochains jours, préparer la setlist, il va y avoir des chansons que l'on n'a pas jouées depuis lontemps, depuis 2008 par exemple. Et puis, surtout, on va travailler avec Jason Richardson pour savoir quels morceaux il souhaite jouer. Il nous a fait une liste de titres qu'il aimerait bien jouer, en particulier certains de nos titres très heavy.

Alors tu nous confirmes que c'est bien Jason Richardson qui remplace Oli temporairement, pour cette tournée européenne. Peux-tu nous parler de ce choix ?

C'est simple, c'est notre premier choix. Il était dans un groupe, Born Of Osiris, qui a tourné avec nous en première partie il y a un moment, en 2009. A l'époque d'ailleurs, il devait être adolescent ! [Rires] Il est toujours très jeune ! [NDLR : il a aujourd'hui 27 ans]. C'est le premier auquel on a pensé quand on a décidé de maintenir la tournée, et comme il était resté en contact avec Aaron Patrick, notre bassiste, on lui a demandé « tu fais quoi en décembre ? », et heureusement, il était libre. C'est un grand fan d'Oli, et Oli était un grand fan de Jason. C'est l'un des meilleurs guitaristes que je connaisse. Il peut faire des trucs vraiments exceptionnels. 

All That Remains vient de fêter ses vingt ans. Tu dirais que l'expérience a changé votre façon de faire ou votre manière d'aborder votre métier ?

Oui, clairement, et surtout pour les concerts. Quand on fait ça depuis si longtemps, on sait un peu mieux trouver l'équilibre pour les chansons. Bien évidemment, les musiciens aiment bien jouer leurs morceaux préférés, des titres uniques et particuliers, mais il faut faire attention car le risque c'est que le public s'ennuie. Nombreux sont les gens qui viennent au concert pour entendre les chansons les plus populaires. Il faut trouver un équilibre et prendre en compte le public avant tout.

Vous passez en France pour une date parisienne, au Glazart le 9 décembre. Vous savez déjà quelles chansons du nouvel album feront partie de la setlist ?

Non, pas encore. En fait, Jason habite assez loin de chez nous, donc nous n'avons pas encore pu répéter ou se mettre d'accord sur la setlist. Il y aura "Wasteland" et "Fuck Love", c'est sûr, et on rajoutera le ou les titres avec lesquels il est à l'aise. C'est lui qui va nous dire ce qu'il est prêt à jouer. C'est normal.

Après cette tournée, peux-tu nous dire ce qui va se passer pour All That Remains ? Est-ce que vous avez déjà réfléchi à l'avenir ?

Déjà, on fait la tournée européenne qui va nous occuper jusqu'à la fin de l'année. Après ça, viendra le moment de se demander qui sera le nouveau membre, définitif cette fois-ci. Nous devrons réfléchir à cela car nous avons une tournée américaine prévue de janvier à mars 2019. Et puis, nous allons probablement sortir le single "Everything's Wrong" sur les radio américaines. Ce qu'on aimerait, c'est continuer de faire des tournées pour cet album le plus longtemps possible, si les réactions restent aussi positives.

Entretien réalisé par téléphone le 13 novembre 2018

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