Entretien avec Adrian Vandenberg

Le guitariste hollandais nous avait surpris en ce début d'année, nous annonçant le retour du groupe qui l'a fait connaître dans les 80's et ne s'était pas reformé depuis 1985. Vandenberg nous propose donc une nouvelle formule avec un line-up 100 % frais ainsi qu'un album, 2020. La rédaction a eu l'occasion de revenir sur cette nouvelle galette avec Adrian Vandenberg, au taquet pour la promotion durant la période de confinement.

Cela faisait cinq ans que ton projet Vandenberg's Moonkings perdurait, et l’entente avec tes musiciens se déroulait parfaitement que ce soit musicalement ou humainement. Est-il donc mis en suspens ou complètement arrêté ?

On ne peut jamais dire jamais, car j’aime beaucoup ce qu’on fait avec Moonkings. Mais le problème était avec mon ami Jan Hoving, le chanteur qui a une grande ferme en Hollande et qui ne peut pas partir plus de deux jours malheureusement. Ce qui nous a bloqué pour faire des tournées alors qu’on avait eu plusieurs opportunités. Nous avons tout de même pu faire la première partie de Scorpions durant leur tournée en France, mais il nous avait confié que cela faisait 20 ans qu’il n’était pas parti de chez lui plus d’une semaine. Cette situation était donc devenue frustrante pour moi, ayant une renommée internationale depuis les années 80, et puis surtout j’adore voyager à travers le monde, ce qui est la principale raison de cette décision. De plus, je sentais que je voulais évoluer musicalement, produire quelque chose de plus puissant, plus profond, plus rapide… On le ressent déjà sur le second album de Moonkings avec des morceaux comme “Thighrope” ou “Reputation” qui vont dans ce sens. C’est donc pour ces deux raisons que j’ai décidé de partir et former un autre groupe sous un autre nom pour que ça ait plus de sens dans ma manière d’envisager ce nouveau projet. Mais il est bien possible, et cela ne m’étonnerait pas du tout, que d’ici deux ans nous refaisions des concerts événementiels de Moonkings dans notre pays, ce qui sera plus simple pour lui car il pourra rentrer chez lui après les concerts.

Il pourrait être envisageable de revoir Moonkings sur les planches et éventuellement que vous proposiez dans le futur un single ou un album ?

C’est très probable en effet, nous verrons comment la situation évoluera. Mais mon but n’a jamais été de changer de chanteur juste pour pouvoir tourner à l’international, ce qui aurait pu être un choix facile. Mais c’est un très bon ami à moi et il fait entièrement partie de Moonkings, il aurait donc été étrange de changer de chanteur et de style tout en restant Moonkings. J’ai eu de très bons moments avec ce groupe et je ne veux pas que cela s’arrête, on laisse juste le projet tel qu’il est et on verra pour l’avenir ce qui se passera.

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Cela fait donc 35 ans que Vandenberg s’est arrêté et revient par surprise : peux-tu nous parler des membres constituant cette tout nouvelle version de Vandenberg ? On retrouve donc Ronnie Romero avec lequel tu as collaboré en premier pour ce nouvel album, comment l’as-tu rencontré et comment s’est déroulé vos premières sessions ?

J’ai entendu parler de lui il y a environ six ans lorsque Ritchie Blackmore’s Rainbow proposait de nouveaux shows. Ma première réaction a été “Qui va être le chanteur ?” car j’adore Rainbow, surtout la période avec Ronnie James Dio évidemment. J’ai donc regardé sur Youtube par curiosité et découvert Ronnie Romero, et j’étais stupéfait par son chant, qui colle à 100 % à l’esprit Rainbow des années 70. Je me suis donc précipité à lui envoyer un mail pour lui dire que c’était un chanteur fantastique et que je lui souhaitais beaucoup de succès pour cette prochaine tournée. Il m’a répondu en me remerciant et en me disant qu’il a toujours suivi mon travail depuis de nombreuses années et qu’il en était fan, puis qu’il espérait qu’on se rencontre un jour et qu’on partage un projet ensemble. A l’époque, je venais de former Moonkings donc cela était inenvisageable, mais lorsque j’ai pensé à reprendre le projet Vandenberg, j’ai rapidement pensé à lui. Je l’ai donc recontacté pour lui demander s’il serait intéressé par le fait de rejoindre le groupe, et il a tout de suite accepté, car il était convaincu qu’on pouvait très bien s’entendre musicalement, par le lien de Deep Purple qui nous unit [Ritchie Blackmore pour Ronnie Romero et David Coverdale pour Adrian Vandenberg, ndlr]. J’ai donc tout de suite intégré son chant dans ma tête pour écrire de nouvelles compositions et cela a fonctionné parfaitement, j’en suis très heureux car Jan Hoving a un chant bluesy que j’adore, et Ronnie Romero a aussi quelque chose de bluesy, mais il a beaucoup plus de capacités vocales, il peut faire ce qu’il veut ! Il a pu donner vie à des lignes vocales d’un style qui me plaît énormément et que j’ai voulu mettre en musique depuis un bon moment. Il m’a permis de  m’ouvrir encore plus musicalement et m’a énormément inspiré lorsque j’ai écrit les nouveaux morceaux de l’album.

Concernant le bassiste Randy VanderElsen et le batteur Koen Herfst, comment s’est déroulée leur arrivée dans le groupe ? Y a t-il eu plusieurs auditions d’autres musiciens avant de les choisir ?

Je n’ai fait aucune audition car je savais que j’allais recevoir des milliers de propositions et je n’avais pas forcément le temps pour toutes les étudier! J’ai procédé ainsi : j’ai consulté des magazines spécialisés pour batteurs, et celui-ci demande à des batteurs de voter chaque année pour le meilleur batteur de l’année selon eux, et cela fait sept ans que Koen Herfst est élu numéro 1 aux Pays-Bas. Je me suis donc dit qu’il devait être forcément très bon ! De même, j’ai regardé sur Youtube ce qu’il faisait, et j’ai vu ses solos de batterie et j’étais impressionné par son jeu. Je l’ai donc contacté, il m’a dit qu’il avait déjà tourné avec Epica et qu’il adorerait de nouveau réitérer l’expérience. Il était très heureux que je prenne contact avec lui et lui fasse cette proposition car il attendait depuis des années d’intégrer un groupe pour faire des tournées à l’international et produire des albums. Pour Randy, il m’a été conseillé par un professeur de basse de la Rock Academy d’Hollande qui m’a dit qu’il connaissait un bassiste de 27 ans qui adorait Whitesnake, Deep Purple, Rainbow… Et lorsque j’ai pris contact avec lui, il était aussi très enthousiaste par ce nouveau projet, et cela a très bien fonctionné musicalement avec Koen, j’en suis très satisfait car cela s’est fait très naturellement.

As-tu demandé aux anciens membres de Vandenberg de reformer le groupe avec toi ou n’as-tu pas du tout envisagé cette possibilité ?

Je ne l’ai pas du tout envisagée car je ne voulais pas proposer un projet “nostalgique”, je ne suis pas fan de ce genre de groupe qui retourne et puise dans le passé, car on ne peut pas reproduire la même magie de l’époque, les temps et les gens ont changé. De plus, il y a sept ans environ, ils avaient lancé une procédure pour revendiquer mon nom de famille et se produire en l’utilisant. Cela a duré un bon moment, cela leur a coûté beaucoup d’argent [Adrian Vandenberg a gagné, ndlr] et surtout cela a engendré beaucoup d’énergie négative. Ce qui me déplaît énormément car nous avons eu de très bons moments ensemble dans les années 80, mais à cause de tout ça j’ai comme de mauvaises pensées de la version originale de Vandenberg malheureusement. Ce nouveau projet va permettre de les évacuer pour en tirer quelque chose de beaucoup plus positif et surtout aller de l’avant en proposant des contenus originaux qui plairont aux fans, nous l’espérons.

En écoutant l’album, on sent de manière évidente l’influence Whitesnake et Rainbow dans le chant, et les morceaux que tu as écrits collent totalement avec cet univers. As-tu eu d’autres influences diverses durant l’écriture de 2020 ?

Lorsque j’écris je me demande toujours “comment j’aimerais sonner” en me référant à mes influences, et surtout je voulais proposer un album divers musicalement, car j’aime me dire que si cet album n’était pas de moi, j’aimerais l’acheter et l’écouter. Car de nos jours, il n’y a pas énormément d’albums de ce style qui sont d’une grande qualité je trouve… J’avais donc envie qu’on retrouve mes influences de base bien sûr : Whitesnake, Deep Purple, Led Zeppelin, Rainbow, … je suis aussi un grand fan d’AC/DC, en terme de guitare rythmique… Il fallait donc qu’on ressente tout ça dans les compositions tout en restant original et en proposant notre propre son. J’ai toujours été honnête par rapport à mes influences et je n’ai aucun problème là-dessus; je suis choqué quand je vois des groupes comme Greta Van Fleet qui ignore le fait d’être influencé par Led Zeppelin… c’est plutôt dingue quand même ! Mais il faut être conscient que cela est très compliqué de réinventer un style qui a 50 ans, on ne peut pas refaire la roue, on ne peut qu’essayer de l’améliorer tout en prenant les racines du style en question comme influence. Je pense au Jeff Beck Group dans les années 70, avec Rod Stewart, où Jeff Beck disait qu’il était en colère contre Jimmy Page car il a utilisé le son de Beck en démarrant avec Led Zeppelin… puis Led Zeppelin a inspiré énormément de groupes par la suite, dont Whitesnake avec “Still of the Night” par exemple. En tout cas, pour 2020, j’ai fait en sorte que l’album sonne neuf, pas poussiéreux comme dans les années 70 car il faut vivre avec son temps. Je me suis donc interrogé “comment mes groupes préférés sonneraient aujourd’hui s’ils sortaient un nouvel album ?” et j’ai voulu que 2020 sonne moderne et direct afin de donner une nouvelle fraîcheur à ce style de musique et afin qu’il puisse toucher un large public.

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Les compositions sur l’album sont très variées, as-tu un morceau que tu préfères en particulier ?

Cela dépend de mon état d’esprit, chacune des chansons a sa propre histoire et sonne différemment, je pense à “Light Up the Sky” ou “Let It Rain” qui proposent différentes couleurs et qui éveillent différentes émotions à l’écoute, et c’est ça qui me plait. C’est ce qui m’a toujours plu chez des groupes comme les Beatles ou Led Zeppelin, c’est leur capacité à proposer des sons très riches et émotionnellement profonds, tout en explorant de nouveaux paysages musicaux. C’est ce que j’ai essayé de reproduire avec 2020, en proposant des compositions de différents atmosphères.

 Peut-on espérer un clip pour présenter chaque membre du nouveau Vandenberg ?

Nous n’avons pas pu nous réunir avec l’équipe de tournage à cause du coronavirus pour finaliser quelques détails, mais une vidéo va bientôt sortir oui. Nous pensons sortir un single par mois pendant cette période de confinement, car malheureusement nous ne pouvons pas faire de concerts, donc nous allons tout de même proposer des singles afin de garder une actualité durant cette période des plus troublantes.

Nous trouvons en invités le bassiste Rudy Sarzo et le batteur Brian Tichy. Sur quels morceaux apparaissent-ils ?

C’est compliqué de me souvenir car ils sonnent très proches de Randy et Koen bizarrement! Mais il me semble qu’ils apparaissent sur les morceaux “Shout” et “Shitstorm”.

Pourquoi ne pas les avoir recruté dans Vandenberg ?

Au début ça aurait pu être envisageable puisque je n’avais que Ronnie Romero à mes côtés et que les morceaux étaient déjà écrits, je leur avais donc proposé de venir à mon secours pour enregistrer des morceaux, puis entre-temps j’ai trouvé Randy et Koen et cela a tout de même plus de sens que ce soient eux qui enregistrent l’album, donc j’ai vu avec Rudy et Bryan pour qu’ils apparaissent sur l’album en tant que guest, et ils ont accepté.

Te souviens-tu de ta dernière date en France, au Download Festival ? Tu avais joué avec Moonkings pendant que Ghost se produisait sur la Mainstage, qu’en gardes-tu comme souvenir ?

Oui, déjà nous étions très contents de pouvoir jouer en France, nous n’avons pas eu beaucoup d’opportunités, la dernière étant à Paris quelques années auparavant [le 26 avril 2014, ndlr]. Je me souviens de cette toute petite scène assez éloignée du reste du site, mais c’était un super souvenir. J’ai pu assister au concert d’Ozzy Osbourne, avec qui j’avais tourné au début des années 80 avec Vandenberg, et j’ai autant adoré qu’à l’époque, il n’a pas changé, il est toujour aussi bizarre !

Vandenberg a annoncé une première date qui aura lieu en août à l’Alcatraz Fest en Belgique; préparez-vous une tournée promo de 2020 ?

Nous devions commencer notre tournée européenne à partir de fin mai, mais malheureusement tout a été annulé donc nous espérons pouvoir reprogrammer la tournée  quand tout sera de nouveau rétabli, d’ici la fin de l’année probablement.

Comment allez vous agencer la setlist ? Peut-on espérer retrouver des morceaux des anciens albums ? Des reprises de Whitesnake ? Moonkings ? Autres ?

Tout d’abord, avec Ronnie Romero nous pourrions nous permettre de faire une reprise de Rainbow, ce qui est très envisageable. Tout comme pour du Whitesnake bien évidemment. Il est aussi possible de jouer des morceaux du premier album de Vandenberg, mais je pense surtout que nous jouerons tout le dernier album car les chansons ont été écrites spécialement pour ce nouveau chanteur, puis ce sont celles qui font notre identité actuelle, et aussi car je les ai écrites pour qu’elles fonctionnent en situation de concert, j’ai donc hâte de pouvoir les jouer dès que possible.

Du coup on imagine pour ce nouveau projet que tu vas utiliser d’autres guitares par rapport à Moonkings; est-ce possible que tu rejoues avec ta signature Vandenberg par Peavy ?

J’ai de nombreux fans qui me posent la question, mais oui pour certains des solos des nouveaux morceaux j’ai vraiment besoin de ma Peavy Vandenberg. Il est donc très probable que je l’utilise avec ma Gibson Les Paul pour nos futurs concerts.

Ton actualité est très forte depuis ton retour studio avec Moonkings, on peut donc imaginer que Vandenberg devrait sortir de nouveaux albums assez rapidement ?

En effet, et avec la situation actuelle, j’ai déjà commencé à écrire de nouveaux morceaux et si nous ne pouvons pas faire de concerts d’ici la fin de l’année, il est très probable que nous rentrions en studio afin d’enregistrer un nouvel album qui sortirait l’année prochaine, qu’on appelera donc 2021 !

Tu es resté en bon terme avec David Coverdale, a-t-il écouté le nouvel album, et si oui, qu’en a-t-il pensé ?

Je ne lui pas parlé depuis deux mois, il était en tournée pour le dernier album de Whitesnake, mais je lui ai bien transmis l’album et je pense qu’il l’a écouté car je le connais et c’est quelqu’un de très curieux !

Interview réalisée le 17/04/2020.

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