Interview: Jonny Hawkins, chanteur de Nothing More

Interview Jonny Hawkins – Chanteur de Nothing More

C’est juste avant son concert au Casino de Paris, lors de leur tournée aux côtés de Of Mice and Men et Bullet For My Valentine que nous avons pu nous entretenir avec Jonny Hawkins, leader énergique et charismatique de Nothing More. Après avoir fait connaître leur groupe grâce à leur album éponyme en 2014, Jonny Hawkins et ses acolites n'ont cessés d'arpenter les routes et écumer les salles de concerts et festivals pour promouvoir leur musique et en mettre plein les yeux et les oreilles à leur public.

Premièrement, es-tu pressé de monter sur scène ce soir ?

Jonny : Oui. Je suis toujours très impatient de monter sur scène. Cette tournée est vraiment la plus géniale qu’on est faite car c’est la première fois que nous jouons devant des publics aussi nombreux.

C’est un peu comme si vous ne vous étiez jamais arrêté de tourner depuis la sortie de Stories That We Tell Ourselves. Où trouvez-vous toute l’énergie dont vous regorgez en live ?

Jonny : Je pense que notre énergie vient du fait que nous sommes passionnées par ce que nous faisons. Nous sommes tellement inspirés et alimentés par la musique que ça nous aide à tout donner sur scène. Mais cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas fatigués. Nous sommes extrêmement fatigués, particulièrement par tous les voyages que nous faisons chaque l’année. Je pense que les cernes que j’ai sous les yeux montrent bien mon état de fatigue et racontent l’histoires de nos mois de tournée. Mais je pense que notre énergie provient surtout de toute l’inspiration que l’on peut trouver dans les différentes choses que nous côtoyons quand nous sommes sur les routes, que ce soit la musique, les films, ou même les gens que nous rencontrons. Toutes ces choses nous alimentent et nous aident à la création et à trouver l’énergie nécessaire pour nos nombreux concerts.

Vous êtes partis en tournées avec plein de groupes différents, dans plein d’endroits différents. Quels sont tes meilleurs souvenir de tournée jusqu’à maintenant ?

Jonny : C’est vraiment difficile d’en choisir un. Laisse-moi y réfléchir un peu… Hmmm … Je crois que je vais choisir celui-ci car il est plutôt récent. On passe beaucoup de temps avec les membres du groupe Shvpes qui partagent la scène avec nous sur cette tournée. Ils nous ont amené dans ce bar à Prague qui était fermé. Mais comme ils connaissaient la personne à qui il appartient nous avons pu y entrer. A l’intérieur, il nous a montré un passage secret caché derrière une bibliothèque. Nous sommes descendus sous terre par un escalier en colimaçon. Une fois en bas, il y avait plein de pièves différentes qui autre fois étaient des caves à vin, genre il y a prêt de 600 ans. L’endroit était très vieux et gorgé d’histoire. On a passé notre soirée à jouer de la musique et à boire des verres dans cet environnement extraordinaire. Je dis extraordinaire parce que venant des USA qui est un pays jeune, nous n’avons pas ce genre d’endroit si ancien.
 

Toi et Mark vous connaissez depuis l’école et vous jouez ensemble depuis très longtemps. Vous êtes passés par des phases difficiles avant de rencontrer le succès en 2014. Est-ce que tu peux nous raconter un peu l’histoire de votre groupe et nous dire ce que tu penses de ta carrière de musicien aujourd’hui ?

Jonny : Oui j’ai rencontré Mark au collège, ça fait vraiment un bail. Et quand je vois à quel point nous sommes allés loin avec notre musique, je me dis : ‘’Ouah ! Ça me paraît tellement irréel !’’ Si je pouvais avoir une machine à remonter le temps, et aller voir le moi plus jeune, j’irais lui dire : ‘’Continue ! Ne t’inquiète pas, ça va marcher et tu vas très bien t’en sortir !’’

Avant de devenir le frontman du groupe, tu étais batteur jusqu’en 2009. Qu’est-ce qui t’a fait passer sur le devant de la scène ?

Jonny : Je crois qu’au fond de moi, j’ai toujours voulu chanter. Mais j’avais trop peur de le faire. J’avais déjà peur de parler devant un petit groupe de gens. J’avais aussi tenté les auditions pour la chorale de l’école quand j’avais sept ans et j’ai fait partie des deux seuls gamins à ne pas être sélectionnés. Donc je m’étais dit que chanter n’était pas fait pour moi. Ce n’est que quand j’ai eu 21 ans et après avoir vu passer plusieurs chanteurs dans le groupe et qu’aucun d’entre eux ne correspondaient à ce que nous voulions faire musicalement, ou plutôt que l’étincelle ne prenait pas, que je me suis dit que la seule chose qui me restait à faire si nous voulions continuer à jouer notre musique, était de prendre le micro. Ce qui m’a motivé à chanter c’est que je voulais vraiment faire carrière dans la musique, et je pense que si je ne l’avais pas fait, je me serai demandé jusqu’à ma mort : ‘’Qu’est ce qui se serait passé si j’avais eu le courage de prendre le micro ?’’ Il fallait que j’essaie, même si ça aurait pu échouer.

Sur scène vous avez deux batteries, dont une pour toi, donc j’imagine qu’être batteur te manque quand même de temps à autre.

Jonny : Ahahah, ouais ! Exactement !

Depuis combien de temps joues-tu de la batterie ?

Jonny : J’ai commencé à sept ans, et j’ai trente-deux ans maintenant. Je te laisse faire le calcul !

On va laisser le calcul à nos lecteurs ! Parlons plutôt des autres instruments que vous utilisez sur scène. En plus de cette seconde batterie, vous avez créé des instruments complètements fous qui apportent un aspect assez unique à vos performances. D’où vous est venue l’idée de créer ces instruments et comment les avez-vous créés ?

Jonny : L’idée nous est venue quand nous jouions dans des bars et des petites salles devant presque personne. Peu de gens connaissaient notre musique à l’époque, et c’était difficile pour nous d’attirer l’attention des auditeurs. Nous voulions faire autre chose que des les inciter à acheter nos disques et nos t-shirts. Nous voulions attirer l’attention des gens en faisant quelque chose de différent. C’est de là qu’est venu l’idée d’apporter quelque chose de différent sur scène. On a commencé par créer la structure qui porte la basse pour pouvoir jouer dessus à quatre et la faire tourner.

Est-ce que tu penses que c’est une des raisons pour lesquelles les gens viennent voir vos concerts aujourd’hui ?

Jonny : Je pense qu’aujourd’hui ce n’est plus la raison principale pour laquelle les gens viennent nous voir. Je pense qu’ils viennent plus parce qu’ils ont entendu une chanson quelque part, ou parce qu’ils ont acheté les albums et veulent les entendre en live. Tous ces instruments loufoques apparaissent plus comme des surprises sur scène pour pas mal de monde. Alors qu’avant c’était l’inverse, les gens venez parce qu’ils avaient entendu dire qu’on utiliser des instruments originaux lors de nos concerts.
 

On n’a beaucoup parlé de vos tournées jusqu’à présent, mais y a-t-il un nouvel album en préparation ?

Jonny : On écrit deux, trois idées par-ci, par-là mais nous n’avons pas encore de programme précis. Je pense qu’on s’y mettra vraiment aux alentours de mai 2019, mais rien de sûr. Pour le moment, je crois que nous n’avons pas encore fait le tour de l’album précédent. Il reste encore des chansons que nous aimerions jouer en live. Peut-être que d’ici la fin de l’été ou le début de l’automne nous retournerons en studio pour y travailler sérieusement. Nous avons déjà quelques démos et enregistré quelques idées.

Je voudrais aussi parler de vos chansons. C’est toi qui écris les paroles et certaines chansons peuvent être vues comme militantes alors que d’autres sont très émouvantes et personnelles. Penses-tu que l’on puisse aborder tous les sujets dans les paroles de chansons et si non, quelles sont les limites ?

Jonny : C’est une bonne question. Je pense que l’on peut parler de pratiquement tout si l’on trouve le bon moyen d’en parler. Je pense aussi qu’il y a beaucoup de choses et d’évènements dans la vie sur lesquels il est difficile de communiquer. Il est parfois plus facile d’écrire une chanson que d’en parler. L’écriture reste un exercice difficile, mais je pense qu’il faut toujours le voir comme un défi à relever.

Il y a quelque chanson en particulier qui sont très personnelles comme ‘’Fade out’’ sur ton père ou ‘’Jenny’’ sur ta sœur. La chanson reste un bon moyen de s’exprimer, mais comment ton entourage reçoit ces chansons ?

Jonny : Quand on a sorti ‘’Jenny’’ j’étais très nerveux par rapport aux réactions que la chanson engendrerait. Cette chanson est très dure. Il n’y a rien de gentil ou de positif dans les paroles. Mais c’est juste ce que je ressentais. Et il y a d’autres gens qui ont traversé le même genre de situation ou côtoyé des personnes similaires. Et d’autres qui ont perdu des personnes qu’ils aimaient à cause de leur égoïsme, de leur entêtement, de leur fierté ou de leurs addictions ou autre. Et ces gens peuvent se retrouver dans cette chanson. On peut me juger comme responsable de ce que j’écris et des réactions engendrées. Et ces réactions sont dures à prédire. Mais je crois qu’au fond c’est surtout dire sa vérité. Je pense qu’il est important de s’exprimer et de le faire de la meilleure façon qu’on le peut. D’une manière ou d’une autre, la façon dont ces paroles vont faire échos sur telle ou telle personne sera réelle. Je pense qu’on arrive toujours à toucher les gens et que même si les paroles sont dures à leur égard, elles savent qu’il y a une part de vérité dans les sentiments et ça ne peut qu’apporter à matière à introspection.

Est-ce qu’il y a certaines chansons que tu aimes particulièrement jouer en live ?

Jonny : Je pense qu’en ce moment c’est ‘’Fade Out’’ mais ça change souvent.

Pour terminer, peux-tu me donner un mot pour définir ce que Nothing More représente pour toi personnellement et musicalement parlant ?

Jonny : Je dirais PASSION parce que cela représente ce que nous faisons et aussi la raison pour laquelle nous le faisons. Avec ce genre de métier, nous ne rentrons pas très souvent à la maison et au début nous avons dû faire beaucoup de sacrifices afin de pouvoir transmettre nos visions et notre passion. Je pense que la passion est réellement le moteur de tout ce qui nous est arrivé.

 

Interview : Eloïse Morisse
Photos : © 2019 Lukas Guidet
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

 

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