Lucas Woodland, chanteur de Holding Absence

S'il y a bien un groupe que l'on peut qualifier de "next big thing" dans la scène, ce sont les Gallois de Holding Absence. Formés il y a moins de deux ans, leur ascension est fulgurante et leur musique passionnée touche de plus en plus de fans, notamment en France. On est face à une formation extrêmement prometteuse et si vous n'en avez jamais entendu parler, il est probable que cela arrive sous peu. Autant se mettre au courant et lire notre interview de Lucas qui a gentiment accepté de répondre à nos questions juste après le set du groupe à la Boule Noire en première partie d'As It Is.

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Salut Lucas. Vous avez eu une journée remplie de galère aujourd’hui avec notamment ce changement d’horaires. Qu’est-ce qui s’est passé ?
 

On a eu une journée assez stressante, notre van a été percuté par un taxi, ça nous a mis pas mal en retard pour le souncheck… A chaque fois qu’on joue à Paris il se passe un truc comme ça, les Français ne sont pas très bon en conduite je dirais. Le plus dur c’est de rentrer dans Paris, une fois que tu y es c’est plus simple. Là, un chauffeur de taxi a juste accéléré sans raison dans sa voie et il est venu s’empaler sur notre van. Mais bref, le concert a rattrapé tout ça de la meilleure des façons, ça valait vraiment le coup.

 

C’est clair, c’était assez surprenant de voir autant de gens scander vos paroles.
 

Mais oui ! J’étais vraiment époustouflé. A notre premier concert à Paris en début d’année, il devait y avoir peut-être une dizaine de personnes qui connaissaient quelques paroles. Depuis on a fait deux autres shows en France, Nantes et Douai avec Being As An Ocean. C’est peu et on n’avait aucune idée de la façon dont notre fanbase avait évolué à Paris. C’était incroyable de voir les gens connaître déjà par cœur les paroles de « Like A Shadow » alors qu’elle est sortie il y a seulement quatre jours !

 

 


Vous êtes en tournée avec As It Is depuis une petite semaine, comment ça se passe pour l’instant ?
 

Très bien. Tout le monde sur cette tournée est simplement très gentil. Parfois tu tombes sur des rockstars, sur des gens pas sympas ou bizarres… Sur cette tournée, tout le monde est très sociable, poli et cool, le genre de personnes avec qui c’est agréable de passer ses journées. Sur le plan musical, les concerts ont été incroyables, les fans d’As It Is nous ont accueillis avec beaucoup de gentillesse et de politesse. Je pense qu’on leur fait plutôt bonne impression, tous les jours on voit passer des tweets de gens qui vont nous voir le soir même ou qui nous ont vus la veille et ont adoré.

 

Après un an à jouer un peu partout en Europe, vous commencez à voir le regard des gens changer sur vous ? Ils vous connaissent davantage ?
 

Honnêtement, ça dépend beaucoup du concert. On est dans une position bizarre puisqu’on fait partie de la super scène melodic hardcore européenne avec des groupes comme Casey, Alazka… Et en même temps on fait aussi partie de la scène rock alternative plus commerciale avec des groupes comme As It Is. A chaque fois qu’on part pour une tournée européenne, on ne sait jamais quel type de public va venir nous voir. Mais même si on ne vient en Europe que depuis moins d’un an, on voit la différence entre les premiers shows et ceux qu’on joue maintenant, les gens nous connaissent mieux.
 


 

Tu l’as dit, vous avez tourné avec des groupes très différents du metalcore au pop-punk. Comment adaptez-vous le set à des environnements si différents ?
 

Holding Absence a plusieurs identités sonores. Deux chansons comme « Heaven Knows » et « Everything » sont à des kilomètres l’une de l’autre. « Like a Shadow » est une chanson calibrée pour la radio et en face tu as « Penance » qui dure six minutes trente. On s’assure qu’il y ait un facteur commun qui lie toutes ces ambiances et que tout fonctionne bien ensemble. Sur cette tournée, on a enlevé du set « Heaven Knows » et « Permanent », nos deux chansons les plus heavy car le line-up est un peu plus soft. On s’est dit que les les fans d’As It Is nous apprécieraient moins si on était aussi heavy que possible. On se doit de jouer sur nos forces et montrer aux gens notre meilleure facette, il faut trouver le bon équilibre pour chaque tournée.

Mais effectivement, la diversité des groupes avec lesquels on joue est grande et je pense qu’on pourrait jouer avec n’importe qui, vraiment.

 


 

Vous avez sorti un nouveau titre, « Like a Shadow » il y a quatre jours. C’est un premier pas vers votre premier album ?
 

Oui. Je ne peux pas trop en parler pour l’instant mais des news vont arriver très bientôt et on a beaucoup de choses dans les tuyaux. On attend que tous les petits détails se règlent avant d’annoncer quoi que ce soit, mais « Like a Shadow » fera bien partie de ce nouveau projet.
 

Sans nous en dévoiler trop, peux-tu nous dire si l’album sera plutôt orienté vers le côté soft ou le côté heavy d’Holding Absence ? Un peu des deux ?
 

Je dirais qu’il y a un peu de tout ce que tu retrouves dans nos six premières chansons. Tu as des titres épiques, heavy, soft, atmosphériques… Tu as de nouveau une chanson qui dure six minutes et demi. Et deux fois plus que ce qu’on vous a donné jusqu’à présent. C’était notre but.

Les gens commencent à nous connaître maintenant et on s’est dit que ce serait stupide d’arrêter de leur montrer qu’on est bons dans ce qu’on fait. On ne s’est pas orienté vers un album 100% heavy ou un album 100% pop, ça n’aurait pas été juste pour les gens qui nous aime pour une chanson en particulier comme « Everything » ou « Heaven Knows ».


 

holding absence, 2018


La scène britannique a sorti les meilleurs nouveaux groupes ces deux dernières années avec des groupes comme vous, Casey, Conjurer… Comment tu expliques la qualité des groupes émergents de ton pays ?
 

Je pense que c’est relié à l’Histoire. Dans l’Histoire, le Royaume-Uni a toujours été un pays fier de sa musique, les gens sont fiers des Beatles, des Rolling Stones, de Black Sabbath… On pourrait prétendre avoir inventé le metal (rires). Si tu as grandi avec des parents écoutant Iron Maiden, c’est normal que tu t’y mettes aussi plus facilement. En ce moment, je pense qu’il y a peut-être un peu plus à prouver en tant que musicien britannique. Les gens en dehors nous considèrent comme stupides à cause du Brexit et je ne peux pas leur donner tort. Nous ne sommes pas un groupe politisé mais à mon avis, on doit prouver qu’on a toujours beaucoup à dire et qu’on est prêt à faire partie du monde qui nous entoure en tant que britannique.
 

C’est vrai que beaucoup de groupes britanniques comme Enter Shikari, Architects, critiquent le Brexit notamment sur Twitter.
 

C’est vrai. On ne fait pas trop ça car comme je dis parfois, Holding Absence c’est de la musique pour ton cœur, pas ton esprit. La politique, c’est ton esprit et je préfère ne pas trop aller sur ce terrain. Simplement, comme musiciens nous avons une grande conscience de ce qui se passe, et la musique est par définition un loisir de la classe ouvrière, simple et gratuit. Les groupes comme Enter Shikari parlent pour le plus grand nombre et pas juste les privilégiés et c’est très bien comme ça.

 

 

Vous êtes toujours très jeunes, avec moins de deux ans d’existence. Quel est le rêve que tu voudrais réaliser pour la suite de votre carrière ?
 

Tu sais, ça fait huit ans que je fais de la musique dans des groupes locaux et quand j’ai rejoint Holding Absence, je voulais juste m’amuser. Je n’aurais jamais imaginé jouer au Download UK et tourner en Europe, c’était des rêves pour moi depuis très longtemps. Donc je pense qu’on vit un peu le rêve tel qu’il est actuellement et il n’y a pas de limites à ce qu’on veut atteindre par la suite. On veut simplement se dépasser et jouer d’aussi gros concerts que possible.

 

Vous prévoyez de jouer des festivals l’été prochain ?
 

On est bien conscient que l’Europe a un circuit de festivals incroyables comme le Jera on Air, le Hellfest, le Rock Am Ring, l’Impericon Fest… On voudrait pouvoir tous les faire et j’espère qu’on le pourra. Pour l’instant, rien n’est sûr et je ne sais pas si ce sera pour cette année.

 

J’ai une question spéciale pour toi pour terminer l’interview. J’ai vu que tu as un tatouage d’Underoath : qu’est-ce que tu penses de leur nouvel album ?
 

(rires) J’adore le nouvel album ! Je sais que plein de gens ne l’aiment pas, mais il faudrait qu’ils repensent au split d’Underoath il y a six ans. S’ils n’avaient pas splitté et avaient continué de faire de la musique pendant ces six ans, leur musique aurait quand même évolué et elle sonnerait probablement exactement pareil qu’aujourd’hui. Je suis simplement content de voir le groupe que j’adore et qui a fait tant de choses pour notre scène être de retour et faire ce qu’il a envie. Ils évoluent vers dans le sens qu’ils ont choisi et honnêtement les chansons sont géniales. Tu dois juste les voir comme un Underoath moderne plutôt que de toujours vouloir plus de titres dans l’ancien style.

Photos : Bethan Miller
 

Hi Lucas! Apparently you had a rough day before playing tonight, can you tell me what happened?
 

Yes, we had a little bit of a stressful day, our van has been hit by a taxi and we were running quite late for soundcheck. Everytime we play in Paris something happens, because French people are crazy drivers I’d say. The hardest thing in Paris is getting in and then it’s class. But here we were driving and some taxi driver pulled into the lane really quick and basically cut into our van. Thankfully the show was worth every second.
 

 

That’s true, I was surprised to see that many people singing along to your lyrics.
 

Honestly, I was blown away. At our first and only Paris show there was about 8 or 10 people singing along. Then we played two shows in France, a place called Nantes and another called Douai with Being As An Ocean. We were not really sure of what our fanbase would have been in Paris but we were blown away. The new song has just been out for four days and has the best reception, it’s awesome.
 

 

 

How is the tour with As It Is going so far?
 

Really good. It’s cool that everyone on this tour is just really nice, you get rockstars sometimes, you get rude people, even awkward people. I feel that everybody on this tour is very sociable, polite and nice, the kind of people you enjoy spending time with I guess. On a musical level, the shows have been unbelievable, the As It Is fans have been very accommodating and polite, I feel like they’ve embraced us. Everyday we are getting tweets from people saying that they are gonna see us or that they saw us the day before and they loved it. 
 

 

After a year of touring the European circuit, did you see the way people look at you change?
 

Honestly, it depends on the show. We are in a weird place because we sit in the awesome european melodic hardcore scene with bands like Casey, Alazka… And at the same time, we sit in a more commercial alternative rock scene with bands like As It Is. Everytime we come to Europe, we are not really sure what type of people are gonna come and watch us. We’ve only been to Europe for less than a year now and we can really see the difference between the first shows and the most recent ones.

 

You said it, you toured with very diverse bands from metalcore to pop-punk. How do you adapt your set to fit into those different environments?
 

I think that Holding Absence has a lot of different sounds and different vibes. « Heaven Knows » and « Everything » are a million miles away. « Like a Shadow » is like a poppy radio song and then you’ve got « Penance » which is almost seven minutes long. We make sure there is a common thread going through all of the music and that everything kind of sits together. On this tour, we don’t play « Heaven Knows » and « Permanent », our two heaviest songs, because the line-up is a little bit softer. We need to play to our strengths and give people the best side of us that we can give them. As It Is fans would probably like us less if we were as heavy as we could be. It’s all about finding the right balance.

But like you said, the diversity of the band we play with is great and I think that we could play with any band, really.

 


 

You released a new song « Like a Shadow » four days ago, is that a step for your debut album?
 

Yes, I can’t really talk about it right now but we’ve got news coming soon and really cool things in the pipeline. We are waiting for everything to be perfect to announce it but « Like a Shadow » will be part of the project.
 

 

Without getting into details, can you tell me if the album is gonna be oriented to the softer or the heaviest sound of Holding Absence? Maybe a little bit of both?
 

I would say that there is a little bit of everything from our first six songs. You’ve got epic songs, heavy songs, atmospheric songs, softer songs, we’ve got another almost seven minutes long song.… Twice as much as what we gave you in the first place. That was what we were aiming for.

People are starting to know us by now and we thought it would be stupid to not keep showing people that we’re good at what we have already shown them. We did not think « Let’s do a poppy album » or « Let’s do a heavy album » because it would have been unfair for people who liked us for a particular song like « Everything » or « Heaven Knows ».

 

holding absence, 2018

 

 

The UK heavy scene seems to produce the best bands these past two years with bands like you, Casey, Conjurer… How do you explain the quality of recent bands emerging from your country?
 

I think it’s a history thing. If you look at history, Britain has always been a very proud place, people are proud of the Beatles, the Rolling Stones, Black Sabbath… We could claim we invented metal (laughs). If you grew up with parents listening to these bands, Iron Maiden… You are going to follow. At the moment, there is little bit more to prove as a British musician. People look at us as stupid with this whole Brexit thing and I can’t help but agree. We’re not a political band but my point is that we, as British musicians need to prove that we still have a lot to say and that we are still ready to be a part of the world around us.
 

 

You see a lot of British bands like Enter Shikari, Architects, speaking up against Brexit and being kind of political on social media.
 

It’s true. We are not that much into it because as I sometimes say, Holding Absence is music for your heart, not for your head. Politics is your head and I don’t want to get too much into it. But as musicians we are very conscious and music is essentially working class. It’s not expensive to make music and those at the bottom often have the loudest voices. Bands like Enter Shikari speak for the many, not the few and that’s a great thing.

 

 

You are still a young band founded only two years ago. What is the dream you want to achieve for now?
 

You know, I’ve been making music in local bands for about 8 years now and when I joined Holding Absence, I just wanted to have fun and that was it. Playing Download Festival, touring Europe, I never thought I would do such things and they all have been dreams to me for a very long time. For now, we feel that we are living the dream as it is but there is no bound in what we can do. We want to keep pushing ourselves and play the biggest shows as we can.
 

 

Are you planning to do some festivals next summer?
 

We are well aware that the European scene has a great festival circuit. Things such as Jera On Air, Hellfest, Rock Am Ring, Impericon Festivals… We would love to do all of these. I hope we will get to. As of now obviously, I’m not entirely sure.
 

 

I had a special question for you to finish the interview. I saw that you had an Underoath tatoo: what do you think about their new album?
 

(laughs) Man, I love the new album! I know so many people don’t but think about Underoath’s split six years ago. If they kept making music for those six years their music would still change. And it’d probably sound the way it does now. I’m just happy to see the band that I loved growing up and the band that did so much for our scene just do what they want to do and evolve into the band that they want to be. And honestly the songs are great, you’ve just got to look at them as modern Underoath rather than always wanting the older stuff back I guess.
 

Photos : Bethan Miller

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