Thomas Eriksen, tête pensante de Mork

Acclamé par ses pairs, c’est à dire par les pères du black metal, Thomas Eriksen a percé les secrets de fabrication d’un véritable album de noirceur « à l’ancienne » avec Det Svarte Juv, le quatrième album de son groupe Mork.

Pour nous aider à mieux cerner son personnage, il nous parle de sa musique, de sa vie qui n’a pas été facile et de ses goûts musicaux qui l’ont mené jusqu’aux portes d’une reconnaissance qui ne fait que commencer.

Lionel / Born 666 : Det Svarte Juv est rempli de tristesse, de haine, de colère, de douleur et soudain on y ressent  de la force et une grande confiance en soi. Pourquoi ?

Thomas Eriksen : L'album est le résultat d'une période sombre de ma vie. J'ai traversé beaucoup de tragédies ces deux dernières années qui ont été modelées au travers de cet album. La partie où l’on retrouve une force en moi est le fait que j'ai survécu à cela.

Lionel : C’est ce que tu avais donc en tête avant de travailler sur ce quatrième album. C’était donc ces sentiments que tu voulais que l’on retrouve au sein de Det Svarte Juv ?

Thomas : Musicalement, je laisse simplement mes sens et ma créativité aller d’eux-mêmes. Ce qui sort, sort. Il y a cependant certaines parties plus sombres sur celui-ci, en raison des ténèbres qui ont entouré ma vie.

Lionel : Était-ce difficile à réaliser?

Thomas : Pas vraiment. Quand je crée, tout vient naturellement. Si je reste devant une page blanche, je reviens un autre jour. Je pense et je suis sûr que ma vie aurait été plus difficile sans Mork.

Lionel : Dans quel état d'esprit dois-tu te retrouver pour créer ?

Thomas : Quand je sens le flux de créativité venir, je peux composer à tout moment. Mais je ne sais jamais quand l'inspiration est toute proche.

Mork


Lionel : Comment procèdes-tu ?

Thomas : Cela commence généralement par des riffs de guitare. J’enregistre sur mon téléphone tous les riffs que je trouve bien. J'écris aussi des paroles ainsi que des titres de chanson, mais d’une façon distincte de la musique.

Lionel : D’une façon « cliché black metal », ressens-tu le besoin de t’isoler dans la nature pour créer une chanson?

Thomas : Non, je n’ai pas besoin d’aller dans un endroit spécial pour trouver l’inspiration. Mais les expériences et les lieux peuvent bien sûr aussi devenir des catalyseurs pour la trouver.

Lionel : Quel est ton instrument préféré ?

Thomas : Cela doit être la guitare. C'est avec cet instrument que je peux exprimer presque tout.

Lionel : Quel a été ton moment préféré lorsque tu as travaillé sur Det Svarte Juv ?

Thomas : Les fois où je réécoute ce que j’ai fait et que je trouve à quel point quelque chose est bon. Je fais d’abord de la musique pour moi-même, ce qui est un bon exercice thérapeutique. Quand je sens que je touche à la magie, c’est pour moi une pure évidence.

Lionel : Det Svarte Juv a impressionné Fenriz (Darkthrone), Blasphemer (Aura Noir, VLTIMAS,…)  et Seidemann (1349). Cela a dû te faire quelque chose ?

Thomas : Tous ces hommes sont des artisans créatifs à part entière et tous ont réalisé des œuvres remarquables parmi leur catalogue. C’est un honneur de recevoir une tape dans le dos bien sûr. Je ne me préoccupe pas vraiment de plaire aux autres, mais il est agréable de laisser ma marque de façon modeste.

Mork


Lionel : Tu as sorti quatre albums en six ans. Mork est devenu une nouvelle référence du black metal. Comment le vis-tu ? Ressens-tu une pression supplémentaire ?

Thomas : Aucune pression, je fais ce que je ressens lorsque je fais mon art. C’est un gros bonus de savoir qu’on est de plus en plus suivi. Etre capable de réaliser des œuvres qui vous tiennent à cœur et savoir qu’elles sont appréciées par de plus en plus d’auditeurs avertis est quelque chose d’indescriptible. Pour ceux qui n'aiment pas Mork, je m'en fiche.

Lionel : Quels sont les groupes de metal qui t’ont influencé dans ton enfance ?

Thomas : Oh, voyons. Sex Pistols m'a fait prendre la guitare et commencer à écrire de la musique originale. AC/DC m'a appris à garder le rythme. Black Sabbath m’a enseigné comment trouver le bon riff. Le thrash metal m'a montré l'attitude. Iron Maiden m'a donné des mélodies. Blasphemer (ex-Mayhem) m'a donné le style de picking agressif. Burzum et Darkthrone m'ont ouvert l'esprit sur ce que j'aime dans le black metal.

Lionel : Que penses-tu de la scène norvégienne ?

Thomas : Il semble y avoir plus de groupes maintenant que jamais. Les nouveaux groupes ont beaucoup de fans alors je suppose qu’ils doivent sortir des choses de qualité. À quel point les groupes sont originaux, je ne sais pas. Je suis sûr que ma musique peut être comparée à tel ou untel, mais il n’y a rien de nouveau sous le soleil, pour ainsi dire.

Lionel : Quels albums de black metal as-tu apprécié au cours de ces derniers mois ?

Thomas : Je ne fais pas très attention, alors c’est difficile de répondre. Le nouvel album d'Aura Noir est cool. Je suppose qu’il est sorti depuis un certain temps déjà. Je suis impatient d'entendre ce que Ted et Gylve (Nocturno Culto) et Fenriz de Darkthrone ont mis au point.

Lionel : Parles-moi un peu de tes héros musicaux. Ceux qui t’ont inspiré pour créer Mork ?

Thomas : Mayhem est le premier groupe de black metal que j'ai entendu et vu en concert. À cette époque, c’était leur période Grand Declaration Of War, c’est donc ce qui m’a un peu façonné : les compétences techniques de Blasphemer à la guitare et le chant de Maniac. Mais je dois dire que c'est quand même Burzum qui m'a vraiment frappé lorsque j'ai commencé à explorer le black metal. Cette sensation magique et «dangereuse» qu’elle m'a procurée a vraiment façonné mon «état d'esprit black metal». Ainsi que la rugosité et la simplicité de Darkthrone, qui étaient et sont toujours très importantes aujourd’hui.

Mork


Lionel : Cet album a un son "oldschool" et les riffs sont costauds. Comment fais-tu pour capturer ce son ?

Thomas: Je veille à n’enregistrer que ce qui est nécessaire aux chansons. J'aime faire des riffs basiques mais géniaux. Dans ce cas, moins on en fait, mieux c’est. Le son est dans mes doigts.

Lionel : La pochette qui illustre Det Svarte Juv a été créée par l'artiste français, David Thiérrée. Comment as-tu fait sa connaissance ?

Thomas : J'ai rencontré David pour la première fois en passant à Bergen, je crois. Je ne savais pas qu’il était artiste avant de le rencontrer à nouveau lors du festival Inferno l’année dernière. Nous avons très bien travaillé ensemble. Il a livré la meilleure œuvre que je pouvais imaginer par rapport à mon concept de départ. J'aime bien David, il est l'un des meilleurs actuellement.

Lionel : Merci beaucoup pour tes réponses.

Thomas : Merci pour l'attention que tu m’as apporté. J'espère vous voir bientôt, ainsi que le reste des âmes perdues qui se trouve en France.

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