Coroner au 70000 Tons of Metal 2019

"Coroner entre en studio en septembre"

A l'affiche du 70000 Tons cette année, Coroner vient de donner son premier concert et c'est avec plaisir que nous rencontrons les trois membres permanents du groupe : le guitariste Tommy Vetterli (a.k.a. "Tommy T. Baron"), le bassiste Ron Broder (a.k.a "Ron Royce") et le batteur Diego Rapacchietti.

Cette année Coroner participe aux 70000 Tons of Metal pour la seconde fois. Comment vous sentez-vous après votre premier concert cet après-midi ?

Ron : Très bien surtout qu’il n’était pas certain qu’on puisse jouer à cause du temps orageux. Ils voulaient annuler alors on était très contents quand le temps a changé. On a fait vraiment un bon concert et on a aimé cette première participation.

Comment voyez-vous le fait de jouer sur ce genre de gros paquebot ?

Diego (en français NLDR) : Je le vois de deux manières. Il y a le coté génial de faire partager la musique avec la communauté metal où on se retrouve tous ensemble à faire la fête sur ce gros bateau et d’autre part je trouve ça complètement décadent et polluant et on est un peu tous contre cette merde polluante. En même temps, si on commence à faire du militantisme dans la musique, on ne travaille plus non plus.

Tommy : vous parlez de la contradiction entre le fait que c’est à la fois cool et dérangeant, n’est-ce pas ?

Oui mais tu comprends très bien le français en fait !

Tommy : oui un peu, j’en ai fait quatre ans à l’école et j’ai quelques restes (rires)

Prenez-vous le temps de parler avec les autres groupes ?

Tommy : Certains oui, comme les membres d’Eluveitie qui sont de bons amis, c’est une bonne occasion de retrouver des groupes qu’on connaît comme Nile avec qui on a tourné en Inde il y a deux ans.

Warbringer était au grand complet à votre concert cet après-midi …

Ron : ah oui ? Et quelle était leur réaction ?

Excellente, et très attentifs.

Tommy : wow, super ça, j’en suis très content.
 


Vous étiez au Hellfest en 2011 et en 2017, c’est un bon souvenir ?

Tommy : Ben avait ça très à cœur, il nous a poussés à fond pour le faire en 2011. On a été très surpris car à l’époque on ne pensait même pas à une quelconque reformation du groupe et c’est arrivé d’un seul coup. Au départ, on était un peu effrayés. On se posait des tas de questions du genre : est-ce qu’on peut vraiment faire le Hellfest et aussi le Maryland Deathfest ?… Et puis on a fait un très bon concert chez nous à Lausanne, on avait un son excellent et les retours du public étaient encourageants. Alors ça nous a donné l’énergie nécessaire pour faire le Hellfest. Après on a continué mais pas seulement suite à ce concert du Hellfest.

Préférez-vous jouer en festival ou en concert ?

Ron : Pour moi c’est pareil, ça m’est égal. Je veux dire que, en concert, il y a aussi d’autres groupes qui jouent avant ou après nous alors je ne vois pas de grosse différence.

Tommy : Pour moi, c’est très différent. J’aime bien les gros festivals comme le Hellfest, avec beaucoup de monde à perte de vue mais il n’y a pas de connexion avec le public quand il est vraiment aussi loin. Quand on joue dans des petits clubs comme on l’a fait en Suisse devant deux-cent cinquante personnes, c’est très compact et j’aime vraiment beaucoup ça. C’était un de nos meilleurs concerts, les gens sont là et ils sont à fond, ils se lâchent et deviennent dingues. Là on a une vraie proximité. En festival, l’organisation est différente, on n’a pas le même temps pour jouer, les concerts sont plus courts mais ça me va et c’est toujours un bon moment.

Diego : un festival c’est plus impersonnel.

Ressentez-vous des différences selon le public ou selon le pays où vous jouez ?

Tommy : Oui, en Suisse par exemple, ce n’est pas mentir que de dire que le public est vraiment calme. Ils n’ont pas l’envie d’exprimer tellement leurs sentiments contrairement aux Sud-américains, par exemple, qui eux deviennent complètement dingues. Peut-être parce qu’on est suisses nous-mêmes, ils veulent nous soutenir mais je pense que beaucoup de gens connus aiment vivre en Suisse justement parce que les gens là-bas ne se comportent pas en fans. C’est très similaire en Suède où ce n’est pas non plus cette façon de faire. 

Vous faites un thrash metal que je qualifierais de profond, intérieur, complexe et technique. On a plus envie d’écouter que d’interagir, c’est le but recherché ?

Diego : Oui la musique ça devrait aussi cela : rentrer dans un feeling. C’est de l’art et l’art se doit d’être perceptible.

Tommy : Mais si le public veut extérioriser, bouger dans tous les sens, je trouve cela bien aussi, c’est ouvert quoi.

Il y avait un projet d’album en 2014 quand Marky a quitté le groupe. Où en êtes-vous dans vos projets ?

Tommy : En 2012, le projet d’album était une rumeur sans fondement. Ron et moi, on a toujours voulu faire un nouvel album mais pas Marky et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle il a quitté le groupe. Oui, il y a bien un album en cours d’écriture, on en est à la moitié mais ça prend beaucoup de temps. On travaille dessus actuellement et ça va arriver bientôt : on entre en studio en septembre.
 


Pourquoi tout ce temps ? Est-ce dû aux tournées ou à vos projets personnels ?

Tommy : C’est très simple en fait, c’est dû à des raisons financières. Pour moi c’est compliqué à gérer car je produis d’autres groupes dans un grand studio et ce n’est pas le seul aspect. Je travaille beaucoup aussi à faire que tout cela marche. Alors la perspective de prendre trois semaines pour travailler sur un album de Coroner est impensable : ça voudrait dire qu’au studio tout s’arrête entraînant un coût colossal, ce n’est pas possible.

J’imagine que c’est difficile ça quand on crée de la musique ?

Tommy : Il faut savoir attendre et là, tu vois, on est prêts pour cela, c’est le bon moment. Je veux dire que, être créatif chaque jour quand tu travailles avec d’autres groupes, c’est difficile. J’ai produit je crois, cinq albums d’Eluveitie alors à la fin de la journée, il n’y a aucune chance que j’aie encore du temps ni même de l’envie pour cela. Ce n’est pas comme cela que ça se passe, parce que, quand on est vraiment disponibles et qu’on se met à travailler ensemble sur de nouveaux morceaux, alors les choses vont très vite.

Justement, ça se passe comment entre vous ? Vous travaillez ensemble ou séparément ?

Tommy : C’est en train de changer. Jusque-là on travaillait chacun de notre côté, chez soi avec les ordinateurs et là avec Diego, on s’est mis à travailler des parties ensemble. Le dernier morceau, on l’a fait tous ensemble dans le studio de répétition et ça s’est fait vraiment rapidement. Alors, je commence à me dire qu’on devrait laisser tomber les ordinateurs pour la suite des titres parce que je pense que ça craint en fait.

Parlons des textes, est-ce important ? Voulez-vous faire passer des messages au public ?

Ron : Marky a beaucoup écrit pour le groupe alors je n’ai pas envie de commenter sur les textes et de dire quelque chose d’inexact.

Tommy : En fait tout le monde écrit sauf moi car ce n’est pas du tout mon truc. Ron écrit, Diego aussi et Daniel notre claviériste aussi écrit.

Pensez-vous que la musique se suffit à elle-même ?

Tommy : Non, les mots sont très importants mais ils doivent être en concordance avec la musique. Tu n’entendras jamais un texte sur une fille nue, des soirées déjantées, ce genre de truc.

Diego : Personnellement je n’ai pas envie d’écrire des textes avec un message clair et précis, ça ne m’intéresse pas, ça donne un coté moralisateur que je n’aime pas, je n’ai pas de leçon à donner à qui que ce soit. Je préfère dans l’écriture donner un truc où les gens puissent imaginer quelque chose. A eux d’interpréter comme ils le veulent.

Tommy : Quand Marky écrivait, je lui demandais de m’expliquer le sens de ses textes et il me répondait : "Non, je ne veux pas expliquer les textes, lis-les et pense ce que tu veux".
 


Vous avez toujours des nouvelles de Marky ?

Tommy : Bien sûr, on est de très bons amis.

Je me demandais : d’où vient le choix de Coroner pour le nom du groupe ?

Tommy : Marky jouait dans un groupe avant qui s’appelait Coroner, on a même pris leur logo. On aimait le nom et le logo qui ressemblait à un gros moteur, ça sonnait bien. Pour le reste, ils sonnaient comme Mötley Crüe avec la même attitude de poseurs. On a repris le nom et le logo, il y avait un coté Motörhead et on trouvait que ça sonnait bien.

Qu’est-ce qui vous plait le plus dans ce travail ?

Diego : la fin ! haha. Non ce qui me plait le plus c’est le live, les concerts.

Ron : Pour moi c’est l’ambiance, travailler ensemble, le fait de trouver des plans ensemble.

Tommy : La compo bien sûr et le son, ça marche ensemble pour donner l’ambiance qu’on recherche et parfois ça fonctionne. On a envie de réécouter cent fois alors que d’autres fois, c’est super-frustrant quand le but recherché n’y est pas. On n’est jamais contents à cent pour cent de toute façon mais quand le retour des fans est positif, alors on se dit que ça ne doit pas être si mauvais. On est fier de ce qu’on fait mais jamais réellement satisfaits. On est plutôt du genre à dire à la fin : "Il nous faut cinq jours de plus, il manque un truc à la guitare là" et la réponse est "Non vous ne pouvez pas, c’est terminé". C’est assez frustrant mais au bout compte je suppose que c’est une bonne chose car ça nous empêche de nous embarquer dans un album qui serait surproduit.

Avez-vous des projets personnels chacun en ce moment ?

Ron : non pas actuellement.

Diego : J’ai plusieurs projets parallèles, je suis très occupé mais Coroner reste ma priorité.

Tommy : Diego est un batteur professionnel, on n’a pas la possibilité de le rémunérer tant que cela alors il joue dans d’autres groupes comme ce groupe punk connu ...

Diego : Le groupe s’appelle Fou, c’est un groupe qui a été signé en France par Emi et je pars avec eux enregistrer à Chicago chez Steve Albini, le producteur qui a fait In Utero de Nirvana. C’est du punk-rock, c’est l’opposé de Coroner, c’est sympa aussi de jouer différents styles.
 

Daniel Stössel, claviériste et musicien live de Coroner


Qui sont les groupes ayant eu une influence importante dans votre parcours ? Et par ailleurs quels sont les groupes plus récents que vous aimez voir dans d’autres styles comme le black ou le death metal ?

Ron : J’aime beaucoup Rush et en death metal je dirais Nile mais j’écoute à peu de tout sauf du black metal (rires).

Tommy : Led Zeppelin, Yngwie Malmsteem, Allan Holdsworth, Yes, Cream, King Crimson et dans les groupes plus récents, j’aime beaucoup Opeth et tu m’as donné envie d’écouter Warbringer. Cela m’intéresse ce qui se fait dans le thrash metal aujourd’hui. Par contre du black-death, non, pas trop parce qu’on fait du metal toute la journée alors j’aime autant écouter de la pop.

Diego : Frank Zappa, Buddy Rich pour moi ça a commencé avec ça. Aujourd’hui j’aime énormément Gojira et en death metal, je dirais le groupe Death. Si je joue de la batterie pendant huit heures je ne vais pas écouter du black metal ! Tu sais "Le silence est ma musique".

C’est ma dernière question, quelques mots pour les fans français ?

Tommy : On est sincèrement désolés que le nouvel album se fasse attendre indéfiniment. Encore un peu de patience ça va se faire, merci à vous.

Merci à vous d’être venus tous les trois et bon concert demain pour votre deuxième passage.

Merci à toi.

Interview réalisée le 2 Février 2019 par SAMM
Photos : © 2019 SAMM
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

 

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